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vendredi, 28 septembre 2007

Sans commentaires

Selon Le Monde.fr du 28 septembre, « le président de la République, Nicolas Sarkozy, est apparu beaucoup plus souvent dans les journaux télévisés que son prédécesseur, Jacques Chirac. Selon le dernier baromètre Ina’Stat, établi par l’Institut national de l’audiovisuel (INA), M. Sarkozy est apparu 224 fois de mai à août, contre 94 pour M. Chirac sur la même période, en 1995. Sur la période mai-août 2007, Ségolène Royal, avec 100 citations, arrive derrière M. Sarkozy. Ce classement, qui prend en compte les éditions d’information du soir des six chaînes nationales hertziennes, comptabilise le nombre de passages dans les JT qu’elle qu’en soit la forme ».

15:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7)

mercredi, 26 septembre 2007

Frapper plusieurs fois

J’avais dit que je parlerais d’autre chose mais, qui sait pourquoi, je repense encore à la Grande guerre.

Adoncques, l’armée prévenait la gendarmerie, laquelle dépêchait aussitôt deux pandores à la mairie. C’était le maire qui devait apprendre à ses administrés la mort au combat d’un des leurs. On imagine sans peine, en un temps où la France est encore très rurale, dans ces villages où tout le monde se connaît, l’impression que devait procurer l’arrivée des gendarmes se dirigeant vers la mairie. Et puis, ensuite, des champs où elles travaillaient parce que les hommes étaient tous partis, ou de chez elles où elles travaillaient encore parce que, de toute façon, elles ne faisaient que ça, ces mêmes femmes guettaient le maire. Il s’était habillé, avait noué une cravate et passé un veston, pris son chapeau juste pour pouvoir se découvrir. On imagine leurs respirations suspendues et le soulagement lorsqu’elles le voyaient, l’avis officiel à la main, passer devant chez elles et poursuivre son chemin. Et puis la douleur mêlée au soulagement quand il s’arrêtait devant la porte de la voisine, de l’amie, de cette autre femme que, de toute façon, elles connaissaient bien. On imagine ce que peut ressentir une femme qui sait que le maire va venir chez l’une ou chez l’autre et entend soudain frapper à son huis. On imagine le cœur des femmes qui ont déjà entendu frapper plusieurs fois.

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mardi, 25 septembre 2007

La manche et le pilon

Lorsque j’étais petit, les mutilés de la guerre de 1914 étaient encore nombreux dans les rues. Je revois celui-ci, remontant la rue Franklin, avec sa jambe artificielle. Dans les années 50, qui plus est, les prothèses étaient horribles : il n’y avait pas encore de biomécanique, on leur entait un horrible pilon de bois avec un bout en caoutchouc. Je me rappelle aussi les manches vides des vestons, qui pendaient comme des suppliciés. Et les béquilles, pour ceux qui avaient encore des mains pour les empoigner. Cela m’avait beaucoup impressionné.

Je ne sais pas pourquoi, depuis quelques années maintenant – peut-être est-ce justement le nombre de mes années qui commence à devenir indécent – je prête beaucoup d’attention aux monuments aux morts. On sait que j’aime la campagne et, en zone rurale, c’est affreux, on les voit mieux. Parfois, la même stèle porte un nom en plusieurs exemplaires, jusqu’à quatre. S’agissait-il du père et des trois fils, ou de quatre frères, ou de cousins, ou bien de simples homonymes ? J’imagine les femmes apprenant la disparition d’un premier, d’un deuxième, d’un troisième, d’un quatrième de leurs proches, voire de leurs enfants.

J’ai pensé à toutes ces choses ce matin, au réveil, et j’ai imaginé cette note en repassant ma chemise. Quel moral d’acier ! La prochaine fois, je vous parlerai d’autre chose.

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jeudi, 20 septembre 2007

Un mort à Matignon

C’est entendu, Fillon est mort politiquement. On ne s’en plaindra pas, la ridicule suffisance de ce malheureux donnant régulièrement envie de le gifler. Il serait amusant qu’il sautât – il sautera de toute façon en mars au moment des municipales, mais le bruit court d’un remaniement en janvier – et qu’échaudé, aucun homme politique n’acceptât le poste. Car au vrai, en admettant qu’on n’ait pu s’en douter auparavant, on sait maintenant que le Premier ministre n’existe pas sous le règne de Sarkozy. Par conséquent, et en toute logique, il ne devrait y avoir aucune personne saine de corps et d’esprit pour accepter de succéder à la carpette actuelle et de devenir cette fois une serpillère usagée. Ce qui impliquerait une intéressante crise de régime : personne pour être Premier ministre. Ce serait nouveau, habituellement, il y a trop de candidats. Mais je ne suis pas inquiet, on trouvera toujours une épluchure moisie pour accepter de n’être rien étant donnés le traitement, les avantages en nature et la retraite correspondante. Allons, l’homme politique moyen est assez vil pour ne craindre point d’être moqué de tout le pays, pourvu qu’en son escarcelle tombent quelques deniers. Nous verrons. En attendant, que disparaisse Fillon et que son mentor devenu son assassin – tu quoque, Sarkozy – crève dans les plus atroces souffrances.

14:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (9)

mercredi, 12 septembre 2007

Le porc et l’abrutie

Selon Le Monde, « Cécilia Sarkozy a suscité beaucoup d’intérêt dans les médias depuis l’élection de son mari à la présidence de la République : imprévisible, elle intrigue les Français et les médias ». Ma foi, je ne dois pas être Français, car elle m’indiffère totalement. Pis, lorsque d’aventure quelque portrait me tombe sous les yeux, je lui trouve l’air bête et mauvais, buté et inculte.

Exactement comme son mari qui, de plus, ressemble pour moi à un porc qui serait m’as-tu vu.

À propos de ce pitre malgracieux et répugnant, j’invite ceux que cela intéresse à prendre connaissance des indications données par lui à la ministre de la Culture. Les milieux culturels s’étonnent et s’indignent mais, foutre, qu’attendait-on de la part d’un serpent crasseux nul d’esprit ? Cet homme est un imbécile dangereux – je note avec satisfaction qu’il connaît en ce moment, dans l’opinion, sa première perte de confiance – et tout ce que l’on peut souhaiter, c’est qu’une crise cardiaque l’emporte avant l’échéance de 2012.

13:50 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (28)

samedi, 08 septembre 2007

Encore Chabrol

Il n’est pas mal, ce Chabrol-là. Il est même plutôt bien, si l’on veut passer sur l’éternel problème des scènes d’exposition lourdes et appuyées, qui ne sont pas l’apanage du cinéaste, d’ailleurs. Si l’on veut bien passer aussi sur les deux monstrueuses fautes de langue entendues dans le dialogue, vers la fin du film. Si l’on veut bien passer encore sur la qualité de l’ensemble de ce dialogue, au demeurant plutôt plat.

Ce film est plutôt bon, si l’on accepte de ne pas se poser la question du pourquoi de la scène finale, totalement collée au film, métaphore horriblement lourde du titre, paraphrasant le propos du cinéaste.

Plutôt bon, ce film, si l’on s’abstient de critiquer les éternels clichés du cinéma sur la vie d’écrivain, ces clichés qui me font hurler de rage depuis trente ans. Cent fois non, être écrivain, ce n’est pas ça. Le personnage joué par Berléand, Charles Denis dit Saint-Denis en littérature, a le train de vie d’un Simenon ou d’un Gérard de Villiers, ce qu’il n’est aucunement dans l’histoire qui nous est contée. Les écrivains ne sont pas forcément à tu et à toi avec leur éditrice, ne font pas de partouzes avec elle dans un chabanais de luxe, ne possèdent pas de maison au décor futuriste, ne partent pas à Londres pour des tournées de signatures aux frais de l’éditeur (le Seuil, avec toutes les difficultés financières qu’on lui connaît !), le reste à l’avenant.

Plutôt bon, le dernier film de Chabrol qui est pourtant toujours le même : un procès de la bourgeoisie. Cette fois, c’est au canon qu’il tire dessus, au point que, décidément, on se dit qu’il y a fausse donne. Les bourgeois ne sont pas tous des gens qui passent leur temps à s’empiffrer, à fumer le cigare, à boire des alcools ambrés, à avoir des vies sexuelles fantasmatiques… Ils sont cela, certes, mais pas tous et, surtout, ils ne font pas forcément tout à la fois. C’est un catalogue de vices qui est ouvert sous nos yeux et ça finit par faire sourire.

Plutôt bon, si l’on admet qu’un écrivain vieillissant puisse être excité par le spectacle d’une toute jeune femme marchant nue à quatre pattes, avec des plumes de paon dans le derrière. Si l’on admet qu’une fellation puisse être le nec plus ultra de la sexualité, au point d’avoir droit deux fois à une scène de ce type, au point que le personnage du jeune homme s’émerveille et s’angoisse à la fois en se demandant qui a appris à sa jeune femme à pratiquer cette caresse. On a envie de rire, quand même…

Plutôt pas mal fait, ce film, si l’on refuse d’entendre le personnage de Paul dire, aux trois-quarts du film, que celui-ci a commencé il y a près d’un an, alors que le cinéaste s’est si peu soucié du rendu de la durée – mon éternel dada – qu’on a le sentiment de l’écoulement de quelques semaines, tout au plus.

Le dernier film de Chabrol ? Oui, il est plutôt bon. En tout cas, il est formidablement bien interprété – tous sont parfaits – et, si le réalisateur avait bien voulu se donner davantage de mal, notamment en soignant le montage, ici insignifiant, il eût été très bon.

mercredi, 05 septembre 2007

Simenon et moi

Je n’aime pas Simenon. J’ai beau faire, j’ai beau essayer, je n’aime pas Simenon.

 

J’ai lu des romans, des Maigret et des non-Maigret. J’ai tenté de lire sa biographie, je dis : tenté seulement parce que la grâce légendaire d’Assouline eut vite fait de me dégoûter de ce qui, au préalable, ne m’emballait guère, de toute façon. J’ai lu les souvenirs, charabia compris, de son ancienne épouse Tigy. J’ai lu le bel album qui lui a été consacré dans la collection « Passion ». J’ai lu la correspondance qu’il échangea avec Gide : heureusement, il y avait Gide.

 

Cependant, mon honnêteté légendaire m’oblige à dire que les films inspirés de son œuvre, en général, m’ont séduit ; que le bonhomme Simenon m’avait paru intéressant et humain lorsqu’un DVD coédité par Gallimard et l’INA apporta chez moi son image et sa voix, dans un Apostrophes à lui consacré, autrefois, par Pivot. Il me parut même plutôt sympathique.

 

Cet été, j’ai donc fait une nouvelle tentative : Maigret chez le ministre, roman datant de 1954, rédigé dans le Connecticut, acheté trois euros au marché aux livres de la rue Brancion par Martine avant le départ, dans une réédition de 1974. J’y ai trouvé des anglicismes, du charabia, des fautes de langue et des ficelles honteusement tirées. À propos de tirer, on tirait aussi à la ligne. Astuce habituelle, qui me fait enrager : on fait avancer l’action à coups de dialogue. Ça évite d’écrire… Et ça dure des pages et des pages. Double astuce, le dialogue rapportant un dialogue antérieur. Et vas-y que je te pousse : par des jeux de tirets et de guillemets, on remplit ainsi des pages d’où toute rédaction est absente.

mardi, 04 septembre 2007

Mes ennuis de l’été

Le temps pourri, évidemment. Il est pourri depuis début mai et les mauvaises langues datent le début du mauvais temps du soir de l’élection de Sarkozy.

Conséquemment au mauvais temps en question, j’ai commencé mes vacances en étant malade durant dix jours.

J’ai eu mal au dos, mal aux reins, mal à la nuque, mal partout.

J’ai eu une crise de foie.

J’ai eu des allergies.

J’ai été piqué par une guêpe, alors que je m’étais abrité sous une bâche pour échapper à la pluie.

Ma voiture est tombée en panne de batterie un vendredi soir à 18 h 55, ce qui m’a laissé cinq minutes pour m’assurer que rien ne pourrait être fait avant le lundi suivant et téléphoner ensuite à l’office du tourisme où j’avais réservé un ordinateur afin de dire qu’on pouvait en disposer puisqu’il m’était impossible de venir.

Mon courrier a été fidèlement réexpédié par les services postaux à l’exception d’un envoi dont, précisément, j’avais besoin.

Je pense qu’il y eut d’autres choses, mais il ne faut pas se complaire dans l’apitoiement. Ce fut un été délicieux.

11:45 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (8)

lundi, 03 septembre 2007

Le sexe des balais

Voici une observation qui n’est pas sans intérêt, je pense. Lorsque je balaie ou passe l’aspirateur, j’ai très vite mal au dos. Il se trouve que cela ne vient pas de mes problèmes de colonne vertébrale qui sont congénitaux, ni d’un lumbago qui est mon ami de vingt ans. Cela vient tout bonnement du fait que je travaille courbé plus que de raison. Pourquoi ? Parce que les balais et les tuyaux d’aspirateur sont conçus pour des personnes d’une relative petite taille. Autant le dire : ils sont conçus pour être utilisés par des femmes.

Et pourtant, je ne suis pas grand. Comment font les hommes grands, voire très grands ? On répondra que je n’ai qu’à empoigner le manche très haut et qu’ainsi je ne me courberai pas. Essayez de balayer en tenant l’outil tout en haut : vous n’y parviendrez pas, je vous en fiche mon billet poussiéreux.

Autre observation. Les personnes qui nettoient les trottoirs et les caniveaux, ce qui est une tâche ingrate et fatigante, surtout au matin des jours d’hiver, sont des hommes. Peut-être pas à cent pour cent, mais presque. Ces employés disposent de balais de grande taille, qui leur permettent de travailler sans se baisser en permanence, ce qui est d’ailleurs la moindre des choses. J’ai vu l’autre jour un homme dont l’extrémité du balai arrivait à hauteur de ses yeux.

La conclusion est simple : certains instruments ménagers sont d’une utilisation sexuée. Pourquoi diable ne dispose-t-on pas de manches à balai de grande taille ? Parce que c’est un travail de femme, voyons.

Ça n’a l’air de rien, mais ça existe et les industriels qui fabriquent des aspirateurs et des balais tiennent manifestement compte de cela : le travail de nettoyage est masculin à l’extérieur, féminin à l’intérieur. Si d’aventure un homme veut balayer la cuisine, eh bien, qu’il se courbe pour rien ou qu’il laisse ça à sa femme. C’est parfaitement dégueulasse, n’est-ce pas ? Je suis depuis toujours attentif aux problèmes de société et celui-ci en est un, peut-être moins minuscule qu’on ne croit.

On discute depuis toujours du sexe des anges, jamais de celui des balais.

14:35 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (7)

samedi, 01 septembre 2007

Des correspondances publiées

Je suis friand de correspondances publiées. Outre qu’on ne sait jamais pourquoi telles ou telles lettres paraissent ou non, pourquoi le tome premier n’est jamais suivi du deuxième – on imagine des impératifs éditoriaux, bien sûr, c’est-à-dire des impératifs commerciaux – quelques observations s’imposent.

Les volumes de correspondance déçoivent quelquefois, en dépit des signataires, surtout lorsqu’ils regroupent exclusivement les lettres destinées à une seule personne. Par exemple, les échanges entre Paulhan et Mauriac ou ceux qui existèrent entre Lorca et Dali m’ont bien laissé sur ma faim, et c’est peu dire. Ceux de Genet avec son éditeur Barbezat sont d’une médiocrité exemplaire. Les lettres de Mendes-France, adressées à une militante socialiste, ne sont pas si captivantes que l’éditeur voulut bien l’annoncer. Je n’ai jamais compris pourquoi le Cherche-Midi avait cru bon de publier les lettres de Daniel Zimmermann et de Claude Pujade-Renaud, deux auteurs qui, surtout dans les années 80, envahirent les éventaires des librairies de leur plate production respective ; quant à leur correspondance, elle est aussi digne d’intérêt que la question de l’importation des bâtons de sucettes au Guatemala. Bien plus curieuse est la correspondance de Gide et de Simenon, du fait même de la différence d’importance littéraire existant entre les deux hommes et de l’application que met Gide à assurer Simenon de son admiration : on sent bien que la chose est pour le moins exagérée et l’on est presque ennuyé par la gêne de Simenon, donnant à Gide du « Cher maître » et n’en revenant pas de sa bonne fortune.

Les tomes de correspondance générale sont plus intéressants. De par la variété des propos et des destinataires, ils dessinent un visage particulier du scripteur. Celle de Cézanne est à mourir de rire : le pauvre peintre était génial mais incapable d’écrire une lettre claire. La confusion de ses missives est incroyable et, plus les années passent, plus ce défaut se confirme : ses phrases s’emberlificotent, il perd de vue son sujet, en mêle plusieurs dans le même passage, se noie dans les formules de politesse, bref, c’est une catastrophe. Il est vrai que l’écriture n’était pas son domaine et qu’on n’est pas obligé d’avoir des talents multiples. Quand Fayard voudra bien donner à lire le tome deux des lettres de Verlaine, ce sera bien.

Les lettres d’Albertine Sarrazin, qu’elles soient exclusivement destinées à une personne – Lettres à Julien – ou à plusieurs – ses Lettres de la vie littéraire – officielles ou clandestines – ses Biftons de prison – sont un régal. Mais elle avouait elle-même qu’écrire des lettres était pour elle « faire ses gammes ». Il y avait à l’évidence volonté d’écriture dans tout ce qu’elle entreprenait. Les lettres fleuves de Simone de Beauvoir (à Sartre, à Bost, à Algren) valent pour leur fréquence, leur obstination, leur quotidienneté, pas réellement pour leur contenu, il faut avoir le courage de le dire. Les lettres de Ravel sont très intéressantes, comme celles de Vailland à sa famille. Celles du général de Gaulle (quatorze volumes de Lettres, notes et carnets, dont je n’ai lu que deux) sont à lire dans une optique particulière : l’immense variété de correspondants que lui offrait sa fonction et le personnage lui-même, tel qu’on le connaît, créent un univers singulier. Toutes les lettres d’Apollinaire sont très intéressantes, qu’elles soient adressées à Louise de Coligny-Châtillon, à Madeleine Pagès, à sa marraine de guerre ou bien à sa mère et à son frère. Très curieuses, amusantes parfois, sont les missives de Racine à son fils. Les Lettres de prison de Gabrielle Russier sont poignantes, surtout lorsqu’on sait la fin de l’histoire. Pourquoi diable Gallimard nous a-t-il gratifiés de la correspondance de Violette Leduc, cette femme sans autre centre d’intérêt, dans sa vie, que sa petite personne, tout juste bonne à parler d’elle en se plaignant constamment, en geignant sans cesse ? Après que le volume me fut tombé des mains, je l’ai entendue un soir à France-Culture, dans une interview rediffusée : ses propos étaient de la même teneur que ceux présents dans ses lettres – moi et mon nombril malade – le tout, comme il se doit, dans une expression faite de platitudes et de clichés.

Et puis il y a les échanges épistolaires irremplaçables parce que liés aux deux scripteurs et à l’importance du projet dont ils débattent. Ainsi, Proust et Gaston Gallimard négociant sous nos yeux leurs contrats (on disait alors « traités ») et discutant ferme des corrections à apporter au manuscrit de la Recherche, de la préparation de l’édition, des ajouts incessants de l’auteur…

Finalement, c’est certainement cette infinie variété de parole, de ton, de contenu, qui fait des correspondances éditées le charme, évidemment, mais aussi le matériau nécessaire à toute étude approfondie sur leurs auteurs.

07:00 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (9)