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mardi, 14 novembre 2006

Un cliché à plus d’un titre

Autrefois – approximativement jusqu’aux premières années 60 – une biographie s’intitulait Vie et œuvre de, avec des variantes comme La Vie aventureuse de, par exemple. Puis on eut pour titre le prénom et le nom du modèle, parfois le nom seul. On a connu ensuite une période où les biographes titraient Prénom et nom, une vie. Mon Albertine Sarrazin fut ainsi transformé par l’éditeur en Albertine Sarrazin, une vie. Depuis quelque temps, on peut lire C’était prénom et nom. Cette dernière version (plus exactement son abus) est née je crois en 1996, lorsque Le Nouvel Observateur titra C’était Mitterrand. J’ai ainsi acheté hier C’était Jacques Doucet, chez Fayard. Je trouve cette formule emphatique.

Ces réflexions me sont dictées par la série de notes consacrées par Dominique aux clichés : Voyage au cœur des poncifs, Le troisième homme et C’est beau un cliché, la nuit.

15:20 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

C'est une variante de : “Il était une fois”. On ne compte plus les monographies sur Il était une fois Montparnasse, Montmartre, Montrouge, Montretout. Bien sûr, cela marche moins bien avec les noms de personnes et alors on ne peut pas compter sur l'effet de mémoire : “Il était une fois François Mitterrand”, c'est vraiment très moyen car on ne sait pas lequel est désigné parmi tous les Mitterrand possibles, mais cela fonctionnerait mieux avec Henri IV ou Louis XIV qui nous sont plus éloignés. En revanche, si on le désigne par “c'était”, on fait un coup double ou triple : on éloigne dans le temps par l'imparfait qui détemporalise le récit et qui le rend mythique, on actualise par le déictique (ou démonstratif) qui montre la permanence dans le présent, on rend manifeste la présence du nom au lecteur (comment ? vous ne le connnaissiez pas ?) et surtout on donne un gage de véracité (les autres Mitterrand sont des faux, le vrai que j'ai connu à moi tout seul est celui dont je raconte ses propos entre deux pièces, il n'y en a jamais eu d'autre et je sais pertinemment qu'il mettait un demi-sucre dans sa tasse de café tout en mangeant l'autre demi).

Écrit par : Dominique | mercredi, 15 novembre 2006

Merci Dominique pour cette démonstration des pouvoirs de l'imparfait (Dominique est très fort pour "désherber" les jardins discrets du langage.) Je trouve malgré tout qu'il est, dans cette formule, une emphase désagréable.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 novembre 2006

"l'imparfait qui détemporalise le récit et qui le rend mythique"

C'est exactement cela. Mitterrand tel qu'en lui même l'éternité le change...

Écrit par : Feuilly | jeudi, 16 novembre 2006

... d'autant que, dans le cas de Mitterrand, particulièrement, quand "c'était Mitterrand", ce n'était pas Mitterrand.

Écrit par : MuMM | jeudi, 16 novembre 2006

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