mardi, 24 mai 2016
Vincent du soleil
À Arles, trente-et-un tableaux de van Gogh sont exposés à la fondation. Magnifique. Hormis l’œuvre admirable vue à Avignon récemment,* je n’avais jamais été en présence de vrais van Gogh. Extraordinaire. Comme les cartes postales, vendues à la boutique, étaient minables, ensuite ! On sait bien que la qualité des reproductions, souvent, n’est pas ce qu’elle pourrait être, mais là, c’était flagrant : nous venions de voir les originaux. Les tableaux n’étaient pas accrochés à des cimaises, mais doublement boulonnés au mur et, certainement, une alarme était-elle dissimulée derrière chacun d’entre eux. Peu importe. De plus, les toiles, bien qu’encadrées, étaient sous verre, ce n’était pas l’idéal, mais enfin… Un groupe d’enfants de l’école primaire visitait l’exposition avec leur institutrice et trois accompagnatrices. Je me disais que les enfants, aujourd’hui, ont bien de la chance. J’aurai vu mes premiers van Gogh à près de soixante-quatre ans ; eux, très tôt. Tant mieux.
* Il s’agit de la collection Jacques-Doucet, conservée au musée Angladon. De superbes œuvres présentées dans un bâtiment magnifique. Un Van Gogh, un Sisley, un Degas, un Modigliani, six Picasso… entre autres.
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vendredi, 01 avril 2016
Aucun trucage
Arles, 31 mars 2016
(Photo Martine Santoni)
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mercredi, 16 mars 2016
Histoires de fromages
Je vous accorde que ce n’est pas très important, mais pourquoi dit-on d’un fromage : « C’est de la vache » ou « C’est de la brebis », et « C’est du chèvre » ?
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lundi, 29 février 2016
Pivot parle de Pia
En 1968, Bernard Pivot, qui n’était pas encore l’homme de télévision que l’on connaît, dirigeait chez Flammarion une collection de livres, dénommée « Le procès des juges ». Dans cette série, il s’était réservé le volume Les Critiques littéraires.
De Pascal Pia écrivant dans Carrefour, il notait brièvement : « Inégalable dans la critique érudite. A parfois de superbes éreintements. Mériterait beaucoup plus de lecteurs ».
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mercredi, 17 février 2016
Un roman de Jean-Claude Izzo
Je n’ignorais pas le nom d’Izzo (1945-2000), mais ne l’avais jamais lu.
Je viens de découvrir Le Soleil des mourants et ne regrette pas d’avoir reçu cette gifle. J’ai été très impressionné par l’humanité qui se dégage de ce roman. Une humanité noire, très forte, vraiment puissante, exprimée dans un registre de langue populaire parfaitement maîtrisée. Un récit profondément vrai, bouleversant, d’une dureté redoutable. Pourquoi le mal existe-t-il, pourquoi cette vie est-elle ce qu’elle est et continue-t-elle ?
Comment Jean-Claude Izzo s’arrange-t-il pour que l’on puisse, sans sourciller, croire à ce monde où des prostituées bosniaques, en rupture de souteneur, lisent Saint-John Perse et le font connaître à un clochard désespéré ? À cet univers où Rico, le clochard en question, lit L’Odyssée quand il est en train d’en vivre une lui-même, lors d’un voyage à Marseille qu’il effectue, en quête d’un souvenir, celui de l’amour de sa jeunesse, et parce qu’il imagine préférable de mourir au soleil plutôt que dans l’hiver parisien ? Ceci est remarquable : les mille aventures qui lui arrivent durant son périple sont toutes parfaitement vraisemblables et même plausibles. Leur accumulation l’est moins, comme si Rico avait été forcé d’opter pour tout le lot – mais le grand talent et la brûlante compassion d’Izzo rendent acceptable toujours plus d’horreur.
Le roman, dont la construction est d’une finesse admirable, présente en permanence des personnages hors du commun, Titi, Dédé, Félix, Mirjana, Abdou… Dans ce théâtre misérable et sordide, éclairé toutefois par les lueurs d’un cœur bien rouge, même Zineb, l’ours en peluche, en est un.
Le Soleil des mourants n’est pas un documentaire sur l’existence des « sans domicile fixe ». C’est une main qui vous arrache quelques lambeaux de chair, du côté du cœur de préférence, c’est un crochet qui fouaille votre poitrine afin d’en extirper la tuberculose du rêve. Et tout cela sans effets littéraires, uniquement avec un talent poignant qui crie de Paris à Chalon-sur-Saône, de Lyon à Avignon, et dans la nuit marseillaise, après le fort Saint-Jean, au bout du quai.
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dimanche, 24 janvier 2016
À propos de Boileau-Narcejac
Chez Boileau-Narcejac, les intrigues sont toujours très intéressantes parce que l’humain y est présent, pratiquement en permanence. Hélas, les longueurs sont fréquentes. Si elles ne diminuent pas l’intérêt des récits, elles en altèrent le rythme, qualité essentielle de la littérature policière et du genre habituellement désigné sous le nom de suspense ou, tout simplement, de romans à intrigue. Toutefois, ce que nous appelons longueurs aujourd’hui ne l’était pas, sans doute, au moment de la rédaction des ouvrages et de leur publication.
De même, l’habitude d’autrefois, qui consistait à écrire un avertissement indiquant, en substance, que les personnages étaient imaginaires et que toute ressemblance avec des personnes réelles était fortuite, cette habitude fort heureusement tombée en désuétude, demeure chez Boileau-Narcejac. Pire, lorsque, Boileau décédé, Narcejac continue d’écrire sous le nom qu’ils ont conjointement rendu célèbre, il note : « Pourquoi le romancier se priverait-il d’une incursion dans un domaine qui a le privilège d’unir indissolublement la réalité et la fiction, et par là d’enrichir le roman de mystère ? » (Les Nocturnes), on est tenté de répondre : « En effet, pourquoi ? Et pourquoi donc venir le dire, puisque désormais de telles pratiques vont absolument de soi ? ». C’est sur ces points, et quelques autres similaires, que les œuvres de Boileau-Narcejac, bien que prenantes, ont quelquefois un peu vieilli.
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lundi, 21 décembre 2015
Toutes deux
Cette nouvelle a paru dans le n° 7 de la revue Sol’Air, daté janvier-avril 1995. La même année, elle a été retenue comme support des exercices d’un atelier d’écriture, lors du festival « Les Scripturales » de Saint-Herblain (Loire-Atlantique). Elle n’a pas, à ce jour, été publiée en recueil. Peut-être, en ces temps tristes et sans lumière, amusera-t-elle cinq minutes les promeneurs de la rue Franklin.
Vous êtes inséparables. Je vous connais depuis toujours, jumelles, siamoises, épuisées quelquefois mais sans cesse ensemble. Vous êtes identiques, vêtues de cuir noir depuis que je vous ai vues pour la première fois, il y a si longtemps déjà. Maquillées de cuir brun au soleil. Transfigurées de cuir gris, quelquefois, dans les brumes d’hiver. Vous êtes belles, volontaires, décidées. Élégantes.
Rien ni personne n’a jamais pu soigner votre manie déambulatoire. Vous allez plus loin, plus loin, en quête de quel ailleurs, de quel nouveau ? Vous n’ignorez pas que ce sera partout pareil, que vous vous emporterez toujours avec vous, qu’importe, vous allez plus loin. Après cette rue, il y en aura d’autres, vous y allez. Après ce quai, il y a la mer, et au-delà Dieu sait quelle autre misère, mais rien ne vous arrête, vous y allez. Ensemble, indéfectiblement.
Vous avez traîné dans Paris, toutes les deux. Puis vous vous êtes aperçues qu’au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue Saint-Guillaume, on ne croisait plus Apollinaire rentrant chez lui, seulement des étudiants de Sciences-Po. À l’à-pic du pigeonnier du poète, un artisan que je ne connais pas porte le même nom que moi. C’est tout ce qui demeure, là, en mémoire de l’écrit – le fantôme d’un auteur et l’homonyme d’un de ses admirateurs. Vous avez observé ça comme le reste et vous avez passé votre chemin, dénoué votre histoire, encore un peu.
Vous crevez parfois d’une fatigue soudaine, espérant de l’été venu qu’il vous repose et remonte vos mécanismes intimes, mais vous savez très bien que l’été, cet agent double, s’ajoute aux précédents et nous fait vieillir encore. Plus tard, quand vous ne serez plus qu’un souvenir intermittent, que l’idée d’une chanson tue, marquées, ridées, vous marcherez, je le sais, droit encore, imperturbables ou le faisant croire, dans la merde du monde, hautaines, fraternelles, sensuelles, vous moquant décidément des imbéciles portant stylo Montblanc et cheveux sales. Vous ne renierez rien de vos engagements, de vos rires d’antan. Vous ne serez jamais de la race des renégats. Même lorsqu’à bout de souffle, on vous rangera dans une boîte, la même sans doute, couchées tête-bêche, pour l’éternité vous demeurerez conjointes, liées, attachées et détruites, amies et dissoutes, sœurs, encore en robe de cuir, un peu fanée sans doute, mais toujours noire comme un drapeau pirate.
En attendant, votre détermination se lit en filigrane de votre démarche, vous avez d’irrespectueuses œillades aux terribles reflets. Vous allez dans les manifestations de rue, scandant tous les « Plus jamais ça ! ». De botter le cul des abrutis vous démange toujours quand se pointe la bêtise, à l’horizon doré des soirées d’automne.
Et puis vous m’avez parlé, certains soirs. De moi, pas de vous. Vous m’avez raconté mes hésitations, mes désespoirs, mes longs élans vers quel univers plus doux, quelles amitiés reniées d’avance. Je lisais sur votre peau, comtesses déchues, les rides de la mienne, vous évoquiez mon espérance et mes oublis, mes refuges et mon allant. Vous étiez ensemble, toutes deux, et vous étiez avec moi, je ne me sentais plus seul avec mon whisky. Devant mon air, vous vous tordiez de rire, alors je regardais mes pieds, ne sachant plus que faire. Vous êtes les seules femmes qui ne m’aient jamais quitté, fidèles comme ce cuir dont vous vous habillez. Vous évoquiez mon maintien voûté et mes travers comme s’ils vous avaient touchées au point de vous flétrir à jamais. C’était peut-être un peu le cas.
Je sais que vous êtes miennes, toutes deux, l’encre l’est à la plume, noire comme vous. Vous ne me trahirez qu’en expirant et je ferai semblant de vous retrouver en d’autres, ailleurs, semblant de les croire pareilles à vous, semblant d’imaginer leur sentiment attentif.
Je vais vous caresser à vous faire briller encore des reflets bleus, juvéniles, fiers, que, chères chaussures, vous aimez tant.
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samedi, 28 novembre 2015
Les fous de Guédiguian
À côté des « Contes de l’Estaque » et assimilés, l’œuvre de Guédiguian comprend de grands films longs, majestueux, comme La ville est tranquille, Marie-Jo et ses deux amours, Le Promeneur du Champ-de-Mars, Le Voyage en Arménie, L’Armée du crime. Son nouveau long-métrage, Une histoire de fou, est de ceux-là. De plus en plus, son propos prend de l’ampleur, le filmage est plus fluide, y compris, et c’est paradoxal, dans le montage cut qui est chez lui très utilisé. Il a aujourd’hui davantage de moyens et en use en professionnel, installant un rythme lent, une distorsion du temps réel comme d’autres se servent du ralenti pour, a contrario, exprimer la rapidité.
Des films comme Le Promeneur du Champ-de-Mars, Le Voyage en Arménie, L’Armée du crime et Une histoire de fou s’inscrivent dans l’Histoire en conservant toujours cet aspect romanesque, quand ce n’est pas romantique, auquel il tient. L’exactitude historique ne le contraint pas, il adapte librement, comme on dit. Il ne faut pas s’y tromper, ses films « épiques » ont toujours conservé un côté lyrique et les constantes de son cinéma sont toujours là. Surtout, ses certitudes sont encore présentes. Dans cette Histoire de fou, le sujet en comprend une : la vengeance ne sert à rien, ne mène qu’à l’escalade et aboutit forcément à une impasse. Oui, c’était déjà dans Lady Jane, ce film policier sans policiers, loin des topoï habituels, dans lequel Ariane Ascaride disait en substance, à un moment donné : « Ça suffit, on arrête ». Ici aussi, le jeune Aram, joué par Syrus Shahidi, va arrêter et le payer de sa vie, car, comme le déclarait Guédiguian à Politis.fr : « Le génocide rend fous victimes et bourreaux ».
Cet excellent film, dont la sortie a été repoussée, arrive ce mois-ci sur les écrans, hélas, au plus mauvais moment. Il y est question d’attentats (perpétrés à la fin des années 70, au début des années 80), ce qui tombe infiniment mal.
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samedi, 21 novembre 2015
Ma France à moi, par Pierre Perret
J'ai reçu, retransmis, ce texte, qui tourne sur Internet. Je ne crois pas que Pierre Perret s'offusquera si je contribue à le diffuser. Merci à lui.
Bonsoir mes loulous, voici quelques lignes inspirées par le non-respect d’une vieille dame qui s’appelle la France : elle a soudain perdu, sans méfiance aucune, ses enfants, exécutés par des êtres immondes... Méditez cela, c’est gratos, à bientôt les amis, je vous embrasse.
Ma France à moi
C’est celle de 1789, une France qui se lève, celle qui conteste, qui refuse, la France qui proteste, qui veut savoir, c’est la France joyeuse, curieuse et érudite, la France de Molière qui tant se battit contre l’hypocrisie, celle de La Fontaine, celle de Stendhal, de Balzac, celle de Jaurès, celle de Victor Hugo et de Jules Vallès, la France de l’invention, des chercheurs, celle de Pasteur, celle de Denis Papin et de Pierre et Marie Curie, la France des lettres, celle de Chateaubriand, de Montaigne, la France de la Poésie, celle de Musset, d’Eluard, de Baudelaire, de Verlaine et celle d’Aimé Césaire, la France qui combat tous les totalitarismes, tous les racismes, tous les intégrismes, l’obscurantisme et tout manichéisme, la France qui aime les mots, les mots doux, les mots d’amour, et aussi la liberté de dire des gros mots, la France qui n’en finira jamais de détester le mot « soumission » et de choyer le mot révolte.
Oui, ma France à moi, c’est celle des poètes, des musiciens, celle d’Armstrong, celle de l’accordéon, celle des chansons douces, des chansons graves, des espiègles, des humoristiques, des moqueuses ou celles truffées de mots qui font rêver d’un amour que l’on n’osera jamais déclarer à celle qu’on aime.
Ma France à moi, c’est celle de Picasso, de Cézanne et celle de Soulages, celle d’Ingres, celle de Rodin, la France des calembours, des « Bidochon », celle de la paillardise aussi bien que celle du Chant des partisans.
Ma France, c’est celle de Daumier, celle de L’Assiette au beurre, du « Sapeur Camembert », celle de Chaval, celle de Cabu, de Gottlieb, de Siné, celle du Canard, de Fluide Glacial et de Charlie, drôles, insolents, libres !
Ma France, c’est aussi celle des dictées de Pivot, celle de Klarsfeld et celle de Léopold Sedar Senghor, la France des Enfants du paradis et des « Enfants du Vel-d’Hiv », celle de la mode libre, celle de la danse, des flirts et des câlins, celle de la musique douce et des rock déjantés, celle de la gourmandise, ma France à moi, c’est une France capable de renvoyer dos à dos la Bible et le Coran s’il lui prend l’envie d’être athée.
Eh oui ! Ma France est une France libre, fraternelle et éternellement insoumise aux dictats de la « bien-pensance ».
Il n’est qu’en respectant toutes ces diversités qu’on arrive un jour à vivre la « douce France » de Trenet. Celle qui m’a toujours plu et que notre jeunesse lucide et combative fera perdurer par-delà les obscurantismes.
Figure révolutionnaire emblématique durant la Commune, le « Père Duchêne » écrivait au frontispice du journal qu’il publiait en 1793 : « La République ou la Mort ! ». Son journal coûtait un sou… mais on en avait pour son argent.
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jeudi, 19 novembre 2015
Spectre
JE DOIS PRÉCISER, SELON LA FORMULE HABITUELLE, QUE CET ARTICLE DÉVOILE UN GRAND NOMBRE DE POINTS-CLÉS DU FILM.
Au sortir du vingt-quatrième film mettant en scène James Bond, le très attendu Spectre, voici (un peu en vrac parce qu’il faudra vraiment voir le film au moins une seconde fois, en attendant, bien sûr, le DVD qui permettra une lecture détaillée) quelques impressions.
Skyfall avait atteint des sommets, non seulement en nombre de spectateurs, mais dans la critique qui, à quelques rares exceptions, avait salué un des meilleurs épisodes de la série, voire le meilleur. Forcément, on attendait Spectre au tournant, d’autant que sa réalisation était de nouveau signée Sam Mendes.
La gamme chromatique est identique à celle de Skyfall et la photographie est très belle. Notamment introduite par des séquences au rythme très lent alternant avec les scènes d’action, la présence de l’humain est de plus en plus forte.
On remarque l’excellence de la distribution, comme toujours (il est rare que les films de Bond, même les plus mauvais, ne bénéficient pas des acteurs les mieux choisis), et le rôle très augmenté de M (admirable), de Q (jouissif) et de Moneypenny (très intelligent), dont le retour périodique dans l’action, et non plus lors d’une simple séquence avant le développement proprement dit, est une chose parfaite.
Les poursuites sont encore renouvelées (avion sans ailes et sans roues coursant des voitures sur une piste enneigée, tirs à l’arme de poing d’un bateau vers un hélicoptère) et développées avec imagination. Il y a beaucoup d’humour dans les dialogues.
Comment ne pas souligner ces deux excellentes idées : C, taupe du Spectre au beau milieu des services secrets ; Oberhauser-Blofeld, élevé en même temps que Bond et jaloux de l’affection de son père pour le jeune James ?
Le lien de scénario entre les quatre films à ce jour interprétés par Craig (Casino Royale, Quantum of solace, Skyfall et Spectre) est fait très intelligemment.
D’autres choses peuvent être mentionnées :
M. White est devenu une épave : truand repenti et père inattendu, il fait confiance à Bond au point de lui parler de sa fille, Madeleine Swann. C’est excellent car inattendu, justement.
Bond tenant Blofeld à sa merci, à la fin, et ne tirant pas, ce qui est tout à fait conforme à l’esprit de Fleming. Ce n’est pas seulement parce qu’il convenait de conserver le personnage pour plus tard, mais bien parce que Bond répugne à tuer.
À propos de Blofeld, notons que l’acteur (Christoph Waltz) est certainement le meilleur Blofeld jamais incarné à l’écran. Je trouve que, physiquement, il correspond exactement à ce qu’il fallait.
Enfin, à inscrire dans les annales, Moneypenny a un amant. Mais oui. Elle admire toujours Bond, lui est toujours dévouée, mais elle a un homme dans son lit.
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samedi, 14 novembre 2015
La mère et l'enfant
Une image de douceur, en réponse à la folie de cette nuit.
Certes, c'est naïf et sûrement ridicule, mais que faire ou dire ?
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jeudi, 05 novembre 2015
Le retour de Colpi
En 2006, j’avais proposé ici-même une série de notes sur le cinéaste Henri Colpi – il s’agissait de très brefs articles – et regretté que son chef-d’œuvre, Une aussi longue absence, dont la cassette VHS était déjà introuvable depuis longtemps, n’existe pas en DVD. C’est chose faite. Le DVD en question est sorti il y a quelques jours. Je viens donc de regarder à nouveau cette merveille de 1960, qui rafla tous les prix en 1961. Avec Alida Valli et Georges Wilson... et le thème Trois petites notes de musique, créé par Cora Vaucaire. Un montage magnifique, une ambiance d’une finesse merveilleuse, un éclairage et une photo justes et sensibles.
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vendredi, 09 octobre 2015
André Caroff, romancier populaire, 6
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lundi, 03 août 2015
André Caroff, romancier populaire, 5
Assistant au tournage, pour la télévision, d’Une cible dans le dos, les filles de Caroff déclarent au journal Nord-Éclair du 8 novembre 2009, à propos de leur père : « Jusqu’au bout, il a écrit, malgré la cécité. Il disait toujours que c’était sa raison de vivre. Il a écrit pendant cinquante ans, sans jamais s’arrêter ».
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samedi, 01 août 2015
André Caroff, romancier populaire, 4
Parmi les deux-cent-trois romans de Caroff recensés dans l’essai de bibliographie établi précédemment, figure un livre de la collection « Grands romans ». Celle-ci comportait, sous un cartonnage d’éditeur et une jaquette illustrée par l’excellent Gourdon, des textes supposés plus littéraires que les autres, en tout cas plus soignés et plus conséquents. Caroff n’en a signé qu’un (j’ignore pourquoi), Les Prisonniers, livre qui parut en 1966. Près de quatre-cents grandes pages en petits caractères, d’une écriture très correcte à défaut d'être géniale, constituent ce roman d’aventures empli de considérations humaines de bon aloi, et en tous points remarquable.
Il n’est bien sûr pas question de raconter ici l’intrigue. On se contentera de préciser que les rebondissements habituels à l’auteur foisonnent, alors qu’on se trouve dans un registre radicalement différent de celui des œuvres habituellement publiées dans les autres collections ; que le rythme est toujours aussi soutenu, sans cesse relancé ; que le lecteur rit parfois du culot de l’auteur – et qu’il rit parfois jaune de ce que Caroff fait vivre à ses personnages.
On pense simultanément à Pour qui sonne le glas, même si Caroff n’est pas Hemingway ; à Casablanca parce que le personnage principal peut évoquer celui de Bogart dans le film, même si l’espace et le temps du roman sont différents ; aux Trois mousquetaires par la façon dont l’auteur brosse et balaie des destins avant de les nouer dans les dernières pages. Par-dessus tout, l’imagination sans bornes de Caroff laisse le lecteur pantois.
Le roman posant des problèmes humains éternels, il n’a évidemment pas vieilli du tout. De toute manière, chez Caroff, on n’a en général guère le temps de vieillir.
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mardi, 28 juillet 2015
André Caroff, romancier populaire, 3
La quatrième de couverture des Prisonniers, le seul texte qu’il fit paraître, en 1966, dans la collection « Grands romans » du Fleuve Noir, précise : « Rarement satisfait de ce qu’il écrit, il (…) ne se considère pas comme un grand écrivain, jette un regard oblique et un peu dubitatif sur les critiques qui, comme celle de Maurice-Bernard Endèbre par exemple, prétendent : “André Caroff continue à témoigner d’un louable souci d’originalité et de qualité, jusque dans les déclarations de ses héros” ».
Maurice-Bernard Endèbre (1918-2005) était écrivain, traducteur de l’anglais et de l’américain, préfacier. Il publiait sous différents pseudonymes (Maurice Derbène, Guy Hollander, Louise Lalane, Roger Martens).
Chez Caroff, la recherche du renouvellement est réelle. Prenons l’exemple de deux romans parus à trois ans d’intervalle, un seul les séparant, du moins dans la collection « Spécial-Police ». Le Frangin est une histoire de vendetta qui tourne mal, une vendetta jamais dénuée d’aspects humains ni, évidemment, de ces rebondissements qui sont une des caractéristiques de l’auteur. Pour l’essentiel, elle a lieu dans la région lyonnaise. À l’opposé, En mâchant mon pop-corn se déroule près du Mexique, dans une atmosphère de western, et il s’agit d’un récit à la première personne, effectué par un garçon de quinze ans.
La remarque d’Endèbre est juste et la modestie de Caroff plaisante. Dans le texte de quatrième de couverture déjà cité, l’écrivain affirme lui-même : « On ne triche pas avec les lecteurs car, dans tout ce qui s’écrit, il doit y avoir une part de vérité. S’il n’y a rien d’autre que du vent, si on n’y met pas un peu de son cœur, le lecteur le sent et referme le bouquin… Pourquoi écrirais-je des livres que personne ne voudrait finir ? ».
Titres de la collection « Spécial-Police » (Fleuve Noir éditeur) cités dans l’article :
La Gamberge, n° 898, 1971.
Les Yeux de la tête, n° 973, 1972.
Le Frangin, n° 1094, 1974.
En mâchant mon pop-corn, n° 1333, 1977.
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lundi, 27 juillet 2015
André Caroff, romancier populaire, 2
Essai de bibliographie d’André Caroff
Sources :
Les lectures de l’Oncle Paul, www.polar-sf.fr, recherches personnelles
(soit deux-cent-trois livres, sous réserve de corrections ultérieures et d'ajouts éventuels)
AUX ÉDITIONS FLEUVE NOIR
Collection « Angoisse »
Hallucinations, n° 73
La Barracuda, n° 75
Névrose, n° 77
Le Dernier taxi, n° 80
Clameurs, n° 83
Le Sang du cactus, n° 88
Griffe de mort, n° 94
Le Médium, n° 96
L'Heure des morts, n° 103
L'Oiseau de malheur, n° 104
Cruauté mentale, n° 106
La Sinistre Madame Atomos, n° 109
Madame Atomos sème la terreur, n° 115
Madame Atomos frappe à la tête, n° 120
Miss Atomos, n° 124
Miss Atomos contre KKK, n° 130
Le Retour de Madame Atomos, n° 134
L'Erreur de Madame Atomos, n° 136
Madame Atomos prolonge la vie, n° 140
Les Montres de Madame Atomos, n° 143
Madame Atomos crache des flammes, n° 146
Madame Atomos croque le marmot, n° 147
La Ténébreuse Madame Atomos, n° 152
Madame Atomos change de peau, n° 156
Madame Atomos fait du charme, n° 160
L’Empreinte de Madame Atomos, n° 169
Madame Atomos jette un froid, n° 173
Madame Atomos cherche la petite bête, n° 177
La Nuit du monstre, n° 192.
Collection « Anticipation »
Le Rideau de brume, n° 457
La Guerre des Nosiars, n° 489
Les Êtres du néant, n° 513
La Planète infernale, n° 529
Ceux des ténèbres, n° 553
L'Exilé d'Akros, n° 567
Le Bagne de Rostos, n° 613
Electronic man, n° 833
Rhésus Y 2, n° 850
Les Combattants de Serkos, n° 872
Les sphères attaquent, n° 950
Bactéries 3000, n° 956
Rod, combattant du futur, n° 962
Rod, menace sur Oxima, n° 974
Rod, patrouille de l'espace, n° 1026
Rod, Vacuum 02, n° 1035
Un autre monde, n° 1105
Captif du temps, n° 1117
Métal en fusion, n° 1147
Terreur psy, n° 1167
Le Piège des sables, n° 1175
L'Oiseau dans le ciment, n° 1203
Élimination, n° 1237
Ordinator-Labyrinthus, n° 1245
Simulations, n° 1250
Deux pas dans le soleil, n° 1309
Ordinator-Macchabées, n° 1327
Ordinator-Phantastikos, n° 1342
Ordinator-Erôtikos, n° 1361
Ordinator-Criminalis, n° 1378
Ordinator-Ocularis, n° 1396
Ordinator-Craignos, n° 1404
Ordinator-Rapidos, n° 1418.
Collection « Espionnage »
Visa pour Formose, n° 529
Opération canal 2, n° 548
Le Guêpier de Genève, n° 584
Un porte-clefs pour Tokyo, n° 624
Le Camp du serpent, n° 651
Réseau contamination, n° 680
Candidats à la mort, n° 724
Banquet des espions, n° 734
Objectif élimination, n° 766
Secteur 44, n° 791
Compartiment 820, n° 843
Coulez le « Kashii Maru », n° 851
Incognito, M. Bonder ?, n° 885
Les Heures sombres de Bonder, n° 907
Go home, Bonder !, n° 925
Bonder casse la baraque, n° 962
Bonder plombe le pigeon, n° 976
Bonder passe au CUSI, n° 993
Bonder grille le stop, n° 1017
Bonder en filigrane, n° 1046
Bonder en solo, n° 1067
Bonder et le blé chinois, n° 1073
Bonder super-tueur, n° 1110
Bonder et ses loups, n° 1139
Bonder lève le rideau, n° 1141
Bonder dénude la Madone, n° 1149
Bonder en duplex, n° 1173
Bonderscopie, n° 1181
Bonder and Co, n° 1206
Bonder crève l'écran, n° 1225
Bonder riposte, n° 1249
Bonder Opération-Magie, n° 1258
Bonder et la « Marie-Salope », n° 1267
Bonder contre Dr Astro, n° 1292
Bonder « Mach 3 », n° 1316
Bonder bondérise l'éclopé, n° 1340
Bonder mission suicide, n° 1357
Bonder et la poupée russe, n° 1380
Bonder connexion 12, n° 1393
Bonder recolle les morceaux, n° 1407
Bonder en péril, n° 1430
Bonder dans l'engrenage, n° 1451
Bonder stade zombi 4, n° 1464
Les Carnassiers, n° 1473
Bonder top-niveau, n° 1487
La Technique du citron, n° 1502
Merci les amis, n° 1540
Bonder donne l'estocade, n° 1544
Six jours de survie, n° 1549
Nous savons des choses que vous ignorez, n° 1575
Vous devez garder le secret, n° 1590
Hier un espion est mort assassiné, n° 1608
Citoyens dormez en paix tout est tranquille, n° 1620
Opération homo, n° 1633
Vous avez un passeport pour Caracas, n° 1639
La Loi des dominos, n° 1658
Préparez-vous à mourir brutalement, n° 1680
La Politique du crabe, n° 1703
Mettez toutes les chances de votre côté, n° 1713
La Roue de l'écureuil, n° 1718
Vous finirez comme Chung Hsin Chau, n° 1735
Le Complexe du lapin, n° 1779
Ces chiens qui hurlent la nuit, n° 1782
Nous allons limiter notre espérance de vie, n° 1793
Forcing, n° 1803
Terroristes, n° 1819
Raptus, n° 1823
Cibles, n° 1835
Rapaces, n° 1844
Collection « Grands romans »
Les Prisonniers
Collection « Spécial-Police »
L'Incroyable M. Beachet, n° 324
La Bouche d'égout, n° 340
L'Embuscade, n° 363
Les Associés, n° 378
Mort d'un libraire, n° 395
Des gants pour la peau, n° 420
Les Insurgés, n° 437
Quatre dames dans un filet, n° 447
Les Sournoises, n° 464
Meurtres en commun, n° 480
De face et de profil, n° 513
L'Homme qui cherchait son passé, n° 537
Mort imminente, n° 555
Le Rendez-vous d'Annecy, n° 578
Histoire de tuer, n° 598
Le Rat de Rio, n° 646
Traquenards à Syracuse, n° 672
Conduite forcée, n° 677
Pour 500 000 dollars, n° 695
La Condamnée de Gardena, n° 710
Au rendez-vous des petites heures, n° 730
La Douloureuse, n° 741
La mort a ses raisons, n° 768
La Grande castagne, n° 799
Signes particuliers, n° 831
Fifty fifty, Jerry ?, n° 873
La Gamberge, n° 898
Roméo et Jerry, n° 917
N'arrête pas la musique, n° 943
Pour l'honneur du mitan, n° 961
Les Yeux de la tête, n° 973
Touche pas à la fillette, n° 1016
Les Mitrailleurs, n° 1034
La Frime, n° 1051
Le Battant, n° 1066
Le Frangin, n° 1094
Un certain Giorgio, n° 1116
En mâchant mon pop-corn..., n° 1333
En suivant la piste, n° 1357
Te laisse pas abattre, n° 1390
Mort pour mort, n° 1439
Sans autre forme de procès, n° 1519
Une cible dans le dos, n° 1560
Opération Bégonia, n° 1624
Collection « Gore »
Extermination, n° 83
Collection « Espiomatic »
Sous le pseudonyme de Daïb Flash
Flash sur Rome, n° 31
Flash sur Berlin, n° 35
Flash sur Londres, n° 36
Flash sur Paris, n° 40
Flash sur Amsterdam, n° 44
Flash sur Luxembourg, n° 47
Flash et la panthère rose, n° 50
Flash sur Dublin, n° 55
Flash au cœur, n° 59
Flash sur Bruxelles, n° 65
Flash Fugu, n° 67
Flash otages, n° 71
Flash caracolès, n° 73
Flash et les femmes battues, n° 76
Flash et ceux qui craquent, n° 83
AUX ÉDITIONS HUNTER
Sous le pseudonyme de Rod Garaway
Collection « Force Knack »
Du sang dans le soleil, n° 1
Baroudeurs-kangourous, n° 3
Intensité 12, n° 4
Carnage-party, n° 5
Mambo-Traquenard, n° 6
Vendetta-Roma, n° 7
Corrida sanglante, n° 8
AUX ÉDITIONS LE PYTHON
Sous le pseudonyme de Ram Storga
Collection « Érotic fiction »
Vihila, la planète de la débauche, n° 3
AUX ÉDITIONS RIVIÈRE BLANCHE
La Couronne de fer, n° 2020
Les Enfants du mandarin, n° 2035
Sun Song le mandarin, n° 2059
La Mort d’un mandarin, n° 2113
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samedi, 18 juillet 2015
André Caroff, romancier populaire
Fondées par Armand de Caro, les éditions Fleuve Noir, avec leurs cent collections, étaient un des fleurons de la littérature populaire, vivier de mille auteurs catalogués « de gare » avec une intention péjorative. Or, les romans du Fleuve étaient plutôt bien écrits. Certes, leur langue était simple, les descriptions très brèves et l’action prioritaire, mais cela ne signifie nullement qu’ils étaient mauvais, loin de là. Ces dix mille titres représentant près d’un milliard d’exemplaires imprimés et vendus avaient l’honnêteté d’être ce qu’ils étaient et n’ont jamais prétendu à davantage. En espérant que paraisse un jour une histoire complète de ces éditions qui ne méritaient pas ce qu’on disait parfois d’elles et exercèrent leur activité durant un demi-siècle, on lira avec profit Fleuve Noir, 50 ans d’édition populaire, sous la direction de Juliette Raabe, Bibliothèque des littératures policières, 1999, et les souvenirs d’un des auteurs, Gilles Morris-Dumoulin, Le Forçat de l’Underwood, Manya, 1993. Ces ouvrages sont épuisés, mais des exemplaires demeurent disponibles sur les différents sites de vente en ligne de livres d’occasion. Bien sûr, on n’oubliera pas l’illustrateur des couvertures, le génial Michel Gourdon (1925-2011) qui donna un visage à toutes les collections, à l’exception d’« Anticipation », dont les jaquettes sont dues à René-Louis Brantonne (1903-1979).
André Caroff fut un des auteurs du Fleuve Noir.
Notice biographique
La partie biographique de cet article doit beaucoup au blog Les lectures de l’Oncle Paul, à qui j’emprunte bien des éléments et que je remercie vivement. Le blog À la recherche du polar a contribué à la compléter, je le remercie également.
André Caroff (pseudonyme d’André Carpouzis) est né le 28 février 1924 à Paris VIe. Il est décédé le 13 mars 2009, à Paris également. On lui connaît d’autres noms : Daïb Flash ; Rod Garraway ; Daniel Aubry, pseudonyme dont il signe des nouvelles dans le journal Nous Deux ; Daniel Thomas, utilisé pour des téléfilms ; Ram Storga. Il a aussi donné des contes au Parisien libéré, des énigmes à l’hebdomadaire Marius et a écrit des émissions pour France-Inter.
Son père grec, sa mère auvergnate d’origine bretonne furent artistes de music-hall. Sa mère, Lucienne Michel, a également signé aux éditions Fleuve Noir des romans d’angoisse et d’autres, policiers, sous le pseudonyme masculin de José Michel. À cette époque en effet, rares sont les femmes qui s’avancent sur le front de la littérature populaire sous leur propre nom. Au Fleuve Noir toujours, Marie-Anne Devillers, elle, signe Mario Ropp. Quant à Susan Vialad dont on pourrait penser qu’elle constitue une exception, il n’en est rien, tout au contraire, puisqu’il s’agit du pseudonyme féminin de Robert Debeurre.
À la mort de son père, en 1939, Caroff exerce ces métiers qu’on dit « petits » et qu’il était alors plus aisé qu’aujourd’hui d’épouser : regommeur de pneus, peintre, décorateur, cloueur, nickeleur, cycliste pour la Défense passive, cycliste aussi pour une pharmacie, ouvrier en menuiserie, détective privé. Il se marie en 1942 et monte avec sa femme un numéro de claquettes, puis devient régisseur avant de s’engager dans l’armée, en 1945.
Quelques mois plus tard, Caroff est engagé au théâtre Mogador pour No No Nanette, comédie musicale américaine sur la musique de Vincent Youmans et le livret d’Otto Harbach, travail qu’il complète par la radio et le cinéma, puis il est embauché chez Citroën et chez Larousse (emballeur puis préparateur de commandes) avant de vendre des cravates sur les marchés parisiens et de devenir garçon de courses à la légation de Birmanie, tout en jouant, le soir, dans Rêve de valse d’Oscar Straus, livret de Felix Dörmann et Leopold Jacobson, et Violettes impériales de Vincent Scotto. En 1952, le voilà représentant en mobilier de bureau et, simultanément, agent d’assurances. En 1954, il devient directeur commercial avant de se reconvertir en chauffeur de taxi.
Au volant, il passe dix heures par jour, en consacre quatre autres à l’écriture, et commence alors la série classique des refus d’éditeurs : trois manuscrits sont repoussés. Après une période de dépression, il exerce l’emploi de second de rayon au Bazar de l’Hôtel de Ville. Sa fille Catherine naît en 1956.
En septembre 1960, il se retrouve au Fleuve Noir. Françoise, sa seconde fille, naît en 1962. Il continue de conduire ses clients dans son taxi et ce n’est qu’en 1965 qu’il peut vivre de l’écriture. Il part vivre à Annecy où il devient président d’un club d’échecs. Il est grand-père d’une petite Marine. En 1989, Caroff commence à souffrir d’importants problèmes de vue. Sa première femme, Caroll, est décédée en 2002. Danièle, sa deuxième épouse, meurt en 2006. Il est bientôt opéré de la cornée et retrouve ainsi une meilleure vision.
Quelques uns de ses livres ont été portés à l’écran (Le Battant, avec Alain Delon) ou à la télévision (Une cible dans le dos, avec Bernard Le Coq et Pour l’honneur du mitan, sous le titre Le Truqueur, avec Raymond Pellegrin).
André Caroff a donné à lire de très nombreux romans dans les collections « Spécial-Police », « Espionnage » (l’agent secret Paul Bonder), « Angoisse » (la série des Mme Atomos) et « Anticipation » du Fleuve Noir. Les aventures de Mme Atomos ont été rééditées chez Rivière Blanche et continuées, dans la même maison, par un nouvel auteur. Elles ont aussi été adaptées en bandes dessinées dans la revue Atomos, autrefois publiée par Aredit.
Le style de Caroff
Au vrai, il est trop aisé d’associer un auteur à ses séries. Si l’on connaît Caroff pour Mme Atomos et pour Bonder, néanmoins, ses romans noirs, bien peu orthodoxes, méritent d’être lus. On parlera donc ici, uniquement, des récits parus dans la collection « Spécial-Police ».
Si, au début des années 60, l’auteur hésite encore un peu, reproduisant le schéma classique d’un meurtre commis au début du roman, sur lequel enquête un policier (Mort d’un libraire, Des gants pour la peau), à l’opposé, dans les dernières années 60, le style de Caroff s’affermit et les livres des années 70 et suivantes, eux, sont ceux de la maturité narrative et du triomphe de l’imagination, avec des titres qui doivent parfois être pris au pied de la lettre (Les Yeux de la tête). Les histoires présentent des intrigues toujours solides et – c’est sa marque – emplies de rebondissements. Si l’on devine un peu la chute d’Une cible dans le dos, ce n’est pas parce que l’histoire est faible, mais uniquement parce qu’à un certain stade du livre et compte tenu du nombre de pages restant à lire, il ne peut en aller autrement. L’auteur ne tire pas à la ligne, ses œuvres sont relativement longues, souvent imprimées plus serré que celles de ses confrères, comme le très bon mais hélas monotone Claude Joste (avec son commissaire Jérôme Thiébaut) dont les récits, toutefois bien écrits, sont plus courts et reprennent dans l’ensemble des schémas identiques en variant uniquement les milieux. L’écriture de Caroff est vive, nerveuse, et ses romans ne se ressemblent pas car il ne tire pas de ficelles : même lorsque le personnage central est dans la même position (un truand sortant de Centrale, par exemple), les romans qui le mettent en scène sont radicalement différents (Le Battant, La Gamberge). Ses « durs » demeurent toujours humains (Padirac, dans La Douloureuse) et voguent souvent au gré de leurs mésaventures en tenant jusqu’au bout des rênes qui leur échappent. Si le lecteur du Battant va de surprise en surprise, celui de La Gamberge conserve, la dernière page tournée, une impression de bloc compact, dense, dur, épais, avec une chute réellement inattendue.
On peut certes estimer que la fréquence des rebondissements est une technique comme une autre qui, par conséquent, constitue justement une ficelle. Il reste qu’il faut être capable d’imaginer les rebondissements en question. Il faut aussi avoir le culot d’interrompre son récit p. 101 pour, sous le titre « Interlude », s’adresser directement au lecteur dans une page imprimée en italique, afin de faire le point avec lui sur le cours des événements et ce à quoi il devrait s’attendre dans la poursuite logique de l’intrigue (Traquenards à Syracuse).
Les personnages empruntent souvent des taxis – souvenir évident de l’ancien métier de l’écrivain, qui décrit des itinéraires parisiens fréquents et complets. Un volume de la collection « Angoisse », paru en 1961, s’intitule précisément Le Dernier taxi. À l’évidence, Caroff parle de ce qu’il connaît bien, mais il ne craint pas, cependant, de prendre quelques risques en changeant d’horizon (Traquenards à Syracuse se déroule à New York, Un certain Giorgio à Naples, Le Rat de Rio au Brésil).
Caroff laisse une bibliographie fort conséquente qui, à ma connaissance, n’a pas été établie dans son intégralité. On parle toutefois de deux-cents romans, rien de moins. Un taxi l’a emporté dans la nuit, un taxi de jadis, de ceux qui avaient un compteur fixé à l’extérieur, près de la vitre du conducteur. Lorsqu’il chargeait un client, le chauffeur abaissait manuellement un petit rectangle métallique : il montrait ainsi qu’il n’était pas libre.
Titres de la collection « Spécial-Police » (Fleuve Noir éditeur) cités dans l’article :
Mort d’un libraire, n° 395, 1964.
Des gants pour la peau, n° 420, 1964.
Traquenards à Syracuse, n° 672, 1968.
Le Rat de Rio, n° 646, 1968.
La Douloureuse, n° 741, 1969.
La Gamberge, n° 898, 1971.
Les Yeux de la tête, n° 973, 1972.
Le Battant, n° 1066, 1973.
Un certain Giorgio, n° 1116, 1974.
Une cible dans le dos, n° 1560, 1980.
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mardi, 14 juillet 2015
Ombres présentes
Le taulier et la taulière sont toujours là, ils vous observent. Ne croyez pas que la rue Franklin soit une voie supprimée. On ne sait jamais quelles ombres nous regardent.
Photo Mireille Layani
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jeudi, 16 avril 2015
On déménage
Le taulier et la taulière déménageront le 4 mai pour aller s’installer en Provence.
17:35 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (4)
jeudi, 08 janvier 2015
Je suis un peu mort avec eux en 2015
15:26 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 07 janvier 2015
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15:08 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (2)
jeudi, 04 décembre 2014
Histoires de titres
Il semble qu’après la mode des phrases-titres (Le monde n’est pas assez, Demain ne meurt jamais, Meurs un autre jour) très inspirées, dans leur mouvement, leur allure, des titres de Fleming lui-même, on soit entré désormais, s’agissant des films de Bond, dans l’ère des mots-titres, Skyfall et, qui sortira l’an prochain, Spectre.
À ce propos, quelques réflexions.
Autrefois, Thunderball avait été traduit. Dans notre langue, le titre du film, comme celui du livre, devenait Opération Tonnerre. Un autre exemple : l’espagnol ne pouvant entendre Thunderball, le titre était changé en Opération Tonnerre (Operación Trueno). La langue allemande, elle, réclamait Feuerball et la suédoise, Åskbollen. Dans d’autres pays, il en allait de même. Ainsi, Goldfinger était mué, en Italie, en Mission Goldfinger (Missione Goldfinger). Au Portugal, Skyfall fut traduit Opération Skyfall (Operação Skyfall).
Cela témoigne d’une évolution de la langue française vers une perméabilité toujours plus grande aux tournures anglo-saxonnes. Il y a tout lieu de penser que, de nos jours, Thunderball ne serait plus traduit et sortirait en France sous ce même titre, à l’instar de Skyfall ou de Spectre (prononcer specter). Ce n’est pas le cas d’autres langues, qui paraissent mieux résister à l’invasion linguistique : leur structure ne permet pas de comprendre (d’entendre) Goldfinger, Thunderball ou Skyfall et les titres sont donc adaptés à l’imaginaire du public.
En France, on ne résiste plus, on parle anglais et, c’est plus grave, on pense anglais.
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jeudi, 30 octobre 2014
Encore un livre
Le livre annoncé dernièrement vient de paraître. Il s'agit du premier ouvrage consacré à Granier-Deferre. Le taulier se permet de le signaler aux honorables promeneurs de la rue Franklin.
15:59 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 10 octobre 2014
Encore une parution
Le taulier prétentieux annonce la parution d’un livre encore, chez l’Harmattan, d’ici la fin de l’année sans doute, peut-être avant : Le Cinéma de Pierre Granier-Deferre.
Pourquoi un ouvrage sur Granier-Deferre ? Parce qu’il n’en existait pas.
20:10 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 avril 2014
Vient de paraître
Le taulier vous présente ses excuses pour sa récidive. Encore une parution.
13:10 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 10 mars 2014
Il y a trente ans environ, j’ai écrit mon épitaphe
Il ne pensait jamais comme il fallait penser
Dans cette vie tribale il a connu l’ennui
Il n’aimait que l’amour l’absolu les étoiles
Les femmes et les cœurs ouverts dedans la nuit
Il rêvait d’utopie de livres et de voiles
La nature est pliée au bord de l’autoroute
Les forêts ont des gants que l’automne leur offre
Les flaques d’eau déjà de remords s’évaporent
Voilà le siècle meurt et nous passons nos vies
Les mots sonnent tout frais dans les matins de France
Ô merveilleux clochers villages du Midi
Qu’ils sonnent dans le vent toute mon espérance
On m’a offert les mots lorsque j’étais petit
12:37 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 05 mars 2014
Pour paraître (encore)
Le taulier, plein d’outrecuidance, annonce la sortie d’un nouveau livre, Jacques Demy, un portrait personnel, bref essai qui paraîtra chez l’Harmattan, en avril sans doute. Le taulier ne doute de rien, une fois encore.
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samedi, 22 février 2014
Vient de paraître
Le volume de réflexions et de souvenirs dont parlait le taulier il y a quelques jours vient de paraître. Le dit taulier comprendrait fort bien que vous vous dispensiez de sa lecture.
18:26 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 16 février 2014
Poètes chantés
J’ai découvert – certes tardivement, il existe depuis 2010 – le site DJ Rimbaud, exclusivement consacré aux poèmes mis en chanson. Tous styles, tous auteurs, tous compositeurs, tous interprètes, des heures d’écoute.
Les menus permettent de naviguer par auteur, par compositeur, par interprète… avec, en eux, une surprise qu’il vous appartient de trouver.
18:53 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 12 février 2014
Verlaine
21:02 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)