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mercredi, 31 octobre 2007

Des choses que j’abomine

Le roman historique.

La biographie romancée.

Les dialogues imaginaires (dont est peuplée la précédente).

Sarkozy.

L’idée reçue.

Le lieu commun.

Le cliché.

La paraphrase.

Les programmes de télévision (pas forcément la télévision).

Le panurgisme.

Le bruit.

Les personnes qui parlent très haut.

Le bavardage.

Le délayage.

Le sans-gêne.

Le vocabulaire limité (voir : Sarkozy).

Les conducteurs qui klaxonnent.

Les donneurs de leçons.

L’autorité (autre que morale).

La ringardise.

La platitude.

La délation.

Les sycophantes.

L’odeur de l’eau de Javel.

L’hypocrisie.

La lâcheté.

Le revirement.

Les personnes qui ne tiennent pas leurs engagements (99 % de la population).

Les collectionneurs malades.

Les acheteurs compulsifs.

La saleté.

Les personnes qui n’enlèvent pas leurs lunettes de soleil lorsqu’elles vous parlent.

Le sport sous toutes ses formes.

La mesquinerie.

Le téléphone.

L’inculture.

À présent, soyons honnête. Je suppose que tout être normalement constitué sera d’accord, a minima, avec cette liste, qu’il ne manquera pas de compléter selon ses propres détestations. J’imagine mal, en effet, quelqu’un me déclarant : « Vous savez, monsieur Layani, j’aime singulièrement la lâcheté » ou « Je raffole des hypocrites », ou bien encore « Je rêve d’être dénoncé ». Alors ? Quelles sont, de mon triste inventaire, les propositions de dégoût que chacun retiendra ?

07:00 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (11)

mardi, 30 octobre 2007

Il est temps de ne pas se laisser faire

Bien entendu, nous allons tous nous élever contre la resucée, qu’on veut nous imposer par voie parlementaire, du traité européen rejeté il y a deux ans. De l’aveu même du pitre Giscard d’Estaing, c’est la même chose.

Je sais, Sarkozy avait dit, lors de la campagne, qu’il était favorable à une ratification parlementaire. Mais bien sûr, nous nous fichons tous éperdument de ce qu’il a pu dire ou de ce qu’il dira et nous allons tous appuyer de toutes nos forces sur le battant qu’on veut fermer, en réclamant un nouveau référendum. Auquel, bien évidemment, nous nous empresserons de voter non, à une forte majorité j’espère.

C’est d’un coup d’État qu’il s’agit. Ainsi qu’il est de règle en démocratie, le pouvoir appartient au peuple. On lira l’entretien  avec l’économiste et professeur d'informatique Étienne Chouard, publié dans Libération. Et aussi, son blog.

10:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3)

jeudi, 25 octobre 2007

Les courtisans sont priés de répondre à l’appel

« Le Premier ministre, François Fillon, recevra les romanciers de la rentrée littéraire 2007, en présence de Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication. Jeudi 25 octobre à 18 h 30 à l’hôtel de Matignon », apprend-on sur le site du Premier ministre. On se demande bien pourquoi le clown suffisant et sournois reçoit des auteurs – et pourquoi des romanciers uniquement – à l’hôtel de Matignon (c’est la première fois que j’entends appeler ainsi cet endroit), lui qui n’a probablement lu aucun de leurs livres. « N’importe qui aurait suffi » comme disait de Gaulle, par exemple la mère Albanel dont la seule fonction est d’émarger mensuellement au budget de la République, pour une telle réception.

Le plus effrayant est qu’un très grand nombre d’auteurs ait accepté de répondre favorablement à cette invitation. Des écrivains, c’est-à-dire, en principe, des esprits libres, indépendants et lucides, toutes qualités qui auraient dû leur interdire de fréquenter les salons en général et les pitres en particulier. Que nenni, les voilà tous, empressés, faisandés, se bousculant devant le buffet, faisant des ronds-de-jambe au Premier ministre le plus inculte de tous les temps et à la potiche fêlée et poussiéreuse de la rue de Valois. C’est une honte. Le premier devoir d’un écrivain est d’être indépendant et de ne céder ni aux invitations lustrées ni aux pressions des éditeurs, toujours soucieux d’être bien en cour.

On est prié de vomir sur eux.

13:55 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (4)

jeudi, 18 octobre 2007

La madone des parkings et le nabot inculte

Ainsi donc, la vieille pétasse aux yeux vulgaires qu’on a failli avoir comme first lady s’en va. Bon débarras. Puissions-nous ne jamais plus entendre parler d’elle et de ses culottes sales.

Je suis discourtois, exprès.

Cela étant, cette annonce de séparation faite aujourd’hui est répugnante. La nouvelle éclipse les conflits sociaux et les graves questions du jour. Cette pourriture de Sarkozy est capable d’utiliser même sa propre vie – dont on se fout éperdument – pour noyer le poisson des grands débats et faire en sorte qu’encore et toujours, on parle de lui. Quelle ordure, ce mec !

15:15 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (10)

mercredi, 17 octobre 2007

Mon amour, où trouver l’ultime île déserte ?

L’extrême quantité de sottises que je lis, sur le site du Monde, dans les réactions des lecteurs aux différents articles touchant la réforme des régimes spéciaux de retraite et les grèves, me laisse sans voix. On a longtemps dit que Le Monde était le journal de l’élite, une feuille pour intellectuels, des choses comme ça. Pourtant, les lecteurs qui s’expriment ressemblent réellement à des exténués du cerveau. Et je ne parle pas des idées reçues ! Mon Dieu, quelle accumulation de clichés, exprimée dans une langue d’une pauvreté inimaginable.

La haine envers les idées de gauche – comme si celles-ci n’avaient pas pour but de défendre même leurs contempteurs – est incroyable. La société a réellement viré à droite, et à droite toute. Tous ces cocus de l’histoire sont fiers de leur mésaventure. Inimaginable ! Tous les lieux communs y passent, à commencer par la représentativité des syndicats, supposée presque nulle. Il ne vient pas un instant à l’esprit de ces lumineux penseurs qu’un syndicat, quel qu’il soit, représente aussi les non-syndiqués et qu’on n’a jamais vu un non-gréviste refuser de bénéficier d’un acquis obtenu par la grève. Jamais. Connaissez-vous un non-gréviste ayant refusé une augmentation ? Une diminution des charges de travail ? Ah, vraiment, quelle bande de sombres crétins !

Il ne leur vient même pas à l’esprit, à ces tarés de la réflexion, que ce contre quoi peut lutter un gréviste, quel qu’il soit, est susceptible de leur retomber sur le nez demain matin. L’individualisme – dans le sens le plus égoïste du mot – a tellement poussé dans le terreau social que ces abrutis livides ne comprennent même pas l’inextricable façon dont sont liés les intérêts des uns et des autres. L’intoxication du journal télévisé, véritable Bureau officiel du Cliché, est telle que tout le monde répète à l’envi les mêmes sottises dans les mêmes termes, avec la même assurance qui ne repose sur rien.

La société est devenue pour moi totalement illisible. Elle me donne envie de vomir.

20:25 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (5)

vendredi, 12 octobre 2007

Sombres moments

La consigne officielle, érigée en priorité nationale, s’il-vous-plaît, de poursuivre une catégorie de population de manière systématique en employant les grands moyens, je regrette, mais j’appelle cela du fascisme et qu’on ne vienne pas dire que j’emploie n’importe quel mot, ni que j’use d’une terminologie désuète. Voici un article paru dans L’Humanité du 10 octobre dernier (oui, c’est un journal de gauche, excusez l’outrance).

Les gendarmes mèneront la chasse

Immigration. Une note du ministère de la Défense rappelle à l’ordre les gendarmes, leur demande d’intensifier les arrestations de sans-papiers et fait de la chasse aux immigrés leur priorité.

Le général d’armée Guy Parayre est directeur général de la gendarmerie nationale au ministère de la Défense. Le 4 septembre dernier, il adressait au préfet de police de Paris et aux préfets de métropole une note dont l’objet était la « lutte contre l’immigration irrégulière ». Visiblement, les gendarmes ne sont pas assez motivés à courir après les personnes sans titre de séjour, puisque le général dénonce « de grandes disparités entre les régions et les groupements ». Certains ont même des résultats en dessous de ceux de 2006. Situation inacceptable, quand on connaît la culture du chiffre des expulsions et des arrestations fixé par le ministre de l’Immigration.

Que vient faire ici ce chef des armées ? Nicolas Sarkozy, en ministre de l’Intérieur, avait obtenu que soient regroupées sous sa houlette toutes les « forces de l’ordre » concernées par la chasse aux étrangers sans titre. Les gendarmes se trouvaient donc sous les ordres du ministre de l’Intérieur. Devenu président, il a créé le ministère de l’Immigration (…) qui a pour mission cette chasse et pour moyens les effectifs de la police et de l’armée, via la gendarmerie. C’est aussi simple que cela. L’Intérieur et la Défense, sur ce sujet, sont aux ordres de Brice Hortefeux.

Le général Parayre, le petit doigt sur la couture du pantalon, applique. Après la leçon aux préfets délivrée par Brice Hortefeux, le mois dernier, le général bat le rappel. Mais il en rajoute. Nous ne savions pas encore que « la lutte contre l’immigration irrégulière sous tous ses aspects » était « érigée en priorité nationale ». Nous avions le cancer, la maladie d’Alzheimer, les accidents sur les routes… maintenant, nous avons la chasse de personnes qui n’aspirent qu’à vivre, enfin, en paix. Pour mener sa guerre, le général va même réquisitionner les réservistes et les retraités et faire rechercher les informations auprès de tous les services compétents, jusqu’aux travailleurs sociaux.

Une course à la délation, un climat de terreur, qui rappelle d’autres époques sinistres de notre histoire.

Émilie Rive

 

Voici à présent le texte adressé aux préfets par le général Parayre.

Le général d’armée Guy Parayre, directeur général de la gendarmerie nationale

À Monsieur le Préfet de police, Mesdames et Messieurs les Préfets (métropole).

La gendarmerie nationale prend toute sa part à la lutte contre l’immigration irrégulière.

Pour parvenir à atteindre les objectifs qui lui ont été assignés par le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, j’ai décidé de mettre en œuvre un certain nombre de mesures. Vous en trouverez le détail dans la note jointe.

L’étude de l’action menée par la gendarmerie dans le domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière depuis le début de l’année 2007 laisse apparaître de grandes disparités entre régions de gendarmerie et, au sein d’entre elles, entre groupements. En outre, et malgré les rappels effectués, l’engagement de certains groupements est nettement en retrait par rapport à 2006.

Au terme des sept premiers mois de l’année, 67 groupements de 17 régions sont en-deçà de leurs objectifs annuels. Érigée en priorité gouvernementale, la lutte contre l’immigration irrégulière, sous tous ses aspects, doit constituer un réel axe d’effort et donner lieu à l’élaboration de véritables plans d’action.

À cet égard, il vous est demandé de mettre en œuvre les directives ci-après qui visent à améliorer l’efficience de l’action des unités en réorientant leur service, en harmonisant leur organisation et en renforçant leur capacité opérationnelle.

I - Mesures relatives à l’organisation et à l’orientation du service.

À l’instar des 24 cellules mises en œuvre dans 20 départements, les 29 GGD dont l’objectif 2007 est supérieur ou égal à 75 personnes à mettre en cause au titre de l’index 69 de l’État 4001 (1) mettront en place dans les meilleurs délais une cellule de lutte contre l’immigration irrégulière (9 en sont déjà dotés).

Ces structures, à caractère permanent, seront activées sous plafond des effectifs et devront être armées en priorité par des militaires ayant une compétence et une motivation dans ce domaine. Elles seront placées sous la responsabilité directe des CGGD et leur animation confiée au OAPJ.

Les contacts avec les bureaux des étrangers des préfectures, les DDPAF, les DDSJ, les inspections du travail, les organismes et bailleurs sociaux devront être particulièrement recherchés.

La surveillance des flux routiers, autoroutiers et ferroviaires devra être intensifiée. Les contrôles mis en œuvre seront exécutés dans un cadre espace-temps le plus approprié.

Le service des EDSR devra impérativement intégrer ce volet missionnel avec des orientations précises et ciblées. De même, les unités qui participent activement à la sécurisation des transports ferroviaires (présence dans les trains et les gares) devront, au cours de leur service, élargir leur activité à toutes les infractions à la législation sur les étrangers.

À cet égard, les contrôles nocturnes des barrières de péage, des aires de repos des autoroutes, des gares routières et ferroviaires seront à organiser.

Pour l’ensemble des unités territoriales, un effort particulier devra également être consenti dans le domaine de la lutte contre le travail illégal. Les activités saisonnières notamment, propices à l’emploi d’étrangers sans titre de travail, non déclarés et-ou en situation irrégulière sur le territoire national, devront faire l’objet de contrôles adaptés.

De même, la sensibilisation des personnels à la lutte contre la fraude documentaire devra être au besoin renouvelée, en sollicitant notamment les premiers formateurs experts en fraude documentaire (FEFD) formés par le département « faux documents » de l.

Enfin, les contrôles relatifs aux individus ou groupes d’individus qui se livrent à la mendicité forcée ou agressive, ou qui occupent illégalement un terrain privé seront intensifiés. Leur situation sera attentivement examinée, notamment au regard de leurs conditions de séjour sur le territoire national (...).

III - Suppression des escortes consécutives au placement des ESI en CRA.

L’arrêté du 22 avril 1997 (2) qui fixe la répartition des escortes des retenus entre la police et la gendarmerie sera prochainement modifié afin de faire assurer, dès le 1er janvier 2008, toutes les escortes postérieures au placement des ESI en CRA par le service en charge de la garde des CRA.

L’objectif est de libérer les unités territoriales de ces déplacements consommateurs de moyens et de personnels, et de leur permettre ainsi de réorienter leur activité missionnelle dans le domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière.

Pour toutes les escortes à partir des CRA, il pourra être fait appel, en substitution de gendarmes mobiles, au concours de réservistes, retraités de l’arme, et de gendarmes adjoints volontaires, confirmés dans l’emploi. Ces personnels devront toutefois être systématiquement placés sous les ordres d’un sous-officier d’active. Vous veillerez, dès à présent, à évaluer le volume de ces personnels afin de ne pas alourdir la charge de la gendarmerie mobile.

IV - Réunions de police.

Vous mettrez à profit les réunions « immigration » et « police ferroviaire » des cellules de coordination opérationnelle zonales (CCOZ), animées par les DZPAF, pour recueillir et échanger avec nos partenaires les informations utiles à la lutte contre l’immigration irrégulière.

En outre, les réunions polices organisées chaque semaine en préfecture devront également permettre aux commandants de groupements de recueillir des informations auprès des autres services de l’État (bureau des étrangers, RG, DDJS, DDA...) Un calendrier mensuel des interventions des DZPAF à l’occasion des réunions hebdomadaires de police sera prochainement communiqué.

Le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement vient de rappeler aux forces de sécurité la nécessité de tout mettre en œuvre pour atteindre les objectifs fixés.

En conséquence, vous veillerez à élaborer vos plans d’action dans vos zones de compétence et à donner vos directives à vos commandants d’unités en m’en adressant copie. Les besoins supplémentaires que vous estimeriez nécessaires pour l’accomplissement de cette mission primordiale pourront être formulés auprès des services compétents de la DGGN.

La lutte contre l’immigration irrégulière est une mission à part entière qui nécessite l’engagement de tous. Chaque militaire doit être convaincu qu’il doit agir avec détermination, volontarisme et méthode pour atteindre les objectifs fixés. Pour autant, en toutes circonstances, l’humanité, le discernement et l’intelligence des situations devront guider l’action de chacun.

(1) Index  69 de l’état 4001 : infractions aux conditions générales d’entrée, de circulation et de séjour des étrangers en France.

(2) Arrêté du 22 avril 1997 portant répartition des charges entre la police nationale et la gendarmerie nationale en matière.

09:28 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (13)

lundi, 08 octobre 2007

La ministre dé-Monetisée

Heureusement, le musée d’Orsay a connu une effraction et un Monet a été endommagé. Je dis « heureusement » non parce que je n’aime pas Monet, mais parce qu’ainsi, la ministre de la Culture a eu l’occasion de dire quelque chose, d’exister. Bien sûr, elle n’est pas allée jusqu’à avoir un langage correct, se contentant de dire que les auteurs de l’effraction « ont fini par mettre un coup de poing dans le tableau ». Il ne fallait pas trop en demander. Elle peut remercier ceux qui ont détérioré Le Pont d’Argenteuil. Autrement, on aurait oublié jusqu’à l’existence de Christine Albanel. Comme quoi, le ministère de la Culture est redevable envers les artistes, pas le contraire.

Je note que le père Sarkozy ne s’est pas rendu au musée d’Orsay, alors qu’il va habituellement partout. Il ne doit pas savoir où il se trouve, ou bien il s’imagine que ce bâtiment abrite toujours la gare d’Orléans. Un musée, dites-vous ? Qu’est-ce que c’est que c’est quoi que ça, là ?

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16:55 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (6)

vendredi, 05 octobre 2007

Moment de crise

Sans être absolument certain d’avoir raison – mais le croyant, bien sûr, sinon, à quoi bon ? – j’avancerai une interprétation un peu différente du film de Cristian Mungiu, 4 mois, 3 semaines et 2 jours.

Je pense qu’il ne s’agit nullement d’un film sur l’avortement – que, par parenthèse, il ne condamne pas explicitement, ou bien alors qu’on me dise à quel moment – ni d’un ouvrage sur la Roumanie quelques années avant la fin du communisme.

Je crois – et rien, à mon avis, n’empêche de voir ce film ainsi – qu’il s’agit de la description d’une crise que traverse Otilia, la véritable héroïne du film. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas Gabita, la jeune fille enceinte, qui est montrée comme le personnage principal, mais bien Otilia.

Au début du film, Otilia demande à son compagnon de ne pas l’embrasser en public parce que, dit-elle, ça la gêne. En réalité, elle n’a aucune envie qu’il l’embrasse. Elle ne veut plus de lui, pour des raisons que le spectateur ne connaîtra pas puisqu’elles sont antérieures à l’ouverture. Puis l’accumulation de bêtises qu’accomplit Gabita, sa série de mensonges inutiles entre autres, les mettent toutes deux dans une situation très difficile, dont seule Otilia a la force, l’imagination et le courage pour les en sortir toutes deux. Pendant les quelques heures que dure l’action du film, et singulièrement au cours de la nuit, elle va se défaire de son compagnon. Ce n’est pas dit ainsi, mais qui ne le verra pas ? Tout ce qu’elle vit au cours du laps de temps de la narration, c’est la résolution de son drame personnel, c’est l’acmé.

À partir de là, qu’il s’agisse d’avortement ou de quoi que ce soit d’autre, cela n’est plus très important. Ce pourrait être un hold-up, par exemple. Ou la drogue, la prostitution, ou n’importe quoi. L’avortement dramatisant le propos, la mise en scène en plans fixes et dans un temps réel qui ne l’est bien sûr pas vraiment, le dédain vraiment complet du cadrage, le petit budget qui impose un tournage en décors naturels (si bien qu’il n’y a pas la place, souvent, pour installer la caméra et l’équipe technique et que, par conséquent, on doit – je pense à la scène du dîner d’anniversaire – faire se serrer les convives comme si la table était minuscule, tout simplement pour qu’ils restent dans le champ, et encore ! tous ne rentrent pas, on voit passer un bras de temps en temps) ; tout cela, qui est technique, sert le propos : le désarroi intérieur d’Otilia et sa décision de quitter le garçon avec qui elle n’a plus rien à faire.

Si ce n’est pas cela, c’est un film de plus sur l’avortement, qui ne dit rien d’autre que ce qu’ont exposé films et livres qui l’ont précédé, rien qu’on ne sache déjà.

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lundi, 01 octobre 2007

Le mythe du manuscrit posté, énième édition

Je vais encore pousser mon coup de gueule habituel contre l’image qui est donnée, du monde de l’édition, par tous les media. Dans un article du quotidien vespéral, on nous parle du livre de Muriel Barbery, L’Élégance du hérisson, paru chez Gallimard, ouvrage qui fait paraît-il un tabac.

J’ai entendu parler de cette jeune femme pour la première fois au mois d’août dernier, alors que, si j’en crois l’article, « mardi 25 septembre, la décision a été prise de lancer la cinquantième réimpression de l'ouvrage, ce qui a entraîné le passage du cap des 600. 000 exemplaires imprimés ». Dans une librairie de Saint-Céré (Lot), j’ai feuilleté son livre ; ça n’a pas duré longtemps, cela m’a paru très surfait et, en tout état de cause, sans intérêt aucun. Justement, peu importe.

Ce qui motive ma colère, une fois de plus, c’est cette phrase : « Elle a publié en 2000 Une gourmandise, manuscrit arrivé par la poste et que Jean-Marie Laclavetine, éditeur chez Gallimard, avait aussitôt retenu ». Assez, assez, assez ! C’est évidemment entièrement faux. Quand, grands dieux, cessera-t-on de répandre cette ineptie dans le public ? Les manuscrits déposés par le facteur au service du courrier, surtout chez Gallimard qui en reçoit des quantités invraisemblables, ne sont pas publiés. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans le cas de cette dame et je m’en moque éperdument, mais ce n’est très certainement pas ça.

Je ne comprends pas ce qui peut pousser les journalistes (et les cinéastes comme, tout récemment, Chabrol) à perpétuer les idées reçues sur l’édition et le statut d’écrivain, notamment celle du manuscrit arrivé par la poste (Truffaut en 1977). C’est de la propagation de fausses nouvelles. Consternant.

15:40 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (12)