mardi, 03 avril 2007
Racolage psychanalytique
Jusqu’à présent, les courriers indésirables que je recevais étaient de deux ordres : ceux que le système de messagerie identifie comme tels et trie d’office, que je détruis sans même regarder de quoi il s’agit (quel serait, autrement, l’intérêt du tri automatique ?) ; ceux qui me parviennent, théoriquement envoyés par des adresses réelles, ramassées sur la Toile par des robots et « volées » (par exemple, les messages me promettant deux milliards de dollars à condition que j’en avance un).
Je reçois aussi, mais je ne les considère pas comme des spams, des kilogrammes d’informations en provenance de musées, théâtres, galeries… Ce sont la plupart du temps des endroits où j’ai moi-même laissé mon adresse, mais aussi, souvent, des lieux dont j’ignorais tout : les fichiers d’adresses s’échangent. C’est la plupart du temps de nature artistique, donc cela ne me dérange pas.
Pour la première fois aujourd’hui, j’ai reçu un message – une véritable lettre, d’ailleurs – de prospection commerciale… appliquée à la psychanalyse. Les psys, à présent, racolent par internet. Je dis bien : racolent. Il n’y a pas d’autre mot. Une proposition de services contre rémunération, adressée à quelqu’un qui n’a rien demandé, c’est bien du racolage. Je trouve ça inimaginable. Voici le texte reçu ce matin.
« Madame Marie-Lise EHRET
Psychanalyste
17, rue Baudoin
75013 PARIS
Tél. : 01. 70. 69. 38. 57
06. 73. 74. 79. 16
psychanalysteparis.com
(Hauteur 47 de la rue Dunois)
Bus : 27 - 83 - 67
Métro -6 : National-Chevaleret
Paris 21 mars 2007
Madame, Monsieur
Bonjour,
J’ai l’honneur de vous faire part de l’ouverture de mon cabinet psychanalytique ce jour, à l’adresse ci-dessus.
Rompue professionnellement en cabinet et à l’hôpital, je suis à l’écoute de la souffrance des enfants comme de celle des adultes, en les soutenant de ma parole singulière.
Je serai très heureuse de vous rencontrer si vous en éprouviez le besoin.
La psychanalyse pratiquée est celle de Freud et Lacan.
Bien cordialement à vous.
Madame Marie-Lise EHRET
Psychanalyste ».
J’en suis resté comme deux ronds de flanc, comme on dit familièrement. La lettre est datée du 21 mars ; je suppose donc que, chaque jour, cette dame expédie un lot de courriers électroniques à des adresses glanées Dieu sait où. Passé le moment de stupeur, j’ai répondu.
« Madame,
Je voudrais bien savoir de quel droit vous encombrez ma boîte aux lettres avec ce genre de message.
Cette prospection commerciale me répugne et donne largement à penser au sujet de votre « parole singulière » – et même, singulièrement inopportune.
Je vous demande de supprimer définitivement mon adresse, obtenue par je ne sais quel procédé, de votre fichier. Ces méthodes sont consternantes et je n’éprouve envers elles qu’un mépris... singulier. Vous dites être rompue, eh bien, rompez !
Jacques Layani ».
14:05 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
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