jeudi, 19 novembre 2015
Spectre
JE DOIS PRÉCISER, SELON LA FORMULE HABITUELLE, QUE CET ARTICLE DÉVOILE UN GRAND NOMBRE DE POINTS-CLÉS DU FILM.
Au sortir du vingt-quatrième film mettant en scène James Bond, le très attendu Spectre, voici (un peu en vrac parce qu’il faudra vraiment voir le film au moins une seconde fois, en attendant, bien sûr, le DVD qui permettra une lecture détaillée) quelques impressions.
Skyfall avait atteint des sommets, non seulement en nombre de spectateurs, mais dans la critique qui, à quelques rares exceptions, avait salué un des meilleurs épisodes de la série, voire le meilleur. Forcément, on attendait Spectre au tournant, d’autant que sa réalisation était de nouveau signée Sam Mendes.
La gamme chromatique est identique à celle de Skyfall et la photographie est très belle. Notamment introduite par des séquences au rythme très lent alternant avec les scènes d’action, la présence de l’humain est de plus en plus forte.
On remarque l’excellence de la distribution, comme toujours (il est rare que les films de Bond, même les plus mauvais, ne bénéficient pas des acteurs les mieux choisis), et le rôle très augmenté de M (admirable), de Q (jouissif) et de Moneypenny (très intelligent), dont le retour périodique dans l’action, et non plus lors d’une simple séquence avant le développement proprement dit, est une chose parfaite.
Les poursuites sont encore renouvelées (avion sans ailes et sans roues coursant des voitures sur une piste enneigée, tirs à l’arme de poing d’un bateau vers un hélicoptère) et développées avec imagination. Il y a beaucoup d’humour dans les dialogues.
Comment ne pas souligner ces deux excellentes idées : C, taupe du Spectre au beau milieu des services secrets ; Oberhauser-Blofeld, élevé en même temps que Bond et jaloux de l’affection de son père pour le jeune James ?
Le lien de scénario entre les quatre films à ce jour interprétés par Craig (Casino Royale, Quantum of solace, Skyfall et Spectre) est fait très intelligemment.
D’autres choses peuvent être mentionnées :
M. White est devenu une épave : truand repenti et père inattendu, il fait confiance à Bond au point de lui parler de sa fille, Madeleine Swann. C’est excellent car inattendu, justement.
Bond tenant Blofeld à sa merci, à la fin, et ne tirant pas, ce qui est tout à fait conforme à l’esprit de Fleming. Ce n’est pas seulement parce qu’il convenait de conserver le personnage pour plus tard, mais bien parce que Bond répugne à tuer.
À propos de Blofeld, notons que l’acteur (Christoph Waltz) est certainement le meilleur Blofeld jamais incarné à l’écran. Je trouve que, physiquement, il correspond exactement à ce qu’il fallait.
Enfin, à inscrire dans les annales, Moneypenny a un amant. Mais oui. Elle admire toujours Bond, lui est toujours dévouée, mais elle a un homme dans son lit.
16:57 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Oui, l'un des points les plus intéressants est d'avoir étoffé les personnage de M, Q et Miss Moneypenny.
Je ne suis pas étonné non plus de voir que vous estimez Christop Waltz comme le meilleur Blofeld jamais incarné à l'écran, les précédentes interprétations ne vous ayant pas convaincu. J'ai même pensé à vous en le voyant en me demandant ce que vous en penseriez.
Je suis dans l'ensemble assez d'accord avec ce que vous avancez sur SPECTRE même si la lenteur du rythme m'a un peu perturbé. Pour moi également, une seconde vision en vidéo est nécessaire pour avoir un avis plus affiné (ce qui n'était pas le cas après Skyfall qui reste toujours à mes yeux, le meilleur des Bond)
Écrit par : Sébastien | vendredi, 20 novembre 2015
Je pense que cette lenteur de rythme, inhabituelle, nouvelle, est précisément un élément très important et, peut-être, novateur. Elle est un élément supplémentaire de la période Craig. C'est elle qui introduit l'humain dans le récit.
Waltz m'a enthousiasmé, même si on ne le voit pas suffisamment longtemps à l'écran. Il est un parfait Blofeld (enfin !), avec un grain de folie dans sa façon d'être. Vous l'avez certainement remarqué : il époussète les poils de chat laissés par son matou blanc favori sur son costume.
C'est très amusant, vous savez : Spectre est systématiquement jugé en fonction de Skyfall. Mais Skyfall, à sa sortie, n'avait pas convaincu tout le monde, rappelez-vous. D'aucuns avaient fait la fine bouche. Et voilà qu'il est devenu LE critère indépassable. Je crois qu'il ne faut pas juger une œuvre, quelle qu'elle soit, en fonction d'une autre (du même auteur, qui plus est), moins encore en fonction, exclusivement, de la précédente. Vous verrez : quelques mois de recul et tout le monde chantera haut et fort les qualités de Spectre.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 20 novembre 2015
Voici un film qui a beaucoup divisé autour de moi. Personnellement, j'ai beaucoup aimé Spectre et je souscris totalement à ta chronique. (Skyfall m'avait déçu la première fois - je l'ai réhabilité une fois revu et décortiqué en DVD)
Écrit par : Richard | mardi, 29 décembre 2015
Tu sais, c'est un réflexe courant dans tous les domaines. Le nouveau est jugé par rapport à l'ancien, jusqu'à ce qu'il devienne ancien lui-même. Et ça recommence. Brassens avait dit un jour : "J'ai fait douze disques et on m'a fait onze fois le coup du "C'est moins bon que le précédent"". C'est un peu ce qui se passe avec les films de Bond, et c'est encore accentué par l'attente de plusieurs années entre deux films. Par la suite, les avis deviennent plus réfléchis et l'arrivée du DVD, de par l'étude approfondie qu'il permet, autorise l'intégration totale : on a le film à la maison, il fait partie de la famille.
Écrit par : Jacques Layani | mardi, 29 décembre 2015
Oui, c'est vrai. Mais l'intégration familiale ne nous dispense pas de réviser ou d'aiguiser notre jugement. J'ai eu l'occasion de revoir cet automne Octopussy et l'ai trouvé franchement mauvais (James Bond imitant Tarzan, mais de qui se moque-t-on?).
Écrit par : Richard | mardi, 29 décembre 2015
Bien sûr, il faut aiguiser son jugement. Quant à Moore, son temps est très heureusement révolu, c'était un clown qui jouait Bond pour s'amuser. Je n'ai jamais réellement compris comment les producteurs avaient pu accepter ça. Sans doute cela allait-il avec l'époque, où la dérision totale était souvent de règle.
Écrit par : Jacques Layani | mardi, 29 décembre 2015
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