samedi, 15 mars 2008
Les éditeurs et le golf
Il est notoire que Sean Connery avait acquis les rudiments du golf durant le tournage du film Goldfinger. On sait que, depuis, il est devenu littéralement mordu de ce sport et qu’il possède un golf privé. Il a déclaré, paraît-il, qu’il en était arrivé à considérer le golf comme une métaphore de la vie.
J’y ai pensé : ce n’est pas mal vu. Après un long apprentissage, il faut déployer des efforts considérables pour obtenir un résultat dérisoire : envoyer une balle au fond d’un trou. Ce résultat obtenu, on recommence puisque d’autres trous attendent la misérable offrande, toujours aussi difficile à faire. On a un handicap, qu’on connaît. Il faut aussi parcourir des kilomètres, de trou en trou, en portant un faix – un sac de clubs – ou plutôt en le faisant porter par autrui, un caddy qui suit comme une ombre le condamné aux trous. Il y a du Sisyphe là-dedans. Tout cela pour finir… au fond d’un trou. La métaphore est recevable, intéressante.
De fil en aiguille ou bien de trou en trou, il faut que je vous entretienne encore de mes démêlés avec les éditeurs. Je le regrette, mais ils sont permanents : croyez que j’aimerais bien parler d’autre chose ! Las… Figurez-vous que j’ai commis l’an dernier, partant de trois notes de ce blog, un petit essai, Les Romans de Ian Fleming, tout ce qu’il y a de plus sérieux. Eh bien, il est impossible de trouver un éditeur. Eh oui. Même l’Archipel qui avait accepté ma vie d’Albertine Sarrazin sous la marque Écriture (c’est la même maison) me fait lanterner depuis plus de deux mois. L’éditeur, Jean-Daniel Belfond, semble avoir des états d’âme. Début janvier, il était passionné, parlait de date de sortie et d’illustrations, cherchait un autre titre, puis il s’est endormi, a fait un peu machine arrière et à présent, oppose un silence incompréhensible à ma récente relance.
Pendant ce temps, le monde anglo-saxon fourbit ses armes, 2008 étant l’année du centenaire de Ian Fleming. Parution en mai de Devil may care, un roman commandé officiellement à Sebastian Faulks par les héritiers ; réédition des romans de Raymond Benson, qui fut un de ceux qui reprirent le personnage de Bond après le décès de son créateur ; sortie en novembre du nouveau film de Bond, Quantum of solace ; réédition en un volume de toutes les nouvelles (short stories) de Fleming ; émission de timbres ; réédition brochée de tous les titres de Fleming ; autobiographie de Sean Connery prévue pour l’automne…
Pendant ce temps encore, les éditions Bragelonne poursuivent la réédition de tous les livres de Fleming, dans une traduction française nouvelle commandée à Pierre Pevel… mais ont aussi refusé mon projet. En matière d’études de la vie et de l’œuvre, rien n’existe en langue française (sinon deux traductions d’ouvrages déjà anciens et les actes d’un récent colloque) et, si je ne parviens pas à secouer le langoureux cocotier éditorial, rien n’existera. Pourtant, selon Julietta Edgar, responsable des timbres spéciaux à la poste royale britannique, plus de la moitié de la population mondiale connaît le nom de James Bond. Le personnage appartient à l’imaginaire mondial, mais la frileuse édition française cède le pas aux machines anglaise et américaine.
Je crois que je vais apprendre à jouer au golf.
11:13 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (0)
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