Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 25 janvier 2007

Verlaine complet

Je lis depuis plusieurs semaines les œuvres poétiques complètes de Verlaine publiées dans la collection « Bouquins ». Depuis les recueils découverts à l’adolescence, je n’avais pas lu Verlaine, pardon : je n’avais pas lu d’autre livre que ceux dont il est convenu de dire qu’ils sont les « grands », c’est-à-dire les plus célèbres : Poèmes saturniens, Fêtes galantes, Jadis et naguère, Parallèlement, La Bonne chanson, Romances sans paroles, Chansons pour elle, Sagesse. J’avais lu ses textes en prose, sa correspondance (j’attends toujours le deuxième volume, d’ailleurs), des études et des biographies, mais pas ses autres poésies.

medium_resize.jpgDans ce tome, toute la poésie de Verlaine. Les « grands » livres ci-dessus et puis tous les autres, ceux qu’on ne lit jamais et qui témoignent d’une volonté absolue, de la part du poète, de construire une œuvre cohérente, bâtie, solide, avec des effets de « rappel » d’un livre à l’autre, des espèces de dyptiques, de grands pans complets presque thématiques. Alors, certes, les autres ouvrages sont vraiment moins bons. Mais à quoi cela tient-il ? Je me le demande. Verlaine serait-il tout à coup moins poète ? Cela ne veut pas dire grand-chose, d’autant que, jusqu’au bout, son art du poème est en éveil et en recherche constante de formes originales, de musique évidemment. Pas de redites, tout est neuf, chaque fois. Le travail du vers et la maîtrise absolue de la technique – pardon, des techniques – l’invention verbale et prosodique, tout y est. Et pourtant, ce ne sont pas d’aussi grands livres que les premiers. C’est très curieux. Cela dit, le plus mauvais Verlaine est de loin supérieur au meilleur d’autres.

Et puis, une exception, le recueil Amour avec, notamment, le bouleversant cycle de Lucien Létinois, recueil qui n’est pas loin de pouvoir venir s’agréger aux plus prestigieux.

Commentaires

Peut-être trop "circonstantiels" ? Je dis cela au hasard, ne les ayant pas lus moi-même.

Mais je sais -- nous savons -- que plus une recherche s'appuie sur un fait personnel et que celui-ci est transparent, moins la recherche y gagne.

Écrit par : Martine Layani | jeudi, 25 janvier 2007

Non, pas circonstanciels, pas tous, en tout cas. Je ne sais pas à quoi c'est dû. De toute façon, s'il est une oeuvre nourrie de son auteur, donc circonstancielle, c'est bien celle-là.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 25 janvier 2007

C'est le genre d'ouvrage que j'aimerais lire, mais [mal]heureusement, je dois lire Shakespeare, c'est pour vous dire.
Passais vous dire bonjour...

Écrit par : Aurélie | samedi, 27 janvier 2007

Vous avez toute la vie. Elle permet de lire beaucoup de livres... et de se demander ensuite ce qu'ils vont devenir.

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 27 janvier 2007

Intéressant, car, pour avoir beaucoup, jadis (et déjà plus naguère), fréquenté la poésie de Verlaine, je me rappelle que les critiques "classiques" (pour simplifier : antérieurs aux années 1960 et à la révolution structuraliste) parlaient d'un net affaiblissement dès avant "Parallèlement" et "Sagesse". Le fait que tu places ces recueils dans "les grands livres" de la première période est un peu curieux, non ?

Écrit par : Guillaume | mercredi, 31 janvier 2007

Grâce au ciel -- c'est le cas de le dire -- Sagesse est un grand livre. On est revenu de la mauvaise opinion qu'on en avait et qui était certainement due uniquement au contenu et à la conversion de Verlaine (qui ne l'a d'ailleurs jamais empêché de vivre une vie paillarde). Parallèlement et Sagesse ont toujours été disponibles dans les collections de poche, ce qui est un critère commercial, certes, mais réel : ça se vend parce que c'est lu, donc reconnu et demandé par l'enseignement (critère classique autorisant l'espérance de ventes importantes). Les recueils postérieurs, bernique, tu peux toujours les chercher en poche (à part Amour et Bonheur, qui sont en Poésie-Gallimard mais étaient autrefois introuvables en poche).

Pour la suite, on dit, en gros, que Verlaine a cessé d'être Verlaine pour devenir un simple versificateur. Je ne sais pas si c'est aussi vrai que ça, et quand bien même : quel versificateur ! Le responsable de l'édition Bouquins s'élève contre ça, justement. Et c'est vrai que lorsqu'on lit tout, on a sous les yeux une sincérité permanente du poète et une recherche constante d'écritures nouvelles, des risques pris en permanence. Verlaine ouvre la porte aux poètes modernes en s'autorisant de multiples registres.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 31 janvier 2007

Entièrement d'accord avec ton analyse... Reste qu'il y a aussi, n'en déplaise à l'auteur de l'édition "Bouquins", cette tendance (consciente et parfois humoristique) de Verlaine à s'autoparodier, à tomber dans les tics.

Écrit par : Guillaume | mercredi, 31 janvier 2007

Eh bien, figure-toi que je me demande, justement, si ce n'est pas entièrement volontaire et parfaitement maîtrisé -- donc, ce ne sont pas des tics. Il est suprêmement fort et a une grande distance vis-à-vis de lui-même.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 31 janvier 2007

Oui, je pense qu'un [moins bon (?)] Verlaine vaut mieux que deux Duras. Pardon. Je n'ai pas pu m'en empêcher.

Plus sérieusement, cette auto-dérision est un fait extrèmement moderne, qui épanouit la forme idéalisée d'un Villon. L'auto-dérision en poésie c'est le raffinement suprême à mon avis.

Écrit par : Martine Layani | mercredi, 31 janvier 2007

Les commentaires sont fermés.