Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 25 avril 2007

Fragments pour une histoire du centre

Le Monde du 25 avril :

« Nicolas Sarkozy propose la création d’un pôle gauche à l’UMP et promet l’investiture pour les législatives aux candidats UDF qui se rallieraient avant le 6 mai ».

« Le maire de la plus grande ville UDF [Rouen] votera Nicolas Sarkozy au second tour ».

Sarkozy au Monde du même jour :

« Dans la majorité présidentielle, il y aura un pôle UMP, et place pour un autre issu du centre qui pourra porter avec l’identité qui est la sienne les valeurs auxquelles il tient ».

« C’est à lui [Bayrou] de choisir. Il a toujours été dans la majorité de droite et du centre. S’il change, c’est son droit, mais qu’il le dise à ses électeurs ».

« Je dis simplement que tout élu de l’UDF qui soutiendra ma candidature, avant le 6 mai, sera dans la majorité présidentielle et recevra l’investiture de cette majorité. L’UDF a toute sa place dans la majorité présidentielle ».

11:10 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (23)

lundi, 23 avril 2007

Ce que j’en dis

Adoncques, Sarkozy est élu. Ce n’est pas une surprise, nous le savions tous, nous le disions depuis des mois et des mois. Il sera même réélu en 2012. Après, on verra.

La pitrerie de la présence de la gauche au second tour ne trompe personne. Mme Royal a fait le plein de ses voix, il n’y a quasiment pas eu d’abstention, les reports des voix de gauche, s’ils se font, ne compenseront pas l’écart. Il faudra en appeler aux voix données hier à l’UDF, cette UDF que le parti socialiste avait mis à la porte en 1981 en la personne de son fondateur, et vers laquelle il se tourne maintenant, quoi qu’il en dise parce que, s’il y a un espoir pour lui d’être élu en mai, c’est là qu’il se tient.

Faut-il rappeler que la présence au second tour n’est pas un droit ? Pour figurer dans la deuxième partie de la compétition – car c’est bien d’une compétition qu’il s’agit, n’est-ce pas ? – il faut n’avoir pas déçu antérieurement. Si les socialistes avaient mené une politique de gauche depuis 1981, ils n’auraient pas été évincés en 2002, ils n’auraient pas été contraints d’agiter le lamentable épouvantail du « vote utile » depuis des semaines. Je ne voterai pas au second tour et cela ne changera rien aux résultats (je dis cela avant qu’on m’accuse de faire le jeu de Sarkozy). Je ne voterai pas parce que je ne vote plus socialiste depuis fort longtemps parce que je veux une politique de gauche et que je ne l’attends plus des socialistes depuis, au moins, 1983-1984.

On me dira que Sarkozy n’a pas, lui non plus, de réservoir de voix. Il n’en a arithmétiquement pas besoin. On est parti pour dix ans en sa compagnie.

Dimanche soir, j’ai entendu, au cours de l’allocution de Ségolène Royal : « que vous m’avez-t-apporté », « si vous me (suivi d’un présent)  j’aurai-z-à cœur » et une troisième bourde que j’ai oubliée. J’avais dit il y a quelques jours chez Dominique qu’en cette période où les candidats faisaient, chaque jour, je ne sais combien de déclarations, de discours, accordaient je ne sais combien d’entretiens, personne n’était à l’abri d’une erreur ou d’un lapsus. J’avais dit cela, dans un suprême effort d’objectivité, à la décharge de Sarkozy qui avait parlé de « fatitude  ». Mais là, je ne peux pas : il s’agissait d’un texte mûri, dûment réfléchi, dit tardivement : le temps de sa préparation n’avait pas manqué. C’était le moment ou jamais d’être impeccable.

10:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (29)

Des résultats à l’heure

Dimanche matin, 22 avril, en accédant à l’administration de leur blog Haut et Fort, les différents tauliers ont trouvé l’avis suivant :

Élections présidentielles

À compter du 21 avril 0 h 00, la publication, la diffusion et les commentaires des sondages d’opinion sont interdits jusqu’à la clôture du scrutin, dimanche 22 avril 2007, à 20 heures. Les mêmes règles devront être respectées au second tour de l’élection présidentielle, du vendredi 4 mai 2007 à minuit au 6 mai 2007 à 20 heures. Cette période vise « tout sondage d’opinion ayant un rapport direct ou indirect avec un référendum, une élection présidentielle ou l’une des élections réglementées par le Code électoral ainsi qu’une élection des représentants au Parlement européen » (L. 19 juillet 1977 modifiée par la loi du 19 février 2002). Toute infraction expose à une peine d’amende de 75.000 euros (C. électoral, art. L. 90-1).

En conséquence, blogSpirit demande à ses blogueurs de s’abstenir de publier toute tendance, anticipation, rumeur sur les résultats du vote avant 20 heures, conformément à la loi.

En tant qu’éditeur du blog, nous vous rappelons que vous êtes légalement responsable du contenu publié sur votre blog, y compris les commentaires. À ce titre, blogSpirit se réserve la possibilité de poursuivre individuellement tous les auteurs de blogs qui enfreindront la législation

Soit. Sur le coup, ça ne m’a pas beaucoup plu mais bah, nous sommes Français, on nous rappelle la loi en vigueur en France, loi que nul n’est censé ignorer, il n’y a pas de quoi fouetter un chat ni même un électeur.

À l’heure d’internet – et justement, c’est sur internet qu’on nous écrit tout ça – cela fait quand même rire. Au même moment, le site de La Libre Belgique prévient : « Rendez-vous dès 18 h pour connaître les premières estimations ». Tous les sites étrangers diront donc vers 18 h ou 18 h 30 ce qu’on ne devra connaître en France qu’à 20 h. Quant aux électeurs des DOM-TOM, ils voteront après les résultats de dimanche soir, donc en pleine connaissance de cause, mais tout le monde s’en moque, ça ne compte pas, semble-t-il. Le grotesque règne.

Au bout du compte, j’étais fixé, compte tenu de problèmes de connexion liés aux serveurs surchargés, vers 18 h 40. Une preuve supplémentaire que beaucoup de personnes n’ont pas encore intégré l’existence d’internet ni son utilisation (on en parlait il y a peu chez Feuilly), et qu’une fois encore, le droit est à la remorque de la réalité.

07:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (19)

vendredi, 20 avril 2007

Saga sarkozienne

On me prie de signaler deux vidéos. La première est authentique, la seconde pourrait l’être.

http://www.dailymotion.com/skidoo/video/x1qwdr_a-voir-abs...

http://www.dailymotion.com/related/2934639/video/x1nc1h_e...

Je recommande donc à votre aimable attention ces deux documents.

20:15 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

Un visage de la critique vaillandienne

Les Cahiers Roger-Vailland viennent de publier une recension des articles de presse écrits lors de la parution des romans de Vailland. Il s’agit d’un premier tome, l’autre étant malheureusement reporté à 2008 au moins, on se demande bien pourquoi. L’intérêt d’un tel travail était précisément, en premier lieu, de tenir en un seul volume. Surtout, on s’est encore et toujours limité aux romans, soit neuf (magnifiques) livres sur une bibliographie de plusieurs dizaines de titres, recouvrant à peu près tous les genres habituellement reconnus. Ces deux erreurs sont fondamentales, à mon avis.

Ce qui est à relever, dans ce panorama de la réception des œuvres (romanesques) de Vailland, c’est que, presque systématiquement, et peut-être même systématiquement, les auteurs commencent par raconter l’histoire. On observe qu’il s’agit de billets beaucoup plus longs que ceux qu’on peut lire aujourd’hui. Une critique littéraire, entre 1945 et 1955 puisque ces dates bornent ce tome premier, compte environ trois fois plus de texte qu’aujourd’hui. Elle procède ainsi : introduction sur un ton personnel, souvent ironique ou distancié, exposé de l’intrigue, considérations sur l’engagement politique et social de l’écrivain, défauts et qualités, regrets, souhaits, conclusion sur un ton personnel, souvent ironique ou distancié, le plus souvent soit admiratif, soit admiratif en dépit de. Incroyablement, le schéma est grosso modo le même d’un article à l’autre, au fil de onze années de recensions portant, toujours en ce qui concerne le tome un, sur six livres. Pourtant, les textes sont donnés in extenso (c’était bien la moindre des choses) et les regards souvent très différents. Les auteurs sont Maurice Nadeau, Claude Roy, Marcel Arland, René Lalou, Louis Parrot, Émile Henriot, Claude-Edmonde Magny, Thierry Maulnier, Pierre Courtade, Eugène Ionesco, Roger Stéphane, Luc Decaunes, Roger Nimier, Jean Duvignaud, Louis-Martin Chauffier, Robert Kanters, André Wurmser, Kléber Haedens, François Nourrissier, Claude Mauriac, Jean Blanzat, Antoine Blondin, Henri Lefebvre et quelques autres, soit le gratin de la critique du moment. Eh bien, dans l’ensemble, les méthodes, l’exposé, sont les mêmes, au moins sur le plan technique. Comme s’il était fatal que des époques entraînent des modes de pensée, des comportements induits. Alors que le découpage de ce Cahier Vailland est parfaitement arbitraire et, à mon avis, sot au possible. Déjà, isoler la réception des romans de celle des autres livres est un non-sens. Ensuite, considérer que Vailland, publiant Drôle de jeu en 1945 et mourant en 1965, a une vie littéraire de vingt années (alors que les parutions posthumes continuent aujourd’hui), c’est idiot. Décider de couper purement et simplement en deux cette période de vingt années, c’est consternant. Effectuer cette coupure systématique juste avant La Loi, c’est-à-dire le Goncourt pour 1957, c’est-à-dire avant le désintéressement (trop affirmé pour être réel) de l’écrivain, c’est condamnable. Réduire la recension des dix dernières années aux trois romans qui demeurent les plus mal compris (La Loi, La Fête et La Truite) et renvoyer à l’année prochaine cette parution complémentaire, c’est suicidaire.

En dépit de cela (et c’est beaucoup), on observe donc des constantes, comme je l’ai dit, dans l’attitude critique. C’est encore ce qui m’étonne le plus dans ce relevé interrompu. Ces articles ne disent pas que des sottises, certes non, même quand ils sont peu favorables aux ouvrages retenus. Mais ils le disent tous sur la même lancée, dans un schéma presque scolaire, quelque chose d’obligatoire, de convenu. On s’étonne rétrospectivement. On se demande si, vraiment, l’audace d’une critique peut-être pas plus intelligente mais simplement différente, était impossible. Et cela nous rappelle, si nous l’avions oublié, combien la société d’avant 1968 était calibrée, corsetée, définie, arrêtée, établie et, pensait-on, définitive parce qu’incontestable.

On terminera sur une constatation : autrefois comme aujourd’hui, Maurice Nadeau écrivait comme un pied.

mercredi, 18 avril 2007

Marguerite de Servanches à Rabassa de Lépine

Paris, ce jour. 

Ma chère, je me suis mouchée toute la nuit, c’était horrible et j’ai passé la journée à éternuer, c’est épuisant. Ce rhume qui me tient depuis que, dimanche, j’ai pris – du moins je le suppose – un chaud et froid en sortant de la librairie La Hune, horriblement climatisée, dans la rue Saint-Benoît où avril était diaboliquement chaud, me fatigue beaucoup. Dire que, de plus, je n’ai trouvé nul ouvrage susceptible de retenir mon attention dans cette boutique ! Mais je ne veux pas vous lasser et me doute que vos propres petits ennuis vous tiennent suffisamment éveillée ces temps-ci pour que vous puissiez vous soucier de misères aussi infimes.

Vous le savez, 2007 est le centenaire de Roger Vailland. Eh oui, le Jeune homme seul aurait eu cent ans cette année. C’est aussi, dans un autre ordre d’idées, le vingtième anniversaire de la disparition de Dalida et de celle de Lino Ventura. C’est encore la dixième bougie de la mort de Barbara et de celle de Franquin. Et la trentième de celle de Prévert. Et la cinquantième de l’apparition de Gaston Lagaffe. Vous voyez que les célébrations de tous ordres ne manqueront point et, en cherchant bien, on en trouverait encore un grand nombre, soyez-en certaine. Depuis quelques années, un service officiel du ministère de l’Inculture s’occupe de ces célébrations. C’est ridicule, n’est-ce pas ? Tout cela, néanmoins, sera forcément occulté par la grande fête électorale : présidentielle, législatives et municipales, six tours, six bulletins, six signatures. On en aura pour son argent. À propos d’argent, vous avez certainement remarqué que le fisc, cette année, a comme oublié de nous adresser nos déclarations de revenus à remplir. Il attend que passe l’éruption boutonneuse des urnes. Il doit se dire que ce n’est pas le moment.

Je sais bien que vous êtes aux champs, mais vous avez sans doute appris néanmoins quelques faits-divers survenus non loin du lieu où je passe hélas le plus clair de mon temps. Je m’emploie par conséquent à vous rassurer : dimanche soir, je n’étais pas à la terrasse du Café de France, place d’Italie, pour recevoir quelques coups de couteau d’un sire qui passait ; je n’étais pas non plus hier gare d’Austerlitz au moment où la chaussée s’est effondrée. Ne vous effrayez donc pas, chère Rabassa. Ce n’est pas parce que ces lieux se situent dans mon immédiat entourage que j’ai à payer le prix de ces désagréments. Notez que ce fut pire sur certain campus américain, il y a peu, mais il paraît qu’il n’est pas toujours pas question d’interdire là-bas la vente libre des armes à feu.

J’évoquais en commençant le centenaire de Vailland. Vous savez combien son visage me fascine, combien j’ai d’estime pour sa plume. Figurez-vous, chère, que l’association dite des Amis de Vailland, à laquelle j’apporte annuellement ma modeste contribution financière, édite des Cahiers Roger-Vailland dont je m’honore de posséder la collection complète et dont le principal défaut, bien que je m’en sois fâchée souvent, est d’être composée dans un corps si minuscule que l’abonnement devrait comprendre la fourniture d’une loupe. Las, rien n’y fait. Je viens donc de recevoir la dernière livraison de ce bulletin. Quelle ne fut ma surprise en constatant que cette revue supposée semestrielle n’avait compté qu’un seul numéro en 2005 et que le tome me parvenant à présent était déclaré numéro double, valant pour toute l’année 2006. Il n'est pourtant pas plus épais que d’autres qui, en leur temps, ne comptèrent que pour un. Je crois pourtant avoir réglé un abonnement pour deux... Est-il mesquin d’ainsi faire connaître ces agissements ? Dites-le moi, tendre Rabassa. Vous savez que j’ai confiance en votre jugement. Remarquez, je ne dirai rien à personne et la dénonciation (oh, c’est un bien grand mot) de cette pratique ne sortira pas de cette lettre que nul, autre que vous, douce complice, ne lira. Imaginez : si, d’aventure, un membre influent de l’association venait à prendre connaissance de cette épître... Bah, je trouve que ce n’est pas moi qui suis mesquine, plutôt eux. D’ailleurs, je dois ajouter qu’à l’envoi était joint un bulletin de réabonnement mentionnant toujours la parution de deux numéros par an. J’en ferai retour prochainement, accompagné de quelques sous.

Je vous conterais volontiers les dernières turpitudes des éditeurs auxquels un sort malin me vaut de devoir me frotter, ma vie durant. C’est une véritable damnation, mais je craindrais alors de vous ennuyer par d’inconsidérées jérémiades. Je ne veux pas que, recevant de moi quelque nouveau pli, vous puissiez dire un jour que cette pauvre Marguerite, décidément, vieillit bien mal et qu’elle ferait mieux de quitter Paris pour s’en aller soigner ses rhumatismes en quelque chaumine. Adoncques, je ne vous dirai rien sur ce point et pourtant, vous savez, il s’en est encore produit de belles.

Je dépose entre vos bras mon souvenir le plus attaché et, j’espère, le mieux attachant. Dites-moi bientôt si vous comptez passer quelques jours ici. Je m’emploierais alors à préparer pour vous un réjouissant programme.

Marguerite de Servanches.

15:20 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (11)

lundi, 16 avril 2007

Tout ceci est rigoureusement exact, et cependant...

Voici ce que, ces tout-derniers jours, j’ai pu faire en matière de démarches éditoriales et d’activités littéraires. Pour un projet de livre encore très hypothétique, j’ai contacté l’agent d’une artiste et en ai averti un éditeur. J’ai reçu un long message de la dernière femme d’un poète, enchantée de l’étude que j’ai commise sur son compagnon décédé, étude que je lui avais transmise pour corrections éventuelles. J’ai proposé mon ultime recueil de nouvelles à un éditeur qui produit des livres illustrés. Un autre éditeur, lui, n’a jamais répondu à ma proposition concernant un autre ouvrage. On m’a demandé de participer à une lecture autour d’un auteur en octobre 2007, à un colloque sur un autre écrivain en octobre 2008. J’ai écrit quelques textes destinés aux divers carnets que je tiens sur internet. Une page a été ouverte dans Wikipédia.

Question simple : qu’est-ce qui ne va pas dans les lignes ci-dessus ?

15:45 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (26)

vendredi, 13 avril 2007

Articles critiques sur la Toile

De plus en plus, la petite édition vit par internet. L’éditeur a un site qui lui sert de vitrine et de boutique de vente directe. De plus en plus surtout, la Toile sert de critique. Les articles de presse impossibles à obtenir lorsqu’on est un petit ou un micro-éditeur, on les trouve à présent dans les revues littéraires en ligne. Mes dernières bêtises, pourtant vraiment inavouables, ont été chroniquées en ce lieu, en cet autre, en cet autre encore. Bien entendu, je suis reconnaissant envers les personnes qui ont consacré à ma prose un peu de leur temps. Reste à savoir qui lit ces pages électroniques, quel est leur impact. Personnellement, l’opinion des courriéristes littéraires m’a toujours laissé totalement indifférent et je ne lis éventuellement les critiques qu’après avoir lu le livre, lorsque, d’aventure, j’ai décidé moi-même de l’acheter. Si l’ouvrage ne m’intéresse pas, les commentateurs pourront l’encenser durant six mois, cela me sera parfaitement égal (au pire, cela m’agacera). Peut-être, cependant, des lecteurs ont-ils besoin – ou simplement le goût – d’avis préalables, je ne sais pas.

10:15 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (3)

mardi, 10 avril 2007

Les marches de Feuilly

medium_portrait_2.jpgUn petit nouveau a su éclore il y a quelques jours au pays des blogs. C’est celui de l’ami Feuilly qui se jette à son tour dans la mêlée avec sa culture, sa raison et la grande distance calme qu’il observe toujours d’avec son sujet, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des opinions. Bref, c’est du Feuilly. Ça s’intitule Marche romane, sous-titré « Littérature, lectures et quelques propos sur le monde qui nous entoure » et c’est juste ici.

16:12 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 05 avril 2007

À un impoli

Paltoquet,

Vous avez oublié la grâce de la politesse et ce fleuve de miel qu’elle fait couler dans les cœurs. La politesse n’est pas l’obséquiosité, elle n’est pas l’aplatissement de la personnalité. Elle est le sourire de l’illusion d’un monde meilleur. Quand vous aurez appris à vous souvenir d’elle, vous pourrez m’appeler par la ligne téléphonique du sentiment. C’est le seul opérateur que je reconnaisse comme pouvant me présenter des offres susceptibles de m’intéresser. Alors, vous viendrez me voir non sans vous être assuré de mon accord quant au lieu et à la date et nous converserons, les yeux brillants. En attendant, continuez à étudier la grammaire de la médiocrité entre les feuillets de laquelle vous avez encarté un marque-pages d’ennui et de vulgarité. C’est Melville – le cinéaste – qui disait, je crois, que la vulgarité était un des mystères les plus absolus en ce monde. Il était dans le vrai : comment peut-on être vulgaire ? Comment peut-on être vous ?

mardi, 03 avril 2007

Racolage psychanalytique

Jusqu’à présent, les courriers indésirables que je recevais étaient de deux ordres : ceux que le système de messagerie identifie comme tels et trie d’office, que je détruis sans même regarder de quoi il s’agit (quel serait, autrement, l’intérêt du tri automatique ?) ; ceux qui me parviennent, théoriquement envoyés par des adresses réelles, ramassées sur la Toile par des robots et « volées » (par exemple, les messages me promettant deux milliards de dollars à condition que j’en avance un).

Je reçois aussi, mais je ne les considère pas comme des spams, des kilogrammes d’informations en provenance de musées, théâtres, galeries… Ce sont la plupart du temps des endroits où j’ai moi-même laissé mon adresse, mais aussi, souvent, des lieux dont j’ignorais tout : les fichiers d’adresses s’échangent. C’est la plupart du temps de nature artistique, donc cela ne me dérange pas.

Pour la première fois aujourd’hui, j’ai reçu un message – une véritable lettre, d’ailleurs – de prospection commerciale… appliquée à la psychanalyse. Les psys, à présent, racolent par internet. Je dis bien : racolent. Il n’y a pas d’autre mot. Une proposition de services contre rémunération, adressée à quelqu’un qui n’a rien demandé, c’est bien du racolage. Je trouve ça inimaginable. Voici le texte reçu ce matin.

« Madame Marie-Lise EHRET
Psychanalyste
17, rue Baudoin
75013 PARIS
Tél. : 01. 70. 69. 38. 57
06. 73. 74. 79. 16
psychanalysteparis.com
(Hauteur 47 de la rue Dunois)
Bus : 27 - 83 - 67
Métro -6 : National-Chevaleret

Paris 21 mars 2007

Madame, Monsieur

Bonjour,

J’ai l’honneur de vous faire part de l’ouverture de mon cabinet psychanalytique ce jour, à l’adresse ci-dessus.

Rompue professionnellement en cabinet et à l’hôpital, je suis à l’écoute de la souffrance des enfants comme de celle des adultes, en les soutenant de ma parole singulière.

Je serai très heureuse de vous rencontrer si vous en éprouviez le besoin.

La psychanalyse pratiquée est celle de Freud et Lacan.

Bien cordialement à vous.

Madame Marie-Lise EHRET
Psychanalyste ».

J’en suis resté comme deux ronds de flanc, comme on dit familièrement. La lettre est datée du 21 mars ; je suppose donc que, chaque jour, cette dame expédie un lot de courriers électroniques à des adresses glanées Dieu sait où. Passé le moment de stupeur, j’ai répondu.

« Madame,

Je voudrais bien savoir de quel droit vous encombrez ma boîte aux lettres avec ce genre de message.

Cette prospection commerciale me répugne et donne largement à penser au sujet de votre « parole singulière » – et même, singulièrement inopportune.

Je vous demande de supprimer définitivement mon adresse, obtenue par je ne sais quel procédé, de votre fichier. Ces méthodes sont consternantes et je n’éprouve envers elles qu’un mépris... singulier. Vous dites être rompue, eh bien, rompez !

Jacques Layani ».

14:05 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

Les éditeurs et moi, énième édition

À Feuilly

J’ai souvent rapporté ici mes déconvenues éditoriales, mes bonnes fortunes aussi, d’ailleurs. De nombreuses fois, j’ai expliqué que le fait d’avoir déjà publié un certain nombre d’ouvrages ne servait rigoureusement à rien et que, chaque fois, je devais repartir à zéro, sans qu’il soit possible de poursuivre sur mon aire. Une nouveauté, depuis hier, s’est produite.

Par divers relais de la Toile, j’avais, de lien en lien, appris l’existence d’une toute nouvelle collection publiée au Seuil sous la direction de François Bon. En règle générale, je me méfie autant des auteurs devenant éditeurs (au sens anglo-saxon du terme) que des professeurs devenant chefs d’établissement et se piquant alors de diriger leurs pairs, voire leurs collègues d’hier.

Ne voulant pas, toutefois, céder à cet a priori, j’ai contacté Bon, me réjouissant des objectifs qu’il exposait pour sa collection et, notamment, du fait qu’il n’y inclurait nul roman. Ainsi que je le fais habituellement, j’ai tout d’abord adressé à ce monsieur un courrier électronique. C’est d’ailleurs ce qu’il demandait sur son site : un message préalable. Nos méthodes s’accordaient, c’était parfait. Je lui ai donc écrit pour présenter un projet sans imposer de manuscrit. C’était bref, peu explicite, cela constituait un simple prélude à quelque chose de plus approfondi. C’était également, du moins il me semble, poli. Comme à l’accoutumée, j’ai fait suivre mes quelques lignes d’une très courte notice me concernant et de la liste de mes petites bêtises imprimées.

Il a fallu plusieurs jours pour que Bon réponde ceci, reçu hier soir :

« cher monsieur,

cette collection doit donner priorité à des auteurs n’ayant que très peu publié, c’est une astreinte que nous jugeons légitime

mais évidemment prêt à lire

cordialement

FB ».

Je livre sa réponse assortie de tous les sic possibles. Elle m’a été envoyée ainsi, sans capitales ni ponctuation, ce qui est déjà étonnant, et je ne parle pas de la sécheresse presque impolie du libellé ni du « cordialement » qui est devenu la formule passe-partout du courrier électronique (je l’avais, quant à moi, assuré de « mes sentiments littéraires et les meilleurs »).

Ainsi donc, alors que, venant de nulle part, j’ai eu toutes les peines du monde à faire paraître, depuis 1971 où j’ai commencé à entreprendre des démarches éditoriales, treize livres – treize ouvrages en trente-six ans – des livres invisibles (un épuisé, douze non diffusés ou presque), voilà que cet écrivain-éditeur m’oppose, en style télégraphique, le fait d’avoir trop publié. Ce qui peut aussi, d’ailleurs, se traduire par le fait qu’après avoir été trop jeune et inconnu, je suis trop vieux et inconnu. François Bon a un an de moins que moi, autant dire que nous sommes du même âge. Il préfère miser sur des jeunes, tant mieux pour eux, mais je trouve cela suspect. J’ai toujours trouvé le « jeunisme » suspect.

Il va de soi que je n’enverrai rien à ce monsieur. Il n’est pas question que je perde mon temps à attendre une réponse dont on me laisse déjà deviner entre les (maigres) lignes qu’elle sera négative. Non seulement mes « états de service » ne m’aident pas, comme je le disais en commençant, mais, pour la première fois, voilà qu’ils me desservent.

10:20 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (12)