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vendredi, 21 décembre 2012

Une fable prémonitoire

3534246590.pngJ’avais vu ce film en 1973, lors de sa sortie. Il avait à l’époque causé une très vive émotion. On recommandait à ses amis d’y assister et j’avais fait de même envers mes parents. Tout le monde en parlait, bouleversé.
Je l’ai revu hier soir, pour la première fois. La chaîne Arte, qui le proposait, a cette déplorable manie de nous infliger des versions françaises au motif qu’il s’agit d’une heure de grande écoute, et c’est insupportable : ces voix fausses, au débit modifié pour « coller » le plus possible au mouvement des lèvres d’acteurs américains, voix qu’on a déjà entendues, sortant de la bouche d’autres comédiens, parce que les doubleurs sont les mêmes. Bref, c’est hideux, quand une version en anglais avec sous-titres eût été mille fois préférable.
Que reste-t-il de ce film ? Techniquement, pas grand-chose. Quand il nous en avait mis plein la vue, on naperçoit aujourd’hui que des foules de figurants extrêmement mal dirigées, des studios qui sentent le studio, des bagarres mal chorégraphiées et l’on n’entend que des bruitages ratés. Aucun effet de montage, aucun coup de caméra original, un filmage sans style, une direction d’acteurs inexistante.
Et pourtant… La surpopulation, la pollution, l’absence de nourriture, la raréfaction de l’eau, l’élévation des températures, les émeutes urbaines, les vieux qu’on estime inutiles, la corruption, les toujours plus riches et les toujours plus pauvres, les gens sans logement qui vivent dans leur voiture immobilisée ou dorment dans des escaliers, ça ne vous rappelle rien ?
Certes, il n’y a pas encore de « dégageuses » pour réduire les manifestants et les femmes ne font pas partie des logements mis en vente ; on ne les appelle pas « mobilier » (furniture). Quoique…
Soleil vert ? On y est.

lundi, 17 décembre 2012

Au zinc

Au Départ Saint-Michel, grignotant au comptoir mon sempiternel sandwich, j’observe les allées et venues des serveurs, le travail des cuisiniers, celui du caissier. C’est un café où le nombre de consignes écrites est effarant. La moindre boîte de plastique est étiquetée, le plus petit dossier aussi. Cela, je ne peux pas ne pas le remarquer : ce qui est écrit m’aveugle toujours. Au passage, sur une boîte contenant des biscuits salés destinés, je suppose, à accompagner l’apéritif, je relève : « Six bretzels, une personne. Deux personnes, dix bretzels », décompte qui me paraît singulièrement mesquin. Près du robinet, je lis : « Consommer l’eau avec modération » ; ce n’est pas une plaisanterie, mais un rappel à l’économie. Surtout, sur un banc de service, à peu près à hauteur d’yeux, je déchiffre, de loin, l’inscription que voici, dont je rétablis l’orthographe fort défaillante : « L’élocution est forcément prononcée avec parcimonie et gentillesse envers le barman et les officiers ; le personnel de salle n’est pas un supérieur dans la voie hiérarchique ». En résumé, et en bel et bon langage françois, les garçons doivent s’adresser courtoisement à l’employé du bar comme aux cuisiniers, instruction qui me semble juste et bienvenue. Je pense alors à cette phrase de Montherlant, qui écrivait (je cite malheureusement de mémoire) : « Le garçon qui lance à l’adresse du barman : “Un café, un !”, est heureux parce qu’il commande ». Montherlant habitait quai Voltaire, fût-il venu manger un sandwich au zinc du Départ Saint-Michel, il eût appris quelque chose et, par surcroît, nous eussions conversé.

14:36 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 13 décembre 2012

Errements typographiques

Comme c’est étrange. Depuis plusieurs années, je peste, râle et fulmine contre les livres que l’on publie aujourd’hui, qui ne sont pas corrigés. Coquilles, bien sûr, mais aussi erreurs, redondances, anacoluthes, bref, quelque chose de typographiquement et grammaticalement désastreux. Je regrette que les maisons d’édition aient fait disparaître le poste de correcteur, depuis que la micro-informatique a – dit-on – rendu désuet cet emploi, pourtant hautement spécialisé. Désormais, le directeur littéraire ou l’un de ses collaborateurs corrige, fort mal en général, en deux coups de traitement de texte. Comme si le progrès technique, évidemment indéniable, pouvait dispenser du savoir-faire et de la connaissance des règles en usage dans ce domaine.
Naturellement, j’ai tendance à dire que c’était mieux avant, tendance ô combien humaine, à laquelle personne n’échappe, travers dans lequel chacun tombe un jour ou l’autre. Je repense à Bernard Dee, qui corrigea chez Laffont mon premier ouvrage publié. Un champion de la langue française, de la grammaire, de la syntaxe, mais aussi de la disposition graphique, de la distribution d’une page, de la conception esthétique d’une couverture où la titraille doit trouver sa place sans nuire à l’illustration, depuis longtemps devenue obligatoire.
C’était mieux avant ? Voire… En effet, Pascal Pia écrivait dans Carrefour, en 1959 : « Dommage qu’une édition établie avec autant de soin ait été imprimée sans que les épreuves en fussent corrigées. Les éditeurs font appel, de nos jours, à des “maquettistes” qui ne seraient pas toujours indispensables, et qui souvent résolvent assez mal de petits problèmes typographiques devant lesquels un prote n’eût pas éprouvé le moindre embarras. Mieux vaudrait ne pas disputer ces étalagistes aux grands magasins et s’assurer le concours d’un correcteur consciencieux, fidèle aux principes de Théotiste Lefèvre ».
Il faut croire que certains errements sont décidément plus anciens que je ne le croyais. Ou bien alors, que dirait aujourd’hui Pia, devant les calamités que concoctent les éditeurs avec le traître appui de la presse Cameron ?
Pour qui l’ignorerait, Théotiste Lefèvre est l’auteur d’une Nouvelle classification de la casse française, combinée d’après l’exact emploi des lettres (1832), d’un Recueil complet d’impositions, exécutées en caractères mobiles (1848), d’un Guide pratique du compositeur d’imprimerie (1855), et de quelques autres publications techniques comme l’Instruction pour diviser les mots à la fin des lignes, à l’usage des sourdes-muettes qui se destinent à la composition typographique.

15:56 Publié dans Pascal Pia | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 12 décembre 2012

Mariage homosexuel, toujours

J’ai évoqué ici le mariage homosexuel, en un temps où il ne s’appelait pas encore « mariage pour tous ». Plus que jamais, puisqu’il semble qu’enfin, on approche du but, il convient de défendre le droit au mariage pour les homosexuels qui le désirent. On y arrive, on y vient. Une pétition est présentée à votre paraphe par le Parti socialiste. On sait que, depuis 1983-1984 environ, je n’aime plus beaucoup les socialistes, mais cela n’empêche pas de signer.

14:27 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 06 décembre 2012

Trois fois vingt ans

Il y a donc aujourd’hui soixante ans que ce monde me fait l’honneur de m’héberger et qu’il a le bon goût de ne pas exiger de moi le paiement d’un loyer. Encore qu’il me soit arrivé plus d’une fois de devoir régler en nature.

16:17 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)