Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 08 septembre 2007

Encore Chabrol

Il n’est pas mal, ce Chabrol-là. Il est même plutôt bien, si l’on veut passer sur l’éternel problème des scènes d’exposition lourdes et appuyées, qui ne sont pas l’apanage du cinéaste, d’ailleurs. Si l’on veut bien passer aussi sur les deux monstrueuses fautes de langue entendues dans le dialogue, vers la fin du film. Si l’on veut bien passer encore sur la qualité de l’ensemble de ce dialogue, au demeurant plutôt plat.

Ce film est plutôt bon, si l’on accepte de ne pas se poser la question du pourquoi de la scène finale, totalement collée au film, métaphore horriblement lourde du titre, paraphrasant le propos du cinéaste.

Plutôt bon, ce film, si l’on s’abstient de critiquer les éternels clichés du cinéma sur la vie d’écrivain, ces clichés qui me font hurler de rage depuis trente ans. Cent fois non, être écrivain, ce n’est pas ça. Le personnage joué par Berléand, Charles Denis dit Saint-Denis en littérature, a le train de vie d’un Simenon ou d’un Gérard de Villiers, ce qu’il n’est aucunement dans l’histoire qui nous est contée. Les écrivains ne sont pas forcément à tu et à toi avec leur éditrice, ne font pas de partouzes avec elle dans un chabanais de luxe, ne possèdent pas de maison au décor futuriste, ne partent pas à Londres pour des tournées de signatures aux frais de l’éditeur (le Seuil, avec toutes les difficultés financières qu’on lui connaît !), le reste à l’avenant.

Plutôt bon, le dernier film de Chabrol qui est pourtant toujours le même : un procès de la bourgeoisie. Cette fois, c’est au canon qu’il tire dessus, au point que, décidément, on se dit qu’il y a fausse donne. Les bourgeois ne sont pas tous des gens qui passent leur temps à s’empiffrer, à fumer le cigare, à boire des alcools ambrés, à avoir des vies sexuelles fantasmatiques… Ils sont cela, certes, mais pas tous et, surtout, ils ne font pas forcément tout à la fois. C’est un catalogue de vices qui est ouvert sous nos yeux et ça finit par faire sourire.

Plutôt bon, si l’on admet qu’un écrivain vieillissant puisse être excité par le spectacle d’une toute jeune femme marchant nue à quatre pattes, avec des plumes de paon dans le derrière. Si l’on admet qu’une fellation puisse être le nec plus ultra de la sexualité, au point d’avoir droit deux fois à une scène de ce type, au point que le personnage du jeune homme s’émerveille et s’angoisse à la fois en se demandant qui a appris à sa jeune femme à pratiquer cette caresse. On a envie de rire, quand même…

Plutôt pas mal fait, ce film, si l’on refuse d’entendre le personnage de Paul dire, aux trois-quarts du film, que celui-ci a commencé il y a près d’un an, alors que le cinéaste s’est si peu soucié du rendu de la durée – mon éternel dada – qu’on a le sentiment de l’écoulement de quelques semaines, tout au plus.

Le dernier film de Chabrol ? Oui, il est plutôt bon. En tout cas, il est formidablement bien interprété – tous sont parfaits – et, si le réalisateur avait bien voulu se donner davantage de mal, notamment en soignant le montage, ici insignifiant, il eût été très bon.

Commentaires

Si cela n'est pas un costard taillé sur mesure... C'est très drôle.

Écrit par : desavy | dimanche, 23 septembre 2007

Content de vous avoir fait rire, De Savy.

Mais c'est vrai, vous savez, on a l'impression que Chabrol bâcle ses films, sans qu'on sache pourquoi. Il se donnerait un tout petit peu plus de mal, ce serait très bien. Allez savoir pourquoi il reste brouillon.

L'interprétation de l'actrice -- entre autres -- est très bonne. Je vous dis ça parce que je sais que vous l'aimez bien.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 23 septembre 2007

Les commentaires sont fermés.