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dimanche, 03 juin 2007

Les étais

Hier, Dominique, dans un billet ému, nous rappellait l’importance fondatrice des grands-mères. C’est une réflexion que je m’étais faite il y a déjà plusieurs années, non sans avoir repensé au nombre important d’écrivains ayant choisi pour pseudonyme le nom de leur grand-mère, justement. On ne dit jamais assez combien est grande l’influence des grands-parents. On s’en rend compte relativement tard, disons, souvent, entre trente et quarante ans. En 2004, Dominique Autié avait évoqué sa grand-mère, lui aussi.

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Sur cette image qui doit dater de 1963, on aperçoit au fond la grand-mère maternelle de l’infâme taulier – onze ans – et la mère dudit taulier. Toutes deux ont leur bras dans son dos. Voilà comment il comprend la vie, le taulier en question. À l’abri des femmes avec, au premier plan, le grand-père bienveillant. Quant au monsieur en chemise claire et cravate sombre, qui se marre et a l’air aussi solide que le Mont-Blanc, c’est le père du taulier. La sœur du taulier n’était pas encore née (ils ont quinze ans d’écart). Trente ans plus tard, le Mont-Blanc a disparu, le cancer ayant mis deux années à le bouffer sournoisement. Les grands-parents sont partis avant lui. Il ne reste des personnes présentes sur cette photographie que le taulier et sa mère.

12:05 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (7)

Commentaires

Comme elle est émouvante, ta note, l'air de rien... L'impression de voir ma propre famille sur la photo et dans les destins que tu évoques. Sommes-nous donc si proches, tous autant que nous sommes, ramenés dans la relation familiale?

Écrit par : Richard | dimanche, 03 juin 2007

J'avais vingt-six ans quand ma grand-mère est morte et que j'ai écrit un texte sur elle parce que je pensais qu'elle était celle qui nous avait unis. Mon père pleurait comme un gosse et je ne savais pas trop comment faire car on était un peu fâchés. En plus elle n'était pas loin de la tombe du petit Grégory dont tout le monde a entendu parler. Et le jour de son enterrement, mon beauf (ce con, très con) écoutait en permanence France-Info parce que l'on était en plein krach boursier et qu'il y avait quelques plumes, il sortait tout le temps pour se raccorder à France-Décervelage dans sa voiture.

Écrit par : Dominique | dimanche, 03 juin 2007

Non, vingt-sept ans sans doute. C'était l'année du démarrage de France-Info.

Écrit par : Dominique | dimanche, 03 juin 2007

Richard, il n'y a pas cent mille situations dans les familles : la vie, la maladie, la mort. Et les événements qui scandent la vie : naissance, école, mariages, divorces... Plus les dates religieuses, pour ceux que cela concerne (baptême, communion...) Après, ce sont des combinaisons multiples. Certains échappent au divorce, d'autres à la maladie. D'autres ont droit à tout. Nous sommes effectivement proches pour ce qui relève de l'humain. Ensuite, viennent les choix personnels des individus et surviennent les différences.

Dominique, vingt-sept ans, ce n'est pas loin de trente. On se rend compte tardivement de l'importance des grands-parents. Je parle bien de la prise de conscience de cette importance, n'est-ce pas ? Avant, leur présence est vécue comme évidente, immédiate et sans fin. C'est peut-être dans cette immédiateté que se forge en nous leur apport. Pardon, ce n'est pas très clair, mais c'est difficile à dire.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 03 juin 2007

Je ne sais pas : ma grand-mère maternelle était morte avant et en fait je lui dois peu, elle était folle à la fin, d'ailleurs ce n'était pas ma grand-mère mais la seconde femme de mon grand-père qui lui aussi est mort avant ma grand-mère paternelle. Je crois que j'ai écrit deux ou trois choses sur ce grand-père qui compte pour moi, j'ai évoqué son histoire dans un des premiers textes des Mots de la vie (même si je n'ai pas tout dit). Je pense que j'avais déjà la conscience des choses à 22 ans, mais je n'avais pas encore les mots, les références et le recul nécessaire. Je verbalise des années après, mais c'est ma pensée de l'époque.

Écrit par : Dominique | dimanche, 03 juin 2007

Justement, c'est la question. Avant sa verbalisation, une chose est-elle vraiment possible ? Comment ? Comme un sourd grondement au fond de soi, une certitude non formulée ? Mais ce qu'on ne nomme pas n'existe pas.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 04 juin 2007

Il ne faudrait pas exagérer tout de même : les muets, les enfants "trouvent" une façon de s'exprimer, sans notre langage. Cela voudrait donc dire que notre formulation n'est qu'une possibilité. D'ailleurs l'art fourmille d'autres secrets "non-dits".

Écrit par : Martine Layani | lundi, 04 juin 2007

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