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lundi, 23 avril 2007

Ce que j’en dis

Adoncques, Sarkozy est élu. Ce n’est pas une surprise, nous le savions tous, nous le disions depuis des mois et des mois. Il sera même réélu en 2012. Après, on verra.

La pitrerie de la présence de la gauche au second tour ne trompe personne. Mme Royal a fait le plein de ses voix, il n’y a quasiment pas eu d’abstention, les reports des voix de gauche, s’ils se font, ne compenseront pas l’écart. Il faudra en appeler aux voix données hier à l’UDF, cette UDF que le parti socialiste avait mis à la porte en 1981 en la personne de son fondateur, et vers laquelle il se tourne maintenant, quoi qu’il en dise parce que, s’il y a un espoir pour lui d’être élu en mai, c’est là qu’il se tient.

Faut-il rappeler que la présence au second tour n’est pas un droit ? Pour figurer dans la deuxième partie de la compétition – car c’est bien d’une compétition qu’il s’agit, n’est-ce pas ? – il faut n’avoir pas déçu antérieurement. Si les socialistes avaient mené une politique de gauche depuis 1981, ils n’auraient pas été évincés en 2002, ils n’auraient pas été contraints d’agiter le lamentable épouvantail du « vote utile » depuis des semaines. Je ne voterai pas au second tour et cela ne changera rien aux résultats (je dis cela avant qu’on m’accuse de faire le jeu de Sarkozy). Je ne voterai pas parce que je ne vote plus socialiste depuis fort longtemps parce que je veux une politique de gauche et que je ne l’attends plus des socialistes depuis, au moins, 1983-1984.

On me dira que Sarkozy n’a pas, lui non plus, de réservoir de voix. Il n’en a arithmétiquement pas besoin. On est parti pour dix ans en sa compagnie.

Dimanche soir, j’ai entendu, au cours de l’allocution de Ségolène Royal : « que vous m’avez-t-apporté », « si vous me (suivi d’un présent)  j’aurai-z-à cœur » et une troisième bourde que j’ai oubliée. J’avais dit il y a quelques jours chez Dominique qu’en cette période où les candidats faisaient, chaque jour, je ne sais combien de déclarations, de discours, accordaient je ne sais combien d’entretiens, personne n’était à l’abri d’une erreur ou d’un lapsus. J’avais dit cela, dans un suprême effort d’objectivité, à la décharge de Sarkozy qui avait parlé de « fatitude  ». Mais là, je ne peux pas : il s’agissait d’un texte mûri, dûment réfléchi, dit tardivement : le temps de sa préparation n’avait pas manqué. C’était le moment ou jamais d’être impeccable.

10:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (29)

Commentaires

Le Monde titre : "Pour la presse internationale, la France est coupée en deux". Oh, la belle découverte ! C'est ainsi depuis que je suis né, au moins. Grosso modo, il y aura toujours en France une personne de gauche et une personne de droite. Au fil des années, des circonstances, on a 50-50, 51-49, 52-48, au pire 54-46. Cela ne changera pas. Le reste est une plaisanterie.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 23 avril 2007

Quel défaitisme, Jacques !
Et pourtant mon probable vote blanc au deuxième tour sera comparable à ton geste. Désenchantement ici aussi, mais pour une raison plus verdo-centriste.
(L'UDF de 2007 est quand même plus à gauche que celle de 1981, non?)

Écrit par : Richard | lundi, 23 avril 2007

Non, Richard, l'UDF reste le centre, c'est-à-dire... comment l'exprimer sans paraître insultant, ce qui n'est pas du tout mon intention ? Quelque chose de mou. Sans insulte, encore une fois. Le résultat de Bayrou dimanche soir est un épiphénomène, comme l'était celui de Le Pen en 2002 : la conséquence de circonstances. Le Pen a retrouvé hier une place plus discrète, Bayrou disparaîtra d'ici quelques semaines ou quelques mois. Je veux dire par là que les députés UDF qu'amèneront les prochaines législatives voteront les lois de l'UMP. Pourquoi ? Parce que c'est l'histoire du centre, c'est historiquement comme ça.

(A présent, Dominique Autié et Guillaume interviendront sûrement).

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 23 avril 2007

L'incertitude aujourd'hui, c'est que le total de la gauche n'atteint pas 37 %, le score le plus bas jamais enregistré depuis 1969, mais que l'on ne sait pas trop où ranger les 18 % centristes (parce qu'il y a des électeurs de gauche dedans, mais dans une proportion homéopathique à mon avis, car cela concerne d'abord des bobos communicants parisiens). En outre, on ne peut pas trop se réjouir de voir le faible score du FN dû pour une part à la participation (le FN prospère sur l'abstention), mais aussi au report de 1,5 millions de voix sur l'agité qui va devoir donner encore plus de gages à une droite très à droite. Personnellement, je crois que le centre penchera comme il a toujours penché, à droite. Il ne lui sert à rien de vouloir rallier la gauche, car il s'est toujours fait élire sans ces électeurs de gauche (et quand il l'a fait comme dans le cas des fameux ministres d'ouverture de Rocard, on a vu ensuite qu'ils n'hésitaient pas à s'allier ensuite avec l'extrême droite pour conserver leur mandat comme Soissons, voire à regagner le bercail comme Rausch). Et ils rejoindront alors une droite très droitisée où les thèmes de l'extrémisme sont dits par des personnes plus présentables en apparence... C'est la finisation de la vie politique, à la mode italienne.

Écrit par : Dominique | lundi, 23 avril 2007

Voilà, Dominique dit aussi cette vérité historique du centre : il se retrouve toujours à droite.

J'ai bien compris que Sarkozy devra donner des gages à l'extrême-droite, c'est bien évident. C'est un choix qu'il a fait puisque tout était bon pour être élu, absolument tout. Et pour moi, il est élu : le reste n'est qu'une formalité. Dix ans avec lui...

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 23 avril 2007

Je me permets de répondre à ton billet en citant un commentaire que j'ai écrit ce matin dans mon "carnétoile" :

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Blague à part, la Nouvelle République titre "Le sursaut - Les résultats du 21 avril effacés", ce qui me plonge dans la stupéfaction : pour ma part, je me trouve dans la même situation qu'en 2002, c'est-à-dire choisir entre un mauvais candidat et un candidat horrible. J'avais voté Chirac la mort dans l'âme, mais je n'ai guère envie de rééditer ce genre de facétie macabre. Avant le premier tour, j'avais dit que je n'étais pas sûr de voter Royal face à Le Pen, alors, face à Sarkozy, je ne suis guère plus avancé.

Soyons sérieux : cette femme est totalement imprévisible, démagogique, ne propose rien de solide, emploie des truismes même pas écrits en français du style "faire la démocratie participative". Quand je dis ça, on me répond qu'il y a son entourage ; certes, mais quel est-il ? Fabius ? Jack Lang ? Arnaud Montebourg ? Ces gens-là sont tout aussi inenvisageables que les copains de Sarkozy.

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Je trouve que nous nous rejoignons pas mal, non, cher Jacques ? Mon vote nul du second tour sera tout à fait centriste, pour une fois (et quoi que je ne sois pas centriste...)... mais j'espère qu'on n'en prend "que" pour 5 ans de Sarkozy, quand même...

Écrit par : Guillaume Cingal | lundi, 23 avril 2007

Ah, au fait, comment fais-tu pour "justifier" les commentaires ? (Depuis bientôt deux ans que "Touraine sereine" existe, il serait temps...)

Écrit par : Guillaume Cingal | lundi, 23 avril 2007

Non, ça, je peux t'assurer qu'on en a pour dix ans. En France, on remet ça, toujours, sauf pour Giscard qu'on a remercié et, avant lui, Pompidou qui est décédé en cours de route. Autrement, on remet ça, c'est sûr : surtout depuis que le mandat est de cinq ans... J'ai toujours été contre cela, d'ailleurs. Cette durée n'a été retenue que pour permettre de l'ajuster à celle du mandat législatif, de façon à éviter une cohabitation. Pas du tout par volonté démocratique de ne pas conserver le pouvoir trop longtemps. Au contraire.

De Lang l'omniprésent, j'ai toutes les raisons de me méfier, d'autant que je l'ai pratiqué durant des années au ministère de la Culture. Ce type mourra devant une caméra de télévision. Il sera là jusqu'au bout, avec ses paillettes et la bouche ouverte pour attraper une miette du gâteau.

De Montebourg, je redoute le pire. Ce type porte l'ambition personnelle écrite sur son visage. Il me fait très peur, intellectuellement parlant. Il sera prêt à tout. En 2017 au plus tard, il sera candidat.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 23 avril 2007

L'offensive de l'UMP a commencé : ses membres s'efforcent de convaincre le supposé centre qu'il est et a toujours été proche de la droite. Ce n'est pas moi qui le dis (moi, je l'ai déjà dit). Extrait du Monde d'aujourd'hui :

"14 h 00 : Les Français ayant voté François Bayrou au premier devraient voter à 54 % pour Nicolas Sarkozy au second, et à 46 % pour Ségolène Royal, selon un sondage IFOP-Fiducial pour M6 réalisé dimanche soir.

12 h 45 : Jean-François Copé pense que les électeurs UDF se reporteront "naturellement" sur Nicolas Sarkozy au deuxième tour, car il faut "distinguer les électeurs de l'UDF de François Bayrou lui-même".

10 h 30 : L'UMP annonce la création, pour le second tour, d'un "pôle centriste" et d'un "pôle de gauche", qui sera animé par le transfuge du PS Eric Besson. S'agissant des électeurs UDF, M. Fillon estime que "beaucoup d'entre eux sont historiquement, idéologiquement, politiquement proches du projet de Nicolas Sarkozy", ajoutant qu'il pensait "les convaincre".

Sur Europe 1, Alain Juppé loue, pour sa part, la "longue habitude de travail avec l'UDF". "Beaucoup d'électeurs et de responsables ont envie de continuer ce travail en commun", ajoute-t-il, assurant qu'il a toujours eu"de très bonnes relations personnelles avec François Bayrou"."Il a fait partie de mon gouvernement, nous nous connaissons bien, j'apprécie la personne, je ne suis pas d'accord avec sa stratégie politique, cela nous empêche pas d'avoir des sentiments d'estime réciproques".

8 h 30 : Jean-Louis Borloo juge "nécessaire" et "indispensable" que des membres de l'UDF "soient massivement au gouvernement" en cas de victoire de Nicolas Sarkozy. Rappelant que l'UDF est une formation "traditionnellement alliée de la droite", Jean-Louis Borloo ajoute que ce rapprochement doit se faire "dans la clarté et la confiance", et non dans le "débauchage".

8 heures : Les "valeurs" portées par François Bayrou sont "beaucoup mieux incarnées" par le candidat de l'UMP que par Ségolène Royal, estime Brice Hortefeux."

Que Dominique Autié et Guillaume veuillent m'excuser : ils sont trompés.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 23 avril 2007

Ce que je trouve de particulièrement comique chez le Grand Homme, c'est sa capacité à vouloir reproduire exactement les gestes du passé. Cet homme est atteint d'une sorte de psittacisme aggravé. Je ne savais pas hier soir qu'il s'était promené longuement dans Paris dans une voiture dont la vitre laissait apparaître son coude négligemment posé sur le bord et qu'il avait été alors suivi par la moto-crotte de France 2. Il avait déjà piqué beaucoup de choses à tous ses prédécesseurs comme son affiche, mais il a voulu nous refaire le coup de Chirac en 95 (sauf que celui-ci n'était pas accompagné de deux poufiasses blondes décolorées venues d'on ne sait où, mais de sa femme). On dirait qu'il se fait un film à sa gloire en récrivant ce qui existe déjà. Plus j'y pense, plus il me fait songer à une sorte de Ceaucescu...

Écrit par : Dominique | lundi, 23 avril 2007

Les deux jeunes femmes sont les filles de Cécilia Sarkozy. Il a en effet fait une promenade dans Paris, fidèlement suivi par la télévision, le long d'un itinéraire manifestement neutralisé puisqu'on a vu son chauffeur passer au feu rouge.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 23 avril 2007

Excusez-moi, je débarque, tardivement, d'une après-midi entière hors-les-murs, donc loin de l'écran. Je découvre vos échanges. Et, Jacques, vous sembliez guetter ma réaction. Alors, en vrac (comme moi, à 19 h 30, ce soir, vous écrivant ceci…) :
1. J'ai cru le signifier dans mon texte, très spontané, d'hier soir : il y a, parmi ceux qui ont voté pour François Bayrou, une proportion (laquelle ?) d'irrécupérables, dont je fais partie ; de (braves ?) gens qui ont cessé de croire que le marketing politique puisse cacher autre chose qu'une grande misère morale, spirituelle, intellectuelle, culturelle, etc. Pour vous épargner de longs arguments, disons que nous avons vécu, sans nous concerter, quelques semaines d'utopie autour de la figure de cet homme, qui déclare avoir lu Simone Weil à quinze ans et en avoir été marqué à jamais. Peut-être n'est-ce que dans dix ans, effectivement, que des figures comme celle-là (je reviens à François Bayrou) seront les seules qui resteront disponibles face à des désastres (là, on peut faire quelques pronostics, tout de même) dont nous imaginons encore mal les conséquences. En tout cas, le bipartisme politique français auto-érigé en norme ne sera même plus objet de débat, ce sera une curiosité historique, peut-être…
2. Vous associez la démarche politique non bipolaire à une forme de mollesse. Hier, je lisais que parler de la tristesse des électeurs de françois Bayrou était un pléonasme. Avez-vous conscience qu'une telle appréciation, un tel sentiment, sont pure projection d'une vision intime que vous vous faites du jeu démocratique, et en cela éminemment respectable – mais qu'il n'y a vraiment aucune substance derrière ce sentiment de tristesse, ou de mollesse que puisse venir conforter les faits. Je n'ai jamais parlé autant politique que ces dernières semaines, et je ne rencontrais que des électeurs de François Bayrou autour de moi, comme par magie ! et soudain, justement, nous trouvions des mots, un ton, des idées que nous n'aurions jamais pensé échanger un jour : cela s'est produit avec plusieurs personnes qui sont mes clients, à qui je ne connais aucune complaisance pour la mollesse triste !
3. Tout cela pour vous confirmer qu'il n'existe pas (plus) pour moi de débat politique d'ici le 6 mai, mais un show, une foire commerciale, une période de soldes.
Il va sans dire que ma piété pour la démocratie m'interdit tout commentaire, toute mauvaise pensée sur mon pays, qui a fait ces choix-là hier.
Ne vous inquiétez pas trop de moi, je suis hors sujet, il me semble. Si près de la mort, je m'accorde un peu d'illuminisme. Ou, comme je l'ai dit, considérez que je suis un peuple premier à moi tout seul !

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 23 avril 2007

Je n'ai pas pu répondre hier soir, pardon.

Entendons-nous bien. J'ai cherché un mot sans vouloir être insultant, je l'ai bien précisé plus haut. J'ai parlé de mollesse sans jamais appliquer cela aux individus mais au centre et à son histoire. Uniquement.

Si ce qu'on appelle la bipolarisation existe, c'est précisément parce que le centre n'a jamais été à même d'exister sans glisser à droite. Dominique a même cité des noms. C'est toute l'histoire de cette tendance qui en témoigne. Je vous écris aujourd'hui que les députés de l'UDF qui seront élus bientôt voteront les lois de l'UMP. Nous verrons si je me trompe.

Cela étant, nous sommes d'accord, tout ce qui se passera d'ici le second tour relève d'ores et déjà de la foire commerciale et du spectacle de mauvaise qualité.

Et pourquoi ne m'inquièterais-je pas de vous ? Je m'inquiète toujours de ceux que j'estime.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 24 avril 2007

Cher Jacques, je n'ai rien vu d'insultant dans vos propos, rassurez-vous. Et j'avais compris que votre allusion touchait un "centre mou" historique, regard que nous ne pouvons que partager, étant donné notre âge (Lecanuet était, effectivement, un grand mou triste… et voyez comme cette image colle aux semelles depuis plus d'un quart de siècle !).
Vous avez de nouveau raison sur le destin des députes UDF. Voir les lignes ordurières publiées ce matin sur le site du NouvelObs (ici : http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/topnews_reuters/20070424.REU0489/douze_deputes_udf_prets_a_rallier_sarkozy_selon_santini.html)
Nous serions donc pratiquement d'accord sur l'essentiel, je vois. À ce point près, s'il a quelque intérêt : il y aurait des lieux pour l'idéalisme, l'utopie, le rêve, et le centre, tel qu'il est défini dans notre lexique politique, ne compterait pas parmi ces lieux. Mais je sens combien mon approche peut déconcerter, surtout si vous me poussiez à la développer. Vous vous diriez sans doute assez vite que je suis sous camisole chimique ou que j'ai fumé la moquette…

Écrit par : Dominique Autié | mardi, 24 avril 2007

Eh bien ! je viens de lire l'article que vous indiquez. A côté, mes propos sont très gentils !

Non, non, développez, je vous en prie. Quant aux expressions que vous citez, vous savez, je pense, qu'elles ne font pas partie de mon lexique.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 24 avril 2007

Au fond, ce qui me vient est simple – simpliste, même, j'anticipe le reproche : après avoir tant souligné le désenchantement de nos contemporains devant la politique, au point de ne même plus discerner le prix de la démocratie, je déplore aujourd'hui qu'on se soit acharné à ne pas entendre la part de sincère enthousiasme qu'a su réveiller la campagne de François Bayrou. Cet élan-là mérite qu'on s'y arrête un instant, juste pour comprendre de quoi il est fait. Ce serait la tâche d'un journaliste d'opinion (qui ne se pisserait pas dessus).

Écrit par : Dominique Autié | mardi, 24 avril 2007

Je veux bien admettre que cette campagne a soulevé un enthousiasme sincère, mais n'est-ce pas par opposition, simplement, aux schémas habituels ? "De quoi il est fait" serait cela : d'un besoin d'échapper aux carcans. Vous me direz que c'est la preuve de l'existence de ce besoin. Certes.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 24 avril 2007

Avec un zeste d'autre chose, que je mesure mal. Mais votre idée de carcan (le formatage, les panels…) est juste, il me semble.

Écrit par : Dominique Autié | mardi, 24 avril 2007

"Si les socialistes avaient mené une politique de gauche depuis 1981, ils n’auraient pas été évincés en 2002": malheureusement, le tournant de 83-84 était voulu par l'opinion et les deux ans de Fabius au gouvernement ont permis de limiter la casse aux législatives de 86.
Je crois que vous êtes optimiste lorsque vous évaluez un rapport permanent droite gauche (surtout celle que vous souhaitez) autour des 50/50.

Je ne comprends pas l'abstention quand on se retrouve face à un type soutenu par de Villiers et Le Pen (sans compter Berlusconi ni le mec du MSI), qui a tenu des propos inadmissibles (considérations sur les Arabes plus intégrables que les Noirs mais moins que les Européens, sur la génétique, sur les enfants "déviants" qu'il faut ficher...), qui menace les libertés fondamentales, intimide les médias, demande des sanctions contre les juges, sans parler de la politique "sociale" qu'il compte mettre en place. Je me demande bien ce qu'il vous faut. Sarkozy, c'est vraiment le candidat de la honte. Même Arlette Laguiller appelle à voter pour Ségolène, c'est dire. Avant même tous les "dérapages" de Sarkozy (qui ne reflètent que sa pensée et son "bon sens"), Todorov, qui se définit pourtant lui-même comme un "centriste mou", montrait dans un papier dans Le Monde ce qui était à l'oeuvre dans ce discours droitier, qui n'a jamais été si doctrinaire.


Il y a toujours eu une sorte de jubilation chez certaines personnes à contempler les ruines de la gauche, à l'accabler (pour le PC, le pacte germano-soviétique, c'est la faute à Léon Blum, qui a laissé tomber l'Espagne; tout comme l'Occupation, à droite, est la conséquence des congés payés et on n'a eu que ce que l'on méritait, il fallait faire pénitence). C'est sûr, que dans tous les cas de figure, vous vous en sortirez avec la conscience intacte. Cette position, finalement bien plus commode, ne se réduit-elle pas à un centrisme mou, au milieu des 50/50 que vous décrivez?

Je dois dire que j'éprouve une forme d'écoeurement tout de même, à m'être "battu" activement je crois, contre une politique, pendant cinq ans, aux côtés de personnes pour qui, au fond, on comprend qu'il ne s'agit que d'une formalité, d'une posture, d'un minimum syndical, d'un ethos rhétorique. Je suis nihiliste, mais pas à ce point.

Je me sentirais honteux, au lendemain de l'élection de Sarkozy, de n'avoir rien fait contre elle (même s'il ne s'agit que d'une voix, qui effectivemment ne pèse pas grand chose), vis-à-vis de personnes désignées comme une catégorie inférieure et responsable de tous les maux de la France. Certes S. Royal fait des fautes (moins que Sarkozy et autant que Bayrou), mais il faut au moins lui reconnaître une chose (mais à Bayrou aussi): un humanisme certain. L'enjeu de l'élection se situe là, au minimum.

Écrit par : gluglups | vendredi, 27 avril 2007

Vous rejoignez donc l'opinion de Dominique Autié: faire barrage à Sarkozy à tout prix. Je crois aussi que c'est ce qu'il faut faire, même si c'est la mort dans l'âme (après on regrettera d'avoir mis Ségolène là où elle est, comme on a pu regretter d’avoir élu Chirac). Finalement on se retrouve comme en 2002. Mais la démocatie est sauve, cette fois, disent certains. Pas du tout, puisque le petit Nicolas, futur grand calife, a repris une bonne partie des idées de Le Pen.
En plus, si Le Pen avait une seule bonne idée, c'était de s'opposer à l'Europe pour défendre la patrie (Jeanne d’Arc et patati et patata...). En faisant cela il s'opposait peut-être sans le vouloir à l'hégémonie capitaliste. Sarkozy, lui, bradera la France pour le capital international. Nous voulons bien de l’Europe, pour autant qu’elle soit sociale ou à tout le moins humaine. Il suffit de voir le projet de constitution pour comprendre. Les Français s’y étaient opposés avec force et voilà qu’ils mettent à la tête de l’Etat un partisan de cette constitution. Allez comprendre.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 27 avril 2007

Je ne crois pas que les Français se soient exprimés avec force contre le TCE... Il y a eu une nette majorité de non, mais ce n'est sans doute pas dû tellement au texte du traité (dont les parties dites litigieuses reprenaient en fait les traités antérieurs) qu'à la campagne qui avait été menée par les partisans du oui. J'étais au départ favorable au TCE comme je l'avais été pour Maastricht, mais quand j'ai commencé à entendre dire qu'il n'y avait pas d'autre vote possible que le oui, que c'était ça ou rien, quand j'ai entendu dire qu'il n'y avait pas de plan B et que les partisans du non aurait inventé l'existence d'un plan B (lequel n'a jamais existé que dans le discours des partisans du oui), que l'on en reviendrait au mauvais traité de Nice (non soumis à référendum et défendu autrefois par Moscovici qui ne manquait pas de culot en disant qu'il fallait le TCE parce qu'il avait totalement raté Nice), que l'on imputait le plombier polonais à des gens comme Fabius alors que c'était une invention de Bolkestein (et avant de Philippe Val, partisan du TCE), que l'on était fondamentalement raciste en n'étant pas pour le TCE, que l'on allait bloquer toute l'Europe, que l'on serait banni de la communauté internationale, je me suis dit que lorsque l'on en vient à une telle nullité d'argumentation, ce n'était pas possible et tenable. Mais l'argument le plus décisif pour moi était le caractère irréversible du TCE : il était interdit non pas de le réviser, mais de pouvoir en sortir. Or tous les traités posent une clause de sortie, on agit ainsi depuis le droit romain. C'était une monstruosité juridique par ce point. Et c'est pourquoi j'ai voté non, mais la campagne en faveur du oui m'a bien aidé à me forger ce choix : les défenseurs du oui ont été particulièrement odieux en refusant à leurs adversaires toute possibilité de débat et en les enfermant dans des caricatures ineptes. Et je crois que c'était cette arrogance qui a été sanctionnée.

Écrit par : Dominique | vendredi, 27 avril 2007

"malheureusement, le tournant de 83-84 était voulu par l'opinion" : ah ? Quelle opinion ? Je ne me rappelle pas une telle chose. Pourtant, j'avais 31-32 ans, je n'étais pas encore gâteux. J'ai seulement le souvenir de la manifestation en faveur de l'école privée qui avait fait reculer Mitterrand et l'avait fait désavouer Savary (c'était son premier reniement par rapport aux 110 propositions). Cela dit, je n'ai aucun souvenir de l'opinion demandant l'arrêt des réformes. C'est Delors qui avait demandé en 1983 une pause des réformes. L'année d'après, on virait Mauroy et on avait Fabius.

Quand on a fait les mêmes manifs en 2003 pour les retraites, Raffarin n'a pas reculé, lui. Ce n'était donc pas obligatoire. Tiens, vous savez ce que ça me rappelle, 2003 ? Rob, nous traitant tous les deux d'"observateurs mondains". Je lui avais expliqué mon "parcours", comme on dit, et que j'avais même adhéré au PS vers 1977-1978. Il était revenu sur sa position.

"les deux ans de Fabius au gouvernement ont permis de limiter la casse aux législatives de 86" : ah ? C'est pourtant de là qu'est sortie la première cohabitation.

En ce qui concerne votre portrait de Sarkozy, vous savez bien que vous prêchez un convaincu. Mais d'abord, il est gagnant arithmétiquement, dès à présent. Ensuite, toute l'histoire des socialistes montre qu'il font la même chose en douceur, c'est-à-dire plus hypocritement. les privatisations sous Jospin, par exemple.

"Il y a toujours eu une sorte de jubilation chez certaines personnes à contempler les ruines de la gauche, à l'accabler" : oh non, pas du tout, vraiment pas du tout, vous savez. Oh non !

"Je me sentirais honteux, au lendemain de l'élection de Sarkozy, de n'avoir rien fait contre elle " : non, pas ce discours culpabilisant, je vous en prie. C'est comme ça qu'on m'a fait voter Chirac en 2002 alors que tout le monde le sait aujourd'hui, Le Pen ne serait pas allé plus loin de toute façon. Là encore, arithmétiquement.

"Certes S. Royal fait des fautes" : ça, je m'en fous ; ça m'énerve sur le moment, mais je m'en fiche.

"mais il faut au moins lui reconnaître une chose (mais à Bayrou aussi): un humanisme certain" : eh bien, je n'en suis absolument pas persuadé, précisément. Mais alors, vraiment pas. Pour moi, ce sont des manières, des grimaces.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 27 avril 2007

"malheureusement, le tournant de 83-84 était voulu par l'opinion" : ah ? Quelle opinion ?

Evolution de la popularité de Mitterrand:
http://www.php.sofres.com/cote2/choixdate.php?perso=mitterrand1

Evolution de la popularité de Maurois:
http://www.php.sofres.com/cote2/choixdate.php?perso=mauroy

Evolution de la popularité de Fabius:
http://www.php.sofres.com/cote2/choixdate.php?perso=fabius

Contre toute attente, le PS a réalisé un très bon score en mars 86. La coalition UDF-RPR, un résultat très décevant, contrairement à ce qu'on pouvait attendre. Le journal Libération titrait d'ailleurs le lendemain:
"La victoire en déchantant".

http://www.ulb.ac.be/soco/cevipol/documentation/France/nationales/1986.htm

Je ne regrette absolument pas mon vote Chirac en 2002. De toute façon, il n'y avait pas le choix.

Écrit par : gluglups | vendredi, 27 avril 2007

Si. Il y avait le choix parce que Le Pen ne serait pas allé plus loin. Nous nous sommes tous fait avoir. Chirac serait passé de toute façon et n'aurait pas eu une élection "de maréchal" comme on dit. Je ne veux pas recommencer et voter pour une coalition PS-UDF-verts, parce que c'est ça qui se prépare, alors que Sarkozy passera de toute façon. Je ne veux pas avoir le choix entre regretter un vote ou regretter de n'avoir pas voté. Il passera arithmétiquement, pardon de le répéter.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 27 avril 2007

"Arithmétiquement"... à ce moment-là, votez directement pour Sarkozy alors.
J'ai vraiment du mal à suivre votre raisonnement. Nous sommes revenus effectivement à 2003. Je ne voterai pas contre Sarkozy parce que je veux une vraie politique de gauche: très fort! C'est sûr, cela va aider le PS à se repositionner sur sa gauche...

"Il y avait le choix parce que Le Pen ne serait pas allé plus loin": un Le Pen à 45% si toute la gauche s'était abstenue, voilà qui, assurément, l'aurait grandie moralement.

Écrit par : gluglups | samedi, 28 avril 2007

Mais le PS n'a aucunement l'intention de se repositionner sur sa gauche... Bien au contraire, il est en train de courtiser Bayrou qu'il vouait aux gémonies avant le premier tour. J'en ai assez d'être le dindon de la farce et de me soumettre à ce qu'on appelait autrefois la discipline républicaine pour des gens qui, sitôt au pouvoir, s'empresseront de faire une politique de droite.

Le Pen n'aurait pas eu 45 %, ce n'est pas vrai. Il aurait eu la même chose qu'au premier tour, à peine plus peut-être.

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 28 avril 2007

"Le Pen n'aurait pas eu 45 %. Il aurait eu la même chose qu'au premier tour": vous savez bien que le Conseil constitutionnel ne prend en compte que les suffrages exprimés. Reprenez les résultats en nombre de voix de Chirac (+Bayrou) et de Le Pen (+Megret) et voyez vous-même ce que cela donne en pourcentages.

Je fais la différence entre Sarkozy et Royal, entre Sarkozy et Bayrou, qui, oui, aura été impeccable durant toute cette campagne. Dommage qu'il ait dû arrendre 5 ans de législature.

Je me dis qu'après tout, avec la victoire de Sarkozy, les gens, vous y compris, n'auront que ce qu'ils méritent. J'ai d'ailleurs toujours été convaincu qu'une certaine extrême gauche avait des intérêts communs avec l'extrême droite. Oui, vous serez, très partiellement certes compte tenu du poids dérisoire d'un (non) bulletin de vote, responsable de l'élection de Sarkozy.

J'imagine déjà votre billet dans quelques semaines, lorsque le nouveau texte sur la surveillance d'internet sera passé et vous m'excuserez de ne pas tout à fait vous prendre au sérieux.

Écrit par : gluglups | samedi, 28 avril 2007

Tant pis, ou dommage.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 29 avril 2007

J'ajouterai même pour appuyer gluglups que si on fait les comptes FN-MNR, Le Pénible avait perdu à la fois en pourcentage et en voix entre les deux tours : les électeurs ne rééditaient pas tous leur première option. Cela s'explique pour deux raisons : d'une part l'électorat du FN est le plus volatil, un tiers des Français ont déjà voté au moins une fois pour lui et sa base se renouvelle tous les cinq ans ; d'autre part, il a toujours progressé sur une illusion mathématique, il ne progressait pas en voix mais il avait de meilleurs pourcentages du fait des abstentions, ce qui la fois suivante lui faisait gagner des voix sans qu'il y ait progression en pourcentage parce que l'abstention était moindre. Cette fois, il a été défait sur les deux plans : il a perdu en voix 1,5 million d'électeurs (mais ceux-ci sont passés chez le candidat de l'Identité nationale), soit un tiers de son capital-rente. Or il n'avait reculé précédemment de manière massive qu'en pourcentage et c'est ce dernier chiffre que les gens retiennent sans voir les détails.

Écrit par : Dominique | dimanche, 29 avril 2007

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