Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 16 novembre 2006

« Maintenant que la jeunesse… »

 medium_img75003-200611190013-58.jpgLes livres, disques, affiches, papiers, archives, objets, lettres, meubles et autres fragments d’existence de Monique Morelli passent en vente à Drouot, dimanche 19 novembre à 14 h. Exposition samedi de 11 à 18 h, et dimanche de 11 h à 12 h.

Comme souvent, les héritiers ont tout fourgué, même les accordéons de son mari et accompagnateur Lino Léonardi qui avait signé de si belles musiques, notamment sur cette poésie d’Aragon que tout le monde connaît, Maintenant que la jeunesse... Le catalogue est en ligne au format Word, avec seulement deux cent vingt photographies de lots.

medium_img75003-200611190013-57.5.jpg

15:00 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (10)

Commentaires

Du coup, averti par votre note, je suis allé faire un tour à la vente Morelli, cet après-midi (avec une collègue qui était fan de Morelli et qui, étudiante, était allée plusieurs fois dans son cabaret à Montmartre).

Ambiance un peu tristounette, malgré l'humour du commissaire-priseur. Petite salle.
Ce qui est triste, c'est que tout ce qui rapportait à Morelli (affiches, photos..., bref ce qui représentait sa tête ou ce qui se référait à sa carrière de chanteuse - programmes, partitions, documents d'archives) se vendait bien en-deçà des estimations. Par exemple son autoportrait - c'est sûr qu'elle était meilleure chanteuse que peintre - n'a dû se vendre qu'à 40 euros...

Ce qui marchait, c'étaient les autres noms (Doisneau, Poulbot, Picasso (affiches))...).

Nous ne sommes pas restés jusqu'au bout (je me serais bien pourtant acheté un chapeau d'Aragon). J'ai regretté de ne pas avoir de sous en ce moment, car il y avait quelques croquis de Poulbot, effectués lors de l'expo universelle de 1900, qui m'auraient intéressé, vendus pas très cher (certains moins de 200 euros), ainsi que des trucs de Landier (Mac Orlan et Céline, vendus autour de 300-400 euros).

Il y avait un joli petit tableau représentant Montmartre exécuté par Mac Orlan, qui est parti à 1500 €. La bonne nouvelle, c'est qu'il a pu être acquis par le Musée Montmartre. Cela a suscité quelques applaudissements qui soulageaient un peu une certaine mauvaise conscience...

Écrit par : gluglups | dimanche, 19 novembre 2006

"Par exemple son autoportrait - c'est sûr qu'elle était meilleure chanteuse que peintre - n'a dû se vendre qu'à 40 euros...": On se demande comment un truc pareil peut se retrouver dans une vente aux enchères. Je ne comprends pas que le fils Morelli n’ait pas voulu conserver ce genre de souvenirs purement personnels, familiaux, intimes…

Écrit par : gluglups | dimanche, 19 novembre 2006

C'est exactement ce que je me demandais. Pourquoi fait-il passer ces choses en vente ? Je ne comprends pas du tout. Ce n'est pas non plus une question de place manquante : on vendait un coupe-papier, un miroir de poudrier !

Je veux bien faire taire ma colère en me disant qu'au fond, on ne connaît pas la vie des gens, ni les raisons qui peuvent les pousser à prendre ce genre de décision. Je me dis ça... et l'instant d'après, je râle de nouveau comme un pou.

J'ai aussi averti de cette vente Gilles Schlesser, dont je parlais dans une note précédente, l'historien des cabarets (après avoir lu son livre, j'étais entré en contact avec lui). Il m'a répondu qu'en octobre dernier, c'était les affaires de Mouloudji qui étaient passées en vente à Drouot... Décidément...

(Vous étonnerai-je en disant que les chapeaux d'Aragon m'avaient fait rêver ?)

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 19 novembre 2006

"(Vous étonnerai-je en disant que les chapeaux d'Aragon m'avaient fait rêver ?)": je crois que cela faisait partie des lots estimés les moins chers. Mais auriez-vous osé les porter?
Avez-vous vu l'exposition? moi non, donc je n'ai pas vraiment pu me faire une idée de l'ensemble et je ne suis resté à la vente qu'une petite heure.

Pas évident de savoir ce qui peut motiver les héritiers à se séparer de ces objets intimes sans valeur (d'autant plus que Morelli ne semble pas avoir eu de fans fétichistes - le commissaire-priseur était d'ailleurs plutôt dans la dérision, sur le mode "achetez, c'est un collector, cela fera un très beau cadeau de Noël pour votre arrière-grand mère, etc."). Sur les 40 € de l'autoportrait (une assez grande toile peinte, pourtant), le fils va toucher quoi? 20€, 10€?

Il y avait un lot de photos avec Ferré dedans, mais je ne l'ai pas vu (vendu 100 € à peu près).

En tout cas, si vous êtes informé de ce genre de ventes (Mouloudji, cela m'aurait intéressé aussi, ou même des écrivains, pas forcément archi connus), merci de me les signaler.

Je ne sais pas pourquoi - je ne crois pas que ce soit du voyeurisme - mais il y a qqch qui m'émeut dans ce genre de ventes.

Écrit par : gluglups | dimanche, 19 novembre 2006

Personnellement, je sais que l'émotion dégagée par d'anciens objets - vente Drouot ou brocante, mais c'est plus dilué - me laisse un certain malaise. J'hésite entre la joie d'"enfin partager la vie" des personnes qu'on disperse ainsi et la peine de savoir que rien ne reste des vies passées. J'ai beau savoir qu'il en est ainsi, ça appuie là où ça fait mal.

Écrit par : Martine Layani | dimanche, 19 novembre 2006

J'aurais porté les chapeaux de temps en temps, à la maison, pour faire rire mes filles ou des amis.

Non, je n'ai pas pu voir l'exposition, ni assister à la vente. Tout tombe toujours mal.

Non, je ne suis pas informé, du moins a priori. Morelli, je l'ai su jeudi et j'ai tout de suite fait la note. Mouloudji, je l'ai appris hier ou avant-hier seulement. Il suffirait de regarder, sur internet, ce qui se passe à Drouot, régulièrement. Mais je me vois très mal le faire. Un blocage psychologique, peut-être.

Non, ce n'est pas du voyeurisme. C'est (peut-être) le sentiment qu'une part de nous fiche le camp avec cette dispersion. Ce qui signifierait, d'ailleurs, qu'on n'est ému que par soi-même... Sans aller jusque là, je crois qu'il est difficile de dissocier l'affect personnel de l'affect social -- surtout dans le domaine artistique en général, dans celui de la chanson en particulier. Quand une chanson nous bouleverse ou simplement nous rappelle tout un pan de notre passé, comment n'être pas ému en voyant vendre ce qui se rattache à un chanteur ou une chanteuse ?

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 19 novembre 2006

"J'hésite entre la joie d'"enfin partager la vie" des personnes qu'on disperse ainsi et la peine de savoir que rien ne reste des vies passées."

C'est précisément cela. Le fait que l'on soit dans la situation d'acquéreur potentiel de l'objet renforce ce sentiment, beaucoup plus que si l'objet avait été placé derrière la vitrine d'un musée. L'objet existe davantage, on en prend possession quelques secondes, on le fait sien.

Les ventes aux enchères, c'est peut-être encore plus triste quand le mort est anonyme et que la dispersion de ses biens signifie aussi la disparition définitive des traces de son existence.

D'une certaine manière, les héritiers de M. Morelli (apparemment, elle a eu aussi une fille, puisqu'il a été question à un moment d'une lettre de son gendre) peuvent se consoler en se disant que les acquéreurs continueront de faire vivre son âme.

Écrit par : gluglups | dimanche, 19 novembre 2006

" Dans les paniers d'osier de la salle des ventes
Une gloire déchue des folles années trente
Avait mis aux enchères, parmi quelques brocantes
Un vieux bijou donné par quel amour d'antan

Elle était là, figée, superbe et déchirante
Ses mains qui se nouaient, se dénouaient tremblantes
Des mains belles encore, déformées, les doigts nus
Comme sont nus, parfois, les arbres en novembre "

(Barbara)

Écrit par : MuMM | dimanche, 19 novembre 2006

Monique Morelli a disparu en 1993. Depuis treize ans, donc, ses affaires, ses papiers, étaient je ne sais où. C'est cela qui m'étonne. Que s'est-il passé qui, brusquement, impose une vente massive ? Je savais qu'elle avait un fils, vous faites état d'une fille, également. Ils n'ont pas tous disparu en même temps ?

Mumm, tu cites Barbara, bien sûr. Mais sa famille aussi a tout vendu, peu de temps après sa mort. Même ses robes.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 19 novembre 2006

Je l'ignorais.

C'est désolant.
C'est la vie.

(Ces deux propositions ne sont pas nécessairement contradictoires.)

Écrit par : MuMM | dimanche, 19 novembre 2006

Les commentaires sont fermés.