vendredi, 27 janvier 2006
Colpi
J’apprends avec un peu de retard la disparition du cinéaste Henri Colpi, le 14 janvier dernier. Colpi avait obtenu la Palme d’or à Cannes, en 1961, pour Une aussi longue absence, remarquable premier film en noir et blanc avec Alida Valli, taulière d’un café qui, en Georges Wilson, vagabond amnésique, pense reconnaître son mari.
La chanson du film est plus que connue : créée par Cora Vaucaire, reprise par de nombreux interprètes dont Montand, elle s’intitule Trois petites notes de musique. La musique est de Georges Delerue, le dialogue de Marguerite Duras. Ce film est un chef-d’œuvre d’écriture poétique, de durée maîtrisée, de doute.
Colpi n’a jamais eu de succès commercial avec ses rares films. Il est pourtant reconnu et estimé partout. Une aussi longue absence a existé en cassette dans les premières années de la vidéographie, puis a disparu des catalogues. Il n’existe pas en DVD.
Numéro spécial de la revue Téléciné, « Histoire d’un film »,
1er trimestre 1962.
16:30 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (15)
Commentaires
J'ai du voir le film il y a cent mille ans, mais je me souviens plutôt de la chanson qui est fort belle et que je fredonne à l'occasion (eh oui...)
Écrit par : fuligineuse | vendredi, 27 janvier 2006
Moi j'ai lu seulement le scénario et pour une fois je n'ai pas éclaté de rire en lisant du Duras.
Écrit par : Dominique | vendredi, 27 janvier 2006
Jacques > je chercherai à voir ce film, que je ne connais pas.
L'obsédé de la ponctuation que je suis peut-il faire une petite remarque au rigoureux styliste que tu es ? Il me semble qu'une petite virgule après "taulière d'un café", voire la transformation de "d'un" en "de", empêcherait une certaine confusion syntaxique.
Écrit par : Guillaume Cingal | samedi, 28 janvier 2006
Fuligineuse : une chanson ! Une chanson !
Dominique : c'est effectivement un film très touchant, dans un univers poétique, alors que le sujet s'enracine dans le réel. C'est ce qui est plaisant, et à cela s'ajoute le traitement de l'image. Dira-t-on jamais suffisamment combien le noir et blanc est supérieur à la couleur parce que plus poétique, plus créatif ?
Guillaume : eh oui, tu as raison. Je ne corrige pas pour que ton commentaire puisse rester compréhensible, mais tu as raison.
Écrit par : Jacques Layani | samedi, 28 janvier 2006
Une anecdote : il y a quinze ans, une collègue avait vu le film et se rappelait juste un peu l'anecdote de départ, mais elle se souvenait de la chanson et elle voulait savoir quel était le titre de ce film dont elle était extraite. Moi, je n'ai jamais vu le film, elle me raconte les premières scènes et je cite aussitôt tous les éléments de l'affiche. Ce n'était pas de l'érudition, juste un souvenir de l'écrit. Et puis ces différences de mémoires...
Écrit par : Dominique | samedi, 28 janvier 2006
Eh oui, ceux qui sont marqués par l'écrit, ceux qui sont frappés par l'oral. C'est souvent ainsi, et pourtant, je n'aime pas couper l'existence en deux. Rien n'est incompatible, en fait. Il existe des gens qui sont touchés par les deux ; une espèce de sensibilité double, je ne sais pas. J'en connais au moins un, comme ça. Je le connais bien, enfin, intimement.
Écrit par : Jacques Layani | samedi, 28 janvier 2006
En général je suis plutôt une personne "marquée par l'écrit" (par les cris ???) mais de ce film je n'ai rien d'autre en mémoire que la chanson... je ne sais pas si cela appuie ta théorie ou le contraire.
Écrit par : fuligineuse | dimanche, 29 janvier 2006
Il faut dire que la chanson dont il s'agit est plutôt bien écrite. C'est une réponse à la question.
Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 29 janvier 2006
Jacques > tu as le droit de corriger, puis de supprimer mon commentaire, qui ne fera pas défaut ès mes OEuvres complètes.
Écrit par : Guillaume | dimanche, 29 janvier 2006
Sans oublier de supprimer les deux autres (cestuy-ci inclus).
Écrit par : Guillaume | dimanche, 29 janvier 2006
Non non, cela demeurera ad internetam aeternam. Nous assumerons conjointement. Il faut toujours tout assumer. C'est difficile, mais indispensable.
Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 29 janvier 2006
"Heureux qui comme Ulysse" (a fait un long voyage, a vu cent paysages...), de Colpi aussi, m'a ému à chaque diffusion. Fernandel et son cheval, la plaine de Crau battue par les vents et puis la musique de Georges Delerue chantée par Brassens...
Écrit par : Richard G | mardi, 31 janvier 2006
Je ne l'ai pas vu, celui-là. C'est son dernier film. Je suis toujours ému par les artistes qui ont une oeuvre courte, c'est en général un gage d'authenticité et de doute artistique permanent : ils ont rejeté ce qui n'était pas, pour eux, essentiel.
Ce qui ne signifie pas naturellement, que les oeuvres importantes, nombreuses, sont nulles. Mozart, ce n'est pas mal.
Écrit par : Jacques Layani | mardi, 31 janvier 2006
Mozart était prolifique mais c'est sa vie qui a été courte. Aurait-il continué à composer au même rythme s'il avait vécu octogénaire ? Quién sabe ?
Écrit par : fuligineuse | mardi, 31 janvier 2006
Je pense que chaque artiste, même Mozart, a un certain nombre de choses à dire et qu'il les dit dans un temps donné (lequel peut varier en fonction de circonstances favorables ou non). Au-delà, il se tait ou se répète. Mais cela n'est pas un seuil fixe, à date fixe. Il y a toujours un temps de latence, quelques années parfois, où l'artiste ne donne plus rien de franchement nouveau dans son oeuvre (même si ce qu'il donne est toujours bon, c'est une autre question). C'est une erreur de croire que l'artiste est une source inépuisable. Il en est de même pour le génie. Le génie aussi cesse un jour, parce que tout cesse, on n'y peut rien. Cela étant, Mozart, dans une courte vie, a pu composer davantage que Machin dans une vie plus longue. Cela dépend de chacun. S'il avait vécu, Mozart, forcément, se serait arrêté un jour : je veux dire qu'il ne se serait pas renouvelé parce qu'arrivé au bout de sa course. Ce n'est évidemment pas un reproche, c'est comme ça, c'est tout.
Écrit par : Jacques Layani | mardi, 31 janvier 2006
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