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dimanche, 13 mai 2007

À la soupe, vingt dieux, à la soupe !

No comment.

 

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-90953...

20:25 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8)

Proposition de nouveaux ministères

Ministère de la Protection personnelle du président de la République.

Ministère de l’Homophobie nationale.

Ministère de la Médiocrité intellectuelle.

Ministère du Racisme.

Les nominations des titulaires seront faites à parité : trois hommes et une femme (celle-ci étant d’office affectée à la médiocrité intellectuelle).

13:15 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (6)

À la soupe, voyons, à la soupe !

No comment.

 

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-90949...

13:04 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Ça ne fait que commencer

Ce n’est pas encore certain, mais on en parle. Selon Le Monde des 13 et 14 mai 2007, le ministère de la Culture pourrait disparaître, englobé dans celui de « l’Éducation nationale pour promouvoir l’enseignement artistique à l’école ». Car bien sûr, la culture, pour les fascistes qui nous gouvernent et « sortent leur revolver », comme on dit, c’est uniquement l’enseignement artistique, c’est-à-dire – je sais que je caricature mais pas tellement, finalement – apprendre à peindre et apprendre le solfège. Les professeurs d’arts plastiques sont des professeurs de dessin, point final. Ceux d’éducation musicale sont des pianistes ratés. Je les respecte en tant que collègues, mais il ne faut pas le cacher : ce ne sont pas des artistes. Réduire la culture à l’enseignement artistique, même s’il est mal en point, c’est détruire jusqu’à l’idée de la culture, arme de révolte et de réflexion, outil de compréhension du monde et d’autrui, facteur de liberté intellectuelle, donc de liberté. La liquidation n’aura pas tardé.

Par ailleurs, le règne des cocus est ouvert. Selon la même livraison du Monde, le ministère de l’Agriculture devrait disparaître également. Cela inquiète fort les agriculteurs qui ont voté pour le clown inculte et grossier à soixante-sept pour cent. Ils n’auront pas tardé à déchanter.

On observe aussi que le pitre ridicule et puant est en train de constituer lui-même le gouvernement, ce qui, dans nos institutions, est du ressort du Premier ministre. Le président de la République nomme certes les ministres, mais sur proposition de son Premier ministre. Concrètement, cela revient au même, naturellement, mais il n’est pas d’usage que ce soit lui qui procède aux consultations et aux entretiens.

12:50 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (6)

jeudi, 10 mai 2007

À la soupe !

No comment.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-90777...

13:20 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (14)

mercredi, 09 mai 2007

Le pitre de l’Élysée

medium_sarkozy1bu8.jpg

Que peut-on faire, à présent, pour tenter d’empêcher Sarkozy, l’homme qui a inventé le monastère flottant, de nuire ?

Dans un mois, il peut y avoir une majorité de députés de l’opposition à l’assemblée nationale. C’est extrêmement peu probable, mais rien n’est jamais impossible. Ce serait une nouvelle cohabitation, qui réduirait presque à néant ses intentions destructrices. Comme on a voulu faire coïncider la durée du mandat présidentiel et celle de la législature, toute sa présidence serait bloquée, ce qui serait le meilleur service à rendre à la France. Je n’y crois pas.

Dans cinq ans, on peut le mettre à la porte, purement et simplement, comme on le fit jadis de Giscard. À l’opposition, se joindront les déçus du sarkozisme, et ils seront légion. Il faut attendre.

Dans cinq ans toujours, on peut, s’il venait hélas à être réélu, lui envoyer une majorité de députés d’opposition et l’on se retrouverait dans le premier cas de figure.

Dans dix ans, on peut le mettre à la porte, s’il ne s’en va pas lui-même ainsi qu’il l’a laissé entendre lors du débat du 2 mai dernier. C’est la solution la plus lointaine.

Dans tous les cas, inscrivons-nous dès à présent dans une opposition systématique, entretenue, volontaire et dure. N’acceptons rien. Ce qui m’insupporte le plus, c’est que la France soit représentée par un minable inculte, grossier, vulgaire, possédant un vocabulaire de quarante mots, ignorant de la grammaire et de la syntaxe.

18:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8)

dimanche, 06 mai 2007

Pour en finir avec le centre

À 18 h 10, nous étions fixés. Les sites de La Libre Belgique et de La Tribune de Genève donnaient les résultats de l’élection présidentielle. À 18 h 20, La Tribune de Genève écrivait : « À Paris, le parti socialiste vient de confirmer à l’agence de presse Suisse ATS la défaite de Ségolène Royal (46 %) ». Un peu plus loin, on pouvait lire : « Une partie de l’électorat qui avait voté François Bayrou semble s’être reportée en priorité sur le candidat de la droite ». Ce qui n’est pas nouveau et confirme ce que j’écrivais ici il y a plusieurs jours déjà. Le centre n’existe pas.

Nous voilà donc représentés dans le monde par un boutiquier inculte.

(Ce texte ne sera en ligne qu’à 20 h).

20:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (17)

mercredi, 02 mai 2007

Information

medium_envel_3verso.2.jpgJ’ai réfléchi (c’est une activité épuisante, je ne le ferai plus). Il se dessine vraiment un front anti-Sarkozy et, dans ces conditions, il n’est pas question que je n’y prenne pas ma place, même si je suis sans illusions. Je voterai donc S. Royal dimanche prochain. Je n’ose pas écrire : « Je voterai socialiste » puisque le mot ne figure même pas sur ses affiches. Je n’ose pas dire : « Je voterai à gauche » puisque le mot n’a pas été prononcé par elle dans son allocution, au soir du premier tour. Je n’ose pas dire : « Je voterai pour une femme » puisque c’est déjà fait, ayant apporté mon suffrage à M.-G. Buffet la première fois. Je n’ose pas dire que je serai heureux de devoir, une fois encore, voter contre et sans y croire. Mais enfin, tout bien pesé, il n’est pas possible de ne pas faire front commun contre cet homme, même si ce front se résume à un rectangle de papier et même si, malheureusement, cela ne changera certainement pas le résultat. Je devais toutefois cette rectification aux promeneurs de la rue Franklin.

09:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (16)

mercredi, 25 avril 2007

Fragments pour une histoire du centre

Le Monde du 25 avril :

« Nicolas Sarkozy propose la création d’un pôle gauche à l’UMP et promet l’investiture pour les législatives aux candidats UDF qui se rallieraient avant le 6 mai ».

« Le maire de la plus grande ville UDF [Rouen] votera Nicolas Sarkozy au second tour ».

Sarkozy au Monde du même jour :

« Dans la majorité présidentielle, il y aura un pôle UMP, et place pour un autre issu du centre qui pourra porter avec l’identité qui est la sienne les valeurs auxquelles il tient ».

« C’est à lui [Bayrou] de choisir. Il a toujours été dans la majorité de droite et du centre. S’il change, c’est son droit, mais qu’il le dise à ses électeurs ».

« Je dis simplement que tout élu de l’UDF qui soutiendra ma candidature, avant le 6 mai, sera dans la majorité présidentielle et recevra l’investiture de cette majorité. L’UDF a toute sa place dans la majorité présidentielle ».

11:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (23)

lundi, 23 avril 2007

Ce que j’en dis

Adoncques, Sarkozy est élu. Ce n’est pas une surprise, nous le savions tous, nous le disions depuis des mois et des mois. Il sera même réélu en 2012. Après, on verra.

La pitrerie de la présence de la gauche au second tour ne trompe personne. Mme Royal a fait le plein de ses voix, il n’y a quasiment pas eu d’abstention, les reports des voix de gauche, s’ils se font, ne compenseront pas l’écart. Il faudra en appeler aux voix données hier à l’UDF, cette UDF que le parti socialiste avait mis à la porte en 1981 en la personne de son fondateur, et vers laquelle il se tourne maintenant, quoi qu’il en dise parce que, s’il y a un espoir pour lui d’être élu en mai, c’est là qu’il se tient.

Faut-il rappeler que la présence au second tour n’est pas un droit ? Pour figurer dans la deuxième partie de la compétition – car c’est bien d’une compétition qu’il s’agit, n’est-ce pas ? – il faut n’avoir pas déçu antérieurement. Si les socialistes avaient mené une politique de gauche depuis 1981, ils n’auraient pas été évincés en 2002, ils n’auraient pas été contraints d’agiter le lamentable épouvantail du « vote utile » depuis des semaines. Je ne voterai pas au second tour et cela ne changera rien aux résultats (je dis cela avant qu’on m’accuse de faire le jeu de Sarkozy). Je ne voterai pas parce que je ne vote plus socialiste depuis fort longtemps parce que je veux une politique de gauche et que je ne l’attends plus des socialistes depuis, au moins, 1983-1984.

On me dira que Sarkozy n’a pas, lui non plus, de réservoir de voix. Il n’en a arithmétiquement pas besoin. On est parti pour dix ans en sa compagnie.

Dimanche soir, j’ai entendu, au cours de l’allocution de Ségolène Royal : « que vous m’avez-t-apporté », « si vous me (suivi d’un présent)  j’aurai-z-à cœur » et une troisième bourde que j’ai oubliée. J’avais dit il y a quelques jours chez Dominique qu’en cette période où les candidats faisaient, chaque jour, je ne sais combien de déclarations, de discours, accordaient je ne sais combien d’entretiens, personne n’était à l’abri d’une erreur ou d’un lapsus. J’avais dit cela, dans un suprême effort d’objectivité, à la décharge de Sarkozy qui avait parlé de « fatitude  ». Mais là, je ne peux pas : il s’agissait d’un texte mûri, dûment réfléchi, dit tardivement : le temps de sa préparation n’avait pas manqué. C’était le moment ou jamais d’être impeccable.

10:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (29)

Des résultats à l’heure

Dimanche matin, 22 avril, en accédant à l’administration de leur blog Haut et Fort, les différents tauliers ont trouvé l’avis suivant :

Élections présidentielles

À compter du 21 avril 0 h 00, la publication, la diffusion et les commentaires des sondages d’opinion sont interdits jusqu’à la clôture du scrutin, dimanche 22 avril 2007, à 20 heures. Les mêmes règles devront être respectées au second tour de l’élection présidentielle, du vendredi 4 mai 2007 à minuit au 6 mai 2007 à 20 heures. Cette période vise « tout sondage d’opinion ayant un rapport direct ou indirect avec un référendum, une élection présidentielle ou l’une des élections réglementées par le Code électoral ainsi qu’une élection des représentants au Parlement européen » (L. 19 juillet 1977 modifiée par la loi du 19 février 2002). Toute infraction expose à une peine d’amende de 75.000 euros (C. électoral, art. L. 90-1).

En conséquence, blogSpirit demande à ses blogueurs de s’abstenir de publier toute tendance, anticipation, rumeur sur les résultats du vote avant 20 heures, conformément à la loi.

En tant qu’éditeur du blog, nous vous rappelons que vous êtes légalement responsable du contenu publié sur votre blog, y compris les commentaires. À ce titre, blogSpirit se réserve la possibilité de poursuivre individuellement tous les auteurs de blogs qui enfreindront la législation

Soit. Sur le coup, ça ne m’a pas beaucoup plu mais bah, nous sommes Français, on nous rappelle la loi en vigueur en France, loi que nul n’est censé ignorer, il n’y a pas de quoi fouetter un chat ni même un électeur.

À l’heure d’internet – et justement, c’est sur internet qu’on nous écrit tout ça – cela fait quand même rire. Au même moment, le site de La Libre Belgique prévient : « Rendez-vous dès 18 h pour connaître les premières estimations ». Tous les sites étrangers diront donc vers 18 h ou 18 h 30 ce qu’on ne devra connaître en France qu’à 20 h. Quant aux électeurs des DOM-TOM, ils voteront après les résultats de dimanche soir, donc en pleine connaissance de cause, mais tout le monde s’en moque, ça ne compte pas, semble-t-il. Le grotesque règne.

Au bout du compte, j’étais fixé, compte tenu de problèmes de connexion liés aux serveurs surchargés, vers 18 h 40. Une preuve supplémentaire que beaucoup de personnes n’ont pas encore intégré l’existence d’internet ni son utilisation (on en parlait il y a peu chez Feuilly), et qu’une fois encore, le droit est à la remorque de la réalité.

07:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (19)

vendredi, 20 avril 2007

Saga sarkozienne

On me prie de signaler deux vidéos. La première est authentique, la seconde pourrait l’être.

http://www.dailymotion.com/skidoo/video/x1qwdr_a-voir-abs...

http://www.dailymotion.com/related/2934639/video/x1nc1h_e...

Je recommande donc à votre aimable attention ces deux documents.

20:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Un visage de la critique vaillandienne

Les Cahiers Roger-Vailland viennent de publier une recension des articles de presse écrits lors de la parution des romans de Vailland. Il s’agit d’un premier tome, l’autre étant malheureusement reporté à 2008 au moins, on se demande bien pourquoi. L’intérêt d’un tel travail était précisément, en premier lieu, de tenir en un seul volume. Surtout, on s’est encore et toujours limité aux romans, soit neuf (magnifiques) livres sur une bibliographie de plusieurs dizaines de titres, recouvrant à peu près tous les genres habituellement reconnus. Ces deux erreurs sont fondamentales, à mon avis.

Ce qui est à relever, dans ce panorama de la réception des œuvres (romanesques) de Vailland, c’est que, presque systématiquement, et peut-être même systématiquement, les auteurs commencent par raconter l’histoire. On observe qu’il s’agit de billets beaucoup plus longs que ceux qu’on peut lire aujourd’hui. Une critique littéraire, entre 1945 et 1955 puisque ces dates bornent ce tome premier, compte environ trois fois plus de texte qu’aujourd’hui. Elle procède ainsi : introduction sur un ton personnel, souvent ironique ou distancié, exposé de l’intrigue, considérations sur l’engagement politique et social de l’écrivain, défauts et qualités, regrets, souhaits, conclusion sur un ton personnel, souvent ironique ou distancié, le plus souvent soit admiratif, soit admiratif en dépit de. Incroyablement, le schéma est grosso modo le même d’un article à l’autre, au fil de onze années de recensions portant, toujours en ce qui concerne le tome un, sur six livres. Pourtant, les textes sont donnés in extenso (c’était bien la moindre des choses) et les regards souvent très différents. Les auteurs sont Maurice Nadeau, Claude Roy, Marcel Arland, René Lalou, Louis Parrot, Émile Henriot, Claude-Edmonde Magny, Thierry Maulnier, Pierre Courtade, Eugène Ionesco, Roger Stéphane, Luc Decaunes, Roger Nimier, Jean Duvignaud, Louis-Martin Chauffier, Robert Kanters, André Wurmser, Kléber Haedens, François Nourrissier, Claude Mauriac, Jean Blanzat, Antoine Blondin, Henri Lefebvre et quelques autres, soit le gratin de la critique du moment. Eh bien, dans l’ensemble, les méthodes, l’exposé, sont les mêmes, au moins sur le plan technique. Comme s’il était fatal que des époques entraînent des modes de pensée, des comportements induits. Alors que le découpage de ce Cahier Vailland est parfaitement arbitraire et, à mon avis, sot au possible. Déjà, isoler la réception des romans de celle des autres livres est un non-sens. Ensuite, considérer que Vailland, publiant Drôle de jeu en 1945 et mourant en 1965, a une vie littéraire de vingt années (alors que les parutions posthumes continuent aujourd’hui), c’est idiot. Décider de couper purement et simplement en deux cette période de vingt années, c’est consternant. Effectuer cette coupure systématique juste avant La Loi, c’est-à-dire le Goncourt pour 1957, c’est-à-dire avant le désintéressement (trop affirmé pour être réel) de l’écrivain, c’est condamnable. Réduire la recension des dix dernières années aux trois romans qui demeurent les plus mal compris (La Loi, La Fête et La Truite) et renvoyer à l’année prochaine cette parution complémentaire, c’est suicidaire.

En dépit de cela (et c’est beaucoup), on observe donc des constantes, comme je l’ai dit, dans l’attitude critique. C’est encore ce qui m’étonne le plus dans ce relevé interrompu. Ces articles ne disent pas que des sottises, certes non, même quand ils sont peu favorables aux ouvrages retenus. Mais ils le disent tous sur la même lancée, dans un schéma presque scolaire, quelque chose d’obligatoire, de convenu. On s’étonne rétrospectivement. On se demande si, vraiment, l’audace d’une critique peut-être pas plus intelligente mais simplement différente, était impossible. Et cela nous rappelle, si nous l’avions oublié, combien la société d’avant 1968 était calibrée, corsetée, définie, arrêtée, établie et, pensait-on, définitive parce qu’incontestable.

On terminera sur une constatation : autrefois comme aujourd’hui, Maurice Nadeau écrivait comme un pied.

mercredi, 18 avril 2007

Marguerite de Servanches à Rabassa de Lépine

Paris, ce jour. 

Ma chère, je me suis mouchée toute la nuit, c’était horrible et j’ai passé la journée à éternuer, c’est épuisant. Ce rhume qui me tient depuis que, dimanche, j’ai pris – du moins je le suppose – un chaud et froid en sortant de la librairie La Hune, horriblement climatisée, dans la rue Saint-Benoît où avril était diaboliquement chaud, me fatigue beaucoup. Dire que, de plus, je n’ai trouvé nul ouvrage susceptible de retenir mon attention dans cette boutique ! Mais je ne veux pas vous lasser et me doute que vos propres petits ennuis vous tiennent suffisamment éveillée ces temps-ci pour que vous puissiez vous soucier de misères aussi infimes.

Vous le savez, 2007 est le centenaire de Roger Vailland. Eh oui, le Jeune homme seul aurait eu cent ans cette année. C’est aussi, dans un autre ordre d’idées, le vingtième anniversaire de la disparition de Dalida et de celle de Lino Ventura. C’est encore la dixième bougie de la mort de Barbara et de celle de Franquin. Et la trentième de celle de Prévert. Et la cinquantième de l’apparition de Gaston Lagaffe. Vous voyez que les célébrations de tous ordres ne manqueront point et, en cherchant bien, on en trouverait encore un grand nombre, soyez-en certaine. Depuis quelques années, un service officiel du ministère de l’Inculture s’occupe de ces célébrations. C’est ridicule, n’est-ce pas ? Tout cela, néanmoins, sera forcément occulté par la grande fête électorale : présidentielle, législatives et municipales, six tours, six bulletins, six signatures. On en aura pour son argent. À propos d’argent, vous avez certainement remarqué que le fisc, cette année, a comme oublié de nous adresser nos déclarations de revenus à remplir. Il attend que passe l’éruption boutonneuse des urnes. Il doit se dire que ce n’est pas le moment.

Je sais bien que vous êtes aux champs, mais vous avez sans doute appris néanmoins quelques faits-divers survenus non loin du lieu où je passe hélas le plus clair de mon temps. Je m’emploie par conséquent à vous rassurer : dimanche soir, je n’étais pas à la terrasse du Café de France, place d’Italie, pour recevoir quelques coups de couteau d’un sire qui passait ; je n’étais pas non plus hier gare d’Austerlitz au moment où la chaussée s’est effondrée. Ne vous effrayez donc pas, chère Rabassa. Ce n’est pas parce que ces lieux se situent dans mon immédiat entourage que j’ai à payer le prix de ces désagréments. Notez que ce fut pire sur certain campus américain, il y a peu, mais il paraît qu’il n’est pas toujours pas question d’interdire là-bas la vente libre des armes à feu.

J’évoquais en commençant le centenaire de Vailland. Vous savez combien son visage me fascine, combien j’ai d’estime pour sa plume. Figurez-vous, chère, que l’association dite des Amis de Vailland, à laquelle j’apporte annuellement ma modeste contribution financière, édite des Cahiers Roger-Vailland dont je m’honore de posséder la collection complète et dont le principal défaut, bien que je m’en sois fâchée souvent, est d’être composée dans un corps si minuscule que l’abonnement devrait comprendre la fourniture d’une loupe. Las, rien n’y fait. Je viens donc de recevoir la dernière livraison de ce bulletin. Quelle ne fut ma surprise en constatant que cette revue supposée semestrielle n’avait compté qu’un seul numéro en 2005 et que le tome me parvenant à présent était déclaré numéro double, valant pour toute l’année 2006. Il n'est pourtant pas plus épais que d’autres qui, en leur temps, ne comptèrent que pour un. Je crois pourtant avoir réglé un abonnement pour deux... Est-il mesquin d’ainsi faire connaître ces agissements ? Dites-le moi, tendre Rabassa. Vous savez que j’ai confiance en votre jugement. Remarquez, je ne dirai rien à personne et la dénonciation (oh, c’est un bien grand mot) de cette pratique ne sortira pas de cette lettre que nul, autre que vous, douce complice, ne lira. Imaginez : si, d’aventure, un membre influent de l’association venait à prendre connaissance de cette épître... Bah, je trouve que ce n’est pas moi qui suis mesquine, plutôt eux. D’ailleurs, je dois ajouter qu’à l’envoi était joint un bulletin de réabonnement mentionnant toujours la parution de deux numéros par an. J’en ferai retour prochainement, accompagné de quelques sous.

Je vous conterais volontiers les dernières turpitudes des éditeurs auxquels un sort malin me vaut de devoir me frotter, ma vie durant. C’est une véritable damnation, mais je craindrais alors de vous ennuyer par d’inconsidérées jérémiades. Je ne veux pas que, recevant de moi quelque nouveau pli, vous puissiez dire un jour que cette pauvre Marguerite, décidément, vieillit bien mal et qu’elle ferait mieux de quitter Paris pour s’en aller soigner ses rhumatismes en quelque chaumine. Adoncques, je ne vous dirai rien sur ce point et pourtant, vous savez, il s’en est encore produit de belles.

Je dépose entre vos bras mon souvenir le plus attaché et, j’espère, le mieux attachant. Dites-moi bientôt si vous comptez passer quelques jours ici. Je m’emploierais alors à préparer pour vous un réjouissant programme.

Marguerite de Servanches.

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lundi, 16 avril 2007

Tout ceci est rigoureusement exact, et cependant...

Voici ce que, ces tout-derniers jours, j’ai pu faire en matière de démarches éditoriales et d’activités littéraires. Pour un projet de livre encore très hypothétique, j’ai contacté l’agent d’une artiste et en ai averti un éditeur. J’ai reçu un long message de la dernière femme d’un poète, enchantée de l’étude que j’ai commise sur son compagnon décédé, étude que je lui avais transmise pour corrections éventuelles. J’ai proposé mon ultime recueil de nouvelles à un éditeur qui produit des livres illustrés. Un autre éditeur, lui, n’a jamais répondu à ma proposition concernant un autre ouvrage. On m’a demandé de participer à une lecture autour d’un auteur en octobre 2007, à un colloque sur un autre écrivain en octobre 2008. J’ai écrit quelques textes destinés aux divers carnets que je tiens sur internet. Une page a été ouverte dans Wikipédia.

Question simple : qu’est-ce qui ne va pas dans les lignes ci-dessus ?

15:45 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (26)

vendredi, 13 avril 2007

Articles critiques sur la Toile

De plus en plus, la petite édition vit par internet. L’éditeur a un site qui lui sert de vitrine et de boutique de vente directe. De plus en plus surtout, la Toile sert de critique. Les articles de presse impossibles à obtenir lorsqu’on est un petit ou un micro-éditeur, on les trouve à présent dans les revues littéraires en ligne. Mes dernières bêtises, pourtant vraiment inavouables, ont été chroniquées en ce lieu, en cet autre, en cet autre encore. Bien entendu, je suis reconnaissant envers les personnes qui ont consacré à ma prose un peu de leur temps. Reste à savoir qui lit ces pages électroniques, quel est leur impact. Personnellement, l’opinion des courriéristes littéraires m’a toujours laissé totalement indifférent et je ne lis éventuellement les critiques qu’après avoir lu le livre, lorsque, d’aventure, j’ai décidé moi-même de l’acheter. Si l’ouvrage ne m’intéresse pas, les commentateurs pourront l’encenser durant six mois, cela me sera parfaitement égal (au pire, cela m’agacera). Peut-être, cependant, des lecteurs ont-ils besoin – ou simplement le goût – d’avis préalables, je ne sais pas.

10:15 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (3)

mardi, 10 avril 2007

Les marches de Feuilly

medium_portrait_2.jpgUn petit nouveau a su éclore il y a quelques jours au pays des blogs. C’est celui de l’ami Feuilly qui se jette à son tour dans la mêlée avec sa culture, sa raison et la grande distance calme qu’il observe toujours d’avec son sujet, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des opinions. Bref, c’est du Feuilly. Ça s’intitule Marche romane, sous-titré « Littérature, lectures et quelques propos sur le monde qui nous entoure » et c’est juste ici.

16:12 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 05 avril 2007

À un impoli

Paltoquet,

Vous avez oublié la grâce de la politesse et ce fleuve de miel qu’elle fait couler dans les cœurs. La politesse n’est pas l’obséquiosité, elle n’est pas l’aplatissement de la personnalité. Elle est le sourire de l’illusion d’un monde meilleur. Quand vous aurez appris à vous souvenir d’elle, vous pourrez m’appeler par la ligne téléphonique du sentiment. C’est le seul opérateur que je reconnaisse comme pouvant me présenter des offres susceptibles de m’intéresser. Alors, vous viendrez me voir non sans vous être assuré de mon accord quant au lieu et à la date et nous converserons, les yeux brillants. En attendant, continuez à étudier la grammaire de la médiocrité entre les feuillets de laquelle vous avez encarté un marque-pages d’ennui et de vulgarité. C’est Melville – le cinéaste – qui disait, je crois, que la vulgarité était un des mystères les plus absolus en ce monde. Il était dans le vrai : comment peut-on être vulgaire ? Comment peut-on être vous ?

mardi, 03 avril 2007

Racolage psychanalytique

Jusqu’à présent, les courriers indésirables que je recevais étaient de deux ordres : ceux que le système de messagerie identifie comme tels et trie d’office, que je détruis sans même regarder de quoi il s’agit (quel serait, autrement, l’intérêt du tri automatique ?) ; ceux qui me parviennent, théoriquement envoyés par des adresses réelles, ramassées sur la Toile par des robots et « volées » (par exemple, les messages me promettant deux milliards de dollars à condition que j’en avance un).

Je reçois aussi, mais je ne les considère pas comme des spams, des kilogrammes d’informations en provenance de musées, théâtres, galeries… Ce sont la plupart du temps des endroits où j’ai moi-même laissé mon adresse, mais aussi, souvent, des lieux dont j’ignorais tout : les fichiers d’adresses s’échangent. C’est la plupart du temps de nature artistique, donc cela ne me dérange pas.

Pour la première fois aujourd’hui, j’ai reçu un message – une véritable lettre, d’ailleurs – de prospection commerciale… appliquée à la psychanalyse. Les psys, à présent, racolent par internet. Je dis bien : racolent. Il n’y a pas d’autre mot. Une proposition de services contre rémunération, adressée à quelqu’un qui n’a rien demandé, c’est bien du racolage. Je trouve ça inimaginable. Voici le texte reçu ce matin.

« Madame Marie-Lise EHRET
Psychanalyste
17, rue Baudoin
75013 PARIS
Tél. : 01. 70. 69. 38. 57
06. 73. 74. 79. 16
psychanalysteparis.com
(Hauteur 47 de la rue Dunois)
Bus : 27 - 83 - 67
Métro -6 : National-Chevaleret

Paris 21 mars 2007

Madame, Monsieur

Bonjour,

J’ai l’honneur de vous faire part de l’ouverture de mon cabinet psychanalytique ce jour, à l’adresse ci-dessus.

Rompue professionnellement en cabinet et à l’hôpital, je suis à l’écoute de la souffrance des enfants comme de celle des adultes, en les soutenant de ma parole singulière.

Je serai très heureuse de vous rencontrer si vous en éprouviez le besoin.

La psychanalyse pratiquée est celle de Freud et Lacan.

Bien cordialement à vous.

Madame Marie-Lise EHRET
Psychanalyste ».

J’en suis resté comme deux ronds de flanc, comme on dit familièrement. La lettre est datée du 21 mars ; je suppose donc que, chaque jour, cette dame expédie un lot de courriers électroniques à des adresses glanées Dieu sait où. Passé le moment de stupeur, j’ai répondu.

« Madame,

Je voudrais bien savoir de quel droit vous encombrez ma boîte aux lettres avec ce genre de message.

Cette prospection commerciale me répugne et donne largement à penser au sujet de votre « parole singulière » – et même, singulièrement inopportune.

Je vous demande de supprimer définitivement mon adresse, obtenue par je ne sais quel procédé, de votre fichier. Ces méthodes sont consternantes et je n’éprouve envers elles qu’un mépris... singulier. Vous dites être rompue, eh bien, rompez !

Jacques Layani ».

14:05 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

Les éditeurs et moi, énième édition

À Feuilly

J’ai souvent rapporté ici mes déconvenues éditoriales, mes bonnes fortunes aussi, d’ailleurs. De nombreuses fois, j’ai expliqué que le fait d’avoir déjà publié un certain nombre d’ouvrages ne servait rigoureusement à rien et que, chaque fois, je devais repartir à zéro, sans qu’il soit possible de poursuivre sur mon aire. Une nouveauté, depuis hier, s’est produite.

Par divers relais de la Toile, j’avais, de lien en lien, appris l’existence d’une toute nouvelle collection publiée au Seuil sous la direction de François Bon. En règle générale, je me méfie autant des auteurs devenant éditeurs (au sens anglo-saxon du terme) que des professeurs devenant chefs d’établissement et se piquant alors de diriger leurs pairs, voire leurs collègues d’hier.

Ne voulant pas, toutefois, céder à cet a priori, j’ai contacté Bon, me réjouissant des objectifs qu’il exposait pour sa collection et, notamment, du fait qu’il n’y inclurait nul roman. Ainsi que je le fais habituellement, j’ai tout d’abord adressé à ce monsieur un courrier électronique. C’est d’ailleurs ce qu’il demandait sur son site : un message préalable. Nos méthodes s’accordaient, c’était parfait. Je lui ai donc écrit pour présenter un projet sans imposer de manuscrit. C’était bref, peu explicite, cela constituait un simple prélude à quelque chose de plus approfondi. C’était également, du moins il me semble, poli. Comme à l’accoutumée, j’ai fait suivre mes quelques lignes d’une très courte notice me concernant et de la liste de mes petites bêtises imprimées.

Il a fallu plusieurs jours pour que Bon réponde ceci, reçu hier soir :

« cher monsieur,

cette collection doit donner priorité à des auteurs n’ayant que très peu publié, c’est une astreinte que nous jugeons légitime

mais évidemment prêt à lire

cordialement

FB ».

Je livre sa réponse assortie de tous les sic possibles. Elle m’a été envoyée ainsi, sans capitales ni ponctuation, ce qui est déjà étonnant, et je ne parle pas de la sécheresse presque impolie du libellé ni du « cordialement » qui est devenu la formule passe-partout du courrier électronique (je l’avais, quant à moi, assuré de « mes sentiments littéraires et les meilleurs »).

Ainsi donc, alors que, venant de nulle part, j’ai eu toutes les peines du monde à faire paraître, depuis 1971 où j’ai commencé à entreprendre des démarches éditoriales, treize livres – treize ouvrages en trente-six ans – des livres invisibles (un épuisé, douze non diffusés ou presque), voilà que cet écrivain-éditeur m’oppose, en style télégraphique, le fait d’avoir trop publié. Ce qui peut aussi, d’ailleurs, se traduire par le fait qu’après avoir été trop jeune et inconnu, je suis trop vieux et inconnu. François Bon a un an de moins que moi, autant dire que nous sommes du même âge. Il préfère miser sur des jeunes, tant mieux pour eux, mais je trouve cela suspect. J’ai toujours trouvé le « jeunisme » suspect.

Il va de soi que je n’enverrai rien à ce monsieur. Il n’est pas question que je perde mon temps à attendre une réponse dont on me laisse déjà deviner entre les (maigres) lignes qu’elle sera négative. Non seulement mes « états de service » ne m’aident pas, comme je le disais en commençant, mais, pour la première fois, voilà qu’ils me desservent.

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lundi, 26 mars 2007

Honni soit qui lit et marche

Depuis toujours, au moins lorsque le temps le permet, je lis en marchant. Lorsque lire fait partie des fonctions vitales, on pratique comme on peut et, pourquoi pas, en marchant. On déjeune bien d’un sandwich en marchant. On ne s’arrête pas de respirer quand on marche. Alors ?

Eh bien, lorsqu’arpentant l’avenue, je tiens à la main un volume dans lequel je vole quelque pitance pour mon esprit que cette société a rendu mort d’ennui… on me regarde de travers. Je certifie qu’il ne s’agit pas de paranoïa. Ce ne sont pas des regards étonnés que je croise lorsque leur poids me fait lever les yeux de la page imprimée. Ce n’est pas la crainte de personnes que, ne les ayant pas aperçues, j’eusse pu bousculer en ne regardant pas où j’allais. Non non, je me fais bien regarder de travers. Lire est devenu honteux, indécent, que sais-je ? Lire en marchant est ressenti comme une agression. Envers qui, je me le demande bien. Envers ceux qui ne lisent pas, tout simplement. Se promener avec des écouteurs minuscules enfoncés dans les oreilles est accepté, considéré, même, comme normal. Imposer aux autres sa conversation hurlée dans un téléphone portable est devenu une attitude courante. Téléphoner en conservant ses écouteurs aux oreilles – mais si, mais si, c’est authentique – est accepté. Parler à quelqu’un tout en écoutant je ne sais quel message enregistré délivré par un téléphone cellulaire est devenu d’un commun… Mais lire en marchant, vous n’y pensez pas ?

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dimanche, 25 mars 2007

Intention de vote

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Ce n’est pas moi qui le dis, on le savait déjà dans La Nouvelle gazette de Namur, le 6 janvier 1954.

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vendredi, 23 mars 2007

La triste reine du petit pipi

Le non-cinéma, c’est celui qui consiste à faire rouler les personnages dans une voiture durant un temps interminable, alors que rien dans le scénario ne le justifie ; c’est celui qui consiste à faire boire un café à des personnages assis à une table durant un temps interminable, alors que rien dans le scénario ne le justifie ; c’est celui qui consiste à reproduire ixe fois ces mêmes situations tout au long du film durant un temps interminable, alors que rien dans le scénario ne le justifie.

Le non-cinéma, c’est l’artifice non dissimulé des scènes d’exposition, souvent trop longues d’ailleurs, durant lesquelles les personnages parlent, parlent et, en gros, racontent au spectateur ce qui s’est produit avant, ce qui suppose dès l’abord que le film ne sera qu’une tranche de vie, ce que je déteste, c’est-à-dire du roman filmé, c’est-à-dire une histoire, c’est-à-dire le contraire de l’art, celui-ci étant défini comme un propos vital du cinéaste, propos tenu dans une manière propre, personnelle.

Le non-cinéma, c’est la gratuité totale de certains plans, les ouvertures à l’iris ou les cadrages noirs absolument pas justifiés et distribués aléatoirement tout au long de la projection.

Le non-cinéma, c’est le déni de la vraisemblance non pas choisi comme une volonté artistique, esthétique, mais comme une faiblesse du scénario secourue par un montage raté.

Présenter un personnage solide, les pieds sur terre, un homme au physique costaud, et le montrer pris pour une femme étrange d’une passion folle, au point d’accepter qu’elle le vole ; qu’elle le fasse devenir un assassin ; qu’elle le ruine en lui faisant vendre à perte sa fabrique ; qu’elle le condamne à une cavale sans fin ; qu’elle l’empoisonne avec de la mort-aux-rats – cela, c’est un sujet intéressant qui devrait permettre d’explorer les abîmes de la perversité, de la déraison, du non-sens humain. On imagine ce que, dans des registres extrêmement différents, auraient pu en faire Sautet et ses non-dits, Melville et sa solitude glaciale et taiseuse, Visconti et ses fastes, ou, autrement, Hitchcock. Ce ne fut rien de tout cela dans ce film que j’ai vu hier pour la première fois et dont je tairai par charité cinéphilique le nom du réalisateur, considéré comme un très grand, je me demande bien pourquoi.

jeudi, 22 mars 2007

Livres à montrer

Ce n’est certainement qu’un effet de mode mais, depuis plusieurs mois maintenant, j’observe le retour d’une forme de décoration dans les lieux publics destinés à la consommation de nourriture et de boissons : les livres. Mais si, mais si, je dis bien : les livres, et vous prie de m’excuser pour cette absolue grossièreté. Il est devenu d’un commun de garnir (c’est le mot) quelques maigres niches pourvues d’étagères, de volumes achetés au poids. Mais attention ! Il importe toutefois que ces ouvrages dont personne n’a seulement lu les titres ne soient pas dépareillés. L’idéal serait qu’ils fissent partie d’une collection afin qu’ils restituassent un ensemble. Au pire, que les volumes exposés soient au moins de la même taille, afin que rien ne dépasse, surtout. Diable ! On n’imposera pas aux consommateurs payants la vision de ces rayonnages surchargés que nous connaissons tous, ces alignements classés en désespoir de cause – surtout lorsqu’on s’aperçoit que tel livre pourrait aussi bien être rangé ici ou là ; ces tablettes surchargées ; ces livres en travers, en biais, en double file. Non, non, il faut être propre sur soi et dans sa bibliothèque – j’allais dire : de fonction.

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mercredi, 21 mars 2007

Sur la route

Bien sûr, ce n’est pas du grand théâtre, ce n’est même pas du théâtre important, ce n’est pas du théâtre du tout, d’ailleurs, puisqu’il s’agit de l’adaptation scénique d’un roman ; bien sûr, le texte est plutôt faible ; bien sûr, le sujet est d’un conte : la fermière triste s’étiole auprès d’un mari ennuyeux quand survient le prince charmant sous les traits d’un photographe aux cheveux longs, elle ne le suivra pas pour que ses enfants n’en souffrent pas, il ne l’enlèvera pas parce qu’il sait qu’elle vivrait son remords à jamais ; bien sûr, rien de tout cela ne répond aux problèmes d’aujourd’hui ; bien sûr, ce théâtre-là n’est pas utile à qui que ce soit sinon en ce qu’il dit l’éternité des cœurs ; bien sûr, le décor de cuisine est fidèle à la petite cuiller près et toute une machinerie l’anime. Bien sûr…

Il reste ce fauve « qu’il ne faut pas secouer vu qu’il est plein de larmes » comme dit Pascal Bertschy, celui qui remplit la salle durant des mois à guichets fermés sur son seul nom, celui qui lorsqu’il entre et dit son premier mot doit se taire pour attendre, avant de poursuivre, que les applaudissements s’éteignent. Il reste celui qui a « cette façon solaire de soudain se redresser quand passe une jolie femme » comme l’écrit Christophe Passer. Il reste le samouraï de Melville, le beau gosse de Visconti, l’ami de Gabin et Ventura, le partenaire de Montand, de Simone Signoret, l’amant de Romy Schneider, de Mireille Darc, de Nathalie Delon, pour ne citer qu’elles – excusez du peu – qui ne s’en sont jamais remises. Il reste le regard bleu de légende. Alors, on va voir la pièce au théâtre Marigny.

samedi, 17 mars 2007

En signant Le Château d’utopie

medium_Untitled-5555.jpgLe taulier et la taulière seront demain dimanche 18 au Forum du livre de Paron-Sens (Yonne). Le minable taulier se livrera au lamentable exercice qui consiste à proposer des dédicaces à des lecteurs qui n’en ont pas besoin. À la fin de la journée, le taulier et la taulière rentreront bredouilles.

18:25 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (5)

lundi, 12 mars 2007

Revendiquer de

Il y avait jusqu’à présent, au moins de fait, une tradition d’écriture chez les présidents de la République française. Le Général savait écrire et parler, Pompidou n’était pas tout à fait nul non plus, Giscard a essayé et publié quelques livres sans intérêt, Mitterrand avait une réputation d’écrivain avant même d’accéder au trône républicain. Oui, Chirac a trahi cette cause-là comme toutes les autres, ce n’est pas une surprise. Mais qu’est-ce qui nous attend désormais ? Sarkozy est incapable de s’exprimer correctement et a autant de culture qu’un haricot sec flétri. Ségolène Royal est réputée pour ses bourdes et a dû ranger la syntaxe dans je ne sais quel placard, la grammaire dans le vide-poches de sa voiture et la cohérence du discours aux oubliettes. Par exemple : « La femme est un animal politique comme un homme, dans un milieu brutal. Je revendique de faire de la politique autrement à l’abri de cette brutalité », a-t-elle déclaré à Dijon, il y a quelques jours. Je ne savais pas qu’on pouvait « revendiquer de ». Je pensais benoîtement qu’on revendiquait une chose, c’est-à-dire que le verbe devait être suivi d’un article défini ou indéfini et d’un substantif. Non, pas pour elle. Elle, elle « revendique de faire ». Par ailleurs, elle n’a pas peur du non sens : « à l’abri de cette brutalité ». J’ignorais que la brutalité pût constituer un abri et qu’on pût y trouver, par conséquent, une situation rassurante. On pourrait continuer, tout ce qu’elle dit est farci de curiosités de ce genre. Je ne veux pas faire un relevé.

14:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (16)

dimanche, 04 mars 2007

Oui, je l’aime

Je n’aime pas les comédies. J’aime, au cinéma, les drames, les films très noirs qui montrent des sentiments exacerbés et font crever les personnages dans leurs contradictions, leur problèmes ou même leur bonheur, pourquoi pas ?

Je suis pourtant allé voir Je crois que je l’aime. Je précise que c’était pour Sandrine Bonnaire. Je n’aurais pas assisté à cette projection avec qui que ce soit d’autre. Chez moi, on l’appelle « la grande Sandrine ». Elle est dans l’éclat de sa maturité, elle a quarante ans cette année, elle est lumineuse : ses yeux brillent, son sourire est éclatant de beauté et de confiance.

Cette comédie, donc, est intelligente, c’est-à-dire qu’elle fait rire intelligemment. Pas de tarte à la crème, pas de loufoquerie, on ne se tape pas sur le ventre et, ce faisant, on ne tape pas sur les nerfs du spectateur, non plus. Ce n’est pas du grand cinéma, c’est juste un bout d’émerveillement.

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Et puis, on s’aperçoit, en y repensant lorsque le boulevard Sainte-Réalité se déroule devant soi à la sortie de la grande salle quasi déserte (quatre ou cinq spectateurs seulement lors de cette séance de midi trente), que le réalisateur manipule son public, qu’il l’amène où il le désire avec talent. Dès le début, on adopte, sans même s’en apercevoir, le point de vue du personnage incarné par Vincent Lindon, Lucas : on trouve ses agissements normaux, évidents. Aux trois quarts du récit, le point de vue change insensiblement et l’on s’aperçoit que c’est celui d’Elsa (Sandrine Bonnaire) qu’on présente et qui est le bon, en tout cas : le plus juste. J’aime bien me faire prendre ainsi, même si ce n’est pas une invention de Pierre Jolivet, j’aime qu’on se joue un peu de moi en art. D’autant que les ficelles ne se voyaient pas et qu’il n’y a pas de manque de respect du spectateur dans ce film toujours fin. Quelques légères erreurs (la scène des pizzas, trois fois) n’entachent rien. Le rendu de la durée – ma principale préoccupation – est très correct. Le personnage du détective Roland (François Berléand) est savoureux.

À la sortie du film, il y a quelques jours, Le Parisien, journal qui ne sait rien mais qui dit tout, avait écrit qu’il s’agissait de la première rencontre entre Lindon et Sandrine Bonnaire. L’excellent journaliste avançait que personne n’avait encore eu l’idée de les réunir. On le renverra simplement à Quelques jours avec moi, tourné par Sautet il y a vingt ans, en 1987.

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mercredi, 28 février 2007

Ne pas y croire

Dans les lettres que Simone de Beauvoir envoie à Jacques-Laurent Bost qui effectue alors son service militaire à Amiens, je lis, en 1939, cette farouche volonté de ne pas croire à la guerre prochaine. Mieux : une volonté d’affirmer qu’elle n’aura pas lieu. On sent, dans son propos comme dans ce qu’elle rapporte de la vie à Paris à ce moment-là, que chacun, espérant évidemment la paix, se prend à créer de toutes pièces des raisons de nier le conflit qui menace. Des raisons politiques, économiques, tout ce qu’on voudra. On est prêt à inventer des raisons et à s’autosuggestionner tant on refuse l’idée de guerre. Naturellement, je ne me moque absolument pas d’une telle attitude, combien compréhensible. Et puis, il est si facile lorsqu’on connaît la suite de l’histoire, d’ironiser tranquillement en dactylographiant une note. Ce n’est certes pas mon but.

Je veux simplement dire ce dont je viens de prendre conscience, au lu de ces lettres d’amour. Ce qui est frappant, c’est le raisonnement totalement erroné.

Le lundi 28 août 1939, Simone de Beauvoir écrit : « Paris est assez mort, restaurants, boutiques fermés, mais ça sent les vacances beaucoup plus que la guerre. Les cafés, les cinémas sont pleins et les gens ont des visages souriants. Je crois que personne ne croit à la guerre ; Sartre n’y croit pas non plus. Naturellement, on est un peu impatients et nerveux aujourd’hui à attendre la réponse d’Hitler, mais dans l’ensemble il n’est pas dans une situation à engager une guerre. Le Japon a fait volte-face, l’Italie le lâche, l’Espagne a annoncé sa neutralité, l’Amérique est décidée à nous aider et surtout, on ne commence pas une guerre avec une carte de pain ; il ne semble pas que l’opinion publique en Allemagne soit des plus satisafaisantes pour Hitler. Maintenant, comme disait tout à l’heure un type au café de Flore, il faut toujours compter avec la connerie. Ce qu’on peut dire, c’est que l’Allemagne est bien mal partie pour une guerre et que si ça éclatait elle n’aurait pas bonne mine et sans doute ça ne durerait pas longtemps. En revanche, si ça n’éclate pas, c’est un dégonflage allemand et vraisemblablement on peut compter sur des années de paix après ça ». Elle ajoute un peu plus loin : « À Paris chacun pense ainsi et le ton est nettement à l’optimisme ».

Deux jours plus tard, le mercredi 30 août, elle note : « Nous continuons à être pleins d’espoir car malgré tout, des négociations sont engagées, le Parlement anglais n’a pas été rappelé plus tôt ; et il semble de moins en moins possible qu’Hitler puisse vouloir une guerre, il n’aurait pas bonne mine. Tous les journaux sont à l’optimisme et à Paris tous les gens aussi. Naturellement l’attente n’en est pas moins énervante ; on passe de drôles de journées, rythmées par les éditions des journaux ».

Simone de Beauvoir et Jacques-Laurent Bost, Correspondance croisée, 1937-1940, Gallimard, 2004.

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samedi, 17 février 2007

Encore un lieu de la maison Layani

Le taulier, estimant que trois sites et trois blogs, c’est peu de chose, vient d’ouvrir un quatrième blog consacré à une chanteuse qu’il aime depuis longtemps, depuis trente ans, depuis mille ans, Marie-Paule Belle. Dans la colonne de gauche, un lien indique le chemin à ceux, parmi les promeneurs de la rue Franklin, que cela intéresserait éventuellement, en admettant qu’il y en ait (des intéressés, pas des promeneurs).

20:45 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (8)

samedi, 10 février 2007

Des racines, par Martine Layani-Le Coz

Du matin au soir, Firmin travaillait à l’hôpital de Bicêtre, comme infirmier. Ensuite, il allait au Fort, cultiver un bout de jardin. Justine, entre deux lessives sans machine, cousait les vêtements de la famille, quand des commandes pour quelque particulier lui en laissaient le temps. Leur vaisselle venait de primes, de collections sorties des chicorées ou de paquets de biscottes. Tous les restes étaient accommodés en leur temps. La discipline dans laquelle étaient tenus les trois enfants était courante et sans contestation. Ils n’étaient pas dans la confidence des profits et pertes.

Cependant, tous les enfants grandissent un jour. La première fille, Yvonne, avait trouvé du travail, mais restait avec ses parents. En prenant de l’âge, ceux-ci avaient envie d’une maison à la campagne, pas trop loin. Ils finirent par trouver une ancienne ferme. Ils s’y rendaient en été et, année après année, l’aménagèrent. Un jardin, indépendant de la maison, réveillait en ces anciens travailleurs agricoles leurs gestes de jeunesse.medium_Aillant_1933.jpg

Le deux-pièces a d’abord laissé s’envoler Roger, qui s’est marié puis est parti à la guerre. C’est alors que la maison a recueilli sa femme et leur garçon – il était prisonnier en Allemagne. Les deux filles, Yvonne et Andrée, occupaient l’appartement. Entre-temps, Andrée elle aussi travaille. Elles aident leurs parents de leur mieux. Pendant l’Occupation, elles vont à bicyclette dans cette campagne éloignée de plus de cent kilomètres. Firmin et Justine élevaient un ou deux lapins et des poules, cela valait le voyage.

Après la guerre, le deux-pièces abrite les deux sœurs. Puis Andrée se marie et vit un temps dans une chambre meublée jusqu’à la naissance du premier enfant. L’enfant né, ils y vivent – comme bien souvent avant 1955 – à quatre : un couple avec enfant et la sœur célibataire. À la naissance du second enfant, le couple enfin trouve une petite maison mitoyenne à louer en banlieue, à Juvisy-sur-Orge. Et la maison de la campagne, où Firmin et Justine ont élu retraite, accueille la famille aux vacances. Ô combien les fruits et légumes du jardin avaient-ils de goût. Le lait venait de la ferme d’en face, comme les lapins ou les œufs.

medium_Aillant_1950.jpgMais Firmin ne verra pas 1955. Justine, restée seule dans cette maison, supporte mal son départ brutal et revient vivre avec Yvonne, dans le deux-pièces du Kremlin. Justine décède en 1968. Le deux-pièces sera abandonné en 1971, à la retraite d’Yvonne. La maison sera alors ouverte de début mai à fin octobre. Au creux de l’hiver, Yvonne habite chez sa sœur, dans un appartement loué cette fois plus près de Paris. Cette génération aménage la grange, fait installer une salle de bain et des toilettes. À partir de Pâques et jusqu’à la fin de la belle saison, on vient y passer de nombreuses fins de semaines.

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Cette maison a vu aujourd’hui arriver le gaz de ville.

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