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dimanche, 14 janvier 2007

« Je m’appelle Werner von Ebrennac »

medium_Untitled-1.6.jpgUne fois de plus, nous avons regardé Le Silence de la mer, le premier film de Melville, d’après Vercors, sorti en 1949. Cette œuvre de Vercors, j’en ai lu le texte, je l’ai vue au cinéma et en DVD plusieurs fois, j’ai assisté à une adaptation théâtrale, il y a quelques années. Chaque fois, je reste sans voix devant les qualités de ce texte. Une langue impeccable, bien entendu, au rythme parfaitement adapté au sujet. Dieu sait combien il est difficile, même lorsqu’on pense connaître un brin la langue et qu’on se targue de la manier, de trouver cependant le registre idoine. Mais il n’y a pas que cela. Il y a évidemment l’idée formidable – pour un auteur, c’est séduisant au possible, en dépit de la gravité du thème – du silence que l’oncle et la nièce opposent à Werner von Ebrennac. La résistance par le silence, le mutisme, quelle trouvaille passionnante. Il y a l’humanité profonde dont est pétri ce roman (bien plutôt une longue nouvelle), l’humanisme utopique de l’officier qui finira par se « suicider » en demandant à être muté sur le front de l’Est lorsqu’il aura compris les buts réels poursuivis par la barbarie nazie, lui qui, cultivé, amoureux de la France, avait cru aux lendemains qui chantent, avait imaginé que le soleil se lèverait sur l’Europe. Il y a l’évolution lente – mais peinte d’une main sûre – des sentiments de l’oncle et de la nièce, l’amour qui naît dans son cœur de jeune femme… Enfin, il y a mille choses qu’un écrivain ne peut pas ne pas admirer en rêvant forcément de faire un jour un livre de ce niveau, de cette élégance et de cet espoir meurtri. Un livre utile – et je ne répèterai jamais assez que l’écrivain est utile ou n’est pas. Et puis, il y a ce film de Melville, son tout-premier long-métrage, déjà parfait, déjà épuré, déjà melvillien en diable.

Commentaires

Un peu hors-sujet par rapport à votre note... mais j'ai vu hier sur Ciné Classic un documentaire sur le tournage de "L'Armée des ombres".

Ce qui ressort de la totalité des témoignages, c'est la méchanceté inouïe de Jean-Pierre Melville. Il n'avait de cesse d'humilier non seulement les acteurs mais aussi les techniciens. Généralement, ce genre de mauvais moments sur les tournages s'oublient et on ne retient que les bons. Or là, on sentait que trente cinq ans après la réalisation du film, ces souvenirs pénibles persistaient.

J'ai été surpris car le visage de Melville sur les photos semble plutôt affable et débonnaire.

Écrit par : gluglups | lundi, 15 janvier 2007

Je connais ce documentaire -- du moins, je suppose que c'est le même, celui qu'on donne en bonus dans le DVD.

Effectivement, tout le monde dit ça, dans ce documentaire et ailleurs. C'est possible, en effet, et ça contredit totalement ce que paraît dire son visage, effectivement. Je me demande si ce n'était pas tout bonnement sa façon de faire : pousser le comédien à bout, l'épuiser nerveusement, se faire détester pour qu'au moment du tournage, il soit autre, transformé, électrique. Cela peut paraître une curieuse façon d'agir, je vous l'accorde, mais chaque artiste a sa façon de faire. Un metteur en scène met en scène, c'est-à-dire que, consciemment ou non, il manipule les gens. C'était peut-être sa manière de manipuler.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 16 janvier 2007

Je trouve que c'est un de ses meilleurs films... et, comme il arrive parfois, l'adaptation surpasse (largement) le texte !

Écrit par : Guillaume | mercredi, 17 janvier 2007

Oui, c'est une très belle réussite, surtout qu'il avait fort peu de moyens et qu'il n'avait d'expérience que son amour du cinéma. Je trouve cette oeuvre très belle.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 17 janvier 2007

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