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mercredi, 29 novembre 2006

Société recherche minable, bon salaire

« La motivation, la personnalité et la présentation sont les trois premiers critères d’embauche en CDI (contrat à durée indéterminée) mis en avant par les employeurs, quels que soient le type de poste et le secteur d’activité, indique l’enquête Offre d’emploi et recrutement (OFER), la première du genre, publiée mardi 28 novembre par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère de l’emploi », indique Le Monde du 28 novembre.

Il est des moments où je meurs – bien tristement, bien amèrement – de rire. J’aimerais vraiment savoir ce qu’il y a de nouveau là-dedans. Ces critères ont toujours été là, ils ont toujours été les premiers et l’on se demande réellement pourquoi et comment il en irait autrement. Connaissez-vous beaucoup d’employeurs qui désirent recruter une personne sans motivation, d’une personnalité inexistante et fichue comme l’as de pique ?

En 1973, quand j’ai commencé à travailler (à l’époque, en librairie), c’était la même chose mais on ne le disait pas, on n’en parlait pas dans les journaux parce que cela allait de soi. Je suppose que c’était aussi le cas auparavant. Je ne comprends même pas comment on peut imaginer d’autres critères, au moins en premier lieu. La suite de l’article fait référence à d’autres points : je veux bien qu’ils puissent différer, être discutés, mais ces trois-là, on n’y échappera pas.

07:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (12)

Commentaires

Encore faut-il décrypter ce que signifie, en l'occurrence, le critère de "personnalité". Il existait, jadis, cette expression toute simple pour qualifier celle ou celui qui offrait au premier abord la promesse d'une certaine densité de caractère, rehaussée d'un doigt de singularité : "Elle – il – a de la personnalité".
Il ne s'agit sans doute plus de cette aune-là, désormais. Tout au contraire. Mais plutôt d'une bonne plasticité au formatage, d'un dressage réussi – tel qu'on le pratique, jusqu'à la caricature, dans les écoles supérieures de commerce. De sorte qu'on pourrait agrémenter les trois critères d'une note en bas de page, en forme de mode d'emploi pour l'apprenti recruteur : Motivation *, personnalité **, présentation ***.
* S'assurer que le candidat est au chômage depuis une période suffisamment longue et approche de l'échéance de fin de droits.
** S'assurer que le candidat pratique le patin à roulettes le vendredi soir, s'arsouille en boîte dans la nuit du samedi au dimanche et paye à crédit son home cinema à écran géant.
*** S'assurer que rien ne dépasse.

Écrit par : Dominique Autié | mercredi, 29 novembre 2006

Mon Dieu, Dominique, vous êtes d'une cruauté, ce matin, qui me fait frémir. Je frémis car je redoute que vous ayez raison.

Il est bien certain que, quant à moi, je n'entendais par "personnalité" que ce que vous définissez très justement : "une certaine densité de caractère, rehaussée d'un doigt de singularité".

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 29 novembre 2006

Pour une fois, ta lucidité, Jacques, dormait encore : je suis tout à fait d'accord avec l'analyse de Dominique Autié.

Comme cette foutue société n'a pas le courage de dire qu'elle se fiche du monde, elle garde le contenant, comme un masque, mais à l'intérieur tout est pourri ! Et c'est la même chose à tous les niveaux. C'est pour ça qu'on va être ennuyés - décidément ce matin, je suis calme et polie - pour voter...

Écrit par : Martine Layani | mercredi, 29 novembre 2006

Pause café. Je reprends le fil.
Cet embarras prévisible (je reste aussi mesuré que vous ce matin) dans l'isoloir, quel que soit notre penchant – savourez la délicatesse de cette image pour désigner nos opinions politiques "de grand fond" (comme les marges du même nom), aura peut-être, enfin, un immense mérite : rapprocher les "justes". J'entends d'abord : ceux qui ne se réfugient pas, par principe, dans les coins, aux extrêmes. Mais surtout : ceux qui, comme nous – tout me le laisse penser – partageons l'essentiel sans céder d'ordinaire aux mêmes penchants politiques. J'ai voté Mitterrand en 1981 (alors que je collais des affiches pour le Général en Mai 68). Je n'ai pas été le seul, il me semble… Je n'ai plus ce recours.

Écrit par : Dominique Autié | mercredi, 29 novembre 2006

Je rappelle aux plus jeunes ici que la plupart des gaullistes ont voté Mitterrand en 1981 -- au moins au second tour -- pour sanctionner Giscard qui avait fait chuter le Général, lors du référendum de 1969, par son "Oui, mais" qui était à leurs yeux une trahison.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 30 novembre 2006

Plus je réfléchis, plus je me dis que "notre" système de vote et de représentation est de moins en moins adapté, parce que nous sommes trop nombreux sur cette planète et, circonstance agravante, nombreux à le savoir... et à connaître les limites humaines.

J'attends encore le - ou la - candidat(e) qui, pour la cause du peuple (tiens, ce titre ...) serait capable d'oublier sa carrière : une sorte de Saint-François pour les brutes assoiffées de subsides. Bon, on peut rêver.

Écrit par : Martine Layani | jeudi, 30 novembre 2006

Il FAUT rêver en politique !
Vous avez raison sur le fond, Jacques : pour les plus orthodoxes, il s'agissait d'un "vote sanction" contre le traitre. Pour ma part, c'est tout ce que cet homme représentait de fausses valeurs – il venait de le prouver pendant sept ans – que j'ai rejeté de "toute la force" de mon bulletin de vote… Et j'ai voté Mitterrand la tête haute, parce qu'il offrait lui-même une image d'envergure, parce que les valeurs généreuses qu'il mettait en avant me semblaient dignes de prendre ce risque (voter, c'est prendre un risque – un beau risque, ainsi le voudrait la démocratie : je ne pardonne pas au personnel politique qui s'agite aujourd'hui d'avoir rendu cette notion de "beau risque" parfaitement hors de saison).

Écrit par : Dominique Autié | jeudi, 30 novembre 2006

Il faut rêver mais les réveils sont durs.

Ainsi Mitterrand, après avoir mené pendant un an une politique dans la droite ligne de sa campagne, s'est mis à diriger au centre. Puis ce furent les cohabitations, qui ont encore orienter la politique du gouvernement plus à droite. Enfin vint Chirac, qui confirma vite notre idée que l'on était tombé bien bas. Le retour de Jospin (3° cohabitation) n'a fait que freiner un peu les privatisations, les socialistes eux-mêmes s'étant convertis entre-temps à l'économie de marché. On aurait pu espérer mieux de la part d'un ancien trotskiste. Aujourd'hui, après avoir failli hériter de Le Penn, nous avons une fin de règne interminable. Mais voilà qu'on nous promet un partisan pur et dur de la droite néolibérale, Monsieur de Sarkozy, lequel ne parvient vraiment pas à me faire rêver…

Cet idéal que Mitterrand a pu représenter à un certain moment est légitime. Il correspond à celui que pouvaient avoir les communistes pour leur parti avant que celui-ci ne soit aux ordres de Moscou. Donc bien avant la guerre civile d’Espagne, où le PC faisait certes tirer sur les troupes de Franco, mais où il y avait toujours quelques balles perdues qui venaient tuer inopinément les anarchistes. Voir à ce sujet les textes de Victor Kibaltchiche (autrement dit Victor Serge), lequel, soit dit en passant, avait pas mal contribué à asseoir le pouvoir de Lénine mais qui venait de se réveiller devant Staline.

Pour comprendre cet idéal politique et les durs réveils qui le suivent, voir « Faux passeports » de Charles Plisnier.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 30 novembre 2006

Il est interdit de rêver au volant, et pour moi nous vivons une démocratie, achetée d'occasion en 1981 et dont la direction tire à droite d'un façon très dangereuse. Combien il est dommage de ne pas avoir appris à sauter en marche !

Écrit par : Martine Layani | jeudi, 30 novembre 2006

Le problème c'est que nous ne sommes plus vraiment en démocratie. Alors que les textes constitutionnels des différents pays européens permettent en principe un juste contrôle du pouvoir exécutif par le Parlement, en pratique ce pouvoir est purement symbolique. Les décisions se prennent droite contre gauche ou majorité contre opposition. Nul parlementaire n'oserait critiquer un ministre de son parti et nul parti ne va critiquer ses propres ministres. Le bien de l'Etat n'est de toute façon plus la préoccupation des gens qui nous dirigent.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 30 novembre 2006

Je relis l'article. Vers la fin : "Parfois, les entreprises prennent en considération des critères plus ou moins illégaux, comme l'âge, l'état de santé, un handicap, la nationalité ou le pays d'origine " ne le dit pas mais les opinions aussi sont prises en compte.

Je me rappelle m'être entendu dire en 1968, jeune embauchée : "Vous savez, ici, les opinions démonstratives, il faut laisser ça aux syndicats" avec une moue de mépris qu'aujourd'hui encore je trouve parfaitement grotesque.

Écrit par : Martine Layani | jeudi, 30 novembre 2006

J'en ai connu comme cela, qui sortaient des écoles de marketing et qui méprisaient souverainement les syndicats. Il y aurait en effet beaucoup à dire sur ces mouvements de masse, mais mes jeunes diplômés oubliaient un peu vite que si leurs parents avaient pu leur payer des études, c'était précisément grâce aux luttes de tout un demi-siècle, lesquelles avaient débouché sur une plus granbe justice sociale. Maintenant on est bien entendu sur la pente inverse.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 30 novembre 2006

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