jeudi, 08 février 2007
L’enfant et les manèges
Sur le mur blanc de la cuisine, il écrasait les mouches. C’était facile : on les voyait bien et il opérait avec la lance de sa panoplie d’Indien. Le manche était de bois peint en rouge, la lame de plastique jaune. Avec la longueur du manche, on avait le mouvement ample et la mouche, en dépit de ses yeux incroyables, ne voyait rien venir. La souplesse du plastique permettait un coup sec, sans rebond. Il s’était fait gronder parce que ça faisait sale sur le mur blanc, ces mouches écrasées. Il devait avoir quelques huit ans. Il a toujours détesté les mouches. C’est le seul être vivant auquel il soit capable de faire du mal. C’est sale, bête, laid. Qu’on ne lui en veuille pas, il exècre les mouches, ça le dégoûte. Pourtant, il n’est pas bégueule.
Il avait élevé des vers à soie dans une boîte de chaussures en carton tapissée de feuilles de mûrier. Les jours avaient passé. Ils avaient fait leur cocon. Cela l’amusait beaucoup, l’intriguait : la métamorphose, c’est fascinant pour l’esprit humain, Ovide le savait déjà – mais il ne connaissait pas encore Ovide. Philémon et Baucis, cela lui plairait… plus tard. Un matin, ce fut l’horreur. Des fourmis venues d’il ne savait où avaient envahi la boîte, des centaines, des milliers de fourmis avaient tout mangé. Une hécatombe. Un chagrin immense, aussi. Des cris et des larmes et, soudain, l’horrible désir de vengeance : prendre des ciseaux et découper, dans son Encyclopédie pour les enfants de France, l’image de la fourmi afin de la réduire en miettes. On l’arrêta, il ne fallait pas abîmer le livre, ajouter une horreur à l’autre. On le consola, mais il y pense encore aujourd’hui, l’encyclopédie intacte dans sa bibliothèque. Ce désir amer de destruction l’effraie, quand il y pense : prendre une revanche, c’est bien ; se venger est horrible. Il est content de ne pas l’avoir fait.
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mardi, 06 février 2007
Persiste et signe
L’horrible taulier prie les patients promeneurs de la rue Franklin de bien vouloir l’excuser d’annoncer la parution du treizième tome de ses inénarrables œuvres complètes, un ensemble de nouvelles intitulé Le Château d’utopie, aux éditions D’un noir si bleu. Il ne peut même pas promettre qu’il ne le fera plus.
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dimanche, 04 février 2007
Blog génétiquement modifié
Un reportage réalisé sur les OGM par Canal +, de près de vingt-trois minutes, vient d’être interdit d’antenne. Il circule en ce moment par messagerie privée, je l’ai reçu ce matin. Si vous le désirez, suivez ce lien, avant que le film disparaisse.
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mercredi, 31 janvier 2007
Le duc d’Enghien
« Les riverains du local de campagne de Nicolas Sarkozy seraient surveillés par les RG », nous apprend Le Monde du 31 janvier. On reste au conditionnel, mais ce n’est pas impossible.
Dimanche, sur la scène de l’Européen, Serge Utgé-Royo, au cours de son spectacle, nous a justement dit que les riverains étaient exaspérés par la présence de cars de CRS aux deux extrémités de la rue, de leur rue. Un restaurateur se serait plaint de la diminution constante, depuis l’implantation de ce local, de sa clientèle, ajoutant qu’il craignait devoir fermer avant deux mois.
Les responsables de la campagne d’Arc-au-Zizi auraient fait savoir que, s’implantant rue d’Enghien, le sauveur universel avait désiré se trouver au cœur des quartiers populaires. On est prié de ne pas rire.
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jeudi, 25 janvier 2007
Verlaine complet
Je lis depuis plusieurs semaines les œuvres poétiques complètes de Verlaine publiées dans la collection « Bouquins ». Depuis les recueils découverts à l’adolescence, je n’avais pas lu Verlaine, pardon : je n’avais pas lu d’autre livre que ceux dont il est convenu de dire qu’ils sont les « grands », c’est-à-dire les plus célèbres : Poèmes saturniens, Fêtes galantes, Jadis et naguère, Parallèlement, La Bonne chanson, Romances sans paroles, Chansons pour elle, Sagesse. J’avais lu ses textes en prose, sa correspondance (j’attends toujours le deuxième volume, d’ailleurs), des études et des biographies, mais pas ses autres poésies.
Dans ce tome, toute la poésie de Verlaine. Les « grands » livres ci-dessus et puis tous les autres, ceux qu’on ne lit jamais et qui témoignent d’une volonté absolue, de la part du poète, de construire une œuvre cohérente, bâtie, solide, avec des effets de « rappel » d’un livre à l’autre, des espèces de dyptiques, de grands pans complets presque thématiques. Alors, certes, les autres ouvrages sont vraiment moins bons. Mais à quoi cela tient-il ? Je me le demande. Verlaine serait-il tout à coup moins poète ? Cela ne veut pas dire grand-chose, d’autant que, jusqu’au bout, son art du poème est en éveil et en recherche constante de formes originales, de musique évidemment. Pas de redites, tout est neuf, chaque fois. Le travail du vers et la maîtrise absolue de la technique – pardon, des techniques – l’invention verbale et prosodique, tout y est. Et pourtant, ce ne sont pas d’aussi grands livres que les premiers. C’est très curieux. Cela dit, le plus mauvais Verlaine est de loin supérieur au meilleur d’autres.
Et puis, une exception, le recueil Amour avec, notamment, le bouleversant cycle de Lucien Létinois, recueil qui n’est pas loin de pouvoir venir s’agréger aux plus prestigieux.
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mardi, 23 janvier 2007
James Bond contre Docteur Peut-être
Étudions encore les titres de Ian Fleming, cette fois dans leur connotation socio-culturelle.
Le roman Doctor No est traduit sous le titre James Bond contre Docteur No, ce qui le relie aux titres classiques des romans d’aventures et des bandes dessinées des années 50 : Machin contre X. C’est la forme de titre la plus plate qui soit, avec cette autre : Les Aventures de Truc. Pourquoi diable a-t-on fait de ce qui aurait dû s’appeler, tout simplement, Docteur No, une tournure lourdingue et idiote ? Il est vrai que l’univers bondien s’apparente souvent à la bande dessinée (ou à l’idée qu’on a pu s’en faire) – mais il s’agit là de l’univers bondien cinématographique. Ce n’est pas le cas des livres dans lesquels Bond n’est pas le beau Sean Connery en smoking blanc, mais un agent décrit par Fleming lui-même comme un peu vulgaire. Dans les romans, pas d’humour distancié, plutôt le quotidien. Docteur No eût sonné moins bande dessinée, mais eût été plus juste. Et puis, docteur Non, c’était bien fichu, quand même.
Le mythe de l’or, avec son cortège de rêve vulgaire, matérialiste, ébaubi, est présent par deux fois dans les titres, avec Goldfinger et L’Homme au pistolet d’or (The man with the golden gun). Encore une fois, le Bond imprimé ne livre pas au lecteur le délire absurdo-moderniste du cinéma, mais une réalité concrète, souvent dure sinon sordide, avec des personnages inquiétants et sombres. Certes, l’imagination de Fleming frappe juste, chaque fois, avec des inventions comme M., Q., miss Moneypenny, Mister Big, Goldfinger, le Chiffre, le SPECTRE, le SMERSH, j’en passe. Sans parler de la trouvaille du matricule double zéro et de sa signification. Mais Bond reste un homme relativement commun, un peu cruel et certainement désagréable.
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lundi, 22 janvier 2007
James Bond contre Trade Hucteur
À Richard
Faisons un bref retour sur le sujet dont je ne me serais jamais douté qu’il allait intéresser les promeneurs de la rue Franklin, moins encore qu’il inciterait Dominique à poursuivre la réflexion dans ses propres carnets.
On pensera ce qu’on voudra de Ian Fleming, il reste qu’il a le sens des titres. Je suis épaté par des choses comme Vivre et laisser mourir (To live and let die), On ne vit que deux fois (You only live twice), Au service secret de sa majesté (On her majesty’s secret service) ou plus simplement Bons baisers de Russie (From Russia with love). Entendons-nous : ces titres m’épatent dans leur catégorie, celle du roman d’espionnage.
Quelques remarques s’imposent à moi lorsque j’évoque les titres de ces livres. Elles concernent les traducteurs et, plus sûrement, les éditeurs. Quelle idée d’aller traduire For your eyes only par Bons baisers de Paris ou Octopussy par Meilleurs vœux de la Jamaïque ? Il s’agit tout simplement d’une volonté commerciale de Plon qui, ayant constaté le succès de Bons baisers de Russie, s’est empressé de repasser les plats avec Paris. N’osant pas risquer cette formule une troisième fois, il utilise « meilleurs vœux » pour la Jamaïque. On remarque que cet appui sur un succès précédent touche, comme par hasard, les deux seuls livres qui ne soient pas des romans mais des recueils de nouvelles. Il fallait bien solliciter le public français qui, paraît-il, n’est pas friand de ce genre, au rebours des peuples anglo-saxons. D’où la stupidité de ces redites, alors que les traducteurs auraient certainement trouvé mieux. Le pire est que Meilleurs vœux de la Jamaïque comprend une nouvelle intitulée Bons baisers de Berlin (The living daylights) – c’est-à-dire qu’on a osé une troisième fois, mais en catimini, à l’intérieur du recueil.
Je suppose que les mêmes raisons commerciales ont conduit à traduire The spy who loved me, fort beau titre qui plus est très inattendu, par l’imbécile Motel 007. Il faut replacer cette parution dans le contexte des années 60 où les motels étaient très à la mode.
Ce sont toujours, naturellement, des considérations de vente qui ont fait numéroter les livres de 1 à 12, faisant ainsi disparaître les deux romans parus au Livre de Poche, comme on l’a vu dans la note précédente. Il fallait créer le réflexe de « série », donc de collection, ce qui fait toujours vendre. Quoi de plus « collection » qu’une numérotation, même si elle est erronée et prive l’ordre chronologique de deux tomes ? Quant aux titres façon « Série noire » de ces deux textes, qu’en dire ? C’est certes une invention de Gallimard et de Marcel Duhamel que ces centaines de titres ironiques, parfois sans rapport avec le roman d’ailleurs. Mais dans l’ordre des aventures de Bond et dans l’esprit des excellents titres de Fleming, comme ils détonnent ! Il faudra attendre leur parution en collection « Bouquins » pour qu’ils retrouvent leur panache : Les diamants sont éternels (Diamonds are forever) au lieu de Chauds les glaçons ! et Moonraker (Moonraker) au lieu d’Entourloupe dans l’azimut (encore heureux qu’on ne nous ait pas gratifiés d’un Gratte-Lune).
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vendredi, 19 janvier 2007
Melancholia
Une de mes fréquentes attitudes est de laisser aller mon regard sur mes rayonnages, dans telle ou telle pièce, dans l’entrée, dans le couloir. Martine m’avait dit un jour : « Tu regardes tes livres comme on regarde la mer, l’horizon ». Depuis quelque temps, c’est plutôt avec mélancolie que je les regarde. Je ne veux pas penser à ce qu’ils deviendront – c’est l’angoisse habituelle et l’on ne peut répondre à cette question. Je pense plutôt, et cela fait quelque temps déjà, au fait que, depuis 1993, date à laquelle j’ai aménagé dans mon logement actuel, certains volumes, selon toute vraisemblance, n’ont pas bougé de la place qu’ils avaient alors trouvée. Je ne les ai plus ouverts, je ne les ai même pas déplacés. J’aurais pu, à la rigueur, les décaler pour insérer de nouveaux venus – mais à partir du moment où tout est bloqué sur des mètres et des mètres linéaires, il n’y a rien d’autre à faire que de poser les livres qui malgré tout s’ajoutent en dépit de tout bon sens, en travers, à leur place approximative. Certains ouvrages, donc, n’ont plus été consultés et je me demande avec inquiétude s’ils le seront de nouveau ou bien si notre commerce est définitivement interrompu, notre amitié saccagée sans même qu’eux et moi le sachions.
Alors, puisqu’il faut respirer tout de même, je me dis qu’un déménagement inéluctable aura lieu dans quelques années et qu’ils pourront ainsi remuer leurs membres ankylosés, ces livres immobiles, paralysés, sclérosés. Je ne veux pas penser que ce sera pour aller se figer ailleurs, sur les mêmes rayonnages qu’un camion aura transportés, emportant sans le savoir ma mélancolie avec lui. Je la retrouverai à l’arrivée.
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mercredi, 17 janvier 2007
James Bond contre docteur Baudelaire
On parle de tout, rue Franklin, même de James Bond.
D’ailleurs, Bond, on en parle aussi maintenant dans un colloque international intitulé Histoire culturelle et enjeux esthétiques d’une saga populaire, organisé par la Bibliothèque nationale de France (BNF), les universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et Nanterre et le Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle (CEEA). L’objet de ces débats est d’étudier le phénomène sur les plans historique, esthétique, anthropologique, politique, psychanalytique. Soit.
On signale quand même aux animateurs de VousNousIls.fr, site spécialisé dans les questions d’éducation, qui consacre une dépêche à cette rencontre, qu’il n’existe pas douze volumes publiés par Ian Fleming mais quatorze. Sans doute se fondent-ils sur les douze tomes publiés dans les années 60 par Plon et malencontreusement numérotés de 1 à 12 (Casino Royal, Vivre et laisser mourir, Bons baisers de Russie, James Bond contre docteur No, Goldfinger, Bons baisers de Paris, Opération Tonnerre, Motel 007, Au service secret de sa majesté, On ne vit que deux fois, L’Homme au pistolet d’or, Meilleurs vœux de la Jamaïque), ignorant délibérément deux autres romans édités alors au Livre de Poche par la Librairie générale française, c’est-à-dire Hachette. Leurs titres français étaient dans l’esprit « policier » du moment, celui de la Série noire Gallimard : Entourloupe dans l’azimut (Moonraker) et Chauds les glaçons (Diamonds are forever). Plon n’avait pas les droits, les deux traductions avaient été publiées avant que le héros n’atteigne la célébrité mondiale grâce au cinéma, essentiellement avec Goldfinger (1965), son Aston Martin truquée, sa fille peinte en or et la voix invraisemblable de Shirley Bassey chantant le thème du film.
On leur rappelle aussi que Laffont a publié il y a déjà plusieurs années l’ensemble des livres en collection « Bouquins », dans l’ordre chronologique, l’édition étant due à Francis Lacassin.
C’était la petite séquence nostalgique du taulier, qui a lu les quatorze livres entre ses douze et quinze ans avant de se convaincre que, décidément, Baudelaire était plus intéressant.
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mardi, 16 janvier 2007
Un étonnement
Je m’étonne toujours d’une chose. Comment se fait-il que les gens qui n’ont plus d’obligations professionnelles, donc d’horaires imposés… s’en inventent ? Pourquoi les personnes qui ne travaillent plus considèrent-elles toujours qu’il y a un week end durant lequel accomplir certaines choses, quand elles peuvent le faire lorsqu’il leur plaît ? Pourquoi regardent-elles un DVD le soir ? Le reste à l’avenant. Lorsque je serai à la retraite (si j’ai bien calculé, ce ne sera pas avant décembre 2014), j’ai déjà prévenu autour de moi que je n’aurai rigoureusement plus aucune espèce d’horaire. Je travaille depuis l’âge de vingt-et-un ans et, depuis ce moment, je n’ai plus jamais su cette latitude totale que je connaissais auparavant. En vacances, déjà, je ne porte jamais de montre. Lorsque je pourrai retrouver, si je ne meurs pas avant, une totale disponibilité, j’oublierai jusqu’à la notion d’horaire.
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dimanche, 14 janvier 2007
« Je m’appelle Werner von Ebrennac »
Une fois de plus, nous avons regardé Le Silence de la mer, le premier film de Melville, d’après Vercors, sorti en 1949. Cette œuvre de Vercors, j’en ai lu le texte, je l’ai vue au cinéma et en DVD plusieurs fois, j’ai assisté à une adaptation théâtrale, il y a quelques années. Chaque fois, je reste sans voix devant les qualités de ce texte. Une langue impeccable, bien entendu, au rythme parfaitement adapté au sujet. Dieu sait combien il est difficile, même lorsqu’on pense connaître un brin la langue et qu’on se targue de la manier, de trouver cependant le registre idoine. Mais il n’y a pas que cela. Il y a évidemment l’idée formidable – pour un auteur, c’est séduisant au possible, en dépit de la gravité du thème – du silence que l’oncle et la nièce opposent à Werner von Ebrennac. La résistance par le silence, le mutisme, quelle trouvaille passionnante. Il y a l’humanité profonde dont est pétri ce roman (bien plutôt une longue nouvelle), l’humanisme utopique de l’officier qui finira par se « suicider » en demandant à être muté sur le front de l’Est lorsqu’il aura compris les buts réels poursuivis par la barbarie nazie, lui qui, cultivé, amoureux de la France, avait cru aux lendemains qui chantent, avait imaginé que le soleil se lèverait sur l’Europe. Il y a l’évolution lente – mais peinte d’une main sûre – des sentiments de l’oncle et de la nièce, l’amour qui naît dans son cœur de jeune femme… Enfin, il y a mille choses qu’un écrivain ne peut pas ne pas admirer en rêvant forcément de faire un jour un livre de ce niveau, de cette élégance et de cet espoir meurtri. Un livre utile – et je ne répèterai jamais assez que l’écrivain est utile ou n’est pas. Et puis, il y a ce film de Melville, son tout-premier long-métrage, déjà parfait, déjà épuré, déjà melvillien en diable.
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jeudi, 04 janvier 2007
Allez voir ailleurs si j’édite
Je viens de recevoir un refus d’éditeur. Ah, voilà une nouvelle, n’est-ce pas ? Précisément, il s’agit de mon quatrième et dernier recueil de nouvelles, le troisième devant paraître en mars prochain. Je me demande combien de refus j’ai pu essuyer dans ma vie. Cent, deux cents ? Ce doit être dans ces eaux-là, surtout si j’assimile aux refus les nombreuses absences de réponse. Je ferai un jour le point sur cette question, lorsque j’aurai suffisamment de temps et de courage pour plonger dans mes archives éditoriales, où tout est conservé et classé depuis 1971.
En tout cas, je suis reconnaissant à ce monsieur de n’avoir mis que quinze jours à me répondre par courrier électronique. C’est exceptionnellement court. Mais ça ne change rien au résultat. Le même manuscrit est de toute façon en lecture chez deux autres éditeurs qui sont apparemment moins rapides. J’en avais contacté trois d’un coup, ce qui n’est aucunement un gage de réussite mais permet de n’attendre qu’une fois (le nombre ne veut rien dire : pour le livre de Martine, nous avions entrepris des démarches simultanées auprès d’une cinquantaine de maisons. Le résultat fut entièrement négatif et, finalement, l’Harmattan l’avait accueilli en 1996).
Comme je le dis souvent, les antécédents éditoriaux ne servent à rien. Douze livres parus et le treizième en cours de fabrication ne garantissent aucunement le succès.
On sait que le fin du fin, dans une lettre de refus, consiste à refiler le bébé à d’autres, c’est-à-dire à conseiller hypocritement à l’auteur d’aller voir chez le voisin. Ici, on m’écrit que j’aurais intérêt à proposer certaines de ces nouvelles à des revues. Est-il utile de dire que j’ai publié environ quatre-vingt textes dans des revues littéraires de trois pays, que j’ai fait partie des comités éditoriaux de deux d’entre elles et que j’ai définitivement quitté ce monde-là depuis douze ans ? Les éditeurs croient toujours avoir en face d’eux des personnes qui ne connaissent pas le monde du livre. Cette prétention est extrêmement désagréable.
Tout cela n’a évidemment aucune importance.
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mercredi, 03 janvier 2007
Une découverte... pour moi
Je suis peut-être en train de découvrir l’eau chaude, comme on dit familièrement, mais une chose m’a frappé durant ces quelques jours de vacances, au vu de quelques films en DVD. Il s’agit de l’utilisation du ralenti pour exprimer… la plus grande rapidité. Depuis mon enfance, fort lointaine il est vrai, le ralenti était un procédé artistique, souvent utilisé, il faut bien le dire, de façon décorative. À présent, on l’emploie pour figurer le contraire. Il s’agissait de rendre une action censée se dérouler à la fraction de seconde. Techniquement, c’était une gageure : le spectateur ne pourrait même pas voir ce qui se passe. On fractionne donc le mouvement et le ralentissement de l’image évoque l’extrême rapidité de l’action. Je n’avais jamais rencontré une telle opposition dans l’écriture cinématographique. Mais je suis sans doute ridicule et je pense que tout le monde s’était déjà aperçu de cela.
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mardi, 02 janvier 2007
Nous sommes revenus

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vendredi, 22 décembre 2006
Vers le Lot
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mercredi, 20 décembre 2006
Le risque éditorial selon Nyssen
Le 19 décembre, Nyssen, octogénaire qui a passé la main tout en conservant des responsabilités dans la maison qu’il a fondée, rencontre les représentants d’Actes-Sud afin de leur présenter les ouvrages dont la parution est prévue en mars et dont il est responsable : « Ce matin j’avais une belle partie à jouer avec une armada dont le navire amiral est Napoléon le petit de Victor Hugo », écrit-il. Plus audacieux, tu meurs.
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lundi, 18 décembre 2006
Un travail éditorial
On sait que, très souvent, je tape ici sur les éditeurs, leurs mœurs et leurs méthodes. La plus élémentaire honnêteté me conduit donc à signaler aujourd’hui un éditeur différent, Pascal Arnaud, fondateur d’une petite maison, D’un noir si bleu.
J’ai dit dans la note précédente, à propos du texte de quatrième de couverture, qu’il avait trouvé dans mon livre autre chose que ce que je pensais y avoir mis, mais la question n’est pas là.
Voilà un éditeur qui, manifestement, a lu le manuscrit proposé et non deux passages en dix minutes afin de pouvoir, par une habile manipulation qui ne me trompe plus depuis longtemps, faire croire qu’il le connaît bien. Il m’a successivement demandé :
– de supprimer quatre nouvelles du recueil, estimant qu’elles s’y intégraient moins bien que les autres. J’étais d’accord pour trois d’entre elles, je regrette un peu la quatrième, mais ce n’est pas très grave ;
– de modifier le titre prévu afin de mieux faire ressortir l’unité thématique du livre, car c’est une maison qui entend publier des recueils conçus comme un tout et non une compilation, un collage de textes. Le titre qu’il m’a proposé était pris dans une de mes nouvelles et me convenait parfaitement ;
– de modifier le texte de quatrième dans une optique identique, en le rédigeant lui-même ;
– de changer l’ordre des nouvelles en me suggérant une « mise en scène » différente visant à améliorer ce qu’on pourrait nommer la progression dramatique, en tenant compte des habitudes de lecture séquentielle.
Il m’a enfin présenté un projet de couverture qui illustre sans le paraphraser le contenu du livre.
J’estime que tout cela constitue réellement un travail éditorial. Comme on l’imagine, j’ai accepté toutes ces propositions : elles étaient argumentées et ne dénaturaient en rien, au contraire, ce que j’avais voulu faire. Tout ce travail, fruit d’une réflexion authentique, fait plaisir à constater, provenant d’une toute jeune maison qui ne compte pour le moment que cinq livres à son catalogue, dont deux à paraître en mars prochain.
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mercredi, 13 décembre 2006
D’un abîme si bleu
L’infect taulier et ses quatrièmes de couverture… Le feuilleton continue. L’éditeur D’un noir si bleu, qui prépare mon livre à paraître en mars prochain, n’est pas d’accord avec le projet de quatrième que je lui ai communiqué. Soit. Rien de nouveau en cela. Il m’indique les directions dans lesquelles il pense que devra aller cette présentation, qu’il fera lui-même (tant mieux). Tout ce qu’il me dit est très intéressant et se tient parfaitement. Jusque là, rien à dire. Seulement voilà : je me demande de quel livre il parle. Pas de celui que je lui ai proposé et qu’il a accepté, en tout cas.
C’est un lieu commun : les lecteurs trouvent dans les livres des choses que les auteurs ne savaient pas y avoir mises. C’est la première fois, cependant, que l’abîme me paraît si grand et si profond. Tout cela m’amuse beaucoup, mais l’important est ce qui se trouve dans le livre, pas cette marque sur le derrière que lui appliquent les fessées éditoriales.
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lundi, 11 décembre 2006
Un faux Sartre
J’ai coupé au bout d’une demi-heure, de quarante minutes peut-être. Impossible. Impossible de faire un Sartre pour la télévision. Le maquillage est parfait, enfin, le plus parfait possible, Podalydès réussit même à approcher le timbre de voix de l’écrivain, mais non, ça ne va pas. Ça ne va pas parce que la reconstitution, bonne, est trop appliquée, trop léchée, ce qui n’empêche pas les détails faux, d’ailleurs – ah, cette 2 CV du moment… avec des essuies-glaces d’aujourd’hui – et surtout, tout est trop propre. On dirait que les automobiles sont toutes neuves (elles sont prêtées par des collectionneurs attentifs et jaloux), que les rues sont idylliques, que tout est ripoliné. La Sorbonne est toute blanche – elle ne l’était pas – en ces temps où il n’y avait pas de vigiles aux entrées de la rue Victor-Cousin. Ça ne va pas : Simone de Beauvoir (Anne Alvaro) est inaudible, on ne comprend à peu près rien de ce qu’elle dit. Ce jeune gamin impersonnel, fadasse, que l’on voit arriver en maillot sur une plage ne peut pas être Servan-Schreiber, cette dame à L’Express ne peut pas être Françoise Giroud et surtout, ce Raymond Aron de pacotille, au début ! Et puis, on sent venir un brin de roman, avec cette histoire de drague de Sartre envers une fille qui n’a pas existé. Bah… On ne peut pas, non que ce soit interdit, mais parce que c’est raté d’avance. Il est trop présent encore. Plus tard, peut-être. En tout cas, il ne faut pas lui faire porter des cravates rouges. Les hommes ne sont pas cravatés de rouge en 1958. Ça n’existe pas. De bordeaux, à la rigueur, pas de rouge. À ce moment-là, c’est l’habit sombre obligatoire : gris, noir, marron, bleu marine. Les hommes ne portent pas de couleurs. On ne peut pas montrer des personnages réels dans un film avant de très nombreuses années. Peut-être le malaise vient-il de son génie, de sa puissance de travail qui rabaisse chacun au rang d’un tâcheron, à commencer par le réalisateur. Je ne sais pas. Et puis, c’est encore la preuve qu’il demeure très présent.
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vendredi, 08 décembre 2006
Mayenne, terre de ridicule
J’ai rarement vu plus bête. Dans Le Monde du 8 décembre, un encart publicitaire émanant du Conseil général de Mayenne (ou plutôt, selon la terminologie et la syntaxe publicitaires actuelles, qui frappent jusqu’aux administrations territoriales : La Mayenne – Conseil général) présente la photographie de trois ouvrages couronnés lors de la tartufferie annuelle dénommée « Prix littéraires ».
Ces trois livres, présentés en pied, sont ceints d’un bandeau qui précise : « La Mayenne, terre d’inspiration du prix Médicis » pour l’un, « Le prix Goncourt imprimé en Mayenne » pour l’autre et « Le prix Fémina imprimé en Mayenne » pour le dernier.
Bien sûr, si les éditeurs choisissent d’imprimer chez tel imprimeur de renom installé ici plutôt que là depuis des lustres, c’est grâce au Conseil général, n’est-ce pas ? Non pas parce qu’il pouvait livrer les palettes de volumes dans tel délai et à tel prix acceptés par le commanditaire, non, non, c’est parce qu’il est implanté en Mayenne. Quant à la terre d’inspiration…
Le bouquet, c’est le slogan : « Rentrée littéraire 2006. La Mayenne donne du prix à la lecture ».
Connaissez-vous plus ridicule ?
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mercredi, 06 décembre 2006
Tout est relatif
L’ami Pierre Bosc a cru bon de parler à deux reprises, sur son blog comme sur son site, de mes petites bêtises théâtrales. Ses articles pleins de louanges me rendent confus mais je sais qu’il exagère toujours. Ce qui m’amuse, et c’est la raison de cette note, c’est qu’à l’instar de tous mes autres ouvrages, celui-ci a été refusé cent fois avant de paraître en un tirage confidentiel chez un éditeur qu’on ne trouve pas en librairie. Manon a été écrit en 2002, Guillemine en 2004 et, depuis, j’ai essuyé tant de refus que les compliments de Pierre me font sourire. Si c’était aussi génial, les éditeurs s’en seraient rendu compte plus tôt.
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mardi, 05 décembre 2006
Des chiffres et une Toile
Selon Le Monde du 4 décembre, « dix-neuf millions de Français bénéficient d’un accès Internet à haut débit. Mieux. Près de trois millions de personnes sont producteurs de contenu sur le Web, que ce soit par le biais d’une page personnelle, d’un blog ou en animant un forum. »
On retrouve une fois encore ces chiffres qui ne veulent rien dire.
Dix-neuf millions, c’est moins du tiers de la population et l’on ne précise pas dans combien de foyers sont réparties ces personnes ni si toutes peuvent utiliser internet au même moment. Une famille de cinq personnes, par exemple, si elle ne dispose que d’un ordinateur, cela ne signifie pas réellement que cinq personnes bénéficient d’un accès. D’ailleurs, il n’est pas, dans cette phrase, fait de différence entre l’accès à domicile et celui, professionnel, en principe plus limité et n’offrant théoriquement pas toute latitude d’utilisation. En outre, nous savons tous quel usage beaucoup de personnes font d’internet : consultation de la météo et, éventuellement, des programmes de télévision et d’Ebay. Il n’y a là nul mépris de ma part, il suffit d’ouvrir les yeux au bureau.
Trois millions de personnes produisent des contenus. Je veux bien. Il faut voir aussi de quels contenus il s’agit, et pour cela, une simple promenade sur la Toile fixe rapidement les idées. En outre, ces mêmes personnes peuvent-elles être comparées dans la mesure où elles publient une page personnelle ou animent, comme l’horrible taulier, trois sites et trois blogs qui valent ce qu’ils valent mais sont rédigés dans une langue à peu près correcte et se différencient quand même de certains autres lieux, tel celui-ci ou celui-là ? Ou bien encore celui-là ?
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lundi, 04 décembre 2006
Incompréhensite
Il est des sites internet, et non des moindres, où il ne fait pas bon chercher quelque chose. Y compris les sites institutionnels qui, semble-t-il, s’ingénient à répondre à côté, sous le prétexte de renseigner abondamment. Il peut y avoir des pages et des pages, chacune peut être abondamment pourvue en liens ouvrant sur des tas d’autres pages, on ne trouve pas la réponse à ses questions, voire à sa seule et unique question. Le site de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) est révélateur de cet état de chose. Il s’agit pourtant d’une société d’auteurs, ancienne, célèbre, solide, reconnue, respectée – tout ce qu’on voudra. Eh bien, je ne sais pas qui a imaginé son site ni qui a donné le feu vert à sa mise en ligne.
14:45 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 30 novembre 2006
Théâtre
L’auteur, infatué – Vous savez, chêêêêêrs, mon nouveau livre a paru. Deux pièces de théââââââtre. Euh…
Les promeneurs de la rue Franklin, en chœur – On s’en fout.

20:29 Publié dans Cour de récréation | Lien permanent | Commentaires (13)
Encore Melville
Le 27 mai dernier, nous évoquions Melville et, dans les commentaires, j’avais précisé avoir finalement trouvé Deux hommes dans Manhattan… en Chine. Depuis, j’ai bien reçu le DVD qui est de très bonne qualité. Restait le problème de L’Aîné des Ferchaux, tout aussi introuvable en France. Il y a deux jours, je l’ai acheté… en Allemagne. Le problème est qu’il s’agit d’une version doublée en langue allemande et non d’une version originale (qui eût donc été en français), qui plus est non sous-titrée. Alors que l’un des avantages du DVD est précisément de pouvoir choisir la langue de la bande sonore comme celle des sous-titres. Là, rien à faire. Je regarderai donc les images…
12:17 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (3)
mercredi, 29 novembre 2006
Société recherche minable, bon salaire
« La motivation, la personnalité et la présentation sont les trois premiers critères d’embauche en CDI (contrat à durée indéterminée) mis en avant par les employeurs, quels que soient le type de poste et le secteur d’activité, indique l’enquête Offre d’emploi et recrutement (OFER), la première du genre, publiée mardi 28 novembre par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère de l’emploi », indique Le Monde du 28 novembre.
Il est des moments où je meurs – bien tristement, bien amèrement – de rire. J’aimerais vraiment savoir ce qu’il y a de nouveau là-dedans. Ces critères ont toujours été là, ils ont toujours été les premiers et l’on se demande réellement pourquoi et comment il en irait autrement. Connaissez-vous beaucoup d’employeurs qui désirent recruter une personne sans motivation, d’une personnalité inexistante et fichue comme l’as de pique ?
En 1973, quand j’ai commencé à travailler (à l’époque, en librairie), c’était la même chose mais on ne le disait pas, on n’en parlait pas dans les journaux parce que cela allait de soi. Je suppose que c’était aussi le cas auparavant. Je ne comprends même pas comment on peut imaginer d’autres critères, au moins en premier lieu. La suite de l’article fait référence à d’autres points : je veux bien qu’ils puissent différer, être discutés, mais ces trois-là, on n’y échappera pas.
07:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (12)
mardi, 28 novembre 2006
Noiret
J’ai été très étonné de l’émotion soulevée par la mort de Philippe Noiret. Je ne savais pas le comédien si populaire. Au fond de ma mémoire, je ne retrouve semblable écho que lors des disparitions de Bourvil et de Fernandel.
Je ne serai pas idiot au point de nier le talent de Noiret mais, depuis plusieurs années, je trouvais qu’il « faisait du Noiret », justement, abusant de son personnage, de son allure et de sa voix. Mais après tout, s’il était aimé à ce point, tant mieux pour lui.
Ce qui me surprend davantage, c’est que ce type d’émotion soit encore possible en 2006. Bourvil et Fernandel, que j’aimais et aime encore, sont morts dans une période où le rythme de l’existence était plus lent, l’information moins foisonnante, les problèmes sociaux moins cruciaux. Tous deux avaient leurs racines artistiques prises dans la terre de moments révolus, ils étaient ancrés dans l’imaginaire de gens qui avaient connu des vies plus lentes encore. Fernandel surtout, qui tournait déjà dans les années 30.
L’accélération de la vie, les circuits nouveaux d’information, les nouvelles succédant aux nouvelles avant qu’on ait pu en prendre connaissance, toutes ces modifications de notre vie n’ont pas empêché l’affectivité du public de se fixer sur un comédien comme elle le faisait autrefois. Je ne suis même pas certain que Montand, qui était très aimé, ait été autant regretté. En tout cas, je n’en ai pas le souvenir. Je ne tire aucune conclusion de cela, je l’observe simplement.
07:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (22)
lundi, 27 novembre 2006
Une pétition
J’ai reçu le texte de cette pétition. J’ai accepté de la signer quoique je pense qu’en réalité, Frêche est un vieux gâteux qui ne sait plus ce qu’il dit et à qui le pouvoir qu’il détient, dans sa région, depuis bien longtemps, a dû monter à la tête. Ce texte est adressé à François Hollande.
Déjà Mussolini perçait sous Georges Frêche, pétition nationale d’écrivains
Monsieur le Premier secrétaire,
Le passif de M. Georges Frêche, qui dirige en tant qu’élu de votre parti la région Languedoc-Roussillon, était déjà bien lourd mais voilà qu’avec stupeur la France entière découvre sa dernière exaction !
Il avait liquidé le Centre régional des Lettres avec une rare brutalité ; saccagé le Festival de poésie de Lodève « Les voix de la Méditerranée » ; agressé verbalement des danseurs orientaux coupables de s’être présentés devant lui pieds nus. Qu’il s’en prenne à des écrivains, à des artistes ne vous a pas ému. Et à peine avez-vous tenu compte de son ignoble envolée contre les harkis, qualifiés de « sous-hommes ».
Mais voici ce que M. Georges Frêche déclare tout récemment, lors du Conseil d’agglomération de Montpellier (selon le quotidien Midi libre, dans son édition du jeudi 16 novembre), en parlant de l’équipe de France de football : « Dans cette équipe, il y a neuf Blacks sur onze. La normalité serait qu’il y en ait trois ou quatre. Ce serait le reflet de la société. Mais là, s’il y en a autant, c’est parce que les Blancs sont nuls (...). J'ai honte pour ce pays. Bientôt, il y aura onze Blacks. Quand je vois certaines équipes de foot, ça me fait de la peine ».
Quelle analyse, monsieur le Premier secrétaire, faites-vous aujourd’hui de ces propos aussi scandaleux qu’intolérables ? Quelles mesures claires comptez-vous prendre contre celui qui les profère ?
Les avertissements, les blâmes, les admonestations, les suspensions ne suffisent plus, désormais. Et nombreux sont, avec nous, ceux qui attendent votre décision, celle de votre parti. Nous aimerions savoir si votre choix sera de couvrir l’énergumène et de vous déshonorer avec lui...
Déjà Mussolini perçait sous Georges Frêche ! pourrions-nous écrire en parodiant Victor Hugo. Nous n’ignorons pas en effet les parcours socialistes d’un Mussolini ou d’un Marcel Déat.
Accepterons-nous, accepterez-vous que l’histoire se répète dans ses dérives les plus abominables ?
Nous, quatre écrivains et poètes soussignés, lançons cette pétition nationale auprès de nos pairs que nous tiendrons informés de votre position vis-à-vis de cette fort épineuse affaire, convenez-en.
Avec nos sentiments les meilleurs.
Yves Charnet, écrivain, responsable des enseignements de culture générale à Supaero (Toulouse).
Alain (Georges) Leduc, romancier, critique d’art, membre de l’AICA, Association internationale des critiques d’art.
Bernard Noël, poète, écrivain.
André Velter, poète, producteur à France culture.
Signatures à envoyer à : alaingeorges.leduc@free.fr
11:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3)
jeudi, 23 novembre 2006
Rien n’arrête plus le taulier
Il y a quelques jours, ce fichu taulier a ouvert le blog Léo Ferré, études et propos. Ce lieu est destiné à la publication d’études et à l’échange de propos d’ordre littéraire et artistique au sujet de Léo Ferré et de son travail. Lien en colonne de gauche, et ici : http://leoferre.hautetfort.com/
15:00 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 22 novembre 2006
Le taulier récidive
J’ai créé un petit blog destiné à la publication de mon essai Hubert Grooteclaes en mélancolie. La forme du blog ne convient pas très bien à la lecture d’un texte puisque chaque chapitre va aller s’ajouter devant le précédent, au lieu de le suivre. En attendant qu’un éditeur veuille bien le faire paraître, je n’ai rien trouvé de mieux. J’indique l’adresse dans la colonne de gauche. Et ici : http://hubertg.hautetfort.com/
18:40 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 20 novembre 2006
Information
Un éditeur, D’un noir si bleu, vient d’accepter de publier mon treizième livre, quelques petites nouvelles de rien du tout. Le recueil est intitulé Le temps d’être un autre, mais cela doit changer. Parution début mars, en principe. Bah, la terre continuera à tourner.
16:25 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (16)