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mercredi, 27 juin 2007

On ne lit que deux fois, 4

c24db0385250fcea8464eb0da21856d2.jpgCependant, on ne peut omettre les clichés xénophobes, pour ne pas dire racistes, de Fleming qui, en cela, ne se dégage pas des préjugés de son époque. En gros, tout ce qui n’est pas anglais est mal, avec la concession de quelques personnages américains, français ou jamaïcains qu’il veut bien dépeindre comme sympathiques. Suivent les idées reçues abominables au sujet des Noirs, des Chinois et, tout particulièrement, des Turcs et des Bulgares. Des Russes (comprendre : des Soviétiques), également. L’emploi des mots « race » et « sang », qui est, il est vrai, celui d’alors, est abusif. C’est l’aspect le plus franchement désagréable de l’œuvre, le plus regrettable. Fleming n’est peut-être pas plus raciste qu’un autre, d’ailleurs, mais ne fait aucun effort pour raisonner autrement qu’en fonction des fantasmes de son temps, mêlés à son caractère aristocratique. L’intelligence reste de côté. Les Anglais ont toujours raison, même leurs défauts sont plaisants ou traités sur le mode amusé ; la seule erreur que commettent les Anglais est due… aux Anglaises, qui ne savent pas, prétend-il, choisir leur parfum. Quand on compare cela aux charges faites contre à peu près tous les étrangers, crasseux, à la poignée de main répugnante, fourbes, lâches, minables, mesquins, intéressés – bref, des calamités – c’est peu de chose. Il faut faire un gros effort pour faire abstraction de cela et se concentrer sur l’art de l’auteur, dans la mesure où cette lèpre peut en être dissociée. Il est vraiment regrettable que la large imagination de Fleming ne l’ait pas laissé entrevoir des horizons plus humains et plus justes.

(Ian Fleming et Sean Connery, photo X)

mardi, 26 juin 2007

Le verbe du disque

L’ami Dominique avait commis une note sur le vocabulaire particulier des restaurateurs et j’avais dû faire quelques remarques concernant celui des agents immobiliers. Poursuivons cette exploration.

Sur les sites de vente par correspondance, que ce soit à prix fixe ou aux enchères, les livres et les disques – les disques surtout, d’ailleurs – sont vantés selon une terminologie qu’il convient de savoir interpréter. Voici un bref lexique à l’usage des débutants.

Très rare : particulièrement fréquent.

En l’état : dégueulasse.

Article de collection : pièce extrêmement courante, vendue ici très cher.

Introuvable : fréquent, à des prix allant de un à dix.

À voir : n’a rien de particulier.

Dédicacé : signature neutre, sans envoi particulier, souvent partiellement effacée.

16:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

La langue française selon Raffarin

Le Monde du 26 juin : « Il faut libérer la parole de l’UMP pour que le gouvernement puisse puiser dans l’UMP des idées, des initiatives, des projets. Donc, c’est une force de proposition qui éclaire la route du gouvernement devant avec un décalage peut-être de six mois ».

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jeudi, 21 juin 2007

On ne lit que deux fois, 3

Dans les livres de Fleming, l’empreinte de la Seconde guerre mondiale reste très importante. Peu d’années se sont écoulées, lorsqu’il rédige ses premiers romans, depuis la fin du conflit, qui va jusqu’à constituer l’origine d’Entourloupe dans l’azimut, son fondement véritable (Drax est un ancien nazi nostalgique qui veut détruire Londres pour se venger).

Pour le reste, il s’agit bien évidemment de romans composés durant la Guerre froide, et qui s’en ressentent. L’ennemi est l’URSS, alors communément appelée « la Russie » et ainsi désignée par les traducteurs, au risque d’une approximation géopolitique. Le chef d’œuvre, en la matière, est Bons baisers de Russie, dont toute la longue première partie est constituée par la dissection, fibre à fibre, d’un plan soviétique destiné à nuire à l’Occident par un acte de terrorisme perpétré au sein même des services secrets anglais, Bond étant évidemment désigné comme la cible à atteindre. Sont rappelées ses aventures précédentes et ses anciens démêlés avec le SMERSH, ce qui est pour Fleming l’occasion de conforter encore le monde qu’il a construit, de rappeler l’existence de personnages antérieurs, certains morts, d’autres vivant encore et dont le lecteur attentif reconnaîtra le nom au passage. Pur acte de démiurge que cette description clinique d’une conspiration. Fleming connaît son métier, il est habile. Il possède aussi une documentation considérable.

C’est d’ailleurs un aspect frappant de ses romans. Ils contiennent tous une partie qu’on ne peut qualifier que d’encyclopédique, à défaut d’autre mot. Cela va de quelques lignes à plusieurs pages et ne paraît nullement être une digression. C’est même, à l’opposé, nécessaire à la bonne compréhension du récit et de ses développements futurs et, en tout état de cause, chaque fois intéressant. Comme est intéressante la « construction » des personnages ennemis de Bond. Ils ont tous une biographie complète, peinte avec la précision d’une fiche de police… mais avec le talent d’un bon romancier. Leur histoire est narrée avec une incroyable quantité de détails, en remontant aux circonstances de leur naissance et avec l’exposé précis, méthodique, de leurs ressentiments, leurs difficultés, leurs volontés – ce qu’on n’appelait pas encore leur « parcours » – si bien que le personnage existe réellement aux yeux du lecteur, avec une force brutale souvent, qu’il s’agisse d’un personnage principal ou d’un second rôle. Ce b-a-ba du roman peut être ressenti comme étant à présent une narration « à l’ancienne », mais il participe ici de l’univers construit de Fleming, qui le maîtrise remarquablement.

L’ambiance des œuvres de Fleming est toujours noire, très noire. Non pas au sens où l’on entend habituellement « roman noir », appellation qui recouvre davantage le domaine du roman policier et celui du thriller, mais dans cette acception exactement comprise : une ambiance très sombre.

Bond, à qui son matricule, nul ne l’ignore, donne le droit de tuer en service commandé, tue toujours avec beaucoup de réticence, avec dégoût, la plupart du temps en représailles d’un mal fait à ses amis ou à lui-même. Dans Les Diamants sont éternels, il va jusqu’à compter le nombre de ses victimes, en le regrettant et avec une nuance d’écœurement. On est loin, très loin, des films où les personnages, lui ou d’autres, appuient sur la détente avec une facilité inimaginable (où donc ai-je lu cette « statistique » qui avançait le chiffre minimum de cinquante décès par film ?)

Surtout, ce qui est intéressant, ce sont les états d’âme de l’agent secret. Dans Casino Royale, par exemple, a lieu une longue discussion au cours de laquelle il se pose le problème classique du bien et du mal, allant jusqu’à se demander si, finalement, ce n’était pas son adversaire Le Chiffre, agent du SMERSH, qui était dans le vrai, si ce n’était pas lui qui avait raison. Tout n’est pas tout blanc ou tout noir dans l’univers bondien, au rebours des caricatures si courantes dans ce genre de littérature. Si Bond, dans les derniers paragraphes de Casino Royale, se décide finalement à consacrer ses efforts à lutter contre le SMERSH, c’est surtout, on le sent bien, à cause de la douleur qu’il vient d’éprouver avec le suicide de Vesper Lynd, agent double par la force des choses, manipulée par ce bras armé du service secret soviétique.

À  l’évidence, n’eût été le destin exceptionnel de James Bond, popularisé dans le monde entier par le cinéma, on aurait certainement oublié les livres de Fleming. Ils ne doivent leur statut de « classiques » qu’à l’excellente fortune que leur a fait connaître le grand écran. Pourtant, ils méritent d’être considérés aujourd’hui : ils ne sont pas mal écrits, contrairement à une réputation très injuste ; ils témoignent d’une époque révolue, avec ses préjugés (cependant remis en cause, parfois), mais tout livre témoigne forcément du temps de son écriture ; ils sont plutôt intéressants et réellement distrayants, même si je ne demande pas – surtout pas – à un livre de me distraire ; ils sont pleins d’une imagination sans limites ; ils ont un caractère parfois encyclopédique… Pour une littérature dite populaire, ce n’est pas si mal.

On ne lit que deux fois, 2

Donc, ce Bond trop humain est un célibataire raffiné, très préoccupé de ce qu’il mange et boit, vêtu comme un prince. À ce sujet, les descriptions de repas, très fréquentes (parfois deux par page), comme celles d’habits, sont d’un connaisseur. Outre qu’elles sont plutôt inhabituelles dans les romans d’espionnage, elles montrent que Fleming, né en 1908, s’intéressait aux femmes d’une manière un peu différente, quoi qu’on dise, des hommes de son temps : ceux-ci ne devaient pas être nombreux à pouvoir décrire dans le détail des toilettes féminines en nommant les tissus par leur nom, les vêtements par leur coupe, les couleurs par leurs nuances. Ni à composer des personnages de fiction nombreux et qu’ainsi, on pouvait voir. Une autre présence est celle, totalement neuve alors, des marques (boissons, objets, armes, voitures…) Le personnage de l’agent secret est campé, entre autres bien sûr, par ses goûts culinaires, ses cocktails, son tabac venu de Macédoine (cigarettes Morland spéciales à triple anneau d’or).

Fleming a le sens des titres, un mélange de formules choc et d’une forme de poésie populaire : On ne vit que deux fois (qui est d’ailleurs dans l’histoire le début d’un haïku que Bond est censé composer), Vivre et laisser mourir, Bons baisers de Russie (plus fin en anglais : From Russia with love), L’Espion qui m’aimait

Il a aussi celui des noms, incontestablement. On sait que le nom du personnage principal est purement et simplement celui d’un ornithologue dont Fleming avait un ouvrage sur sa table au moment où il cherchait le patronyme de son héros : James Bond. Le succès mondial des livres et des films, par la suite, ne facilita pas l’existence de ce monsieur, on s’en doute. C’est un patronyme très banal pour un Anglais : c’est presque John Smith. Mais les autres noms ? Goldfinger est le nom réel d’un voisin du romancier ; celui-ci ne l’aimait pas (sa maison lui déplaisait) et il en fit le criminel que l’on sait, ce qui est assez culotté. Docteur No, cela a de l’allure, ainsi qu’Hugo Drax, mais la palme du nom savoureux revient certainement à Ernst Stavro Blofeld. Vesper Lynd se prénomme ainsi parce qu’elle est née un soir, un soir d’orage. Tiffany Case parce que son père, furieux qu’elle ne fût pas un garçon, abandonna sa mère, lui laissant mille dollars et un poudrier de chez Tiffany. C’est parfois risible mais, dans le contexte, toujours touchant. Les personnages du service secret, outre qu’ils sont dépeints dans leur exactitude (on leur connaît un passé, une vie, des manières, des objets personnels) et ne sont pas, par conséquent, des fantoches, des silhouettes, sont désignés – et ça, je trouve que c’est un coup de génie – par des initiales : M, Q, S… Ce qui ne les empêche pas d’avoir des noms, M est l’amiral Sir Miles Messervy… La secrétaire de M est miss Moneypenny, ce qui est un nom assez extraordinaire, tout de même. Ensuite, la litanie de femmes aux noms étranges (Solitaire), voire très équivoques : Pussy Galore qui signifie, paraît-il, « chatte à gogo » ; Honey Rider (Honeychile Rider dans le livre) dont je ne crois pas qu’on ait relevé que cela, de près ou de loin, pouvait signifier « chevauchée de miel » avec les connotations érotiques qu’on imagine ; Mary Goodnight… Dans le film Les Diamants sont éternels, les scénaristes ont ajouté un personnage, qu’ils n’ont pas hésité un instant à baptiser Plenty O’Toole, soit Abondance Delaqueue dans la version française. Plenty O’Toole, littéralement « bien outillée », parce que « ça faisait Fleming », comme il est dit dans un bonus de DVD… à propos de Holly Goodhead, autre femme ajoutée, elle, à l’histoire de Moonraker. En dépit des apparences, cela ne paraît jamais vulgaire dans le cadre de l’histoire.

Comme toujours, les personnages récurrents créent un monde. Depuis Balzac, on le sait. Un monde crée une authenticité. L’authenticité engendre l’adhésion. Demy l’a fait au cinéma, Franquin en bande dessinée, Fleming avec le roman d’espionnage. Les titres d’ouvrages, les noms, les personnages récurrents sont trois de mes soucis dans mes recueils de nouvelles. Je suis particulièrement sensible à cela depuis mon enfance et je « marche » à tous les coups. Rien de plus plaisant que de voir ressurgir, de loin en loin, Quarrel, Leiter… Il y a encore récurrence des organisations ennemies, le SMERSH ou le SPECTRE de Blofeld… Il y a récurrence du mode narratif ; le motif est constant : l’entretien avec M, d’où tout va découler, est systématiquement montré au chapitre deux. Ce qui n’empêche pas les variations sur le thème. Ainsi, dans Bons baisers de Russie, Bond n’apparaît qu’au onzième chapitre, qui se trouve être le premier de la deuxième partie. Et c’est au chapitre douze (soit le deuxième de cette deuxième partie) qu’il rencontre M. Le rythme du livre est donc à la fois changé et inchangé, par rapport aux tomes précédents. Le suivant, James Bond contre docteur No, reprendra la trame initiale. Cet entretien a lieu dans les services secrets, naturellement, dont on nous explique en détail les « couvertures » et dont l’immeuble nous est décrit en long et en large, si bien qu’on s’y trouve vraiment, chaque fois, et qu’on reconnaît les bureaux et la perspective des couloirs. C’est plus qu’un décor planté : un monde est créé.

mercredi, 20 juin 2007

On ne lit que deux fois

J’ai repiqué à la chose et, pour la première fois depuis quarante ans, entrepris de relire intégralement les romans de Ian Fleming. Sans doute suis-je influencé en cela par Le Monde qui, depuis quelques semaines, propose les films des aventures de Bond en DVD avec sa livraison du week end. Je pense que je ne les lirai pas une troisième fois dans quarante autres années car je ne serai plus là. On ne lit que deux fois.

J’inaugure aujourd’hui une série de notes consacrées au sujet, notes que je classe dans la catégorie « Cour de récréation  » comme je l’avais fait des billets datés 17, 22 et 23 janvier 2007, lorsque j’avais appris qu’on parlait de Bond, maintenant, dans un colloque international intitulé Histoire culturelle et enjeux esthétiques d’une saga populaire.

Les romans sont disponibles dans la collection « Bouquins », chez Laffont, en deux volumes représentant un total de près de mille huit-cents pages (typographie minuscule, première édition en 1986, nouvelle édition en 2003 sous une autre couverture). Il s’agit des traductions originales (mais il faut noter que Casino Royale a par ailleurs été réédité récemment, chez Bragelonne, dans une traduction nouvelle signée Pierre Pevel, avec une intelligente préface de quelques feuillets, intitulée « Une autre époque »). Traductions originales, pas exactement. Il s’agit au vrai de celles publiées par Plon dans les années 60, textes qui font référence (il avait en effet existé une médiocre traduction de Casino Royale publiée préalablement en 1960 par Jean Messin sous le titre Espions, faites vos jeux, dans la collection « Inter-Espions »).

Chez « Bouquins », l’intégrale des aventures de Bond est présentée par Francis Lacassin, spécialiste des littératures populaires. C’est une longue introduction de plusieurs dizaines de pages, une introduction très juste et bien faite, intelligente et lucide mais, malheureusement, très mal rédigée. Lacassin écrit vraiment comme un pied.

Je relis donc toutes les missions dans l’ordre chronologique, ce qui est absolument indispensable si l’on désire étudier la manière de l’auteur et goûter pleinement le principe, que j’aime tant, des personnages récurrents. Ces personnages portent souvent les stigmates d’aventures précédentes : en cela, la récurrence est mieux appréciée dans le cadre chronologique. Ainsi, si Félix Leiter apparaît avec une main et une jambe en moins dans Les Diamants sont éternels, par exemple, c’est qu’il porte à jamais les infirmités dues au requin de Vivre et laisser mourir. Il vaut mieux lire dans l’ordre, vraiment.

En revanche, on sent fort bien les différences de traduction. Par exemple, Les Diamants sont éternels est traduit avec un brin de vulgarité par France-Marie Watkins. Il s’agit sans doute d’une conséquence de l’esprit « Série noire » puisque c’est dans cette collection que le roman parut initialement, avec un titre bien dans l’esprit de cette série, Chauds les glaçons ! J’ai relevé des fautes de langue absentes des livres précédents, quelques complaisances très répétitives dans l’argot (« comprendre la coupure », « j’ai compris la coupure » : cette expression qui ne doit plus avoir cours, je pense, signifiait dans les années 50 « comprendre ce qui se dissimule », « piger ce qui se passe », « piger ce qui n’est pas expressément signifié », « comprendre la combine ». On pouvait trouver des équivalents, plutôt que de répéter la formule). À l’opposé, Vivre et laisser mourir propose la traduction très sensible, élégante, de Françoise Thirion.

On doit savoir, j’imagine, que le personnage de Fleming n’a qu’un très lointain rapport avec le Superman indestructible que nous montre l’écran depuis James Bond contre Docteur No et singulièrement depuis Goldfinger et Opération Tonnerre. Le Bond du livre est un homme, rien qu’un homme. Il souffre, il encaisse, il saigne, il est sonné, il s’évanouit, il est anxieux, il a peur, il vomit, il transpire, il aime, il a des chagrins d’amour. C’est un agent secret, c’est-à-dire un fonctionnaire qui travaille dans un bureau et n’effectue que deux à trois missions par an. Il étudie des dossiers, fait de la paperasse, rédige des rapports, déjeune à la cantine et compte le nombre de missions qu’il devra encore effectuer avant d’être radié du corps double zéro. Il pense régulièrement au mariage tout en se demandant s’il est vraiment disponible pour cela et, s’il connaît des bonnes fortunes féminines, il arrive qu’il soit amoureux d’une femme et que rien ne se passe ; ainsi, Gala Brand dans Entourloupe dans l’azimut (encore un titre façon « Série noire » pour ce qui s’intitulait Moonraker) le laisse-t-elle là, à la fin du roman, pour s’en aller avec son fiancé quand il espérait l’emmener passer des vacances en France. Il est trahi parfois (Vesper Lynd est malgré elle un agent double, elle se suicide alors qu’il pense à l’épouser, à la fin de Casino Royale). Cependant, ses liaisons sont quelquefois accomplies (celle avec Solitaire dans Vivre et laisser mourir), mais ce n’est pas une règle.

En campagne

« Désormais, un habitant de la planète sur deux est un citadin », titre Le Monde.fr d’aujourd’hui. On aurait aussi bien pu écrire « Désormais, un habitant de la planète sur deux n’est pas citadin ». L’art et la manière d’exposer des choses réelles n’importe comment, avec un titre qui n’a pas de signification.

12:05 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (3)

TVA, suite

Le père Fillon, ci-devant Premier ministre, a déclaré qu’il ne désirait pas « fermer le dossier » de la TVA dite sociale, alors que nombre de députés de l’UMP tenaient cette idée pour morte, selon leurs déclarations rapportées par la presse. Il veut continuer à étudier la question, au motif qu’il n’y a pas d’autre assiette possible pour le financement de la protection sociale. Eh, eh… Il y a bien l’ISF, pourtant, mais, bien sûr, le « paquet fiscal » (franchement, a-t-on jamais vu une appellation plus bête, plus vulgaire ? En argot, le « paquet », c’est le sexe de l’homme, eh oui, je n’y peux rien) va lui régler son compte. Dire qu’on continue à soutenir que les prix n’augmenteront pas, si cette mesure est adoptée (et elle le sera évidemment, n’en doutons pas) ! Dès qu’il en a été question, les discussions du café du commerce ont donné le ton. Dans un bistrot du boulevard de l’Hôpital, le taulier, au comptoir, la semaine dernière, disait : « Si le café augmente, je ne vois pas comment je n’augmenterais pas mes prix. J’ai du mal à comprendre ce qu’ils disent, là ». Rappelons-nous que les limonadiers, lors de l’arrivée de l’euro, ont été les premiers à augmenter leurs tarifs dans des proportions étonnantes. Ils sont déjà les premiers à envisager de le faire à nouveau. Et tous suivront, comme tous ont suivi. Qui en doutera ?

10:20 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8)

mardi, 19 juin 2007

Fillon II

Après tout, faut-il s’étonner qu’un inculte assisté d’un paon ait nommé une imbécile aux côtés d’un traître ?

13:45 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (13)

lundi, 18 juin 2007

Il y eut

En revenant du bureau de vote n° 3 auquel nous sommes inscrits, bureau établi dans le hall de la mairie, où nous étions priés, Martine et moi, de participer au dépouillement à partir de vingt heures, après, donc, avoir constaté la victoire du député sortant socialiste sur la candidate de l’UMP, nous avons, sur FR2, regardé la fin de la soirée électorale.

Résumons. Il n’y eut pas de vague bleue ou, en tout cas, elle n’engloutit pas les baigneurs en maillot rose. Ni même ceux en maillot rouge, d’ailleurs, qui vont parvenir, tant bien que mal, à constituer un groupe à l’Assemblée nationale, fût-ce au prix d’alliances. Bref, les sondages prenaient l’eau…

Il y eut un trop court face-à-face entre Rachida Dati et Élisabeth Guigou. J’ai un faible pour Guigou, depuis toujours, bien que, comme je l’ai souvent dit ici, je ne veuille plus entendre parler des pseudo-socialistes (mais j’ai, une fois encore, voté socialiste hier). La pauvre Dati avait oublié : un, qu’elle n’était pas à la hauteur, ni de ses responsabilités ni de son adversaire ; deux, que Guigou ne se tait jamais.

Il y eut la « révélation » de la soirée, lancée par la journaliste comme un morceau de viande à des crocodiles, de la séparation que l’on sait.

Il y eut le moment de satisfaction à l’annonce du départ de Juppé du gouvernement, pour cause d’échec aux législatives.

Il y eut Coppé et cet irrésistible chatouillement qu’il provoque dans ma main gauche comme dans ma main droite (je suis ambidextre) : on sait que je lui ficherais des baffes sans interruption (enfin, si, je m’arrêterais pour baffer Fillon).

Il y eut le père Fabius que je n’aime guère mais qui a réussi la semaine dernière à tendre un piège à Borloo, piège qui s’est refermé sur l’UMP et lui a coûté, dans la semaine, soixante députés, aux dires de Raffarin lui-même. Fabius a eu du mal à retenir un mouvement de satisfaction amusée. Enfin, je n’oublie pas que « le jeune Premier ministre que j’ai donné à la France » (Mitterrand dixit) a été celui qui, en 1983 ou 1984, je ne sais plus, fut chargé de mettre en œuvre la rigueur, c’est-à-dire de jeter aux orties le programme socialiste – et tout espoir dans ce parti, depuis. Je n’oublie pas non plus l’affaire du sang contaminé. Cela étant, il a bien manœuvré, le bougre, et c’était de bonne guerre, c’était de la simple, mais habile, stratégie.

Il y eut l’inénarrable Rama Yade, secrétaire générale de l’UMP à la francophonie, administratrice du Sénat à trente ans, qui est, comme Rachida Dati, le plus évident alibi de ce gouvernement et qui, surtout, est d’une sottise telle qu’on s’en arracherait les cheveux. J’ai rarement entendu quelqu’un de plus bête, c’est affreux. Et je ne parle pas de ses erreurs de langue… La critiquer est difficile : je risque de passer pour sexiste (?), voire, pire, pour raciste (?!) On sait ici, je pense, combien je suis éloigné de ces deux horreurs. Mais comment le dire autrement ? Cette jeune femme est d’une bêtise incommensurable. Comment Dati et elle ne se rendent-elles pas compte qu’elles servent de prétexte, qu’elles sont des jouets manipulés en attendant d’être jetés ? Au soir du premier tour, l’une comme l’autre avouaient avec une candeur confondante, sur le plateau de FR2, qu’elles n’auraient jamais cru arriver où elles sont arrivées, que, si on leur avait dit, il y a six mois, que ceci et que cela… Et voilà qu’elles posaient leur mentor élyséen en prince charmant. Il avait changé leur vie. Quelle naïveté, mon Dieu, quelle naïveté ! Et la bêtise qui perle dans le moindre de leurs propos… Consternant.

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mercredi, 13 juin 2007

Quand le Parquet s'occupe des planchers

Le plus fort est que, dans le programme du futur maître du monde qui s’est pour l’instant arrêté à l’Élysée, rien n’est intelligent et rien n’est applicable, sauf, bien sûr, à décider de l’appliquer coûte que coûte. On n’a pas fini de donner des exemples. La sottise suprême, celle que prépare Rachida Dati, sur les récidives et ces fameuses peines « planchers » qui non seulement ne servent à rien, mais ont un effet contraire, ainsi qu’on l’analyse dans cet article.

13:35 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (13)

De mieux en mieux

Adoncques, l’inculte n’était pas seulement alcoolisé – et même, s’il faut en croire le journaliste suisse du Temps, cela ne se voyait pas (la vidéo le montre bien pourtant, mais rendons grâce à l’auteur de l’article de sa délicatesse).

C’est pire que cela. Le président de la République française s’est montré, lors de sa conférence de presse au G8, incompétent.

Il est vrai que nous n’en attendions pas moins de lui : « étonné d'être propulsé là, angoissé par un grand vide, pris de vertige, pas serein, pas très bien préparé par ses conseillers, il planait, éberlué, bluffé, étonné lui-même d'être enfin là, grand ado un peu perdu, à côté de la plaque, comme dopé, bourré de tics, il ramène tout à lui, ivre d'être là, saoulé par ses propres paroles », voilà quelques unes des impressions de Richard Werly, dont je vous invite à lire l’article complet.

10:45 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8)

lundi, 11 juin 2007

Sarkozy bourré

Voilà le pitre en action. Arrivé en retard à une conférence de presse du G8, l’individu très distingué que nous connaissons bien était ivre. Ce n’est pas moi qui le dis, mais la télévision belge qui ne l’a pas raté. Et c’est en vidéo sur la Toile.

19:45 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2)

Meilleurs vœux de Pékin

Il faut quand même que je signale cet article et cet autre, bien que je ne trouve pas de mots pour rédiger une note à leur sujet. On les lira et cela suffira. Enfin, façon de parler.

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mercredi, 06 juin 2007

Le charabia de Le Pen

Selon Le Monde du 6 juin, Le Pen a tenu les propos suivants, qui sont du pur charabia. Quand je pense qu’on le présente comme possédant parfaitement la langue française… Qu’on en juge, c’est du vrai Raffarin :

« Dans cette campagne, je monte au filet, parce que, quand le temps est mauvais, le rôle du commandant c’est de monter sur la passerelle ». Sans même parler de la confusion entre « passerelle » et « pont », cela ne veut strictement rien dire.

Évoquant ceux de ses électeurs qui « ont pu voir en M. Sarkozy celui qui ressemble le plus à Le Pen, une espèce de Le Pen light », il précise : « Mais au goût du breuvage, un certain nombre de personnes se rendent compte qu’elles n’ont pas misé sur la bonne carte ». Celle-là, c’est la meilleure. Déjà, « miser sur une carte », c’est amusant, mais « se rendre compte qu’on n’a pas misé sur la bonne » lorsqu’on « goûte un breuvage », c’est exceptionnellement ridicule.

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dimanche, 03 juin 2007

Les étais

Hier, Dominique, dans un billet ému, nous rappellait l’importance fondatrice des grands-mères. C’est une réflexion que je m’étais faite il y a déjà plusieurs années, non sans avoir repensé au nombre important d’écrivains ayant choisi pour pseudonyme le nom de leur grand-mère, justement. On ne dit jamais assez combien est grande l’influence des grands-parents. On s’en rend compte relativement tard, disons, souvent, entre trente et quarante ans. En 2004, Dominique Autié avait évoqué sa grand-mère, lui aussi.

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Sur cette image qui doit dater de 1963, on aperçoit au fond la grand-mère maternelle de l’infâme taulier – onze ans – et la mère dudit taulier. Toutes deux ont leur bras dans son dos. Voilà comment il comprend la vie, le taulier en question. À l’abri des femmes avec, au premier plan, le grand-père bienveillant. Quant au monsieur en chemise claire et cravate sombre, qui se marre et a l’air aussi solide que le Mont-Blanc, c’est le père du taulier. La sœur du taulier n’était pas encore née (ils ont quinze ans d’écart). Trente ans plus tard, le Mont-Blanc a disparu, le cancer ayant mis deux années à le bouffer sournoisement. Les grands-parents sont partis avant lui. Il ne reste des personnes présentes sur cette photographie que le taulier et sa mère.

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