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jeudi, 23 février 2006

Les étudiants et l’information

Extrait de La Lettre de l'étudiant du 13 février 2006.

 

La façon dont les étudiants utilisent l’information sur le web ne satisfait pas toujours à l’éthique. Une étude (1) menée par deux sociétés (2) spécialisées dans les logiciels d’analyse de données montre que trois travaux d’étudiants sur quatre contiennent au moins un passage copié à l’identique sur la Toile. Tous les étudiants utilisent internet, devenu incontournable pour se documenter, tandis que seul un jeune sur deux se rend encore en bibliothèque. C’est surtout vrai dans les filières scientifiques, de type ingénieurs, surreprésentées dans l’enquête. Mais internet est le plus souvent mal utilisé. Les enseignants, également interrogés dans le cadre de cette enquête, estiment qu’un jeune sur trois ne fait « qu’une simple compilation des différentes informations trouvées » sans par ailleurs toujours indiquer les sources. Quelques 27, 7 % des étudiants ne répertorieraient que rarement leurs sources dans une bibliographie. Un important travail est donc à fournir dans les établissements supérieurs pour pousser les étudiants à faire preuve d’esprit critique face à leurs sources d’information et à respecter les contraintes juridiques liées à l’utilisation de cet outil. C’est l’un des objectifs du certificat informatique et internet (C2i) qui se met actuellement en place avec quelques difficultés au sein des universités.



(1) de février 2006, disponible sur www.compilatio.net
(2) Sphynx Développement et Six Degrés, éditeurs du logiciel de veille et de détection de plagiat sur internet.

Commentaires

Pour nourrir le débat :

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=269861

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=269858

Écrit par : Stéphane De Becker | jeudi, 23 février 2006

Les logiciels de recherche de plagiats sont impuissants lorsque les sources ne sont pas en mode texte simple, mais en mode image, ou appartiennent à l'Internet gris (par exemple tout ce qui est enregistré avec accès sécurisé ou login ou avec des pages aléatoires) soit 90 % de la masse des documents écrits disponibles.

Écrit par : Dominique | jeudi, 23 février 2006

C'est vrai que, l'étude étant menée par des sociétés intéressées, donc juges et parties, il y a lieu de s'en méfier.

Ce qui m'étonne le plus, c'est surtout la confiance aveugle que font les élèves aux informations trouvées sur internet. Quand on sait la quantité d'énormités qu'on peut y rencontrer ! Bien sûr, il y a tout sur la Toile mais s'ils se contentent d'une réponse ou deux sans faire de tri ni réfléchir, qu'est-ce que ça va donner ?

Enfin, sur un forum auquel je participe, on est assommé par les demandes de résumés. Il s'agit toujours du même livre. On a dépassé les deux-cents messages sur le sujet. Sans même parler de ce qu'on peut penser du résumé comme exercice pédagogique, il reste la naïveté (?), l'inconscience (?) des élèves prêts à tous remettre le même devoir. Qu'attendent-ils comme résultat dans ces conditions ?

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 24 février 2006

Bien réfléchi, il me semble que ces élèves ne cherchent qu'à rendre un devoir, pour ne pas être évincés des cours, pour continuer, jusqu'à la dernière limite, à NE RIEN FAIRE.

Et ça promet, c'est sûr, pour leurs futurs employeurs... à moins qu'ils mûrissent entre temps.

Écrit par : Martine Layani | vendredi, 24 février 2006

Je recommande cette page toute prête à l'emploi :
http://www.langue-fr.net/faq/devoirs.htm
Je crois que Luc Bentz accepterait une reprise de son texte avec modifications (sur le principe de la licence Open Source).
J'ai participé à sa rédaction et je suis pour une part à l'origine de ce texte (je dégainais souvent et j'ai déclaré qu'il fallait réagir). Je dois dire que l'on avait des dizaines de demandes vers 98-99-2000 (surtout en fin de trimestre) et que c'est tombé très vite pour se situer à zéro actuellement.

Cependant, j'attire l'attention sur le fait qu'un étudiant ou un lycéen peut parfaitement copier-coller un texte sans que les logiciels puissent trouver l'origine : il y a notamment des sites payants qui proposent des corrigés. On n'y a pas accès si on n'est pas abonné et ce ne sera pas répertorié par les moteurs de recherche qui ne peuvent aller au delà du portail d'entrée. Mieux : on peut aussi utiliser des textes qui ont disparu de la Toile grâce à WebArchives, mais il faut avoir l'adresse précise. Je crois que rien ne remplacera l'analyse personnelle, la vérification en usant de sa cervelle et de ses yeux.

Une anecdote : une élève avait copié un site, zéro. La mère conteste alors que j'avais donné l'adresse. Je dois alors imprimer les pages et expliquer ce qu'est une URL, ce qu'est la propriété littéraire, ce qu'est un travail de recherche (pas un simple clic dans Google) et de mise en forme (tri, recoupages, réécriture, niveaux de discours). Mais en fait pour les parents le simple fait d'avoir trouvé cette information était déjà un travail suffisant et le fait que ce soit public (accessible à tous) signifiait que cela n'appartenait pas à quelqu'un. Cela a une foule d'implications : pour un élève avoir imprimé ou photocopié un texte signifie qu'il se l'est approprié intellectuellement, les méthodes ou démarches ne sont plus suivies, pour beaucoup de gens les notions de propriétés n'existent plus tellement l'on croule sous des documents volés, le privé est en capilotade, les hiérarchies volent en éclat, singer est plus important que faire.

Écrit par : Dominique | vendredi, 24 février 2006

"Singer est plus important que faire" est une bonne définition de cette société du semblant dans laquelle nous nous trouvons. Je le vois autour de moi : on fait comme si. On dit qu'on va faire telle chose et c'est comme si on l'avait fait, puisqu'on l'a dit. Tout est à l'avenant.

Cependant, cette société est la nôtre et il ne sert à rien de se désoler si l'on n'a pas les moyens de redresser la barre. Internet existe, nous nous en servons tous, il va falloir réinventer l'enseignement, plus exactement : ce qu'on demande aux élèves et ce qu'on en attend.

J'aimerais que, comme Dominique, les professeurs ici présents répondent à cette question : comment vivent-ils leurs méthodes de correction des devoirs à l'époque d'internet ?

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 24 février 2006

Singer est plus important que faire.

Mais c'est malheureusement la société qui veut cela. Il faut aller vite en tout et paraître. Y compris donner l'illusion de connaître.

On m'a expliqué qu'aux Etats-Unis, dans une école supérieure de management, le but des cours n'est pas d'apprendre quelque chose mais plutôt de savoir décider rapidement. Ainsi l'examen de fin d'année consiste en ceci: l'étudiant doit jouer au chef d'entreprise. Il reçoit un dossier de 400 pages (qu'il lui est impossible de lire dans son entièreté) et il a une demi-heure pour trouver la solution qui va sauver l'entreprise (souvent: licencier le personnel soi-disant excédentaire).

De même chez moi j'entendais l'autre jour des enseignants expliquer qu'ils n'étaient pas là pour transmettre un savoir ("à quoi bon apprendre puisque l'élève, de toute façon, oublie tout") mais pour apprendre à apprendre, autrement dit pour apprendre à l'élève où il peut trouver l'information (Internet, bibliothèques). C'est bien, mais faut-il six années de cours pour en arriver là?

Écrit par : Feuilly | vendredi, 24 février 2006

J'avais demandé l'avis des professeurs et c'est Feuilly qui répond. J'avais oublié qu'il y a ici deux professeurs manqués : Feuilly et l'horrible taulier. :-))

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 24 février 2006

Manqués mais non ratés. -))

Écrit par : Feuilly | vendredi, 24 février 2006

Je suis institutrice. Il y a quelque temps, j'ai demandé à mes élèves de CM1 une recherche sur l'Amazonie. Quelques jours plus tard, les uns ont sorti de belles feuilles imprimées par l'ordinateur (encyclopédie Encarta ou autres recherches sur Internet) et levaient la main fièrement pour être interrogés, les autres avaient recopié quelques lignes du dictionnaire sur leur cahier et se sentaient un peu piteux. Je leur ai demandé de mettre leurs documents à l'envers, sur leur table, et de me dire ce qu'ils avaient retenu de leurs recherches. Les seuls qui ont levé la main sont ceux qui avaient écrit quelque chose ; ceux qui avaient les beaux documents ne les avaient pas lus. Intéressant, non ? Cécile Wuillème, dans le courrier des lecteurs de Télérama (22/02/06).

Écrit par : Dominique | vendredi, 03 mars 2006

CQFD. Ah, l'écrit, quand même, c'est quelque chose, hein ? Et les mots écrits à la main, qui sortent de la plume et s'assemblent pour construire, pour donner forme à la pensée, au raisonnement, ah là là...

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 03 mars 2006

Je voudrais préciser que presque aucun des étudiants qui ont pu, sous ma direction ou de par ce que j'ai su de conversations avec des collègues, être convaincus de plagiat, n'ont nié ; en l'occurrence, ils ne comprenaient même pas ce que leur copier-coller avait de répréhensible dans le cadre d'un travail à la maison.

Écrit par : Guillaume | samedi, 04 mars 2006

Le Fig d'aujourd'hui publie un article sur le sujet :
http://www.lefigaro.fr/high-tech/20060222.WWW000001071_copier_coller_n_est_pas_jouer_.html
Je n'aurais pas pensé à des chiffres aussi écrasants.

Écrit par : Dominique | jeudi, 23 mars 2006

J'ai lu. La facilité est toujours écrasante.

Cela dit, l'article du Phigareau s'appuie toujours sur la même enquête, celle dont nous parlons depuis le début, qui est faite par des sociétés juges et parties.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 23 mars 2006

On pourrait ajouter quelques paragraphes sur les manipulations éhontées et les raccourcis saisissants de part et d'autre, dans les AG étudiantes relatives au blocus et en dehors d'elles...

Écrit par : Guillaume | jeudi, 23 mars 2006

Mais encore, Guillaume ?

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 23 mars 2006

Il vient de répondre sur son carnétoile qui est un peu rouvert depuis quelque temps et de manière irrégulière.

Écrit par : Dominique | jeudi, 23 mars 2006

Oui, je l'ai vu tardivement.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 24 mars 2006

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