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dimanche, 12 novembre 2006

Mme Royal est ignorante, par Fanny Layani

Mme Royal est ignorante, inculte, démagogue et fait preuve d’une capacité de réflexion qui ne dépasse pas le bout d’un nez dont elle essaie désespérément de se servir pour flairer le sens du vent.

Mme Royal est hypocrite, tient des propos qu’elle n’assume pas et se pose régulièrement en victime de ses grands méchants rivaux socialistes qui, parce qu’ils sont des hommes, ont sans doute comme seul et unique but de l’écraser sauvagement, au seul motif qu’elle est une femme, bien évidemment.

Tant de bêtise réunie en un seul « phénomène médiatique » bien plus qu’en une seule personnalité politique, après m’avoir navrée, en vient à m’énerver. J’ai donc décidé de lui écrire. Mais comme elle ne le lira pas, autant que d’autres le lisent.

 

 

Mme Royal,

Comme bien d’autres, j’ai vu la vidéo circulant sur internet, concernant vos propos sur l’école. Je ne me suis pas outre mesure émue de leur teneur, connaissant malheureusement depuis déjà longtemps vos positions à l’égard de cette institution que je sers. Je ne me suis pas non plus émue de la bassesse du procédé de diffusion de ces images : notre classe politique étant ce qu’elle est, plus rien ne doit nous étonner.

Mais après tout, ces propos ont bel et bien été tenus, et que vous cherchiez à les dissimuler ne vous honore pas. Passons.

Je tiens simplement à vous faire part de quelques informations que vous semblez ignorer (ce qui est grave pour quelqu’un qui prétend arriver aux responsabilités suprêmes.) Je vous précise par ailleurs que dans un souci d’approfondissement, j’ai regardé la « version longue » de votre intervention d’Angers, qui circule également plus ou moins ouvertement sur internet. Les propos que vous y tenez ne changent rien au fond de votre discours.

Vous ne connaissez manifestement rien du travail des enseignants dans ce pays. Permettez-moi de m’en étonner : n’avez-vous pas été, il fut un temps, secrétaire d’État à l’enseignement scolaire ?

Ainsi, vous affirmez, entre autres, que les enseignants ne travaillent que dix-sept heures par semaine : cet horaire ne correspond à aucun statut. Faut-il vous rappeler qu’un professeur certifié doit accomplir un service de dix-huit heures hebdomadaires par semaine, et que ce service est ramené à quinze heures pour un professeur agrégé ?

Par ailleurs, vous sous-entendez qu’une fois ces « dix-sept » heures effectuées, les enseignants s’empressent de quitter leur établissement pour aller gagner ignominieusement de l’argent supplémentaire dans des entreprises de soutien scolaire « cotées en bourse ». Savez-vous que les entreprises en question fonctionnent, pour l’immense majorité des cas, avec des étudiants et non des enseignants, d’une part, et que, d’autre part, les salaires de leurs employés sont honteusement bas ? Savez-vous que ces entreprises exploitent tout simplement les étudiants les plus modestes, dont les études ne peuvent être financées par leurs parents ? Et savez-vous que si, par hasard, on y trouve quelques enseignants, ce sont le plus souvent des vacataires ou des enseignants sur postes précaires (maîtres-assistants, etc.) qui n’ont d’autre choix pour vivre que de compléter les maigres subsides que leur accorde l’Éducation nationale avant de les jeter dehors ?

Je me bornerai à vous signaler quelques faits concrets, venus « du terrain » puisque vous ne cessez de proclamer que c’est ce qui vous intéresse. Je m’étonne au demeurant qu’avec un tel « intérêt », vous ignoriez encore tant de choses.

Un professeur certifié assure donc dix-huit heures minimum par semaine devant ses élèves. Les inspections académiques, appliquant les directives venues des rectorats et du ministère, nous obligent à assurer de plus en plus d’heures supplémentaires, pour compresser les postes. Ainsi, il est fréquent que les collègues effectuent vingt ou vingt et une heures devant les élèves, ce qui, dans un établissement difficile, représente un surcroît de fatigue non négligeable, n’en déplaise à ceux qui pensent qu’enseigner en collège ne demande que peu d’énergie et d’investissement personnel.

Ces heures de cours, nous devons les préparer : l’équivalence communément admise d’une heure de préparation pour une heure de cours (ce qui porterait déjà notre semaine de travail à trente-six heures) dépend des matières, du type d’élève et du niveau. Elle est globalement sous-évaluée, pour les établissements de ZEP comme pour les lycées. De plus, nos cours donnant lieu à des évaluations qui sont loin d’être de simples vérifications de l’acquisition des connaissances, il y a des copies à corriger. Comptons deux à trois paquets de copies par enseignant et par semaine. Là encore, le temps de correction est variable, mais dépasse souvent les trois heures par paquet pour de « simples » copies d’histoire ou de français de collège. Je vous laisse imaginer ce qu’il en est d’une dissertation de philosophie de terminale.

Ayant, contrairement à ce que vous semblez penser, le souci de nos élèves, nous passons beaucoup de temps à évoquer ensemble leurs difficultés, à chercher des solutions communes pour y remédier, à élaborer des projets interdisciplinaires qui les aident à mettre en relation leurs connaissances et leurs compétences, etc. Cela demande beaucoup de temps, et se fait bien évidemment en dehors des heures de cours, le soir, le week-end ou pendant les vacances, avec les conséquences que vous pouvez imaginer sur notre vie personnelle et familiale. Ces séances de concertation, de plusieurs heures à chaque fois, sont souvent au nombre de deux par mois, avec les différents collègues. Je vous laisse donc effectuer le calcul.

De plus, nous sommes pour beaucoup professeurs principaux d’une classe. Cela implique un travail important, effectué dans l’établissement en dehors des heures de cours. Nos tâches sont diverses et varient selon les types d’établissement, bien sûr. Mais il s’agit globalement de :

- relever et suivre les carnets de correspondance régulièrement, pour vérifier qu’ils sont signés, prendre connaissance des mots des collègues, vérifier les heures de colles, les absences et retards, etc. : comptons plus d’une heure de travail pour vingt carnets de correspondance ;

- coordonner l’ensemble d’une équipe pédagogique, pour faire front commun face aux difficultés qui se posent dans la gestion de la classe : cela implique donc de nombreux échanges avec les collègues. Si l’on veut que ces échanges soient fructueux et ne pas laisser seul un collègue en difficulté, cela demande du temps. Ce n’est bien évidemment pas quantifiable, et d’aucun s’appuient là-dessus pour nier l’existence de ce travail. Mais il n’en reste pas moins qu’il est essentiel, et prenant ;

- être en contact régulier avec les surveillants, le conseiller principal d’éducation, qui voient les élèves dans d’autres contextes et sous un autre angle, avec l’infirmière et l’assistante sociale également, pour connaître la situation d’un élève dans sa globalité, autant que possible. Là encore, ces concertations nécessaires ne sont ni reconnues ni prises en compte, et se font de manière empirique, parfois le soir par téléphone quand les journées trop bien remplies ne nous laissent plus le temps de nous parler ;

- prendre le temps d’écouter les élèves en dehors des cours : c’est souvent dans ces moments-là que leurs problèmes se manifestent, que l’on apprend les situations de racket, de violence, sur lesquelles nous devons agir. Cette écoute est au centre de notre mission et, là encore, peu mesurable. Mais nous ne pouvons ni ne souhaitons nous en passer. Sachez simplement qu’il faut parfois plusieurs heures de discussions, souvent en plusieurs fois, le soir après les cours, avant qu’un élève ne parvienne à se confier en cas de difficulté ;

- rencontrer les parents, au cours des réunions « institutionnelles » organisées par l’établissement (rencontres parents-professeurs, remise des bulletins en mains propres, etc.) mais aussi lors de rendez-vous que nous leurs fixons en-dehors. Par égard pour ces parents qui se déplacent, il ne s’agit pas de les recevoir en un quart d’heure pour leur asséner une parole d’autorité mais de les écouter, de les aider autant que possible. Ces moments d’entretien sont essentiels, et souvent longs.

J’en viens maintenant au récit d’une semaine comme une autre dans mon établissement, pour tenter de vous faire saisir ce qu’est réellement notre métier. Je suis professeur d’histoire, de géographie et d’éducation civique dans un collège de Bobigny, situé en ZEP, zone de prévention de la violence et APV. Mon collège figure à une place que je qualifierai, avec un certain humour noir, d’intéressante dans le classement des établissements violents publié par un hebdomadaire il y a quelques semaines. Ceci pour planter le décor.

Notre semaine de rentrée des vacances de la Toussaint a commencé par une grève, lundi, comme suite à la suppression par l’inspection académique d’un poste de trente-cinq heures d’aide-éducateur, alors même que nous demandions depuis plusieurs mois des postes de surveillance supplémentaires, devant la multiplication des incidents graves et des violences. Durant cette grève, nous ne sommes pas restés tranquillement chez nous les bras croisés. Cette grève s’est faite sur place. Les élèves étaient dans la cour, nous nous sommes relayés pour les surveiller pendant que nous étions réunis en assemblée générale. Notre hiérarchie ayant décidé avant midi de fermer l’établissement et de renvoyer les élèves chez eux, nous avons assuré la sortie calme de quatre cent cinquante élèves. Ayant constaté qu’une trentaine d’entre eux ne rentraient pas chez eux et se livraient à une bataille rangée de cailloux devant le collège, nous sommes sortis pour intervenir. Nous étions donc quelques professeurs sous les cailloux à tenter de raisonner un par un les élèves. Une voiture de police est passée, a ralenti et observé la scène… puis est repartie tranquillement, pour ne plus revenir. Une fois les élèves rentrés chez eux, nous nous sommes rendus à l’inspection académique, soutenus par les parents d’élèves et le conseil général. Cette journée de grève, commencée à 7 h 30 et achevée à 18 h, nous a permis d’obtenir des moyens de surveillance et du personnel supplémentaire.  Comptons donc dix heures trente pour la journée de lundi.

Mardi, nous avons repris le travail. Ayant cours de 8 h à 15 h 30, je suis arrivée au collège à 7 h 30 et l’ai quitté à 19 h 30. En plus de mes cours, j’ai assuré un rendez-vous de coordination avec la principale adjointe et la responsable d’une classe-relais dans laquelle se trouve un de mes élèves, une rencontre avec des parents d’élèves, une heure de mise au point avec un élève exclu temporairement pour avoir insulté et menacé une collègue, une aide informatique auprès de certains collègues ne maîtrisant pas cet outil, et la compilation des cours de la semaine à destination d’un élève gravement malade et hospitalisé. Comptons donc douze heures pour la journée de mardi.

La journée de mercredi, de 10 h à 19 h, a été consacrée à une action militante au sein du Réseau éducation sans frontières (RESF). Cela n’entre pas en compte dans mes obligations professionnelles, mais c’est à mon sens une obligation éthique et morale.

           

Le jeudi, je n’ai cours que de 13 h 30 à 16 h 30. Je suis arrivée dans mon établissement à 10 h et l’ai quitté à 20 h. J’ai d’abord assuré une heure de coordination pédagogique avec une collègue de français pour préparer la séance d’itinéraire de découvertes de l’après-midi, puis travaillé une heure durant sur la mise en place de l’espace numérique de travail (ENT) expérimental dont le Conseil général dote mon établissement. Après ma journée de cours, j’ai passé une nouvelle heure avec un élève exclu, puis plus d’une heure avec un élève sans-papiers pour tenter de trouver une solution pour son orientation (il ne peut faire le CAP en alternance qui l’intéresserait puisqu’il ne peut pas travailler, et toutes les autres voies d’orientation lui sont fermées en raison de son niveau – il a dix-huit ans en quatrième et n’a été scolarisé qu’à l’âge de quinze ans et demi.) Enfin, j’ai animé une réunion de parents sur un voyage en Italie que j’organise pour cinquante élèves du collège (le temps de travail d’organisation de ce voyage, loin d’être terminé, se compte déjà en plusieurs dizaines d’heures.) Comptons donc dix heures pour cette journée de jeudi.

           

Enfin, je suis arrivée vendredi à 7 h 30 et suis restée dans mon établissement jusqu’à 15 h 30, pour quatre heures de cours de 8 h à midi. J’ai passé deux heures en début d’après-midi avec un élève de quatrième, en classe relais, qui vient travailler au collège sur ses heures libres pour tenter de remédier à ses lacunes. Nous avons donc fait des mathématiques et de l’espagnol (toutes matières pour lesquelles je ne me sens bien évidemment pas habilitée à quoi que ce soit). Comptons donc huit heures pour cette journée de vendredi.

 

Ce qui fait une semaine de quarante heures et demie dans l’établissement. N’ayant bien évidemment d’autre endroit, pour recevoir les élèves, qu’une table installée dans un couloir, au milieu du passage des autres élèves. 

Je n’ai pas évoqué les institutions de l’établissement dont je fais partie : conseil d’administration (compter trois à quatre heures par séance, et six ou sept séances dans l’année), commission permanente du conseil d’administration (compter deux à trois heures par séance et trois à quatre séances pendant l’année), groupe de réflexion parents-professeurs dans le cadre de la maison des parents (compter deux à trois heures par séance, quatre ou cinq séances dans l’année.) Ces instances demandent des réunions de préparation et de concertation entre enseignants, plus d’une heure chaque fois.

Je n’ai pas évoqué non plus le chapitre d’histoire de 3e ni le chapitre de géographie de 4e que j’ai préparés chez moi, la nuit, cette semaine.

Pour tout ceci, cailloux et bagarres compris, je touche la somme exorbitante de 1709,47 € par mois, compte tenu des indemnités de suivi et d’orientation des élèves en tant que professeur principal (97,07 €), des « primes » de ZEP (93,55 €) et de l’indemnité de vie chère en région parisienne (56 €). Une fois payés loyer, factures et impôts, il ne me reste certains mois que 300 € pour vivre.

Dans ces conditions, passer trente-cinq heures au collège ? Mais j’en rêve ! Encore faudrait-il cependant que j’y dispose d’un bureau pour travailler et recevoir élèves et parents, d’un ordinateur et d’une imprimante, des livres dont j’ai besoin pour préparer mes cours, etc. Je travaillerais ainsi bien moins qu’actuellement, aurais une vie personnelle équilibrée et saine et réaliserais de substantielles économies : l’ordinateur, l’imprimante et les consommables qui vont avec et qui sont nécessaires à mon travail étant bien évidemment un poids non négligeable dans mon budget actuel.

Vous comprendrez, à la lecture de ces quelques faits, que je me sente très profondément insultée par vos propos honteusement caricaturaux et faciles sur la profession que j’exerce et que j’aime.

Non, je ne suis pas une exception stakhanoviste. Une grande majorité d’enseignants, en ZEP bien sûr, mais également dans d’autres types d’établissements, travaille tout autant que moi, et se sent aussi humiliée et salie par vos propos démagogues et infondés.

Sachez, Mme Royal, si toutefois vous doutiez de ce que je raconte, que je vous accueillerais volontiers dans mes classes de collège ZEP de Seine-Saint-Denis, pour assurer les cours d’un chapitre de votre choix (je peux actuellement vous proposer le Maghreb en 5e, la Révolution française en 4e ou l’Allemagne nazie en 3e), avec les préparations de cours et correction de copies induites. Ensuite seulement, vous pourriez parler en connaissance de cause et sans vous attirer le mépris de l’ensemble d’une profession, outrée de votre ignorance de ce qu’est notre vie.

Sachez, Mme Royal, combien vous pouvez provoquer d’agacement, par vos postures médiatiques et vos discours « politiques » qui flattent les instincts les plus bas. Il ne suffit pas de dire qu’on est révolutionnaire pour l’être, il ne suffit pas de prétendre consulter pour penser et vouloir gouverner. Mais à trop jouer le jeu de la démagogie comme vous le faites depuis plusieurs mois, c’est toujours l’extrême-droite qu’on fait gagner. Le 21 avril ne semble pas vous avoir servi de leçon.

Sachez, Mme Royal, combien vous pouvez provoquer d’agacement, en vous posant sans cesse en victime. Vous avez voulu jouer dans la cour des grands de la politique, vous y êtes. Les coups bas y sont la règle, mais ils sont la règle entre tous, y compris entre hommes. Cessez donc de projeter votre statut de femme sur le devant de la scène pour tenter de faire pleurer dans les chaumières. Vous n’êtes ni plus ni moins maltraitée que d’autres. Dans ce milieu de la haute politique, la bassesse des attaques est la règle, et tout est bon pour faire mouche. Le fait que vous soyez une femme comme le reste. Si vous n’êtes pas capable d’assumer ces règles, cessez de jouer et retournez dans votre région. Ou alors, cessez de vous plaindre et de vous poser en victime.

Je suis une femme, je travaille dans un milieu difficile, épuisant, et bien plus méprisé que ne l’est le vôtre, et où le statut de femme, dans un univers banlieusard dur, où le machisme est la règle première de toute relation, est bien plus lourd à assumer. Je n’en tiens grief à personne et je mène ma barque, les mains dans le cambouis.

C’est pourquoi je trouve tous vos argumentaires, sur les femmes comme sur les enseignants, à vomir, tout simplement.

Mme Royal, recevez, je vous prie, l’expression de mon plus profond mépris.

Commentaires

Ca barde !
J'ai vu tant et tant d'enseignants faire des dépressions nerveuses, ou pire... Je me range de votre côté, Fanny.

Écrit par : Richard | dimanche, 12 novembre 2006

Il est dommage que ce texte soit diffusé sur un blog privé... Il est admirable.

Écrit par : Guillaume | dimanche, 12 novembre 2006

Une autre version de la vidéo est en ligne. Elle comporte quelques instants supplémentaires qui ne changent rien à la proposition de départ de S. Royal, mais que j'indique cependant par honnêteté.

http://www.49avecsego.org/blog/index.php?2006/11/10/53-la-fin-de-l-intervention-sur-les-enseignants-a-angers

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 12 novembre 2006

Il serait peut-être utile de rappeler que cette vidéo avait été déjà été citée en février sur... le blogue de Jack Lang (qui était alors candidat à la candidature et qui s'était alors insurgé) et dans... le Monde, édition papier.

Écrit par : Dominique | dimanche, 12 novembre 2006

Je ne le savais pas. Il faut effectivement le dire. Il est bien évident qu'on lui tire dans le dos dès que possible, et le plus sournoisement du monde. Il reste qu'elle a bien tenu ces propos.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 12 novembre 2006

Et dans mon énervement, j'en ai même oublié les conseils de classes et conseils de mi-trimestre... on n'est plus à ça près...

@ Dominique : oui, bien sûr, c'est à cela que je fais allusion lorsque je dis que j'étais au courant de ses positions sur la question... Il est bien évidemment opportun (et dégueulasse) que la vidéo ressorte maintenant. Mais comme je le dis dans la lettre, la bassesse du procédé n'étonne plus...

Écrit par : Fanny | dimanche, 12 novembre 2006

On est bien d'accord, et ce texte est remarquable (à poster sur agora VOx ou autre media "citoyens"), mais si l'on tient à voter, entre Sarkozy, l'opportuniste communautariste américanophile, Fabius le faux rebelle caricatural, DSK le libéral, Laguiller et Besancenot les obtus se payant de slogans, Le Pen et De Villiers, "les Zombis Dupont", Buffet, la communiste, que reste-t'il d'honorable pour 2007 ?

Écrit par : Ludovic | lundi, 13 novembre 2006

Ce qui est presque certain, c'est que le second tour présentera ou bien Sarkozy-Le Pen, ou bien Royal-Le Pen, ou bien Sarkozy-Royal. Dans tous les cas, je ne voterai pas au second tour.

Au premier, je voterai communiste, pour dire quelque chose, même si je sais bien que ce sera sans poids réel.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 13 novembre 2006

De toute façon, que l'on vote à droite ou à gauche, le résultat semble le même: une politique pro-américaine dans la lignée du libéralisme ainsi qu'un soutient inconditionnel à la politique extérieure israélienne:

http://www.voltairenet.org/article143939.html


Ce n'est pas encore avec cela que l'on va aboutir à la paix au Proche-Orient

Pour le reste, bravo à Fanny pour cette diatribe envers Mme Royal et ce compte-rendu de la vie quotidienne d'un enseignant. C'est un véritable morceau d'anthologie qui mériterait en effet une large diffusion.

Écrit par : Feuilly | lundi, 13 novembre 2006

Aux pronostiqueurs...

En décembre 1994, tout le monde prévoyait un face-à-face Balladur-Delors.

En février 2002, certains instituts de sondage envisageaient benoîtement un Jospin-Chevènement...

Écrit par : MuMM | lundi, 13 novembre 2006

Oui, tu l'as déjà dit, ça, Mumm. Je ne fais aucun pronostic, je donne un sentiment personnel. Il se peut que je me trompe.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 13 novembre 2006

Fanny, peut-on diffuser votre lettre ?

Écrit par : desavy | lundi, 13 novembre 2006

Argh ! Il a pris la scène où Doisnel va voler la machine à écrire de son père...

Écrit par : Dominique | lundi, 13 novembre 2006

@ desavy : cela dépend où, mais sur le principe, vous le pouvez... peut-être en ne laissant que l'initiale de mon nom si c'est "trop" public ? Je vous fais confiance.
En fait, je me méfie de ma hiérarchie, et mon peu d'expérience me conforte pourtant chaque jour un peu plus dans cette méfiance...


(pour rester dans la thématique : aujourd'hui, journée faste et légère : 7h30-17h30... peuh !!! Quelle plaisanterie !)

Écrit par : Fanny | lundi, 13 novembre 2006

C'est pas plutôt petit Gibus dans La guerre des boutons ?
En tout cas ce n'est pas J.P. Léaud.

Écrit par : Benoit | mardi, 14 novembre 2006

Peux pas saquer J.P Léaud, avec sa bouille de sale môme qui ne parvient pas à devenir adulte (pour moi Brel n'est pas une référence).

Écrit par : Martine Layani | mardi, 14 novembre 2006

Euh... Je dois dormir encore, mais je ne comprends pas ces allusions à Léaud et Truffaut.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 14 novembre 2006

Ben moi non plus, mais à présent c'est Benoît qui doit dormir.

Écrit par : Martine Layani | mardi, 14 novembre 2006

Et Dominique ?

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 14 novembre 2006

Qui ? Lequel ?
Si c'est moi que vous appelez à la rescousse, je devrais effectivement avoir atteint mes dix-sept heures d'écran professionnel vers midi, ce mardi (dans la mesure où nous convenons de faire débuter la semaine ouvrable le lundi matin).
J'ai une exécration absolue pour Mme Royal, qui ressemble à ma mère (quelqu'un de mon entourage m'a affirmé qu'elle en a même la voix – n'ayant pas la télévision, j'en étais réduit aux conjectures concernant la version "live" du personnage qui, chez moi, ne suscite qu'effroi). Mais force est de constater que son staff sait encore calculer une moyenne pondérée (*), ce qui me rassure à peine en cas d'élection de ladite dame pour conduire les affaires et le destin de notre pays.

(*) "…dix-sept heures par semaine : cet horaire ne correspond à aucun statut. Faut-il vous rappeler qu’un professeur certifié doit accomplir un service de dix-huit heures hebdomadaires par semaine, et que ce service est ramené à quinze heures pour un professeur agrégé ?"

Écrit par : Dominique Autié | mardi, 14 novembre 2006

Non, ce n'était pas vous. J'aurais précisé : Dominique Autié. Je parlais du commentaire de Dominique, plus haut, que je ne comprends pas.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 14 novembre 2006

Voici l'explication:


http://www.hallucinez.com/article.php?no=118

Écrit par : Feuilly | mardi, 14 novembre 2006

Oui, ça, je connais, mais je ne comprends toujours pas.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 14 novembre 2006

De plus, "les 400 coups"est un film qui semble avoir marqué le comte de Champignac:

http://champignac.hautetfort.com/archive/2006/10/14/ma-mere-est-morte-monsieur.html

Écrit par : Feuilly | mardi, 14 novembre 2006

Oui, je sais, j'avais lu cette note aussi, comme tout ce qu'écrit Dominique. Mais là, quelque chose m'échappe. Je ne vois pas le rapport avec notre sujet.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 14 novembre 2006

Avec le sujet aucun, mais bien avec la bannière.

Écrit par : Feuilly | mardi, 14 novembre 2006

Ah, c'était donc ça ! J'étais bien loin de ça. Merci Feuilly. Mes excuses à Dominique pour n'avoir pas compris.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 14 novembre 2006

17 heures peut correspondre à un horaire légal. Soit celui d'un agrégé de musique qui doit enseigner dans un collège rural et qui doit donc assurer 2 heures de chorale non rémunérées en heures supplémentaires en plus de ses 15 heures. Cela ne doit pas courir les rues. Si c'est un agrégé d'EPS, il fait lui 15 heures plus 3 d'UNSS, non attribuées en heures supplémentaires. Ce sont des statuts particuliers. Le premier remonte à la IIIe République, les maîtres de classes primaires supérieures devaient monter une chorale et les premiers enseignants de musique en collège ont d'abord été des anciens instituteurs (statut des PEGC, 21 heures avant 1984). Il en est d'ailleurs allé de même pour les enseignants d'arts plastiques et de technologie en collège qui étaient à 20 heures il y a encore dix ans (les agrégés à 16 heures). Pour les profs de sport, ils dépendaient du ministère de la Jeunesse et pas de l'Éducation nationale jusqu'à la loi Haby. Leur statut a peu évolué (formation, concours séparés). Il y a des certifiés à 36 heures : les documentalistes qui ont un dégrèvement de 4 heures pour la prospection en librairie, bibliothèque. Les enseignants de matières techniques dans le professionnel sont à 26 heures (les PLP de matières générales étaient avant à 21. heures, mais ils ont été alignés sur les certifiés). Je précise encore que 15 ou 18 heures ne sont que des bases de calcul pour les heures supplémentaires ou du temps partiel, on peut bénéficier de dégrèvements pour des tas de raison (première chaire en classe d'examen dans certaines matières et certaines sections, déplacement sur deux ou trois établissements distants, laboratoire ou corvée de vaisselle, heures de classes supérieures comptant pour une heure trente) et bénéficier d'heures supplémentaires après cette première soustraction. Mais tout ça, c'est une foule de cas particuliers.

Écrit par : Dominique | mardi, 14 novembre 2006

Mais non, je ne rabâche pas.
Ma mère déteste Léaud et je l'aime beaucoup.
Mais non, je ne rabâche pas.
Ma mère déteste Léaud et je l'aime beaucoup.
Mais non, je ne rabâche pas.
Ma mère déteste Léaud et je l'aime beaucoup.
Mais non, je ne rabâche pas.
Ma mère déteste Léaud et je l'aime beaucoup.
Mais non, je ne rabâche pas.
Ma mère déteste Léaud et je l'aime beaucoup.
Mais non, je ne rabâche pas.
Ma mère déteste Léaud et je l'aime beaucoup.
Mais non, je ne rabâche pas.
Ma mère déteste Léaud et je l'aime beaucoup.
Mais non, je ne rabâche pas.
Ma mère déteste Léaud et je l'aime beaucoup.

Écrit par : MuMM | mardi, 14 novembre 2006

Par ailleurs, 17 heures : n'est-ce pas l'horaire légal d'un certifié avec l'heure de première chaire (est triste hélas, et j'ai vu le ministre) ?

Écrit par : MuMM | mardi, 14 novembre 2006

Dont, vraisemblablement, S. Royal n'a jamais entendu parler et dont elle doit se soucier comme d'une guigne, du haut de ses généralisations bêtes.

Je suis dans la maison depuis 1974 et j'ai connu plusieurs de ces cas, effectivement.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 14 novembre 2006

Je répondais à Dominique. Mon commentaire a croisé ceux de Mumm.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 14 novembre 2006

MuMM, ce n'est pas l'horaire légal d'un certifié en lycée. La base est toujours 18 heures, mais on soustrait une heure (dans les classes d'examen en maths, lettres, en section technologique dans deux classes qui font 6 heures, et en section générale à partir de 6 heures effectuées dans une seule classe). Mais après on peut avoir des heures supplémentaires. Imaginons maintenant l'enseignant qui a 5 heures en section technologique et 4 heures en section générale pour les classes d'examens, il n'aura pas son heure de première chaire. De toute manière, l'heure de première chaire est sur la sellette : il s'agissait de compenser l'investissement pédagogique en section technologique (il faut tout adapter, faire des choses appliquées pour un public pas très motivé) ou bien la lourdeur du programme en section générale quand la matière a un fort coefficient et un fort volume horaire. Cela permettait aussi de diluer les conflits entre les certifiés de lycée qui se tapent seulement les classes techno et les secondes sans aucun bénéfice et les agrégés qui avaient non seulement les “bonnes classes”, mais en plus des heures de classes sup (souvent en fait d'anciens élèves de classes technologiques) qui comptent à 150 %. Mais les déclarations du ministre montrent que cela a vécu et que l'on va vers un nouveau dégraissage. Je rappelle que dans certaines sections technologiques, c'est souvent 2 heures de français ou de maths ou de langues (l'heure de l'assistant est maintenant considérée comme une heure de langue, donc on peut l'ôter des 3 heures de l'enseignant). Je ne connais pas beaucoup de classes avec 6 heures de français en classe d'examen : une section littéraire dans le lycée chic de ma ville et peut-être une dans le lycée privé, deux premières d'adaptation (technologique tertiaire) dans un autre lycée sur un total d'une cinquantaine de classes d'examen (privé compris). Cela concerne moins de dix pour cent des profs de français de lycée, un peu plus en maths. C'est très marginal, moins que le cas des profs de lettres sup, mais quand même assez minoritaire. Surtout quand on songe que les trois quarts des enseignants de lettres sont en fait en collège. Si on ramène ce chiffre au précédent, cela doit faire 5 ou 6 % des enseignants de lettres (dont j'ai fait partie) en comptant très large.

Écrit par : Dominique | mardi, 14 novembre 2006

Oui, je ne suis pas rentrée dans tous les détails des cas particuliers dans le cadre de cette lettre, justement parce qu'ils sont particuliers.
Quant à l'heure de première chaire, je ne l'évoque pas non plus pour les raisons rappelées par Dominique : elle est sur le point de disparaître, avec plein d'autres choses, dans le nouveau projet de réforme de mon ami Gilles.
Ah, oui, aussi, dans cette réforme, le projet de ne compter que comme une demi-heure toute heure de cours effectuée devant moins de 20 élèves.
Donc, quand en ZEP depuis des années on met la priorité aux effectifs les plus légers possibles dans les classes, comme j'ai une 5e et une 3e à 19 élèves, et que je fais 3h en 5e et 3h30 + 1 heure de groupe en 3e, cela me vaudrait un service de 18h + 3h45 = 21h45 devant élèves.
Chouette alors !

Écrit par : Fanny | mardi, 14 novembre 2006

Ah ben... je ne suis pas trop au courant des nouvelletés du ministère vu ma condition de remplaçant (j'ai rencontré la collègue ce matin et appris ce soir que je devais en fait remplacer une autre personne trente kilomètres plus loin), mais euh... pour avoir un peu enseigné en section d'insertion, pré-professionnelle, techno et autres, je peux dire que ce n'est pas aussi facile avec une classe préprofessionnelle à 14 qu'avec 32 élèves en bilangue ou même 40 en première scientifique... Quand le premier travail est de demander à un élève de rester à la même place et de ne pas sortir quand il en a envie, ou de vérifier tous les carnets de correspondance avant de découvrir que le motif de l'absence était “Vol à Leclerc” ou que l'on ne peut contacter les parents parce qu'ils ne sont toujours pas remis de leur cuite du samedi on se dit qu'il y a bien des métiers différents sous la même casquette. Et que les horaires ne correspondent pas au temps réel : j'ai toujours passé plus de temps à tchatcher pour les classes difficiles, au cas par cas, que pour les autres classes. Si on me confie une première L ou S dans le lycée chic (comme cela m'est arrivé), mais je n'échangerai pas deux mots avec mes chers collègues parce qu'ils n'en voient pas du tout la peine. D'ailleurs les enseignants alors entrent directement dans leur salle de classe et sortent de l'établissement juste après, ce qui est très différent du comportement des lycées techniques.

Écrit par : Dominique | mardi, 14 novembre 2006

Oui, bien sûr...
Le problème est d'appliquer les mêmes mesures et les mêmes décisions à tous les profs dans tous les types d'établissements, alors que, comme on le sait tous, ce n'est vraiment pas le même métier...

Mais je crois que le pire c'est quand il faut demander aux élèves d'arriver à rester assis, de ne pas essayer de crever les yeux du voisin à coups de stylo plume etc., et qu'ils sont 25 (trois 5e et deux 4e comme ça, à 25 ou 26 par classe ma première année... je crois que j'en ferai des cauchemars toute ma vie). ;o)

Écrit par : Fanny | mardi, 14 novembre 2006

Merci Fanny, je reste discret sur la signature.

Je la poste ici :

http://www.ecrits-vains.com/cgi-bin/discus.cgi

Écrit par : Desavy | mardi, 14 novembre 2006

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