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vendredi, 01 avril 2016

Aucun trucage

Arles, 31 mars 2016.jpg

Arles, 31 mars 2016

(Photo Martine Santoni)

mardi, 14 juillet 2015

Ombres présentes

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Le taulier et la taulière sont toujours là, ils vous observent. Ne croyez pas que la rue Franklin soit une voie supprimée. On ne sait jamais quelles ombres nous regardent.

Photo Mireille Layani

mercredi, 27 juin 2007

On ne lit que deux fois, 4

c24db0385250fcea8464eb0da21856d2.jpgCependant, on ne peut omettre les clichés xénophobes, pour ne pas dire racistes, de Fleming qui, en cela, ne se dégage pas des préjugés de son époque. En gros, tout ce qui n’est pas anglais est mal, avec la concession de quelques personnages américains, français ou jamaïcains qu’il veut bien dépeindre comme sympathiques. Suivent les idées reçues abominables au sujet des Noirs, des Chinois et, tout particulièrement, des Turcs et des Bulgares. Des Russes (comprendre : des Soviétiques), également. L’emploi des mots « race » et « sang », qui est, il est vrai, celui d’alors, est abusif. C’est l’aspect le plus franchement désagréable de l’œuvre, le plus regrettable. Fleming n’est peut-être pas plus raciste qu’un autre, d’ailleurs, mais ne fait aucun effort pour raisonner autrement qu’en fonction des fantasmes de son temps, mêlés à son caractère aristocratique. L’intelligence reste de côté. Les Anglais ont toujours raison, même leurs défauts sont plaisants ou traités sur le mode amusé ; la seule erreur que commettent les Anglais est due… aux Anglaises, qui ne savent pas, prétend-il, choisir leur parfum. Quand on compare cela aux charges faites contre à peu près tous les étrangers, crasseux, à la poignée de main répugnante, fourbes, lâches, minables, mesquins, intéressés – bref, des calamités – c’est peu de chose. Il faut faire un gros effort pour faire abstraction de cela et se concentrer sur l’art de l’auteur, dans la mesure où cette lèpre peut en être dissociée. Il est vraiment regrettable que la large imagination de Fleming ne l’ait pas laissé entrevoir des horizons plus humains et plus justes.

(Ian Fleming et Sean Connery, photo X)

jeudi, 21 juin 2007

On ne lit que deux fois, 3

Dans les livres de Fleming, l’empreinte de la Seconde guerre mondiale reste très importante. Peu d’années se sont écoulées, lorsqu’il rédige ses premiers romans, depuis la fin du conflit, qui va jusqu’à constituer l’origine d’Entourloupe dans l’azimut, son fondement véritable (Drax est un ancien nazi nostalgique qui veut détruire Londres pour se venger).

Pour le reste, il s’agit bien évidemment de romans composés durant la Guerre froide, et qui s’en ressentent. L’ennemi est l’URSS, alors communément appelée « la Russie » et ainsi désignée par les traducteurs, au risque d’une approximation géopolitique. Le chef d’œuvre, en la matière, est Bons baisers de Russie, dont toute la longue première partie est constituée par la dissection, fibre à fibre, d’un plan soviétique destiné à nuire à l’Occident par un acte de terrorisme perpétré au sein même des services secrets anglais, Bond étant évidemment désigné comme la cible à atteindre. Sont rappelées ses aventures précédentes et ses anciens démêlés avec le SMERSH, ce qui est pour Fleming l’occasion de conforter encore le monde qu’il a construit, de rappeler l’existence de personnages antérieurs, certains morts, d’autres vivant encore et dont le lecteur attentif reconnaîtra le nom au passage. Pur acte de démiurge que cette description clinique d’une conspiration. Fleming connaît son métier, il est habile. Il possède aussi une documentation considérable.

C’est d’ailleurs un aspect frappant de ses romans. Ils contiennent tous une partie qu’on ne peut qualifier que d’encyclopédique, à défaut d’autre mot. Cela va de quelques lignes à plusieurs pages et ne paraît nullement être une digression. C’est même, à l’opposé, nécessaire à la bonne compréhension du récit et de ses développements futurs et, en tout état de cause, chaque fois intéressant. Comme est intéressante la « construction » des personnages ennemis de Bond. Ils ont tous une biographie complète, peinte avec la précision d’une fiche de police… mais avec le talent d’un bon romancier. Leur histoire est narrée avec une incroyable quantité de détails, en remontant aux circonstances de leur naissance et avec l’exposé précis, méthodique, de leurs ressentiments, leurs difficultés, leurs volontés – ce qu’on n’appelait pas encore leur « parcours » – si bien que le personnage existe réellement aux yeux du lecteur, avec une force brutale souvent, qu’il s’agisse d’un personnage principal ou d’un second rôle. Ce b-a-ba du roman peut être ressenti comme étant à présent une narration « à l’ancienne », mais il participe ici de l’univers construit de Fleming, qui le maîtrise remarquablement.

L’ambiance des œuvres de Fleming est toujours noire, très noire. Non pas au sens où l’on entend habituellement « roman noir », appellation qui recouvre davantage le domaine du roman policier et celui du thriller, mais dans cette acception exactement comprise : une ambiance très sombre.

Bond, à qui son matricule, nul ne l’ignore, donne le droit de tuer en service commandé, tue toujours avec beaucoup de réticence, avec dégoût, la plupart du temps en représailles d’un mal fait à ses amis ou à lui-même. Dans Les Diamants sont éternels, il va jusqu’à compter le nombre de ses victimes, en le regrettant et avec une nuance d’écœurement. On est loin, très loin, des films où les personnages, lui ou d’autres, appuient sur la détente avec une facilité inimaginable (où donc ai-je lu cette « statistique » qui avançait le chiffre minimum de cinquante décès par film ?)

Surtout, ce qui est intéressant, ce sont les états d’âme de l’agent secret. Dans Casino Royale, par exemple, a lieu une longue discussion au cours de laquelle il se pose le problème classique du bien et du mal, allant jusqu’à se demander si, finalement, ce n’était pas son adversaire Le Chiffre, agent du SMERSH, qui était dans le vrai, si ce n’était pas lui qui avait raison. Tout n’est pas tout blanc ou tout noir dans l’univers bondien, au rebours des caricatures si courantes dans ce genre de littérature. Si Bond, dans les derniers paragraphes de Casino Royale, se décide finalement à consacrer ses efforts à lutter contre le SMERSH, c’est surtout, on le sent bien, à cause de la douleur qu’il vient d’éprouver avec le suicide de Vesper Lynd, agent double par la force des choses, manipulée par ce bras armé du service secret soviétique.

À  l’évidence, n’eût été le destin exceptionnel de James Bond, popularisé dans le monde entier par le cinéma, on aurait certainement oublié les livres de Fleming. Ils ne doivent leur statut de « classiques » qu’à l’excellente fortune que leur a fait connaître le grand écran. Pourtant, ils méritent d’être considérés aujourd’hui : ils ne sont pas mal écrits, contrairement à une réputation très injuste ; ils témoignent d’une époque révolue, avec ses préjugés (cependant remis en cause, parfois), mais tout livre témoigne forcément du temps de son écriture ; ils sont plutôt intéressants et réellement distrayants, même si je ne demande pas – surtout pas – à un livre de me distraire ; ils sont pleins d’une imagination sans limites ; ils ont un caractère parfois encyclopédique… Pour une littérature dite populaire, ce n’est pas si mal.

On ne lit que deux fois, 2

Donc, ce Bond trop humain est un célibataire raffiné, très préoccupé de ce qu’il mange et boit, vêtu comme un prince. À ce sujet, les descriptions de repas, très fréquentes (parfois deux par page), comme celles d’habits, sont d’un connaisseur. Outre qu’elles sont plutôt inhabituelles dans les romans d’espionnage, elles montrent que Fleming, né en 1908, s’intéressait aux femmes d’une manière un peu différente, quoi qu’on dise, des hommes de son temps : ceux-ci ne devaient pas être nombreux à pouvoir décrire dans le détail des toilettes féminines en nommant les tissus par leur nom, les vêtements par leur coupe, les couleurs par leurs nuances. Ni à composer des personnages de fiction nombreux et qu’ainsi, on pouvait voir. Une autre présence est celle, totalement neuve alors, des marques (boissons, objets, armes, voitures…) Le personnage de l’agent secret est campé, entre autres bien sûr, par ses goûts culinaires, ses cocktails, son tabac venu de Macédoine (cigarettes Morland spéciales à triple anneau d’or).

Fleming a le sens des titres, un mélange de formules choc et d’une forme de poésie populaire : On ne vit que deux fois (qui est d’ailleurs dans l’histoire le début d’un haïku que Bond est censé composer), Vivre et laisser mourir, Bons baisers de Russie (plus fin en anglais : From Russia with love), L’Espion qui m’aimait

Il a aussi celui des noms, incontestablement. On sait que le nom du personnage principal est purement et simplement celui d’un ornithologue dont Fleming avait un ouvrage sur sa table au moment où il cherchait le patronyme de son héros : James Bond. Le succès mondial des livres et des films, par la suite, ne facilita pas l’existence de ce monsieur, on s’en doute. C’est un patronyme très banal pour un Anglais : c’est presque John Smith. Mais les autres noms ? Goldfinger est le nom réel d’un voisin du romancier ; celui-ci ne l’aimait pas (sa maison lui déplaisait) et il en fit le criminel que l’on sait, ce qui est assez culotté. Docteur No, cela a de l’allure, ainsi qu’Hugo Drax, mais la palme du nom savoureux revient certainement à Ernst Stavro Blofeld. Vesper Lynd se prénomme ainsi parce qu’elle est née un soir, un soir d’orage. Tiffany Case parce que son père, furieux qu’elle ne fût pas un garçon, abandonna sa mère, lui laissant mille dollars et un poudrier de chez Tiffany. C’est parfois risible mais, dans le contexte, toujours touchant. Les personnages du service secret, outre qu’ils sont dépeints dans leur exactitude (on leur connaît un passé, une vie, des manières, des objets personnels) et ne sont pas, par conséquent, des fantoches, des silhouettes, sont désignés – et ça, je trouve que c’est un coup de génie – par des initiales : M, Q, S… Ce qui ne les empêche pas d’avoir des noms, M est l’amiral Sir Miles Messervy… La secrétaire de M est miss Moneypenny, ce qui est un nom assez extraordinaire, tout de même. Ensuite, la litanie de femmes aux noms étranges (Solitaire), voire très équivoques : Pussy Galore qui signifie, paraît-il, « chatte à gogo » ; Honey Rider (Honeychile Rider dans le livre) dont je ne crois pas qu’on ait relevé que cela, de près ou de loin, pouvait signifier « chevauchée de miel » avec les connotations érotiques qu’on imagine ; Mary Goodnight… Dans le film Les Diamants sont éternels, les scénaristes ont ajouté un personnage, qu’ils n’ont pas hésité un instant à baptiser Plenty O’Toole, soit Abondance Delaqueue dans la version française. Plenty O’Toole, littéralement « bien outillée », parce que « ça faisait Fleming », comme il est dit dans un bonus de DVD… à propos de Holly Goodhead, autre femme ajoutée, elle, à l’histoire de Moonraker. En dépit des apparences, cela ne paraît jamais vulgaire dans le cadre de l’histoire.

Comme toujours, les personnages récurrents créent un monde. Depuis Balzac, on le sait. Un monde crée une authenticité. L’authenticité engendre l’adhésion. Demy l’a fait au cinéma, Franquin en bande dessinée, Fleming avec le roman d’espionnage. Les titres d’ouvrages, les noms, les personnages récurrents sont trois de mes soucis dans mes recueils de nouvelles. Je suis particulièrement sensible à cela depuis mon enfance et je « marche » à tous les coups. Rien de plus plaisant que de voir ressurgir, de loin en loin, Quarrel, Leiter… Il y a encore récurrence des organisations ennemies, le SMERSH ou le SPECTRE de Blofeld… Il y a récurrence du mode narratif ; le motif est constant : l’entretien avec M, d’où tout va découler, est systématiquement montré au chapitre deux. Ce qui n’empêche pas les variations sur le thème. Ainsi, dans Bons baisers de Russie, Bond n’apparaît qu’au onzième chapitre, qui se trouve être le premier de la deuxième partie. Et c’est au chapitre douze (soit le deuxième de cette deuxième partie) qu’il rencontre M. Le rythme du livre est donc à la fois changé et inchangé, par rapport aux tomes précédents. Le suivant, James Bond contre docteur No, reprendra la trame initiale. Cet entretien a lieu dans les services secrets, naturellement, dont on nous explique en détail les « couvertures » et dont l’immeuble nous est décrit en long et en large, si bien qu’on s’y trouve vraiment, chaque fois, et qu’on reconnaît les bureaux et la perspective des couloirs. C’est plus qu’un décor planté : un monde est créé.

mercredi, 20 juin 2007

On ne lit que deux fois

J’ai repiqué à la chose et, pour la première fois depuis quarante ans, entrepris de relire intégralement les romans de Ian Fleming. Sans doute suis-je influencé en cela par Le Monde qui, depuis quelques semaines, propose les films des aventures de Bond en DVD avec sa livraison du week end. Je pense que je ne les lirai pas une troisième fois dans quarante autres années car je ne serai plus là. On ne lit que deux fois.

J’inaugure aujourd’hui une série de notes consacrées au sujet, notes que je classe dans la catégorie « Cour de récréation  » comme je l’avais fait des billets datés 17, 22 et 23 janvier 2007, lorsque j’avais appris qu’on parlait de Bond, maintenant, dans un colloque international intitulé Histoire culturelle et enjeux esthétiques d’une saga populaire.

Les romans sont disponibles dans la collection « Bouquins », chez Laffont, en deux volumes représentant un total de près de mille huit-cents pages (typographie minuscule, première édition en 1986, nouvelle édition en 2003 sous une autre couverture). Il s’agit des traductions originales (mais il faut noter que Casino Royale a par ailleurs été réédité récemment, chez Bragelonne, dans une traduction nouvelle signée Pierre Pevel, avec une intelligente préface de quelques feuillets, intitulée « Une autre époque »). Traductions originales, pas exactement. Il s’agit au vrai de celles publiées par Plon dans les années 60, textes qui font référence (il avait en effet existé une médiocre traduction de Casino Royale publiée préalablement en 1960 par Jean Messin sous le titre Espions, faites vos jeux, dans la collection « Inter-Espions »).

Chez « Bouquins », l’intégrale des aventures de Bond est présentée par Francis Lacassin, spécialiste des littératures populaires. C’est une longue introduction de plusieurs dizaines de pages, une introduction très juste et bien faite, intelligente et lucide mais, malheureusement, très mal rédigée. Lacassin écrit vraiment comme un pied.

Je relis donc toutes les missions dans l’ordre chronologique, ce qui est absolument indispensable si l’on désire étudier la manière de l’auteur et goûter pleinement le principe, que j’aime tant, des personnages récurrents. Ces personnages portent souvent les stigmates d’aventures précédentes : en cela, la récurrence est mieux appréciée dans le cadre chronologique. Ainsi, si Félix Leiter apparaît avec une main et une jambe en moins dans Les Diamants sont éternels, par exemple, c’est qu’il porte à jamais les infirmités dues au requin de Vivre et laisser mourir. Il vaut mieux lire dans l’ordre, vraiment.

En revanche, on sent fort bien les différences de traduction. Par exemple, Les Diamants sont éternels est traduit avec un brin de vulgarité par France-Marie Watkins. Il s’agit sans doute d’une conséquence de l’esprit « Série noire » puisque c’est dans cette collection que le roman parut initialement, avec un titre bien dans l’esprit de cette série, Chauds les glaçons ! J’ai relevé des fautes de langue absentes des livres précédents, quelques complaisances très répétitives dans l’argot (« comprendre la coupure », « j’ai compris la coupure » : cette expression qui ne doit plus avoir cours, je pense, signifiait dans les années 50 « comprendre ce qui se dissimule », « piger ce qui se passe », « piger ce qui n’est pas expressément signifié », « comprendre la combine ». On pouvait trouver des équivalents, plutôt que de répéter la formule). À l’opposé, Vivre et laisser mourir propose la traduction très sensible, élégante, de Françoise Thirion.

On doit savoir, j’imagine, que le personnage de Fleming n’a qu’un très lointain rapport avec le Superman indestructible que nous montre l’écran depuis James Bond contre Docteur No et singulièrement depuis Goldfinger et Opération Tonnerre. Le Bond du livre est un homme, rien qu’un homme. Il souffre, il encaisse, il saigne, il est sonné, il s’évanouit, il est anxieux, il a peur, il vomit, il transpire, il aime, il a des chagrins d’amour. C’est un agent secret, c’est-à-dire un fonctionnaire qui travaille dans un bureau et n’effectue que deux à trois missions par an. Il étudie des dossiers, fait de la paperasse, rédige des rapports, déjeune à la cantine et compte le nombre de missions qu’il devra encore effectuer avant d’être radié du corps double zéro. Il pense régulièrement au mariage tout en se demandant s’il est vraiment disponible pour cela et, s’il connaît des bonnes fortunes féminines, il arrive qu’il soit amoureux d’une femme et que rien ne se passe ; ainsi, Gala Brand dans Entourloupe dans l’azimut (encore un titre façon « Série noire » pour ce qui s’intitulait Moonraker) le laisse-t-elle là, à la fin du roman, pour s’en aller avec son fiancé quand il espérait l’emmener passer des vacances en France. Il est trahi parfois (Vesper Lynd est malgré elle un agent double, elle se suicide alors qu’il pense à l’épouser, à la fin de Casino Royale). Cependant, ses liaisons sont quelquefois accomplies (celle avec Solitaire dans Vivre et laisser mourir), mais ce n’est pas une règle.

dimanche, 20 mai 2007

En exclusivité, le scénario du prochain James Bond

À Richard 

 

Le taulier, ne reculant devant rien, n’a pas hésité à séduire, Dom Pérignon 1955 aidant, l’épouse du producteur du prochain James Bond. Il est à présent en mesure de vous en dévoiler les principales facettes.

 

 

Le titre est arrêté. Ce sera Kiss of death (Baiser de la mort, la production tenant à ce que l’article défini « le » ne soit pas employé, afin de renforcer la vigueur du titre).

 

Mission : la France est désormais gouvernée par Smrt (en serbe : la mort), porté légalement au pouvoir mais dont les ambitions sont plus hautes. Il veut devenir le maître du monde. Pour cela, il dispose d’un allié qui est un vieil adversaire de Bond : Ernst Stavro Blofeld, en personne. medium_images.5.jpgL’épouse du président fou, Diamantha Smrt, possède une arme redoutable : on lui a greffé un laser meurtrier dans chaque sein. Elle élimine ainsi ses ennemis. Smrt lui-même possède une caractéristique : sa salive est empoisonnée. Il tue qui il veut en l’embrassant. Seule sa femme est immunisée. Prisonnier de Smrt, Bond manque mourir par le baiser fatal. Ce sera la première et dernière fois que l’agent secret sera embrassé par un homme. Mais Smrt a compté sans le génie inventif de Q, qui a préparé un détecteur de poison placé derrière l’oreille de 007.

 

Seconds couteaux : le trio Halassoupe, clowns célèbres (Bernard Kouchtoila, Éric Fesson, Claude Joyeux).

 

James Bond girls : Seccotine Royale ; medium_thumb_1362-dati.3.jpgCrachat Dati, la traîtresse.

 

Armes : Walter PPK ; couteau suisse ; lime à ongles.

 

Gadget : détecteur de poison.

 

Véhicules : Renault Mégane 1.4 16V, équipée de skis pour les missions en montagne et de chenilles pour celles effectuées dans le désert ; medium_D52TT_2.JPGMobylette Spéciale TT des années 60 équipée d’un parachute, très utile quand la piste aboutit au bord de la falaise.  

mardi, 23 janvier 2007

James Bond contre Docteur Peut-être

Étudions encore les titres de Ian Fleming, cette fois dans leur connotation socio-culturelle.

Le roman Doctor No est traduit sous le titre James Bond contre Docteur No, ce qui le relie aux titres classiques des romans d’aventures et des bandes dessinées des années 50 : Machin contre X. C’est la forme de titre la plus plate qui soit, avec cettemedium_9cc9_1.jpg autre : Les Aventures de Truc. Pourquoi diable a-t-on fait de ce qui aurait dû s’appeler, tout simplement, Docteur No, une tournure lourdingue et idiote ? Il est vrai que l’univers bondien s’apparente souvent à la bande dessinée (ou à l’idée qu’on a pu s’en faire) – mais il s’agit là de l’univers bondien cinématographique. Ce n’est pas le cas des livres dans lesquels Bond n’est pas le beau Sean Connery en smoking blanc, mais un agent décrit par Fleming lui-même comme un peu vulgaire. Dans les romans, pas d’humour distancié, plutôt le quotidien. Docteur No eût sonné moins bande dessinée, mais eût été plus juste. Et puis, docteur Non, c’était bien fichu, quand même.

medium_551e_1.2.jpgLe mythe de l’or, avec son cortège de rêve vulgaire, matérialiste, ébaubi, est présent par deux fois dans les titres, avec Goldfinger et L’Homme au pistolet d’or (The man with the golden gun). Encore une fois, le Bond imprimé ne livre pas au lecteur le délire absurdo-moderniste du cinéma, mais une réalité concrète, souvent dure sinon sordide, avec des personnages inquiétants et sombres. Certes, l’imagination de Fleming frappe juste, chaque fois, avec des inventions comme M., Q., miss Moneypenny, Mister Big, Goldfinger, le Chiffre, le SPECTRE, le SMERSH, j’en passe. Sans parler de la trouvaille du matricule double zéro et de sa signification. Mais Bond reste un homme relativement commun, un peu cruel et certainement désagréable.

lundi, 22 janvier 2007

James Bond contre Trade Hucteur

À Richard 

 

Faisons un bref retour sur le sujet dont je ne me serais jamais douté qu’il allait intéresser les promeneurs de la rue Franklin, moins encore qu’il inciterait Dominique à poursuivre la réflexion dans ses propres carnets.medium_4dba_1.jpg

On pensera ce qu’on voudra de Ian Fleming, il reste qu’il a le sens des titres. Je suis épaté par des choses comme Vivre et laisser mourir (To live and let die), On ne vit que deux fois (You only live twice), Au service secret de sa majesté (On her majesty’s secret service) ou plus simplement Bons baisers de Russie (From Russia with love). Entendons-nous : ces titres m’épatent dans leur catégorie, celle du roman d’espionnage.

medium_images.4.jpgQuelques remarques s’imposent à moi lorsque j’évoque les titres de ces livres. Elles concernent les traducteurs et, plus sûrement, les éditeurs. Quelle idée d’aller traduire For your eyes only par Bons baisers de Paris ou Octopussy par Meilleurs vœux de la Jamaïque ? Il s’agit tout simplement d’une volonté commerciale de Plon qui, ayant constaté le succès de Bons baisers de Russie, s’est empressé de repasser les plats avec Paris. N’osant pas risquer cette formule une troisième fois, il utilise « meilleurs vœux » pour la Jamaïque. On remarque que cet appui sur un succès précédent touche, comme par hasard, les deux seuls livres qui ne soient pas des romans mais des recueils de nouvelles. Il fallait bien solliciter le public français qui, paraît-il, n’est pas friand de ce genre, au rebours des peuples anglo-saxons. D’où la stupidité de ces redites, alors que les traducteurs auraient certainement trouvé mieux. Le pire est que Meilleurs vœux de la Jamaïque comprend une nouvelle intitulée Bons baisers de Berlin (The living daylights) – c’est-à-dire qu’on a osé une troisième fois, mais en catimini, à l’intérieur du recueil.

Je suppose que les mêmes raisons commerciales ont conduit à traduire The spy who loved me, fort beau titre qui plus est très inattendu, par l’imbécile Motel 007. Il faut replacer cette parution dans le contexte des années 60 où les motels étaient très à la mode.

Ce sont toujours, naturellement, des considérations de vente qui ont fait numéroter les livres de 1 à 12, faisant ainsi disparaîtremedium_images_4.jpg les deux romans parus au Livre de Poche, comme on l’a vu dans la note précédente. Il fallait créer le réflexe de « série », donc de collection, ce qui fait toujours vendre. Quoi de plus « collection » qu’une numérotation, même si elle est erronée et prive l’ordre chronologique de deux tomes ? Quant aux titres façon « Série noire » de ces deux textes, qu’en dire ? C’est certes une invention de Gallimard et de Marcel Duhamel que ces centaines de titres ironiques, parfois sans rapport avec le roman d’ailleurs. Mais dans l’ordre des aventures de Bond et dans l’esprit des excellents titres de Fleming, comme ils détonnent ! Il faudra attendre leur parution en collection « Bouquins » pour qu’ils retrouvent leur panache : Les diamants sont éternels (Diamonds are forever) au lieu de Chauds les glaçons ! et Moonraker (Moonraker) au lieu d’Entourloupe dans l’azimut (encore heureux qu’on ne nous ait pas gratifiés d’un Gratte-Lune).

mercredi, 17 janvier 2007

James Bond contre docteur Baudelaire

On parle de tout, rue Franklin, même de James Bond.

D’ailleurs, Bond, on en parle aussi maintenant dans un colloque international intitulé Histoire culturelle et enjeux esthétiques d’une saga populaire, organisé par la Bibliothèque nationale de France (BNF), les universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et Nanterre et le Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle (CEEA). L’objet de ces débats est d’étudier le phénomène sur les plans historique, esthétique, anthropologique, politique, psychanalytique. Soit.

On signale quand même aux animateurs de VousNousIls.fr, site spécialisé dans les questions d’éducation, qui consacre une dépêche à cette rencontre, qu’il n’existe pas douze volumes publiés par Ian Fleming mais quatorze. medium_bcover16.7.jpgSans doute se fondent-ils sur les douze tomes publiés dans les années 60 par Plon et malencontreusement numérotés de 1 à 12 (Casino Royal, Vivre et laisser mourir, Bons baisers de Russie, James Bond contre docteur No, Goldfinger, Bons baisers de Paris, Opération Tonnerre, Motel 007, Au service secret de sa majesté, On ne vit que deux fois, L’Homme au pistolet d’or, Meilleurs vœux de la Jamaïque), ignorant délibérément deux autres romans édités alors au Livre de Poche par la Librairie générale française, c’est-à-dire Hachette. Leurs titres français étaient dans l’esprit « policier » du moment, celui de la Série noire Gallimard : Entourloupe dans l’azimut (Moonraker) et Chauds les glaçons (Diamonds are forever). Plon n’avait pas les droits, les deux traductions avaient été publiées avant que le héros n’atteigne la célébrité mondiale grâce au cinéma, essentiellement avec Goldfinger (1965), son Aston Martin truquée, sa fille peinte en or et la voix invraisemblable de Shirley Bassey chantant le thème du film.

On leur rappelle aussi que Laffont a publié il y a déjà plusieurs années l’ensemble des livres en collection « Bouquins », dans l’ordre chronologique, l’édition étant due à Francis Lacassin.

medium_pb_bb_paris9.jpgC’était la petite séquence nostalgique du taulier, qui a lu les quatorze livres entre ses douze et quinze ans avant de se convaincre que, décidément, Baudelaire était plus intéressant.

mardi, 02 janvier 2007

Nous sommes revenus

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Lumineuse année aux promeneurs de la rue Franklin.

vendredi, 22 décembre 2006

Vers le Lot

 

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Nous partons pour quelques jours.

jeudi, 30 novembre 2006

Théâtre

L’auteur, infatué – Vous savez, chêêêêêrs, mon nouveau livre a paru. Deux pièces de théââââââtre. Euh…

Les promeneurs de la rue Franklin, en chœur – On s’en fout.

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vendredi, 07 juillet 2006

Entendu en réunion

J’anticipe sur la suite.

On va accélérer rapidement.

C’est une question récurrente qui revient.

L’ordre de grandeur, c’est aux alentours de.

Sur la base du volontarisme.

On va tester dans une période expérimentale.

Il avait capitalisé une expérimentation forte autour de (comprendre : il avait l’expérience de.)

La caractéristique d’utiliser des systèmes intégrés autour d’un éditeur (comprendre : Microsoft Office.)

Participation aux e-sup days (comprendre : ?)

Je ne peux pas m’empêcher d’une perfidie.

dimanche, 18 juin 2006

Temps jadis

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vendredi, 19 mai 2006

Le jeu du vendredi

Je vous propose d’être iconoclaste, le temps du week end. Et de commencer à détruire les phrases trop connues de nos écrivains, vous savez, ces phrases qui sont devenues des lieux communs parce qu’on les ressasse, parce que les adolescents du monde entier les ont écrites sur leurs classeurs ou gravées sur leurs pupitres, parce qu’elles ont l’air de vérités superbes alors que, souvent, elles sont un peu culcul-la-praline, il faut bien le dire. En tout cas, on voudrait qu’usées jusqu’à la corde, elles disparaissent, mais rien n’y fait.

Allez, je commence avec Saint-Ex.

« S’aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction. »

Celle de la télévision.

jeudi, 11 mai 2006

Nous sommes revenus

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samedi, 06 mai 2006

À une autre fois

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Nous nous absentons un peu,

de samedi après-midi à mercredi soir.

mardi, 02 mai 2006

Dominique, chasseur de mots

Je vous propose d’effectuer un petit tour sur le blog animé par Dominique, afin d’y lire une note réellement étourdissante, intitulée Ouvroir de contrats potentiels. C’est à mourir de rire, à donner le vertige.

dimanche, 23 avril 2006

Le taulier vous salue bien, 5

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Ne reculant devant aucune démagogie pour complaire à son public, l’horrible taulier se montre maintenant tout nu. Labjection qui règne sur ce blog nest plus douteuse.

lundi, 17 avril 2006

Le taulier vous salue bien, 4

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Sur cette photographie de 1954, vous pouvez voir l’horrible taulier en train d’exécuter une manœuvre hardie sur le balcon du 14, rue Franklin.

 

Ainsi se poursuit la série des enfants et des cycles.

samedi, 15 avril 2006

La taulière vous salue bien

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Sur cette photographie de 1951, vous pouvez voir la belle taulière poursuivre, en même temps qu’un but inconnu, la série des cycles et patinettes inaugurée hier en ce lieu.

Le taulier vous salue bien, 3

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Sur cette photographie de 1964, vous pouvez voir l’horrible taulier, son cousin Thierry et sa cousine Élisabeth. Dans cette cour de garage de Colombes, les poubelles sont garanties d’époque.
Il n’y avait qu’un vélo pour trois. Comme nous sommes dans les histoires de cycles, en ce moment, j’ai pensé continuer la série.

vendredi, 14 avril 2006

Le taulier vous salue bien, 2

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Sur cette photographie de 1964, vous pouvez voir l’horrible taulier et son cousin Michel, alors âgé de trois ans. Je jouais avec lui et le pauvre garçon était obligé de me pousser sur son tricycle. Je ne sais plus d’où vient la casquette d’adulte qu’on lui avait mise sur la tête. Cette image est devenue un sujet de plaisanterie entre nous : « J’avais trois ans, lui douze et il m’obligeait à le pousser ! » raconte le Michel en question, devenu père de famille, à qui veut l’entendre.

jeudi, 06 avril 2006

La bannière

La bannière que vous voyez en ce moment est la première d’une histoire en quatre épisodes. Soyez attentifs. Les changements se feront chaque soir, entre dix-huit et vingt heures.

 

7 avril, 18 h 15 : voici le deuxième volet.

 

8 avril, 18 h 10 : voici le troisième volet.

 

9 avril, 18 h 12 : voici le quatrième et dernier volet.

mercredi, 05 avril 2006

Fable

On raconte qu’à Colombey-les-Deux-Églises, il y a deux nuits de cela, les habitants ont tous été réveillés, au même moment, par un inhabituel grincement. Quelque chose comme le bruit qu’eussent fait de lourdes dalles, pivotant l’une sur l’autre. Cela ne dura pas longtemps mais tous eurent le loisir de mettre le nez à la fenêtre. Cela provenait de la petite église et, plus précisément, du cimetière qui la jouxte. Les yeux écarquillés, le cœur partagé entre l’effroi et l’ahurissement, ils l’ont vu sortir de sa tombe. Il était toujours aussi grand, toutes ces années ne l’ayant pas voûté. Et là, se produisit plus curieux encore. On vit apparaître une DS noire, sortie d’où ? Le chauffeur descendit et se précipita pour ouvrir la portière arrière. Puis la voiture fila sans même un feulement de belle mécanique dans la nuit froide de printemps.

 

Rue du Faubourg Saint-Honoré, personne n’osa arrêter le véhicule. Il eût été étonnant qu’on le fît ! Il paraissait revenir chez lui, tout naturellement. La Citroën se gara avec grâce dans la cour. Il sortit, l’œil sombre. On s’écarta.

 

Dans le bureau du président de la République, sous la lampe, Chirac observait béatement le vieillissement de ses mains. La porte s’ouvrit, mais ce n’était pas un huissier. Le président leva les yeux, sa bouche s’arrondit, son cou descendit.

 

Il était revenu, une fois encore, une fois de plus. Ce diable d’homme ! Il se leva, moins vite qu’autrefois.

 

–  Monsieur le secrétaire d’Etat !

 

Chirac n’en crut pas ses pauvres oreilles. Il lui redonnait son titre d’autrefois, lorsqu’il était au Budget. Mais il avait grandi, depuis, il occupait même son bureau de jadis, son bureau à lui, et du bon côté de la table, encore ! Il n’osa pas répliquer. Les petits yeux aux lourdes paupières le fixaient.

 

La gifle partit droit, fort, sonore, humiliante. Chirac tomba sur le tapis, grotesque.

 

Dans la cour, près de la voiture noire, on assure avoir entendu dire : « Nous rentrons, Marroux ».

 

La DS a repris la route, s’est arrêtée devant le cimetière de Colombey. On a de nouveau pu entendre le sinistre grincement. Puis la nuit remit tout en place.

 

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samedi, 18 mars 2006

Marseille

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Je pars à Marseille ce samedi et reviendrai dimanche. Je vais retrouver ma mère que je ne vois jamais, durant vingt-quatre heures.

Martine ira à la manifestation.

samedi, 11 mars 2006

Le programme ne change pas

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dimanche, 05 mars 2006

Un Vinci inconnu

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En 1988, ma fille Mireille, alors âgée de quatre ans et demi, peinte par Léonard de Vinci, de passage à Villejuif.

samedi, 04 mars 2006

Le taulier vous salue bien

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Sur cette photographie d’août 1981, vous pouvez voir l’horrible taulier et sa fille Fanny, alors âgée de sept mois. Fanny, vous la connaissez, c’est celle qui écrit quelquefois ici-même ses impressions de professeur en poste à Bobigny.

 

La machine à écrire est une Olympia Traveller de luxe. Machine mécanique portative qu’on m’avait offerte dix ans plus tôt et qui a fidèlement dactylographié des centaines de pages, des milliers peut-être.

mardi, 28 février 2006

Troisième ballade de la rue Franklin

A disparu Tanguy Cardo

Disparu aussi le Ski-Doo

Et plus jamais ici ne rit

Mon cher petit ami Thierry

Qu’on nous serve un verre de marc

Si jamais vient s’exprimer Marc

Et que j’aille garder les biques

Si meilleur n’est point Dominique

 

Peut-être que dans mes calculs

De pieds j’irais oublier Jul

A Dieu ne plaise que je fisse

Telle erreur de basse police

Il est encore bien des gens

Qui n’ont pas relevé le gant

Il n’en reste pas moins qu’on clique

Sur le nom du seul Dominique

 

Je ne peux pas dire les blazes

De tous les abonnés au gaz

Qui ne sont pas venus ici

Bien qu’invités par Layani

Ce triste taulier ce crétin

Cet imbécile citadin

Cet écrivain de deux barriques

Mais le meilleur c’est Dominique

 

Prince Jésus qui nous protège

Anges gardiens des jours de neige

Faites qu’au fin fond de l’Afrique

On sache qui est Dominique