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mardi, 23 janvier 2007

James Bond contre Docteur Peut-être

Étudions encore les titres de Ian Fleming, cette fois dans leur connotation socio-culturelle.

Le roman Doctor No est traduit sous le titre James Bond contre Docteur No, ce qui le relie aux titres classiques des romans d’aventures et des bandes dessinées des années 50 : Machin contre X. C’est la forme de titre la plus plate qui soit, avec cettemedium_9cc9_1.jpg autre : Les Aventures de Truc. Pourquoi diable a-t-on fait de ce qui aurait dû s’appeler, tout simplement, Docteur No, une tournure lourdingue et idiote ? Il est vrai que l’univers bondien s’apparente souvent à la bande dessinée (ou à l’idée qu’on a pu s’en faire) – mais il s’agit là de l’univers bondien cinématographique. Ce n’est pas le cas des livres dans lesquels Bond n’est pas le beau Sean Connery en smoking blanc, mais un agent décrit par Fleming lui-même comme un peu vulgaire. Dans les romans, pas d’humour distancié, plutôt le quotidien. Docteur No eût sonné moins bande dessinée, mais eût été plus juste. Et puis, docteur Non, c’était bien fichu, quand même.

medium_551e_1.2.jpgLe mythe de l’or, avec son cortège de rêve vulgaire, matérialiste, ébaubi, est présent par deux fois dans les titres, avec Goldfinger et L’Homme au pistolet d’or (The man with the golden gun). Encore une fois, le Bond imprimé ne livre pas au lecteur le délire absurdo-moderniste du cinéma, mais une réalité concrète, souvent dure sinon sordide, avec des personnages inquiétants et sombres. Certes, l’imagination de Fleming frappe juste, chaque fois, avec des inventions comme M., Q., miss Moneypenny, Mister Big, Goldfinger, le Chiffre, le SPECTRE, le SMERSH, j’en passe. Sans parler de la trouvaille du matricule double zéro et de sa signification. Mais Bond reste un homme relativement commun, un peu cruel et certainement désagréable.

Commentaires

Goldfinger est le nom d'un architecte dont Fleming a voulu se venger.

Écrit par : Dominique | mardi, 23 janvier 2007

Ah ? Voilà une chose que je ne savais pas.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 23 janvier 2007

Fleming était son voisin et il n'avait pas du tout apprécié le style résolument moderniste de la maison de Goldfinger qui était dans la lignée de Perret ou de Le Corbusier. En outre, ce dernier aggravait son cas par son appartenance au parti communiste anglais. La plupart des renseignements sur lui sont en anglais malheureusement.
http://en.wikipedia.org/wiki/Ern%C5%91_Goldfinger

Écrit par : Dominique | mardi, 23 janvier 2007

C'est la meilleure, celle-là ! Je n'apprécie pas la maison de mon voisin, j'en fais donc un méchant très méchant dans un livre auquel je donne son nom pour titre. Ah, ça alors !

C'est intéressant, néanmoins, pour montrer comment un écrivain, quel qu'il soit, se nourrit et fonctionne. Comment il crée. Et, finalement, quelle est sa puissance (ou son impuissance, ça se discute). Tout ce qui l'entoure fait nombre et vient s'ajouter à sa substance. Cette petite vengeance éclaire au quotidien le processus créatif et montre bien qu'on ne crée jamais ex nihilo.

Les personnes croyantes enragent d'ailleurs lorsqu'un artiste, un auteur, se disent "créateurs", répondant que seul Dieu crée. Philosophiquement, ce n'est pas faux.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 23 janvier 2007

Ce n'est pas le premier à avoir agi ainsi, le changement de nom de Lopin en Lupin a été imposé à Maurice Leblanc car celui-ci aurait sciemment voulu nuire à un conseiller municipal de Paris.

Écrit par : Dominique | mardi, 23 janvier 2007

Exact, je l'avais oublié.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 23 janvier 2007

Les commentaires sont fermés.