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jeudi, 22 mai 2008

Vient de paraître

1545312679.jpgSi vous n’avez rien de mieux à faire, chers promeneurs de la rue Franklin, veuillez consacrer quelques instants à lire ces modestes soixante-seize pages qui viennent de paraître. Excusez, je vous prie, mon outrecuidance.

dimanche, 12 novembre 2006

Mme Royal est ignorante, par Fanny Layani

Mme Royal est ignorante, inculte, démagogue et fait preuve d’une capacité de réflexion qui ne dépasse pas le bout d’un nez dont elle essaie désespérément de se servir pour flairer le sens du vent.

Mme Royal est hypocrite, tient des propos qu’elle n’assume pas et se pose régulièrement en victime de ses grands méchants rivaux socialistes qui, parce qu’ils sont des hommes, ont sans doute comme seul et unique but de l’écraser sauvagement, au seul motif qu’elle est une femme, bien évidemment.

Tant de bêtise réunie en un seul « phénomène médiatique » bien plus qu’en une seule personnalité politique, après m’avoir navrée, en vient à m’énerver. J’ai donc décidé de lui écrire. Mais comme elle ne le lira pas, autant que d’autres le lisent.

 

 

Mme Royal,

Comme bien d’autres, j’ai vu la vidéo circulant sur internet, concernant vos propos sur l’école. Je ne me suis pas outre mesure émue de leur teneur, connaissant malheureusement depuis déjà longtemps vos positions à l’égard de cette institution que je sers. Je ne me suis pas non plus émue de la bassesse du procédé de diffusion de ces images : notre classe politique étant ce qu’elle est, plus rien ne doit nous étonner.

Mais après tout, ces propos ont bel et bien été tenus, et que vous cherchiez à les dissimuler ne vous honore pas. Passons.

Je tiens simplement à vous faire part de quelques informations que vous semblez ignorer (ce qui est grave pour quelqu’un qui prétend arriver aux responsabilités suprêmes.) Je vous précise par ailleurs que dans un souci d’approfondissement, j’ai regardé la « version longue » de votre intervention d’Angers, qui circule également plus ou moins ouvertement sur internet. Les propos que vous y tenez ne changent rien au fond de votre discours.

Vous ne connaissez manifestement rien du travail des enseignants dans ce pays. Permettez-moi de m’en étonner : n’avez-vous pas été, il fut un temps, secrétaire d’État à l’enseignement scolaire ?

Ainsi, vous affirmez, entre autres, que les enseignants ne travaillent que dix-sept heures par semaine : cet horaire ne correspond à aucun statut. Faut-il vous rappeler qu’un professeur certifié doit accomplir un service de dix-huit heures hebdomadaires par semaine, et que ce service est ramené à quinze heures pour un professeur agrégé ?

Par ailleurs, vous sous-entendez qu’une fois ces « dix-sept » heures effectuées, les enseignants s’empressent de quitter leur établissement pour aller gagner ignominieusement de l’argent supplémentaire dans des entreprises de soutien scolaire « cotées en bourse ». Savez-vous que les entreprises en question fonctionnent, pour l’immense majorité des cas, avec des étudiants et non des enseignants, d’une part, et que, d’autre part, les salaires de leurs employés sont honteusement bas ? Savez-vous que ces entreprises exploitent tout simplement les étudiants les plus modestes, dont les études ne peuvent être financées par leurs parents ? Et savez-vous que si, par hasard, on y trouve quelques enseignants, ce sont le plus souvent des vacataires ou des enseignants sur postes précaires (maîtres-assistants, etc.) qui n’ont d’autre choix pour vivre que de compléter les maigres subsides que leur accorde l’Éducation nationale avant de les jeter dehors ?

Je me bornerai à vous signaler quelques faits concrets, venus « du terrain » puisque vous ne cessez de proclamer que c’est ce qui vous intéresse. Je m’étonne au demeurant qu’avec un tel « intérêt », vous ignoriez encore tant de choses.

Un professeur certifié assure donc dix-huit heures minimum par semaine devant ses élèves. Les inspections académiques, appliquant les directives venues des rectorats et du ministère, nous obligent à assurer de plus en plus d’heures supplémentaires, pour compresser les postes. Ainsi, il est fréquent que les collègues effectuent vingt ou vingt et une heures devant les élèves, ce qui, dans un établissement difficile, représente un surcroît de fatigue non négligeable, n’en déplaise à ceux qui pensent qu’enseigner en collège ne demande que peu d’énergie et d’investissement personnel.

Ces heures de cours, nous devons les préparer : l’équivalence communément admise d’une heure de préparation pour une heure de cours (ce qui porterait déjà notre semaine de travail à trente-six heures) dépend des matières, du type d’élève et du niveau. Elle est globalement sous-évaluée, pour les établissements de ZEP comme pour les lycées. De plus, nos cours donnant lieu à des évaluations qui sont loin d’être de simples vérifications de l’acquisition des connaissances, il y a des copies à corriger. Comptons deux à trois paquets de copies par enseignant et par semaine. Là encore, le temps de correction est variable, mais dépasse souvent les trois heures par paquet pour de « simples » copies d’histoire ou de français de collège. Je vous laisse imaginer ce qu’il en est d’une dissertation de philosophie de terminale.

Ayant, contrairement à ce que vous semblez penser, le souci de nos élèves, nous passons beaucoup de temps à évoquer ensemble leurs difficultés, à chercher des solutions communes pour y remédier, à élaborer des projets interdisciplinaires qui les aident à mettre en relation leurs connaissances et leurs compétences, etc. Cela demande beaucoup de temps, et se fait bien évidemment en dehors des heures de cours, le soir, le week-end ou pendant les vacances, avec les conséquences que vous pouvez imaginer sur notre vie personnelle et familiale. Ces séances de concertation, de plusieurs heures à chaque fois, sont souvent au nombre de deux par mois, avec les différents collègues. Je vous laisse donc effectuer le calcul.

De plus, nous sommes pour beaucoup professeurs principaux d’une classe. Cela implique un travail important, effectué dans l’établissement en dehors des heures de cours. Nos tâches sont diverses et varient selon les types d’établissement, bien sûr. Mais il s’agit globalement de :

- relever et suivre les carnets de correspondance régulièrement, pour vérifier qu’ils sont signés, prendre connaissance des mots des collègues, vérifier les heures de colles, les absences et retards, etc. : comptons plus d’une heure de travail pour vingt carnets de correspondance ;

- coordonner l’ensemble d’une équipe pédagogique, pour faire front commun face aux difficultés qui se posent dans la gestion de la classe : cela implique donc de nombreux échanges avec les collègues. Si l’on veut que ces échanges soient fructueux et ne pas laisser seul un collègue en difficulté, cela demande du temps. Ce n’est bien évidemment pas quantifiable, et d’aucun s’appuient là-dessus pour nier l’existence de ce travail. Mais il n’en reste pas moins qu’il est essentiel, et prenant ;

- être en contact régulier avec les surveillants, le conseiller principal d’éducation, qui voient les élèves dans d’autres contextes et sous un autre angle, avec l’infirmière et l’assistante sociale également, pour connaître la situation d’un élève dans sa globalité, autant que possible. Là encore, ces concertations nécessaires ne sont ni reconnues ni prises en compte, et se font de manière empirique, parfois le soir par téléphone quand les journées trop bien remplies ne nous laissent plus le temps de nous parler ;

- prendre le temps d’écouter les élèves en dehors des cours : c’est souvent dans ces moments-là que leurs problèmes se manifestent, que l’on apprend les situations de racket, de violence, sur lesquelles nous devons agir. Cette écoute est au centre de notre mission et, là encore, peu mesurable. Mais nous ne pouvons ni ne souhaitons nous en passer. Sachez simplement qu’il faut parfois plusieurs heures de discussions, souvent en plusieurs fois, le soir après les cours, avant qu’un élève ne parvienne à se confier en cas de difficulté ;

- rencontrer les parents, au cours des réunions « institutionnelles » organisées par l’établissement (rencontres parents-professeurs, remise des bulletins en mains propres, etc.) mais aussi lors de rendez-vous que nous leurs fixons en-dehors. Par égard pour ces parents qui se déplacent, il ne s’agit pas de les recevoir en un quart d’heure pour leur asséner une parole d’autorité mais de les écouter, de les aider autant que possible. Ces moments d’entretien sont essentiels, et souvent longs.

J’en viens maintenant au récit d’une semaine comme une autre dans mon établissement, pour tenter de vous faire saisir ce qu’est réellement notre métier. Je suis professeur d’histoire, de géographie et d’éducation civique dans un collège de Bobigny, situé en ZEP, zone de prévention de la violence et APV. Mon collège figure à une place que je qualifierai, avec un certain humour noir, d’intéressante dans le classement des établissements violents publié par un hebdomadaire il y a quelques semaines. Ceci pour planter le décor.

Notre semaine de rentrée des vacances de la Toussaint a commencé par une grève, lundi, comme suite à la suppression par l’inspection académique d’un poste de trente-cinq heures d’aide-éducateur, alors même que nous demandions depuis plusieurs mois des postes de surveillance supplémentaires, devant la multiplication des incidents graves et des violences. Durant cette grève, nous ne sommes pas restés tranquillement chez nous les bras croisés. Cette grève s’est faite sur place. Les élèves étaient dans la cour, nous nous sommes relayés pour les surveiller pendant que nous étions réunis en assemblée générale. Notre hiérarchie ayant décidé avant midi de fermer l’établissement et de renvoyer les élèves chez eux, nous avons assuré la sortie calme de quatre cent cinquante élèves. Ayant constaté qu’une trentaine d’entre eux ne rentraient pas chez eux et se livraient à une bataille rangée de cailloux devant le collège, nous sommes sortis pour intervenir. Nous étions donc quelques professeurs sous les cailloux à tenter de raisonner un par un les élèves. Une voiture de police est passée, a ralenti et observé la scène… puis est repartie tranquillement, pour ne plus revenir. Une fois les élèves rentrés chez eux, nous nous sommes rendus à l’inspection académique, soutenus par les parents d’élèves et le conseil général. Cette journée de grève, commencée à 7 h 30 et achevée à 18 h, nous a permis d’obtenir des moyens de surveillance et du personnel supplémentaire.  Comptons donc dix heures trente pour la journée de lundi.

Mardi, nous avons repris le travail. Ayant cours de 8 h à 15 h 30, je suis arrivée au collège à 7 h 30 et l’ai quitté à 19 h 30. En plus de mes cours, j’ai assuré un rendez-vous de coordination avec la principale adjointe et la responsable d’une classe-relais dans laquelle se trouve un de mes élèves, une rencontre avec des parents d’élèves, une heure de mise au point avec un élève exclu temporairement pour avoir insulté et menacé une collègue, une aide informatique auprès de certains collègues ne maîtrisant pas cet outil, et la compilation des cours de la semaine à destination d’un élève gravement malade et hospitalisé. Comptons donc douze heures pour la journée de mardi.

La journée de mercredi, de 10 h à 19 h, a été consacrée à une action militante au sein du Réseau éducation sans frontières (RESF). Cela n’entre pas en compte dans mes obligations professionnelles, mais c’est à mon sens une obligation éthique et morale.

           

Le jeudi, je n’ai cours que de 13 h 30 à 16 h 30. Je suis arrivée dans mon établissement à 10 h et l’ai quitté à 20 h. J’ai d’abord assuré une heure de coordination pédagogique avec une collègue de français pour préparer la séance d’itinéraire de découvertes de l’après-midi, puis travaillé une heure durant sur la mise en place de l’espace numérique de travail (ENT) expérimental dont le Conseil général dote mon établissement. Après ma journée de cours, j’ai passé une nouvelle heure avec un élève exclu, puis plus d’une heure avec un élève sans-papiers pour tenter de trouver une solution pour son orientation (il ne peut faire le CAP en alternance qui l’intéresserait puisqu’il ne peut pas travailler, et toutes les autres voies d’orientation lui sont fermées en raison de son niveau – il a dix-huit ans en quatrième et n’a été scolarisé qu’à l’âge de quinze ans et demi.) Enfin, j’ai animé une réunion de parents sur un voyage en Italie que j’organise pour cinquante élèves du collège (le temps de travail d’organisation de ce voyage, loin d’être terminé, se compte déjà en plusieurs dizaines d’heures.) Comptons donc dix heures pour cette journée de jeudi.

           

Enfin, je suis arrivée vendredi à 7 h 30 et suis restée dans mon établissement jusqu’à 15 h 30, pour quatre heures de cours de 8 h à midi. J’ai passé deux heures en début d’après-midi avec un élève de quatrième, en classe relais, qui vient travailler au collège sur ses heures libres pour tenter de remédier à ses lacunes. Nous avons donc fait des mathématiques et de l’espagnol (toutes matières pour lesquelles je ne me sens bien évidemment pas habilitée à quoi que ce soit). Comptons donc huit heures pour cette journée de vendredi.

 

Ce qui fait une semaine de quarante heures et demie dans l’établissement. N’ayant bien évidemment d’autre endroit, pour recevoir les élèves, qu’une table installée dans un couloir, au milieu du passage des autres élèves. 

Je n’ai pas évoqué les institutions de l’établissement dont je fais partie : conseil d’administration (compter trois à quatre heures par séance, et six ou sept séances dans l’année), commission permanente du conseil d’administration (compter deux à trois heures par séance et trois à quatre séances pendant l’année), groupe de réflexion parents-professeurs dans le cadre de la maison des parents (compter deux à trois heures par séance, quatre ou cinq séances dans l’année.) Ces instances demandent des réunions de préparation et de concertation entre enseignants, plus d’une heure chaque fois.

Je n’ai pas évoqué non plus le chapitre d’histoire de 3e ni le chapitre de géographie de 4e que j’ai préparés chez moi, la nuit, cette semaine.

Pour tout ceci, cailloux et bagarres compris, je touche la somme exorbitante de 1709,47 € par mois, compte tenu des indemnités de suivi et d’orientation des élèves en tant que professeur principal (97,07 €), des « primes » de ZEP (93,55 €) et de l’indemnité de vie chère en région parisienne (56 €). Une fois payés loyer, factures et impôts, il ne me reste certains mois que 300 € pour vivre.

Dans ces conditions, passer trente-cinq heures au collège ? Mais j’en rêve ! Encore faudrait-il cependant que j’y dispose d’un bureau pour travailler et recevoir élèves et parents, d’un ordinateur et d’une imprimante, des livres dont j’ai besoin pour préparer mes cours, etc. Je travaillerais ainsi bien moins qu’actuellement, aurais une vie personnelle équilibrée et saine et réaliserais de substantielles économies : l’ordinateur, l’imprimante et les consommables qui vont avec et qui sont nécessaires à mon travail étant bien évidemment un poids non négligeable dans mon budget actuel.

Vous comprendrez, à la lecture de ces quelques faits, que je me sente très profondément insultée par vos propos honteusement caricaturaux et faciles sur la profession que j’exerce et que j’aime.

Non, je ne suis pas une exception stakhanoviste. Une grande majorité d’enseignants, en ZEP bien sûr, mais également dans d’autres types d’établissements, travaille tout autant que moi, et se sent aussi humiliée et salie par vos propos démagogues et infondés.

Sachez, Mme Royal, si toutefois vous doutiez de ce que je raconte, que je vous accueillerais volontiers dans mes classes de collège ZEP de Seine-Saint-Denis, pour assurer les cours d’un chapitre de votre choix (je peux actuellement vous proposer le Maghreb en 5e, la Révolution française en 4e ou l’Allemagne nazie en 3e), avec les préparations de cours et correction de copies induites. Ensuite seulement, vous pourriez parler en connaissance de cause et sans vous attirer le mépris de l’ensemble d’une profession, outrée de votre ignorance de ce qu’est notre vie.

Sachez, Mme Royal, combien vous pouvez provoquer d’agacement, par vos postures médiatiques et vos discours « politiques » qui flattent les instincts les plus bas. Il ne suffit pas de dire qu’on est révolutionnaire pour l’être, il ne suffit pas de prétendre consulter pour penser et vouloir gouverner. Mais à trop jouer le jeu de la démagogie comme vous le faites depuis plusieurs mois, c’est toujours l’extrême-droite qu’on fait gagner. Le 21 avril ne semble pas vous avoir servi de leçon.

Sachez, Mme Royal, combien vous pouvez provoquer d’agacement, en vous posant sans cesse en victime. Vous avez voulu jouer dans la cour des grands de la politique, vous y êtes. Les coups bas y sont la règle, mais ils sont la règle entre tous, y compris entre hommes. Cessez donc de projeter votre statut de femme sur le devant de la scène pour tenter de faire pleurer dans les chaumières. Vous n’êtes ni plus ni moins maltraitée que d’autres. Dans ce milieu de la haute politique, la bassesse des attaques est la règle, et tout est bon pour faire mouche. Le fait que vous soyez une femme comme le reste. Si vous n’êtes pas capable d’assumer ces règles, cessez de jouer et retournez dans votre région. Ou alors, cessez de vous plaindre et de vous poser en victime.

Je suis une femme, je travaille dans un milieu difficile, épuisant, et bien plus méprisé que ne l’est le vôtre, et où le statut de femme, dans un univers banlieusard dur, où le machisme est la règle première de toute relation, est bien plus lourd à assumer. Je n’en tiens grief à personne et je mène ma barque, les mains dans le cambouis.

C’est pourquoi je trouve tous vos argumentaires, sur les femmes comme sur les enseignants, à vomir, tout simplement.

Mme Royal, recevez, je vous prie, l’expression de mon plus profond mépris.

jeudi, 04 mai 2006

Droit d’auteur et pédagogie

Puisque nous parlons ces jours-ci de droit d’auteur, je vous invite à lire cet article du Monde, à propos de « l’exception pédagogique ». À force de vouloir légiférer sur tout, on parvient au grand royaume d’Absurdie. Il est bien évident que les professeurs peuvent utiliser des œuvres dans le cadre de leur enseignement. C’est ce qu’ils font depuis toujours. Selon toute évidence, ils continueront à le faire. J’espère qu’on ne leur mettra pas de bâtons dans les roues.

mercredi, 26 avril 2006

Réglement intérieur – Un acte d’indiscipline à l’École normale supérieure de jeunes filles de Fontenay-aux-Roses en 1961

Dans l’impossibilité où je me trouve de publier ce récit, je le donne à lire ici en espérant qu'il pourra intéresser ceux qui sont curieux d'histoire des mentalités et, bien entendu, tous ceux que touche, de près ou de loin, celle de l’Éducation nationale. Réglement intérieur paraîtra en dix fois.

 

AVANT-PROPOS
Ce bref récit est établi à partir de documents archivés depuis 1961 dans les papiers de l’École normale supérieure de jeunes filles de Fontenay-aux-Roses. Ils sont soumis au délai de communication trentenaire et peuvent donc, par conséquent, être reproduits. Si les faits qu’ils rapportent étaient seulement concevables à présent, on les qualifierait de péripétie.
Cependant, l’anecdote est d’un profond intérêt, aussi bien en ce qui concerne l’histoire de l’Éducation nationale – celle, en particulier, d’un prestigieux établissement – que celle des us et coutumes. On dira, pour résumer, que, sept ans avant Mai-68, un mouvement de protestation plutôt mesuré va prendre des proportions inusitées, être répercuté par la presse et s’achever en déférentes lettres d’excuses, avant qu’un courrier ministériel ne sonne la fin de la récréation.
Mai-68, qui a existé pour moins que ça, n’est pas né sans gestation. Depuis longtemps, en silence mais obstinément, se manifestait un désir d’autre chose. L’évènement mineur, mais combien intéressant sociologiquement et culturellement, qu’on va raconter ici est une des minuscules pluies qui firent germer le grain. Les jeunes filles concernées avaient, à l’époque des faits, entre vingt et vingt-quatre ans. Si elles se sont trouvées, plus tard, parmi les actrices de Mai, elles ont donc compté parmi les plus âgées (vingt-sept à trente et un ans). Elles sont maintenant retraitées ou sur le point de l’être.
Ce qu’on va lire est beau et modeste comme une histoire d’école, cependant grave comme une histoire de femmes et important comme une histoire des mentalités.
 

I
DANS L’ÉCOLE
L’École normale supérieure de jeunes filles, au n° 5 de la longue rue Boucicaut à Fontenay-aux-Roses (Seine), est une des sept ENS de France. Elle a été créée par un décret de Jules Ferry, du 13 juillet 1880. De cette date jusqu’à 1937, elle est rattachée à la direction de l’enseignement primaire, puisque sa vocation est alors de former des institutrices. À partir de 1937, elle dépend de la direction de l’enseignement supérieur. Par décret du 19 février 1945, l’ENS d’enseignement primaire devient ENS préparatoire à l’enseignement du second degré pour les jeunes filles. Le droit syndical est reconnu aux élèves en 1945. De 1948 à 1954, elles acquièrent, progressivement, le statut de fonctionnaires stagiaires, et la loi n° 54-304 du 20 mars 1954 le leur confère définitivement. Elles perçoivent un traitement sur lequel elles doivent payer à l’établissement le coût de leur entretien. René Coty est alors président de la République et André Marie, ministre de l’Éducation nationale. En 1956, la formation est portée à quatre années, et la préparation à l’agrégation inscrite dans les textes – elle était, jusque là, pratiquée de fait. C’est justement pour cette préparation qu’en 1959, est acceptée, au ministère, la proposition de la directrice d’accepter des auditeurs libres.
La rentrée d’octobre 1960 a lieu dans un contexte politique douloureux. L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) distribue un tract, imprimé sur un papier bleu : « Pour la paix en Algérie (...) pour la reprise des négociations, pour la défense des libertés et de la démocratie, tous devant la Mutualité jeudi 27 octobre, à 18 heures ». La manifestation initialement prévue place de la Bastille a été interdite, mais elle est autorisée à la Mutualité.
En 1960, on compte soixante-dix mille étudiants à Paris (vingt pour cent d’entre eux sont mariés), dont quatorze mille vivent en cités universitaires et en foyers. Le problème du logement est important et l’accroissement de cette population d’ici 1970, tel que le prévoient l’INSEE d’une part, les doyens des cinq facultés de l’université de Paris d’autre part, le rendra plus difficile encore. Les Fontenaysiennes, en théorie, sont logées dans leur établissement, mais ce n’est pas tout à fait le cas.
Elles sont, en effet, réparties dans plusieurs centres. Si la majorité d’entre elles (cent cinq) se trouve à l’École elle-même, desservie par la ligne de Sceaux – la gare de Fontenay se situe à deux-cents mètres de l’établissement – trente sont logées à la résidence universitaire Jean-Zay d’Antony,[1] trente-cinq au « logement féminin » de la rue Lhomond,[2] quinze au foyer Concordia,[3] tout proche du précédent, et six au foyer des étudiantes, boulevard Raspail.[4]
Les cent cinq élèves qui habitent l’École sont inscrites en première et deuxième années en toutes sections, ainsi qu’en quatrième année de mathématiques-sciences.
Les jeunes filles installées dans les centres extérieurs connaissent des impératifs particuliers. Ainsi, rue Lhomond, elles doivent être rentrées, chaque soir de la semaine, à 22 heures 30, sauf le samedi et le dimanche. Elles payent 1 nouveau franc pour prendre une douche ou bien 0, 20 nouveau franc pour pouvoir être admises à sortir après 22 heures, le samedi ou le dimanche. Afin de préserver le silence nécessaire à l’étude, on leur interdit l’emploi de transistors et d’électrophones. Surtout, elles savent qu’elles sont admises au foyer en tant qu’étudiantes et non comme élèves de Fontenay, ce qui leur interdit, de fait, de se regrouper. Boulevard Raspail, les élèves de troisième année, littéraire ou de mathématiques, partagent à quatre l’espace étroit d’un studio. C’est d’autant plus regrettable qu’une très belle résidence universitaire de jeunes filles est en cours d’achèvement à Fontenay-aux-Roses. Elle est due aux architectes Cazaneuve et Peray, comprend deux cent douze chambres et ouvrira le 1er janvier 1961. À Antony, les Fontenaysiennes ne bénéficient pas du tarif fixé pour les étudiants et doivent verser une redevance complémentaire.
Bien sûr, le fait d’être éloignées de l’École contraint les élèves à des déplacements constants, rapidement fatigants et coûteux, car l’assistance aux cours dispensés à Fontenay reste obligatoire. Enfin, il n’est pas nécessaire d’insister sur le fait qu’il n’y a pas de contact réel entre des élèves aussi disséminées, isolées de leur établissement. Ces conditions ne permettent pas une réelle vie scolaire, une « vie d’École » ni, par conséquent, une authentique identité de Fontenaysiennes.
Les candidates au recrutement doivent être âgées de plus de dix-huit ans et de moins de vingt-cinq ans au 31 décembre de l’année du concours. Elles doivent encore avoir souscrit un engagement décennal et avoir été jugées aptes médicalement. Depuis trois années déjà, les effectifs augmentent. On a établi, de longue date, les plans d’un nouvel internat, mais rien n’a encore été réalisé. Dans ce contexte, ce sont naturellement les cent cinq élèves de l’École qui sont les plus favorisées, en tout cas les moins à plaindre, puisque les mieux installées. C’est pourtant parmi elles que va naître l’incident majeur de l’année universitaire 1960-1961, à Fontenay.
Le Cartel fédéral des Écoles normales supérieures, qui fait partie de l’UNEF, installé 45, rue d’Ulm, non loin du Panthéon, a l’idée, a priori parfaitement légitime, d’unifier les réglements intérieurs des sept établissements qu’il « chapeaute ». Il élabore donc un projet. Avant de le présenter au ministre de l’Éducation nationale ainsi qu’au haut-commissariat à la Jeunesse et aux sports, il désire le soumettre à l’approbation des directeurs et directrices des Écoles. Le 18 février 1961, il adresse ce document de travail – il importe d’y insister – qui comprend onze articles, à chaque chef d’établissement, accompagné d’une lettre de deux pages, signée du président du Cartel. Cette lettre est ainsi rédigée :[5]
 
Madame la Directrice,
 
Le Cartel des Écoles normales supérieures, au nom des élèves des sept ENS, a décidé de présenter au ministère de l’Éducation nationale et au haut-commissariat à la Jeunesse et aux sports, un projet de réglement intérieur qui serait commun à toutes ces Écoles, et soumet d’abord ce projet à votre approbation.
Si la situation dans votre École est celle que prévoit ce projet, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir appuyer notre action en nous donnant sur ce sujet un avis favorable, qui aurait d’autant plus de poids qu’il serait autorisé par une longue expérience.
Dans le cas contraire, nous vous demandons de bien vouloir prendre notre projet en considération et de nous communiquer vos objections au cas où il s’en présenterait.
Nous n’ignorons pas qu’il existe entre les sept ENS des différences sensibles, différences en premier lieu des [sic] conditions matérielles (locaux, situation géographique), différences de fonctions puisqu’elles préparent à divers ordres d’enseignement, différences entre Écoles de jeunes filles et de jeunes gens, différences enfin dues aux traditions des Écoles, dont la création s’est échelonnée sur plus d’un siècle. Néanmoins, depuis 1951, les élèves des ENS ont le même statut de fonctionnaires stagiaires ; ils bénéficient du même traitement et effectuent un reversement annuel de taux identique. De plus, ils se préparent tous à la profession d’enseignant.
Il existe donc, à notre avis, assez de traits communs pour justifier l’extension de l’uniformité de leur statut à l’organisation même de la vie dans chaque École.
La plupart des élèves des ENS sont majeurs et sont tous en âge d’être considérés comme responsables de leurs actes. Il est nécessaire que rien ne vienne entraver leur liberté personnelle, qui ne soit indispensable à la bonne marche de leurs études.
En outre, il n’est pas possible de confiner à la seule École normale supérieure la formation d’un futur enseignant, il doit dans l’intérêt de sa formation professionnelle et culturelle, participer à de multiples activités extérieures (théâtre, conférences, concerts…).
Enfin, le libre choix reconnu à chacun dans les domaines politique, syndical et religieux, n’implique pas seulement la possibilité de participer à de telles activités à l’extérieur mais aussi d’exercer ce droit à l’intérieur de chaque École qui en constitue le cadre naturel.
C’est pourquoi nous avons élaboré un projet de réglement intérieur, dont les dispositions essentielles suivantes seraient communes aux sept ENS :
– liberté de sorties ;
– liberté des visites, non limitées au parloir ;
– liberté pour les élèves de tenir les réunions et conférences de leur choix à l’intérieur des Écoles ;
– liberté de diffusion de tracts, journaux et livres de toute nature ;
– droit pour les élèves de prendre les repas en dehors [sic] et d’être indemnisés dans les limites de prévisions nécessaires à l’intendance, dans les Écoles où il ne fonctionne pas de système de tickets ;
– possibilité pour les élèves d’être logés dans les Écoles pendant les vacances de Noël et de Pâques quand ils y sont contraints par des nécessités familiales ou pécuniaires ;
– représentation effective des élèves au Conseil d’administration de toutes les Écoles.
Nous estimons en outre qu’il serait souhaitable d’associer les élèves, à l’avenir, à toute révision du réglement intérieur des Écoles et de prévoir des dispositions pratiques à cet effet. Cette participation des élèves sera également souhaitable pour envisager l’adaptation de ce réglement aux conditions locales de chaque École [mais alors, il ne s’agirait donc plus d’un réglement intérieur commun !].
Cette collaboration que nous espérons fructueuse entre la direction et les élèves de chaque ENS ne sera possible que s’il est procédé dès maintenant à un large échange de vues sur ces questions.
Dans l’espoir d’une réponse favorable, nous vous prions, Madame la Directrice, d’agréer l’assurance [sic] de notre profond respect.
 
Pour le bureau du Cartel : le Président.

 

À suivre

© Jacques Layani


 


[1] La résidence universitaire Jean-Zay fonctionne depuis novembre 1955, date à laquelle le premier pavillon d’habitation a pu être mis en service. L’inauguration a lieu en juin 1956. Fin octobre 1956, tous les pavillons sont ouverts, logeant mille trois cent quarante-huit jeunes gens et cinq cent quarante-huit jeunes filles. À la fin de l’année 1956, sont disponibles les trois pavillons destinés aux étudiants mariés, soit quatre cent quatre-vingt-dix ménages.

[2] La maison d’étudiantes du 53, rue Lhomond (Ve arrondissement) dite foyer Pierre-de-Coubertin, a été fondée par Yvonne de Coubertin, qui en fera don à l’État en 1966.

[3] Ce sont des donateurs protestants américains et français qui ont fondé, en 1912, le cercle Concordia, pour aider les étudiants. Dirigée par Mme R. Rocard de 1946 à 1963, la résidence, située 41, rue Tournefort dans le Ve arrondissement (Gobelins 75-16), sera cédée à l’État en 1962, et gérée alors par le comité parisien (COPAR) du centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS).

[4] Il s’agit de la maison des étudiantes, 214, boulevard Raspail dans le XIVe arrondissement (Danton 76-09), gérée par la société universitaire des amis de l’étudiante, fondée sous le haut patronage du ministre de l’Instruction publique et du recteur de l’académie de Paris, reconnue d’utilité publique.

[5] Dans cette lettre comme dans tous les documents cités dans cet ouvrage, on s’autorisera quelques annotations personnelles. Ces incidentes sont signalées entre crochets.

jeudi, 23 février 2006

Les étudiants et l’information

Extrait de La Lettre de l'étudiant du 13 février 2006.

 

La façon dont les étudiants utilisent l’information sur le web ne satisfait pas toujours à l’éthique. Une étude (1) menée par deux sociétés (2) spécialisées dans les logiciels d’analyse de données montre que trois travaux d’étudiants sur quatre contiennent au moins un passage copié à l’identique sur la Toile. Tous les étudiants utilisent internet, devenu incontournable pour se documenter, tandis que seul un jeune sur deux se rend encore en bibliothèque. C’est surtout vrai dans les filières scientifiques, de type ingénieurs, surreprésentées dans l’enquête. Mais internet est le plus souvent mal utilisé. Les enseignants, également interrogés dans le cadre de cette enquête, estiment qu’un jeune sur trois ne fait « qu’une simple compilation des différentes informations trouvées » sans par ailleurs toujours indiquer les sources. Quelques 27, 7 % des étudiants ne répertorieraient que rarement leurs sources dans une bibliographie. Un important travail est donc à fournir dans les établissements supérieurs pour pousser les étudiants à faire preuve d’esprit critique face à leurs sources d’information et à respecter les contraintes juridiques liées à l’utilisation de cet outil. C’est l’un des objectifs du certificat informatique et internet (C2i) qui se met actuellement en place avec quelques difficultés au sein des universités.



(1) de février 2006, disponible sur www.compilatio.net
(2) Sphynx Développement et Six Degrés, éditeurs du logiciel de veille et de détection de plagiat sur internet.

mercredi, 22 février 2006

Les idées de Sarkozy

- sinon supprimer les ZEP, du moins « recentrer cette politique sur les élèves prioritaires » ;

- « la création dans chaque commune d’un internat de la réussite » ;

- des établissements privés sous contrat, pour leur « longue pratique et [leurs] réponses originales » ;

- chaque établissement scolaire doit avoir « un projet qui lui soit propre » et pouvoir jouir « librement » de 20 % de son budget contre 3 % aujourd’hui ;

- « la suppression à terme de la carte scolaire » : « libre choix » impliquant que, dans une même ville, un établissement « puisse se spécialiser dans les matières littéraires, un autre dans le sport, un troisième dans les mathématiques » ;

- « les rémunérations doivent être différenciées » ;

- « les enseignants qui veulent travailler plus doivent pouvoir le faire ».

 

Voilà le catalogue de tout ce qu’il ne faut pas faire aujourd’hui en matière d’éducation. Les membres de la communauté éducative ne voteront pas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007.

jeudi, 19 janvier 2006

Révoquez, révoquez, il en restera toujours quelque chose

Je relaie, après beaucoup d’autres, la lettre ouverte de maître Eolas à Gilles de Robien, concernant l’affaire du proviseur révoqué.

 

Pour ceux des lecteurs qui ne connaîtraient pas l’échelle des sanctions dans l’Éducation nationale, la révocation est la plus grave. Cela signifie que le fonctionnaire fautif est mis à la porte, sans indemnités de chômage ni d’ASSEDIC, évidemment. Sans rien.

 

Le proviseur a quarante-huit ans.

 

Il s’agit d’exprimer ici une triple solidarité : celle d’un collègue qui, ce me semble, devrait aller de soi ; celle d’un blogueur, qui est évidente puisque l’intéressé est sanctionné pour ce type d’activité ; celle d’être humain, tout simplement, parce que la mesure qui le frappe est démesurée et hors de propos.

 

J’ajoute que l’homosexualité du proviseur est très vraisemblablement une des raisons qui ont provoqué cette sanction très rare. Ce n’est pas prouvé, évidemment, mais tellement facile à comprendre. Si c’est le cas, c’est inacceptable.

 

Je crois que le mouvement est en train de s’amplifier. Relayez, relayez, relayez. Merci pour lui.

mardi, 17 janvier 2006

Notre ministre s’exprime

« Je suis partisan que, lorsqu’il y a vraiment des menaces, il faut porter plainte (...). Qu’ils aiment ça ou qu’ils n’aiment pas ça, je voudrais convaincre [les enseignants] qu’il faut le faire collectivement parce qu’ils se protègent les uns et les autres de cette façon-là. Ils donnent des signaux extrêmement précis aux élèves qu’ils ne passeront rien. »

 

Si j’en crois la presse, c’est ainsi que s’exprime le ministre de l’Éducation nationale. Encore un effort et il pourra devenir éditeur.

 

« Il n’y a pas de honte à ce que les services publics travaillent ensemble et dans des lieux communs », a-t-il ajouté. Après une déclaration pareille, il ne faudra pas attendre de lui des mesures originales.

lundi, 12 décembre 2005

« Le directeur de Centrale Lyon était un imposteur »

Je reproduis une brève parue dans La Lettre de l’étudiant du 5 décembre 2005.

 

Au lieu de laver son linge sale en famille, le recteur de l’académie de Lyon a choisi de divulguer la vraie raison du départ de Jacques Labeyrie. Directeur de l’école depuis mars dernier, ce dernier avait maquillé son CV : « Normalien », alors qu’il avait fait une école normale d’instituteurs, agrégation de mathématiques non répertoriée, habilitation partielle à diriger une recherche. Le procureur général de Lyon a demandé l’ouverture d’une enquête pour falsification dans le cadre d’un recrutement. Patrick Bourgin, le directeur-adjoint, devrait devenir administrateur provisoire de l’école.

 

Voilà une affaire peu banale. Si j’en fais le sujet de cette note, c’est pour vous demander votre avis. Il y a quelques années, une histoire comme celle-là n’aurait pas été rendue publique. L’imposteur eût été évidemment sanctionné (faux, usage de faux, abus de confiance, falsification, manquement d’un fonctionnaire à ses obligations, tout ce qu’on voudra) mais on ne l’aurait certainement pas dit.

 

Était-il utile de faire savoir, au risque de jeter une fois de plus le discrédit sur la fonction publique en général et l’enseignement en particulier, que de tels agissements avaient eu lieu ? Je ne réponds pas, je ne juge pas, je n’en sais rien.

lundi, 21 novembre 2005

L’écrivain porte conseil

Le ministre de l’Éducation nationale, Gilles de Robien, a installé dans leurs fonctions, le 8 novembre dernier, les neuf membres qui constituent le Haut conseil de l’éducation (HCE), instance indépendante qui doit remplacer le Conseil national des programmes (CNP) et le Haut conseil de l’évaluation de l’école (HCEE). Le rôle de cet organisme sera de  formuler des avis sur la pédagogie, les programmes, le système éducatif, la formation des enseignants.


On trouve parmi eux un conseiller-maître à la Cour des comptes, directeur du centre Georges-Pompidou ; un professeur des universités, ancien recteur et ancien directeur d’institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) ; un professeur des universités, inspecteur général de l’Éducation nationale (IGEN) et ancien recteur, ex-directeur de cabinet de Jack Lang alors ministre de l’Éducation nationale ; un professeur des universités, membre de l’académie nationale de pharmacie, ancien député UDF ; la directrice de l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme ; un professeur d’histoire, directrice de la rédaction du magazine L’Histoire ; un professeur à l’Institut des hautes études scientifiques, membre de l’académie des sciences ; le président de la banque BNP-Paribas, directeur du Comité pour l’école du Medef ; un inspecteur général de l’Éducation nationale (IGEN) devenu délégué à la communication au ministère de l’Éducation nationale.


Jusque là, on peut être étonné de ce que les mêmes personnes cumulent autant de fonctions, de titres et de responsabilités, mais on a l’habitude… On peut aussi s’interroger sur le fait d’accepter la cohabitation, quand on a été directeur de cabinet d’un ministre socialiste, avec un ancien député UDF mais on sait bien que, pour aller à la soupe, personne n’est jamais très regardant. On peut se féliciter de la présence du Medef ou la déplorer. Au fond, toutes ces personnes paraissent compétentes et l’on ne doute pas un instant qu’elles rempliront au mieux les fonctions qui viennent de leur être confiées.


Le plus curieux reste le dernier membre, qui est un écrivain médiocre (au sens premier du terme) et même très médiocre (toujours au sens premier). Il est par ailleurs président-directeur général des éditions de La Table Ronde, historiquement marquées à droite. Il est surtout l’ami personnel du président de la République, ce n’est pas un secret, il l’a toujours clamé. J’ai nommé Denis Tillinac. Que fait-il donc là ? Ce n’est pas moi qui trouverais étrange de nommer un écrivain dans une instance chargée de questions d’éducation. J’ai bien dit : un écrivain. Nommons Malraux, Vailland, Gary, Montherlant, Mauriac… On pourra discuter, contester même, ensuite, leurs positions et leurs avis, pas leur légitimité. Mais Tillinac ! Tillinac !

jeudi, 27 octobre 2005

Du côté de chez Guillaume

Une discussion sur l’enseignement s’ébauche chez l’ami Guillaume. Je la relaie volontiers.

vendredi, 14 octobre 2005

Où sont les enseignants ?

Curieusement, les discussions concernant l’enseignement et les questions d’éducation, pourtant abondantes sur l’ancien blog, n’ont plus cours ici.


Encore une chose qui ne laisse de m’étonner, puisque tous les professeurs présents autrefois ont leurs entrées sur ce blog. Plus surprenant : il y a eu davantage de conversations sur l’école durant l’été que depuis la rentrée…