mardi, 17 novembre 2020
Le taulier vous fait part
Pour paraître dans le courant de l'année 2021, le tome XXIV des œuvres du taulier, Des librairies dans la ville, histoire et souvenirs de quelques librairies marseillaises, dans les Cahiers du Comité du Vieux-Marseille. Et le tome XXV, Gabrielle Russier, essai, aux éditions Gaussen.
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samedi, 11 juillet 2020
Le taulier annonce
Pour paraître au mois de septembre, le tome XXIII des œuvres du taulier, Léo Ferré, un archipel, aux éditions Le Bord de l’eau.
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vendredi, 13 décembre 2019
À paraître
Le taulier, toujours aussi prétentieux, annonce la parution de son vingt-troisième ouvrage, Léo Ferré, de roses et de mémoire (titre provisoire), aux éditions Le Bord de l’eau.
Enfin, ce sera le cas, en principe, au mois de mai 2020.
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samedi, 24 mars 2018
L'imagination au pouvoir, suite
Je l’avais dit dans une note du 30 avril 2017, j’ai toujours été en admiration devant l’imagination des éditeurs et des maquettistes. Ici, l’ami Derain sert la soupe à Stock et à J’ai lu. Dernièrement, s’est ajouté Julliard. Qui sera le suivant ?
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jeudi, 11 janvier 2018
Dates et édition
Les marchands de papier imprimé se frottent les mains une fois encore. 2018 marque le cinquantième anniversaire de mai 1968 et le centenaire de l’armistice de 1918. Des ouvrages ont déjà été publiés, certains, d’ailleurs, depuis l’année dernière. Il ne faut pas perdre de temps, occuper la place en attendant le déferlement éditorial.
Ce sera aussi le centenaire du cher Jean-Roger Caussimon… Pensez à lui.
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dimanche, 30 avril 2017
L'imagination au pouvoir
J’ai toujours été en admiration devant l’imagination des éditeurs et des maquettistes. Ici, l’ami Derain sert la soupe à Stock et à J’ai lu. Et je ne parle pas de Hopper, dont les œuvres – la plupart du temps, les mêmes – se sont retrouvées par dizaines en couverture des livres les plus divers.
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vendredi, 10 mai 2013
À vendre
Vingt ans de la mort de Léo Ferré, centenaire de Trenet, centenaire de Camus, centenaire de la parution d’Alcools, centenaire de l’arrivée à Lambaréné d’Albert Schweitzer, trente-cinquième anniversaire de la mort de Claude François, cinquante ans de la mort de Piaf, cinquante ans de la mort de Cocteau, quarante ans de la mort de Picasso, ah, la bonne année 2013, ah, la belle année que voici, ah, la belle année que voilà pour l’édition française ! Les parutions ont commencé, elles ne vont pas cesser, au moins jusqu’à l’été. Livres de circonstance, livres bientôt oubliés, bruit inutile, faits et propos répétés ad nauseam, rien de neuf (et plutôt, même, un retour en arrière puisque d’autres parutions, antérieures, étaient mieux renseignées), publications allégées destinées à paraître au plus tôt, ah, la bonne et belle année, messieurs-dames !
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mardi, 24 avril 2012
Pia s’habille chez le Lérot
Plus de cinq cents pages d’assez grand format (18 x 24 cm), de petits caractères serrés, des cahiers cousus et collés, non massicotés, une couverture rempliée, une impression en offset. S’agirait-il d’un volume d’il y a plusieurs décennies ? Point du tout, on est ici dans la maison dite « du Lérot », chez Étienne Louis, cet éditeur de Tusson (Charente) qui persiste dans l’érudition et le beau livre de conception traditionnelle.
La publication dont il s’agit est un recueil des chroniques que Pascal Pia signa autrefois pour l’hebdomadaire Carrefour auquel, si l’on en croit Jean-Jacques Lefrère qui a préparé l’édition et l’a préfacée, d’aucuns s’abonnaient uniquement pour les articles de Pia. La période considérée s’étend de 1954 à 1977 et l’ouvrage succède à un premier, initialement publié par Maurice Nadeau, ainsi qu’à deux autres, édités chez Fayard. On nous assure qu’il n’existe ici aucun doublon avec le contenu de ces trois parutions. C’est dire l’extraordinaire quantité de livres que Pia a pu chroniquer en plus de vingt ans d’exercice.
On observe que chaque feuilleton a sensiblement la même longueur que les autres, Pia ayant bénéficié, dans le journal, d’une rubrique fixe. Quatre pages, la dernière n’étant pas toujours entièrement pleine. Il arrive néanmoins que l'article soit plus long. Chacun traite d’une œuvre, parfois de deux, plus rarement de trois ou quatre. Dans ce cadre bien délimité, Pia use de phrases qui pourront paraître longues au lecteur d’aujourd’hui – elles sont pourtant simples, bien articulées, construites solidement : c’est notre regard qui a changé, pas en bien, et les habitudes de lecture.
On est frappé par l’érudition du critique, sa bienveillance qui cependant ne censure jamais le regret d’une faiblesse ou d’une insuffisance de l’auteur considéré, son humour léger, permanent, et même par un brin d’ironie arboré à fleur de sourire, comme à la boutonnière. Tout cela est servi par une langue, faut-il le dire, impeccable.
Une iconographie abondante est reproduite en fin de volume, et non au milieu comme la vogue des biographies en a généralisé la pratique. Ceci, encore, qui n’existe plus : un papillon encarté dans le livre signale deux minimes errata dans les légendes.
Et si cinquante euros, c’est une somme, il reste que cela ne représente pas plus – voire moins – que les deux tomes typographiquement « gonflés » qu’on n’aurait pas manqué de nous imposer, si ce livre avait été réalisé par un éditeur commercial sur l’immonde papier d’une presse Cameron, cette erreur historique, cette monstruosité de l’imprimerie.
Étude pour un portrait de Pascal Pia, stylo à bille, 2012
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vendredi, 12 septembre 2008
Du cahier d’illustrations dans l’édition contemporaine
Je me suis battu, avec tous les arguments possibles, pour que le cahier d’illustrations du Fleming (seize pages) ne soit pas trop horrible. Une présentation très à la mode, et très laide, avait été choisie. Tous les clichés de la mise en pages « moderne » (qui vieillit le plus vite) étaient présents. Après force tergiversations, j’ai argué de mon droit moral, en martelant que ces seize pages, telles qu’elles étaient prévues, disaient d’une certaine manière le contraire de mon texte, donnant de la littérature populaire une image dégradée qu’elle ne méritait pas. L’argument était sincère, mais juridiquement spécieux. Étonnamment, c’est ce qui a porté.
Le cahier, dans l’état où il paraîtra, est donc le compromis entre la volonté commerciale de l’éditeur et la mienne, de discrétion et de pudeur, empreinte d’un désir de classicisme et de rigueur. C’est-à-dire que j’ai accepté les photographies présentées en diagonale, voire pêle-mêle, se chevauchant ; le faux bord dentelé dont on les a affublées ; la différence d’échelle entre les reproductions de couvertures d’ouvrages. J’ai refusé (et obtenu qu’on y renonce) : le fond bicolore (sable et vert bronze) aux teintes réparties gratuitement et aléatoirement ; les photographies en noir et blanc virées en bleu ; de supposés impacts de balles (!) en divers endroits du fond.
On sait que le titre, la couverture, les illustrations et le texte de quatrième sont du domaine exclusif de l’éditeur, de sa compétence et de sa décision pleine et entière. On mesure par conséquent les difficultés de l’auteur à obtenir que le commerce ne prime pas tout.
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samedi, 06 septembre 2008
Les avatars d’une parution
Initialement, j’avais proposé à l’éditeur Jean-Daniel Belfond, fils de Pierre et fondateur de l’Archipel, un texte intitulé Les Romans de Ian Fleming, ensemble de quelques remarques et réflexions que je m’étais faites lors de ma relecture, en 2007, des quatorze volumes de la série des missions de James Bond. Cela avait commencé par trois ou quatre notes parues ici-même et avait fini par représenter une centaine de feuillets dactylographiés.
Belfond – qui avait fait paraître ma vie d’Albertine Sarrazin en 2001 et refusé depuis toutes mes propositions – accueillit cette fois mon projet avec sympathie et me demanda le manuscrit immédiatement, par courrier électronique. Mon expérience – ah, longue expérience ! – de la chose éditoriale m’empêcha naturellement de crier victoire car après cela, je n’entendis plus parler de rien. Au bout d’un moment, je pratiquai la traditionnelle relance. Il y eut des hésitations. Bref, après trois mois de tergiversations, après, surtout, que je me fus un peu fâché par écrit et que j’eus dit son fait à l’éditeur à propos d’une autre histoire, j’obtins un accord téléphonique, à condition… de doubler le nombre de pages en entant au manuscrit initial cent pages de biographie de Fleming. Nous étions en mars, il fallait effectuer ce travail pour le 20 juillet. Je donnai mon accord, en échange de la promesse d’un contrat.
Dans l’attente du précieux document, je me gardai bien de faire quoi que ce soit. Cependant, il advint que parole fut tenue, et le contrat me parvint. L’ouvrage paraîtrait sous la marque Écriture, un autre label du même groupe. Je me trouvais dans le Lot, c’était fin mars, début avril. Là-dessus, le délai du 20 juillet fut guillotiné : on m’appela, me dit qu’il fallait finalement livrer le 20 juin. J’acceptai.
Mais, à la campagne, je n’avais aucun document avec moi… Je devais de toute façon revenir à Paris pour des examens médicaux et les démarches relatives à mon congé de longue maladie. Là, vers mi-avril, je me mis au travail. Nouvel écueil : la bibliographie, considérable mais épuisée, était exclusivement en anglais. Grâce à la magie d’internet, plusieurs volumes me parvinrent, en un temps record, d’Angleterre, des États-Unis, du Canada. Je m’aperçus que, mon Dieu, je pouvais lire en anglais, comprendre, traduire, citer, exploiter toutes ces sources. Honnêtement, je ne m’en serais pas cru capable. Pourtant, cela se fit. Courant mai, soit avec un mois d’avance, je pus remettre les documents iconographiques demandés ; courant juin – avant la date fatidique – je pus rendre mon manuscrit, conforme à la commande, et repartir dans le Lot.
Bien entendu, le titre que j’avais choisi ne convenait plus. J’ai donc intitulé ce travail Ian Fleming, on ne lit que deux fois. C’est ce qui est porté sur le faux-titre et la page de titre. Mais la couverture insiste : On ne lit que deux fois, Ian Fleming, vie et œuvre du créateur de James Bond 007.
Voilà de quelle manière un projet donné devient quelque chose d’autre. En l’espèce, cela ne me gêne pas car le concept de « vie et œuvre » existe depuis longtemps. Ainsi, ce Fleming qui n’est ni une biographie ni un essai, qui est les deux à la fois, n’est pas hybride. Au moment où je rédige cette note prétentieuse, presque tout a été réalisé : « peignage » du manuscrit ; correction d’épreuves ; réalisation de la couverture et du texte de quatrième ; de l’index. Il manque encore le cahier de photographies, dont on m’a successivement assuré qu’il comprendrait seize pages, puis huit, puis sans doute seize (deux fois huit) ; qu’il devrait être entièrement en quadrichromie, avant de me dire qu’on acceptait que je fournisse des documents en noir et blanc. Je vous épargne les détails.
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jeudi, 04 septembre 2008
Des nouvelles du taulier
Après Réglement intérieur, un acte d’indiscipline à l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses en 1961, paru en mai dernier chez l’Harmattan, paraîtra en octobre prochain Ian Fleming, on ne lit que deux fois, chez Écriture.
Par ailleurs, j’ai reçu cet été une commande de Textuel pour un ouvrage collectif intitulé Amoureuses et rebelles, qui propose des lettres inédites d’Arletty, Édith Piaf et Albertine Sarrazin. Il m’était demandé de présenter la correspondance de cette dernière. Ce livre paraîtra également en octobre.
Je tente de placer des manuscrits qui, je l’espère, pourront être édités en 2009 et n’ai toujours pas de précisions en ce qui concerne la parution de Des journées insolites chez Rhubarbe, en 2010.
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mardi, 03 juin 2008
Salut à Dominique Autié
Dominique Autié m’avait confié il y a quelque temps qu’il était malade. Je lui ai fait les meilleurs souhaits puis, les semaines passant, je n’ai plus osé lui demander de ses nouvelles et lui-même n’y a plus fait allusion. Quoique moins régulièrement, il publiait toujours des notes sur son blog et j’y voyais – je voulais y voir – un signe d’amélioration ou, à tout le moins, d’état stationnaire.
J’ai eu moi-même des problèmes de santé et, pris par des travaux nombreux, je manque singulièrement de temps. Ainsi, je n’ai appris qu’aujourd’hui le décès, survenu le 27 mai dernier, de notre ami.
Dominique Autié était le contraire d’un matérialiste : j’espère que sa foi l’aura soutenu au cours d’une maladie tuant avec une rapidité qui, chaque fois, me laisse pantois. Le pire, c’est la destruction de l’être, qui précède le décès. Mon père est mort de la même chose, un peu moins rapidement c’est vrai, il y a quinze ans de cela.
Dominique Autié avait cinquante-neuf ans et il aimait les livres.
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vendredi, 30 mai 2008
La vie d’artiste
Comme je le fais souvent, je vous indique ci-dessous le montant de mes droits d’auteur pour l’année 2007, afin que nul n’en ignore.
Atlantica (Les Films de Claude Sautet) : 5 euros 89 non versés, inscrits à mon compte.
Écriture (Albertine Sarrazin, une vie) : 4 euros 17 non versés, inscrits à mon compte (il s’agit du premier solde positif depuis 2001).
D’un noir si bleu (Le Château d’utopie) : 41 euros 62.
Ces sommes s’entendent nettes, toutes déductions faites. Elles sont bien sûr imposables.
Les comptes des éditions de la Lauze ne sont pas encore communiqués. Tous les autres comptes sont en négatif ou correspondent à des éditeurs qui ne paient pas de droits en dessous de cinq cents exemplaires. À titre indicatif, Écriture me verse, pour Ian Fleming, on ne lit que deux fois à paraître en octobre, 2500 euros (montant brut), en deux parties. J’ai pour l’instant touché un premier versement de 1187 euros 53, montant net imposable. Il faut savoir qu’un à-valoir constitue, ipso facto, tout ce qu’un auteur peut espérer gagner avec un livre (la preuve, ma vie d’Albertine Sarrazin, comme il est dit plus haut, a été en négatif jusqu’à cette année).
Ce n’est pas demain que je pourrai quitter l’Éducation nationale.
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jeudi, 27 mars 2008
Encore une récidive
Honteux et confus, l’insupportable taulier doit annoncer cette fois la parution, en novembre prochain, de Ian Fleming, « On ne lit que deux fois », un bien modeste essai fort indigne des promeneurs de la rue Franklin, aux éditions Écriture (groupe L’Archipel).
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samedi, 15 mars 2008
Les éditeurs et le golf
Il est notoire que Sean Connery avait acquis les rudiments du golf durant le tournage du film Goldfinger. On sait que, depuis, il est devenu littéralement mordu de ce sport et qu’il possède un golf privé. Il a déclaré, paraît-il, qu’il en était arrivé à considérer le golf comme une métaphore de la vie.
J’y ai pensé : ce n’est pas mal vu. Après un long apprentissage, il faut déployer des efforts considérables pour obtenir un résultat dérisoire : envoyer une balle au fond d’un trou. Ce résultat obtenu, on recommence puisque d’autres trous attendent la misérable offrande, toujours aussi difficile à faire. On a un handicap, qu’on connaît. Il faut aussi parcourir des kilomètres, de trou en trou, en portant un faix – un sac de clubs – ou plutôt en le faisant porter par autrui, un caddy qui suit comme une ombre le condamné aux trous. Il y a du Sisyphe là-dedans. Tout cela pour finir… au fond d’un trou. La métaphore est recevable, intéressante.
De fil en aiguille ou bien de trou en trou, il faut que je vous entretienne encore de mes démêlés avec les éditeurs. Je le regrette, mais ils sont permanents : croyez que j’aimerais bien parler d’autre chose ! Las… Figurez-vous que j’ai commis l’an dernier, partant de trois notes de ce blog, un petit essai, Les Romans de Ian Fleming, tout ce qu’il y a de plus sérieux. Eh bien, il est impossible de trouver un éditeur. Eh oui. Même l’Archipel qui avait accepté ma vie d’Albertine Sarrazin sous la marque Écriture (c’est la même maison) me fait lanterner depuis plus de deux mois. L’éditeur, Jean-Daniel Belfond, semble avoir des états d’âme. Début janvier, il était passionné, parlait de date de sortie et d’illustrations, cherchait un autre titre, puis il s’est endormi, a fait un peu machine arrière et à présent, oppose un silence incompréhensible à ma récente relance.
Pendant ce temps, le monde anglo-saxon fourbit ses armes, 2008 étant l’année du centenaire de Ian Fleming. Parution en mai de Devil may care, un roman commandé officiellement à Sebastian Faulks par les héritiers ; réédition des romans de Raymond Benson, qui fut un de ceux qui reprirent le personnage de Bond après le décès de son créateur ; sortie en novembre du nouveau film de Bond, Quantum of solace ; réédition en un volume de toutes les nouvelles (short stories) de Fleming ; émission de timbres ; réédition brochée de tous les titres de Fleming ; autobiographie de Sean Connery prévue pour l’automne…
Pendant ce temps encore, les éditions Bragelonne poursuivent la réédition de tous les livres de Fleming, dans une traduction française nouvelle commandée à Pierre Pevel… mais ont aussi refusé mon projet. En matière d’études de la vie et de l’œuvre, rien n’existe en langue française (sinon deux traductions d’ouvrages déjà anciens et les actes d’un récent colloque) et, si je ne parviens pas à secouer le langoureux cocotier éditorial, rien n’existera. Pourtant, selon Julietta Edgar, responsable des timbres spéciaux à la poste royale britannique, plus de la moitié de la population mondiale connaît le nom de James Bond. Le personnage appartient à l’imaginaire mondial, mais la frileuse édition française cède le pas aux machines anglaise et américaine.
Je crois que je vais apprendre à jouer au golf.
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lundi, 18 février 2008
La collection « Poètes d’aujourd’hui »
La collection « Poètes d’aujourd’hui », que j’aime tant, qui a disparu après des décennies de loyaux services, ne décote pas sur le marché du livre d’occasion. Sans atteindre des sommes astronomiques, elle continue à être vendue à des prix qui ne relèvent aucunement de la braderie. On ne trouve plus de volumes neufs. Chez Gibert qui, il y a quelque temps encore, en proposait deux ou trois étagères, il n’y en a plus un seul. Il faut aller les chercher sur les quais de la Seine, chez tel libraire d’anciens de la rue Saint-Jacques, ou sur les sites de vente par internet, naturellement.
Au fil du temps et d’un directeur de collection à l’autre, les introductions de certains titres ont été refaites, lorsqu’elles étaient dépassées. Le Rimbaud de Claude-Edmonde Magny avait fait place à celui de Lionel Ray, par exemple. Ainsi, la série demeura-t-elle, dans l’ensemble, de référence et constitua-t-elle, assurément, la plus belle collection de poésie de l’édition française. Quand apparut « Poésie-Gallimard », la concurrence ne fut pas si rude qu’on aurait pu croire, puisque les titres proposés par la NRF ne contenaient qu’un minimum d’appareil critique, alors que « Poètes d’aujourd’hui » était un ensemble constitué, grosso modo, d’une étude et d’une anthologie, pour moitié – sans parler de l’iconographie et des annexes.
Il reste que certains tomes, inévitablement, ont vieilli. J’ai lu il y a peu le Marceline Desbordes-Valmore de Jeanine Moulin. La poétesse est, nous assure la préfacière, la première femme à entrer dans ce qu’elle appelle « la galerie Seghers ». L’introduction est le modèle de ce qu’il ne faut pas – plus – faire : il s’agit uniquement de biographisme. Pas une pièce de Marceline Desbordes-Valmore qui ne soit envisagée du point de vue des événements de sa vie. Il faut dire que l’édition date de 1955 (mon exemplaire est une réimpression de 1959) et que cette méthode avait alors cours. D’un autre côté, lire cette étude d’un œil averti permet aujourd’hui de prendre connaissance de l’existence comme de l’œuvre de la poétesse et il suffit de faire la part des choses. Car, au vrai, de quoi dispose-t-on dans l’édition actuelle au sujet de Marceline Desbordes-Valmore ? D’un volume de « Poésie-Gallimard » uniquement. Seule la librairie d’occasion peut répondre à une autre demande, avec les aléas de la recherche, qui peut être longue. Au moins, le « Poète d’aujourd’hui », même si l’on sait qu’il ne faut pas procéder ainsi, permet de faire aujourd’hui un tour complet de la question. À condition de le dénicher, naturellement, mais, comme je le disais en commençant, ces livres sont relativement aisés à trouver, certainement davantage que d’autres éditions.
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vendredi, 23 novembre 2007
Des livres de notre temps
Je ne veux pas parler ici des ouvrages que je considère comme des boîtes de chocolats, calamités dont j’ai déjà entretenu les promeneurs de la rue Franklin. L’âge d’or annuel de ces cochonneries est en train de renaître, à l’approche de cette sinistre période dite des « fêtes » de fin d’année, ce moment durant lequel l’intelligence, en veilleuse depuis des décennies – et singulièrement depuis mai dernier – se mue carrément en un gigantesque ventre dans lequel s’agitent en tous sens les crieurs essoufflés des braderies commerciales.
Je veux plutôt évoquer des livres de vente courante dont l’aspect, de plus en plus, a été modifié par une nécessaire adaptation. Le livre, notre cher livre, n’est jamais mort des cent mille trépas qu’on a annoncés pour lui. Il n’est pas passé à cause de la fièvre cinématographique, il n’est pas décédé du virus télévisuel, il ne l’a pas glissée comme suite à l’épidémie iconographique qui, désormais, étend sur nos sociétés son « chimérique empire », comme disait La Fontaine.
Depuis l’apparition d’internet, le livre, une fois encore, s’est adapté. Il se présente de plus en plus comme un objet ludique et l’édition française (il en va sans doute de même ailleurs) est parvenue à lui conférer l’aspect d’un écran proposant des fenêtres et des liens. J’ai observé récemment un album consacré à un comédien. Peu importe lequel, peu importe également que l’on considère ou non cet objet comme un livre digne de notre attention et de notre intérêt. Il n’en reste pas moins qu’il est présenté comme un site internet – ou, tout au moins, qu’il suggère un site et sa visite selon le mode exploratoire qui nous est devenu familier. Fenêtres qui s’ouvrent dans les pages, livrets qui se glissent dans des fentes ménagées dans les feuillets (ce qui fait irrésistiblement penser à des liens), illustrations abondantes, colonnes de texte considérées non pour leur contenu à proprement parler, mais comme des objets, des items comme on en croise sur nos écrans, quadrichromie généralisée… Il ne manque que le son – mais le multimédia a déjà imaginé la fréquente insertion de CD dans les livres, donc, nous y sommes déjà. Ce qui m’importe ici, c’est que cet objet – du reste plaisant, il faut le dire, est bien présenté comme un livre et proposé comme tel.
Un autre ouvrage renfermant une étude consacrée à un ancien surréaliste devenu auteur de romans populaires, vint de paraître. Il ne s’agit pas ici d’un objet, mais bien d’une étude. Cependant, l’iconographie est si abondante, la titraille si accrocheuse, la marche si publicitaire, qu’on ne peut s’empêcher de rester coi devant ce volume, par ailleurs fort bien fait. Bien sûr, la quadrichromie, ici aussi, est obligatoire, avec son corollaire : le papier glacé qui, couplé aux progrès de la technique numérique, permet les meilleures reproductions, le meilleur rendu des couleurs. Inconvénient immédiat : le poids. On a remarqué, je pense, que les livres sont de plus en plus lourds et cela n’est pas dû qu’à mon âge avançant et à mes forces déclinantes, mais bien, purement et simplement, à l’abus du papier de très fort grammage, augmenté d’un autre, celui du corps de caractère de plus en plus important, comme si lire était devenu si difficile qu’il fallait en passer par là. Dernier corollaire : le coût puisque, bien entendu, la couleur et le papier grèvent considérablement le prix de revient et, donc, celui de vente.
Je ne porte pas ici de jugement et ne veux pas me poser en ancien combattant de la chose imprimée. J’observe uniquement, d’un œil intéressé, les mutations du livre. Et je me dis qu’après tout, il ne s’agit peut-être que d’explorer jusqu’au bout des idées anciennes. Le livre animé, en effet, existe depuis très longtemps (les images découpées surgissant en relief lorsqu’on tourne la page, les livrets encartés dans les feuillets). Et le livre ludique aux titres accrocheurs également (les almanachs). Alors, il n’y a peut-être rien de fondamentalement nouveau sous le soleil éditorial.
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vendredi, 02 novembre 2007
Panurgisme éditorial
Le dixième anniversaire de la mort de Barbara a donné lieu à la parution de neuf ouvrages (dont deux rééditions) et d’un numéro spécial de magazine, assortie de la remise en vente de deux livres plus anciens. Ce n’est sans doute pas terminé. Je me demande ce que cela signifie pour le gent éditoriale, qui n’espère tout de même pas – du moins, je l’espère pour sa santé mentale – que les lecteurs intéressés ont un budget extensible. Hormis les collectionneurs maniaques qui ne sont pas la majorité du public, loin de là, personne n’achètera tous ces livres qui, je les ai feuilletés, n’apportent rigoureusement rien de neuf, voire contiennent quelques erreurs. Certes, pour l’un d’entre eux, l’auteur a déniché l’obscur témoignage inédit de telle ou telle personne qui s’était toujours tue, sans doute parce qu’elle n’avait rien à dire. Quelle stupidité, quelle aberration, quel gaspillage !
Les libraires, naturellement, feront très prochainement retour à leurs éditeurs respectifs de tous ces volumes promis à la mévente. Dans quelques semaines, une partie d’entre eux se retrouvera à l’étal des soldeurs, l’autre au pilon. Je ne comprends pas. Sur quoi les éditeurs comptent-ils ? Sur l’effet d’entraînement qu’on nomme aujourd’hui « synergie » ? C’est impossible. Cela a d’autant moins de sens que ces ouvrages répètent à l’infini ce que d’autres, avant eux, avaient dit cent fois déjà. Il est vrai qu’en 2003, le dixième anniversaire de la disparition de Léo Ferré avait donné lieu à vingt-trois parutions. L’an prochain, ce sera le quinzième et je redoute déjà l’inflation. Curieux temps que celui où l’on célèbre l’anniversaire d’un décès, célébration se limitant bien sûr à une recherche de profit. Le plus étonnant est que le profit en question n’est pas assuré.
À part cela, 2007 est aussi l’anniversaire de la mort de Prévert, de la Callas, de Lino Ventura et j’en oublie certainement. Je n’ai pas fait le compte des publications les concernant mais j’ai repéré, ici et là, des livres de circonstance. Le centenaire de Roger Vailland, lui, n’a pas occasionné autant de publicité, mais c’est à l’avance que celui de Simone de Beauvoir (2008) est prétexte à de nombreuses sorties de livres : trois au moins entre septembre et octobre, un autre étant annoncé pour janvier. Et je ne sais sûrement pas tout.
Dernière minute : j’apprends par internet que cinq autres livres doivent encore être consacrés à Barbara. Cela portera le total à quatorze.
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lundi, 01 octobre 2007
Le mythe du manuscrit posté, énième édition
Je vais encore pousser mon coup de gueule habituel contre l’image qui est donnée, du monde de l’édition, par tous les media. Dans un article du quotidien vespéral, on nous parle du livre de Muriel Barbery, L’Élégance du hérisson, paru chez Gallimard, ouvrage qui fait paraît-il un tabac.
J’ai entendu parler de cette jeune femme pour la première fois au mois d’août dernier, alors que, si j’en crois l’article, « mardi 25 septembre, la décision a été prise de lancer la cinquantième réimpression de l'ouvrage, ce qui a entraîné le passage du cap des 600. 000 exemplaires imprimés ». Dans une librairie de Saint-Céré (Lot), j’ai feuilleté son livre ; ça n’a pas duré longtemps, cela m’a paru très surfait et, en tout état de cause, sans intérêt aucun. Justement, peu importe.
Ce qui motive ma colère, une fois de plus, c’est cette phrase : « Elle a publié en 2000 Une gourmandise, manuscrit arrivé par la poste et que Jean-Marie Laclavetine, éditeur chez Gallimard, avait aussitôt retenu ». Assez, assez, assez ! C’est évidemment entièrement faux. Quand, grands dieux, cessera-t-on de répandre cette ineptie dans le public ? Les manuscrits déposés par le facteur au service du courrier, surtout chez Gallimard qui en reçoit des quantités invraisemblables, ne sont pas publiés. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans le cas de cette dame et je m’en moque éperdument, mais ce n’est très certainement pas ça.
Je ne comprends pas ce qui peut pousser les journalistes (et les cinéastes comme, tout récemment, Chabrol) à perpétuer les idées reçues sur l’édition et le statut d’écrivain, notamment celle du manuscrit arrivé par la poste (Truffaut en 1977). C’est de la propagation de fausses nouvelles. Consternant.
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samedi, 01 septembre 2007
Des correspondances publiées
Je suis friand de correspondances publiées. Outre qu’on ne sait jamais pourquoi telles ou telles lettres paraissent ou non, pourquoi le tome premier n’est jamais suivi du deuxième – on imagine des impératifs éditoriaux, bien sûr, c’est-à-dire des impératifs commerciaux – quelques observations s’imposent.
Les volumes de correspondance déçoivent quelquefois, en dépit des signataires, surtout lorsqu’ils regroupent exclusivement les lettres destinées à une seule personne. Par exemple, les échanges entre Paulhan et Mauriac ou ceux qui existèrent entre Lorca et Dali m’ont bien laissé sur ma faim, et c’est peu dire. Ceux de Genet avec son éditeur Barbezat sont d’une médiocrité exemplaire. Les lettres de Mendes-France, adressées à une militante socialiste, ne sont pas si captivantes que l’éditeur voulut bien l’annoncer. Je n’ai jamais compris pourquoi le Cherche-Midi avait cru bon de publier les lettres de Daniel Zimmermann et de Claude Pujade-Renaud, deux auteurs qui, surtout dans les années 80, envahirent les éventaires des librairies de leur plate production respective ; quant à leur correspondance, elle est aussi digne d’intérêt que la question de l’importation des bâtons de sucettes au Guatemala. Bien plus curieuse est la correspondance de Gide et de Simenon, du fait même de la différence d’importance littéraire existant entre les deux hommes et de l’application que met Gide à assurer Simenon de son admiration : on sent bien que la chose est pour le moins exagérée et l’on est presque ennuyé par la gêne de Simenon, donnant à Gide du « Cher maître » et n’en revenant pas de sa bonne fortune.
Les tomes de correspondance générale sont plus intéressants. De par la variété des propos et des destinataires, ils dessinent un visage particulier du scripteur. Celle de Cézanne est à mourir de rire : le pauvre peintre était génial mais incapable d’écrire une lettre claire. La confusion de ses missives est incroyable et, plus les années passent, plus ce défaut se confirme : ses phrases s’emberlificotent, il perd de vue son sujet, en mêle plusieurs dans le même passage, se noie dans les formules de politesse, bref, c’est une catastrophe. Il est vrai que l’écriture n’était pas son domaine et qu’on n’est pas obligé d’avoir des talents multiples. Quand Fayard voudra bien donner à lire le tome deux des lettres de Verlaine, ce sera bien.
Les lettres d’Albertine Sarrazin, qu’elles soient exclusivement destinées à une personne – Lettres à Julien – ou à plusieurs – ses Lettres de la vie littéraire – officielles ou clandestines – ses Biftons de prison – sont un régal. Mais elle avouait elle-même qu’écrire des lettres était pour elle « faire ses gammes ». Il y avait à l’évidence volonté d’écriture dans tout ce qu’elle entreprenait. Les lettres fleuves de Simone de Beauvoir (à Sartre, à Bost, à Algren) valent pour leur fréquence, leur obstination, leur quotidienneté, pas réellement pour leur contenu, il faut avoir le courage de le dire. Les lettres de Ravel sont très intéressantes, comme celles de Vailland à sa famille. Celles du général de Gaulle (quatorze volumes de Lettres, notes et carnets, dont je n’ai lu que deux) sont à lire dans une optique particulière : l’immense variété de correspondants que lui offrait sa fonction et le personnage lui-même, tel qu’on le connaît, créent un univers singulier. Toutes les lettres d’Apollinaire sont très intéressantes, qu’elles soient adressées à Louise de Coligny-Châtillon, à Madeleine Pagès, à sa marraine de guerre ou bien à sa mère et à son frère. Très curieuses, amusantes parfois, sont les missives de Racine à son fils. Les Lettres de prison de Gabrielle Russier sont poignantes, surtout lorsqu’on sait la fin de l’histoire. Pourquoi diable Gallimard nous a-t-il gratifiés de la correspondance de Violette Leduc, cette femme sans autre centre d’intérêt, dans sa vie, que sa petite personne, tout juste bonne à parler d’elle en se plaignant constamment, en geignant sans cesse ? Après que le volume me fut tombé des mains, je l’ai entendue un soir à France-Culture, dans une interview rediffusée : ses propos étaient de la même teneur que ceux présents dans ses lettres – moi et mon nombril malade – le tout, comme il se doit, dans une expression faite de platitudes et de clichés.
Et puis il y a les échanges épistolaires irremplaçables parce que liés aux deux scripteurs et à l’importance du projet dont ils débattent. Ainsi, Proust et Gaston Gallimard négociant sous nos yeux leurs contrats (on disait alors « traités ») et discutant ferme des corrections à apporter au manuscrit de la Recherche, de la préparation de l’édition, des ajouts incessants de l’auteur…
Finalement, c’est certainement cette infinie variété de parole, de ton, de contenu, qui fait des correspondances éditées le charme, évidemment, mais aussi le matériau nécessaire à toute étude approfondie sur leurs auteurs.
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vendredi, 13 avril 2007
Articles critiques sur la Toile
De plus en plus, la petite édition vit par internet. L’éditeur a un site qui lui sert de vitrine et de boutique de vente directe. De plus en plus surtout, la Toile sert de critique. Les articles de presse impossibles à obtenir lorsqu’on est un petit ou un micro-éditeur, on les trouve à présent dans les revues littéraires en ligne. Mes dernières bêtises, pourtant vraiment inavouables, ont été chroniquées en ce lieu, en cet autre, en cet autre encore. Bien entendu, je suis reconnaissant envers les personnes qui ont consacré à ma prose un peu de leur temps. Reste à savoir qui lit ces pages électroniques, quel est leur impact. Personnellement, l’opinion des courriéristes littéraires m’a toujours laissé totalement indifférent et je ne lis éventuellement les critiques qu’après avoir lu le livre, lorsque, d’aventure, j’ai décidé moi-même de l’acheter. Si l’ouvrage ne m’intéresse pas, les commentateurs pourront l’encenser durant six mois, cela me sera parfaitement égal (au pire, cela m’agacera). Peut-être, cependant, des lecteurs ont-ils besoin – ou simplement le goût – d’avis préalables, je ne sais pas.
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mardi, 03 avril 2007
Les éditeurs et moi, énième édition
À Feuilly
J’ai souvent rapporté ici mes déconvenues éditoriales, mes bonnes fortunes aussi, d’ailleurs. De nombreuses fois, j’ai expliqué que le fait d’avoir déjà publié un certain nombre d’ouvrages ne servait rigoureusement à rien et que, chaque fois, je devais repartir à zéro, sans qu’il soit possible de poursuivre sur mon aire. Une nouveauté, depuis hier, s’est produite.
Par divers relais de la Toile, j’avais, de lien en lien, appris l’existence d’une toute nouvelle collection publiée au Seuil sous la direction de François Bon. En règle générale, je me méfie autant des auteurs devenant éditeurs (au sens anglo-saxon du terme) que des professeurs devenant chefs d’établissement et se piquant alors de diriger leurs pairs, voire leurs collègues d’hier.
Ne voulant pas, toutefois, céder à cet a priori, j’ai contacté Bon, me réjouissant des objectifs qu’il exposait pour sa collection et, notamment, du fait qu’il n’y inclurait nul roman. Ainsi que je le fais habituellement, j’ai tout d’abord adressé à ce monsieur un courrier électronique. C’est d’ailleurs ce qu’il demandait sur son site : un message préalable. Nos méthodes s’accordaient, c’était parfait. Je lui ai donc écrit pour présenter un projet sans imposer de manuscrit. C’était bref, peu explicite, cela constituait un simple prélude à quelque chose de plus approfondi. C’était également, du moins il me semble, poli. Comme à l’accoutumée, j’ai fait suivre mes quelques lignes d’une très courte notice me concernant et de la liste de mes petites bêtises imprimées.
Il a fallu plusieurs jours pour que Bon réponde ceci, reçu hier soir :
« cher monsieur,
cette collection doit donner priorité à des auteurs n’ayant que très peu publié, c’est une astreinte que nous jugeons légitime
mais évidemment prêt à lire
cordialement
FB ».
Je livre sa réponse assortie de tous les sic possibles. Elle m’a été envoyée ainsi, sans capitales ni ponctuation, ce qui est déjà étonnant, et je ne parle pas de la sécheresse presque impolie du libellé ni du « cordialement » qui est devenu la formule passe-partout du courrier électronique (je l’avais, quant à moi, assuré de « mes sentiments littéraires et les meilleurs »).
Ainsi donc, alors que, venant de nulle part, j’ai eu toutes les peines du monde à faire paraître, depuis 1971 où j’ai commencé à entreprendre des démarches éditoriales, treize livres – treize ouvrages en trente-six ans – des livres invisibles (un épuisé, douze non diffusés ou presque), voilà que cet écrivain-éditeur m’oppose, en style télégraphique, le fait d’avoir trop publié. Ce qui peut aussi, d’ailleurs, se traduire par le fait qu’après avoir été trop jeune et inconnu, je suis trop vieux et inconnu. François Bon a un an de moins que moi, autant dire que nous sommes du même âge. Il préfère miser sur des jeunes, tant mieux pour eux, mais je trouve cela suspect. J’ai toujours trouvé le « jeunisme » suspect.
Il va de soi que je n’enverrai rien à ce monsieur. Il n’est pas question que je perde mon temps à attendre une réponse dont on me laisse déjà deviner entre les (maigres) lignes qu’elle sera négative. Non seulement mes « états de service » ne m’aident pas, comme je le disais en commençant, mais, pour la première fois, voilà qu’ils me desservent.
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samedi, 17 mars 2007
En signant Le Château d’utopie
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jeudi, 04 janvier 2007
Allez voir ailleurs si j’édite
Je viens de recevoir un refus d’éditeur. Ah, voilà une nouvelle, n’est-ce pas ? Précisément, il s’agit de mon quatrième et dernier recueil de nouvelles, le troisième devant paraître en mars prochain. Je me demande combien de refus j’ai pu essuyer dans ma vie. Cent, deux cents ? Ce doit être dans ces eaux-là, surtout si j’assimile aux refus les nombreuses absences de réponse. Je ferai un jour le point sur cette question, lorsque j’aurai suffisamment de temps et de courage pour plonger dans mes archives éditoriales, où tout est conservé et classé depuis 1971.
En tout cas, je suis reconnaissant à ce monsieur de n’avoir mis que quinze jours à me répondre par courrier électronique. C’est exceptionnellement court. Mais ça ne change rien au résultat. Le même manuscrit est de toute façon en lecture chez deux autres éditeurs qui sont apparemment moins rapides. J’en avais contacté trois d’un coup, ce qui n’est aucunement un gage de réussite mais permet de n’attendre qu’une fois (le nombre ne veut rien dire : pour le livre de Martine, nous avions entrepris des démarches simultanées auprès d’une cinquantaine de maisons. Le résultat fut entièrement négatif et, finalement, l’Harmattan l’avait accueilli en 1996).
Comme je le dis souvent, les antécédents éditoriaux ne servent à rien. Douze livres parus et le treizième en cours de fabrication ne garantissent aucunement le succès.
On sait que le fin du fin, dans une lettre de refus, consiste à refiler le bébé à d’autres, c’est-à-dire à conseiller hypocritement à l’auteur d’aller voir chez le voisin. Ici, on m’écrit que j’aurais intérêt à proposer certaines de ces nouvelles à des revues. Est-il utile de dire que j’ai publié environ quatre-vingt textes dans des revues littéraires de trois pays, que j’ai fait partie des comités éditoriaux de deux d’entre elles et que j’ai définitivement quitté ce monde-là depuis douze ans ? Les éditeurs croient toujours avoir en face d’eux des personnes qui ne connaissent pas le monde du livre. Cette prétention est extrêmement désagréable.
Tout cela n’a évidemment aucune importance.
14:05 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (9)
mercredi, 20 décembre 2006
Le risque éditorial selon Nyssen
Le 19 décembre, Nyssen, octogénaire qui a passé la main tout en conservant des responsabilités dans la maison qu’il a fondée, rencontre les représentants d’Actes-Sud afin de leur présenter les ouvrages dont la parution est prévue en mars et dont il est responsable : « Ce matin j’avais une belle partie à jouer avec une armada dont le navire amiral est Napoléon le petit de Victor Hugo », écrit-il. Plus audacieux, tu meurs.
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lundi, 18 décembre 2006
Un travail éditorial
On sait que, très souvent, je tape ici sur les éditeurs, leurs mœurs et leurs méthodes. La plus élémentaire honnêteté me conduit donc à signaler aujourd’hui un éditeur différent, Pascal Arnaud, fondateur d’une petite maison, D’un noir si bleu.
J’ai dit dans la note précédente, à propos du texte de quatrième de couverture, qu’il avait trouvé dans mon livre autre chose que ce que je pensais y avoir mis, mais la question n’est pas là.
Voilà un éditeur qui, manifestement, a lu le manuscrit proposé et non deux passages en dix minutes afin de pouvoir, par une habile manipulation qui ne me trompe plus depuis longtemps, faire croire qu’il le connaît bien. Il m’a successivement demandé :
– de supprimer quatre nouvelles du recueil, estimant qu’elles s’y intégraient moins bien que les autres. J’étais d’accord pour trois d’entre elles, je regrette un peu la quatrième, mais ce n’est pas très grave ;
– de modifier le titre prévu afin de mieux faire ressortir l’unité thématique du livre, car c’est une maison qui entend publier des recueils conçus comme un tout et non une compilation, un collage de textes. Le titre qu’il m’a proposé était pris dans une de mes nouvelles et me convenait parfaitement ;
– de modifier le texte de quatrième dans une optique identique, en le rédigeant lui-même ;
– de changer l’ordre des nouvelles en me suggérant une « mise en scène » différente visant à améliorer ce qu’on pourrait nommer la progression dramatique, en tenant compte des habitudes de lecture séquentielle.
Il m’a enfin présenté un projet de couverture qui illustre sans le paraphraser le contenu du livre.
J’estime que tout cela constitue réellement un travail éditorial. Comme on l’imagine, j’ai accepté toutes ces propositions : elles étaient argumentées et ne dénaturaient en rien, au contraire, ce que j’avais voulu faire. Tout ce travail, fruit d’une réflexion authentique, fait plaisir à constater, provenant d’une toute jeune maison qui ne compte pour le moment que cinq livres à son catalogue, dont deux à paraître en mars prochain.
10:45 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 13 décembre 2006
D’un abîme si bleu
L’infect taulier et ses quatrièmes de couverture… Le feuilleton continue. L’éditeur D’un noir si bleu, qui prépare mon livre à paraître en mars prochain, n’est pas d’accord avec le projet de quatrième que je lui ai communiqué. Soit. Rien de nouveau en cela. Il m’indique les directions dans lesquelles il pense que devra aller cette présentation, qu’il fera lui-même (tant mieux). Tout ce qu’il me dit est très intéressant et se tient parfaitement. Jusque là, rien à dire. Seulement voilà : je me demande de quel livre il parle. Pas de celui que je lui ai proposé et qu’il a accepté, en tout cas.
C’est un lieu commun : les lecteurs trouvent dans les livres des choses que les auteurs ne savaient pas y avoir mises. C’est la première fois, cependant, que l’abîme me paraît si grand et si profond. Tout cela m’amuse beaucoup, mais l’important est ce qui se trouve dans le livre, pas cette marque sur le derrière que lui appliquent les fessées éditoriales.
14:45 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 17 novembre 2006
De la tomaison
Depuis plusieurs années – certainement depuis l’emploi généralisé de la presse Cameron – on publie de véritables pavés. On pourrait d’ailleurs discuter de l’aspect de pavé volontairement conféré à certains volumes qui n’en ont pas besoin (je pense aux ouvrages artificiellement « gonflés »), mais c’est un autre sujet.
La généralisation de l’emploi de la Cameron a occasionné, entre autres conséquences, la disparition du tome. On fait paraître en un volume ce qui, auparavant, aurait été proposé en deux ou trois tomes. Certains livres ne sont même plus manipulables dans certaines conditions (notamment dans les transports en commun), voire plus manipulables du tout. Je me suis amusé à lire, sous la plume de Phébus, cette remarque qu’il ne m’en voudra pas de citer : « J’ai lu debout appuyé contre une porte pendant quarante-cinq minutes ; ce qui, avec un volume aussi conséquent que Les Bienveillantes, fait travailler le poignet. »
L’abandon de la tomaison m’inspire quelques réflexions. L’éditeur, en vendant un travail en un volume, est assuré contre le risque de mévente que fait planer une division de l’œuvre en plusieurs. Il était fréquent en effet que les lecteurs achètent le premier tome, pas (ou moins) les suivants. Cela se voit lorsqu’on cherche des livres d’occasion : le premier tome est très fréquent, le second moins et les suivants, lorsqu’il y en eut, moins encore. Il semblerait par conséquent qu’il fût plus cohérent de tout publier en un seul ouvrage, au risque de le rendre lourd, très peu pratique et, évidemment, fort cher. Cette solution n’avantage donc réellement que l’éditeur.
Toutefois, la tomaison est encore employée pour les ouvrages supposés difficiles. Ainsi, le Cherche-Midi a édité, en 2000, le premier volume des Poésies complètes de Luc Bérimont, annonçant deux autres tomes à venir… qui ne sont jamais venus et ne viendront sans doute pas. Fayard a fait paraître au printemps 2005 le premier tome de la Correspondance générale de Verlaine. Le second tome (et sans doute le dernier, encore que rien n’ait été précisé à ce sujet) n’est pas sorti. Sortira-t-il ? On constate alors que, pour ce type de livre, l’éditeur tâte le terrain, prudemment, en étant prêt à tout abandonner en route et à laisser des publications en suspens – au mépris de l’auteur et du contenu – et le lecteur sur sa faim par la même occasion (toutes ces publications sont très subventionnées, mais c’est là encore un autre point.)
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mardi, 14 novembre 2006
Un cliché à plus d’un titre
Autrefois – approximativement jusqu’aux premières années 60 – une biographie s’intitulait Vie et œuvre de, avec des variantes comme La Vie aventureuse de, par exemple. Puis on eut pour titre le prénom et le nom du modèle, parfois le nom seul. On a connu ensuite une période où les biographes titraient Prénom et nom, une vie. Mon Albertine Sarrazin fut ainsi transformé par l’éditeur en Albertine Sarrazin, une vie. Depuis quelque temps, on peut lire C’était prénom et nom. Cette dernière version (plus exactement son abus) est née je crois en 1996, lorsque Le Nouvel Observateur titra C’était Mitterrand. J’ai ainsi acheté hier C’était Jacques Doucet, chez Fayard. Je trouve cette formule emphatique.
Ces réflexions me sont dictées par la série de notes consacrées par Dominique aux clichés : Voyage au cœur des poncifs, Le troisième homme et C’est beau un cliché, la nuit.
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mardi, 07 novembre 2006
Morceaux choisis
La platitude un peu ridicule : « Comme s’il cherchait à s’excuser de sa violence, le mistral revenu en force rassemble les feuilles mortes et les entasse contre les haies et les façades, ce qui rendra leur enlèvement beaucoup plus facile que s’il fallait les ratisser dans tout le jardin. Il lui sera donc beaucoup pardonné. »
Bis repetita : « Dieu, qu’il est susceptible, ce mistral ! Il n’a pas voulu du pardon que je lui accordais hier, et toute la nuit cet ivrogne a hurlé avec tant de rage qu’il m’a mis le sommeil en miettes... »
Le n’importe quoi : « Jette un coup d’œil aux carnets, lui dirais-je, et tu comprendras pourquoi, presque chaque jour, sitôt après avoir écrit cette sorte de billet que j’y dépose, je grimpe dans la carlingue du roman et je prends l’air avec un moteur qui a bonne température et qui ronronne. »
Un peu de banalité : « Comme un ballon dépend du manche par où passe le gaz ou l’air chaud. Et une fleur de sa tige par où passe la sève... »
Le retour de la platitude : « Le souvenir qui demeure, après avoir vu ce film, est celui d’une ode très sensible et fort émouvante à l’amour et à l’infinie complexité de ses variations. »
Qui a écrit ces phrases immortelles ? Il s’agit de quelques morceaux choisis dans les carnets de Nyssen Hubert, éditeur donneur de leçons. Je sais, tout cela est coupé de son contexte. Eh bien, le texte intégral, allez-y.
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jeudi, 02 novembre 2006
Recette de Noël
J’évoquais l’autre jour les livres « boîtes de chocolats. » Il en est une sorte bien particulière : le recueil de lettres thématiques, le plus souvent d’amour. La recette est simple : une présentation « album », c’est-à-dire de grand format, cartonné (rouge, de préférence), avec jaquette pelliculée attirante ; un contenu passé depuis longtemps dans le domaine public et n’hésitant pas à reproduire des lettres déjà lues cent fois ailleurs (Apollinaire, avec toutes ses compagnes à qui il écrivait très souvent, est un excellent pourvoyeur, mais Flaubert et Baudelaire ne sont pas à négliger) ; des documents iconographiques très connus (Apollinaire, toujours : Lou dans l’avion, Lou au grand chapeau en biais…) ; des fac-similés (très important, les fac-similés, surtout s’il s’agit de documents anciens, abîmés de préférence et reproduisant des signatures illustres.) Le fin du fin est de faire voisiner les lettres de personnalités et celles de couples inconnus (sans oublier les précieux fac-similés, naturellement.) Voilà, passez au four et n’oubliez pas de paraître à la mi-octobre au plus tard.
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