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jeudi, 13 décembre 2012

Errements typographiques

Comme c’est étrange. Depuis plusieurs années, je peste, râle et fulmine contre les livres que l’on publie aujourd’hui, qui ne sont pas corrigés. Coquilles, bien sûr, mais aussi erreurs, redondances, anacoluthes, bref, quelque chose de typographiquement et grammaticalement désastreux. Je regrette que les maisons d’édition aient fait disparaître le poste de correcteur, depuis que la micro-informatique a – dit-on – rendu désuet cet emploi, pourtant hautement spécialisé. Désormais, le directeur littéraire ou l’un de ses collaborateurs corrige, fort mal en général, en deux coups de traitement de texte. Comme si le progrès technique, évidemment indéniable, pouvait dispenser du savoir-faire et de la connaissance des règles en usage dans ce domaine.
Naturellement, j’ai tendance à dire que c’était mieux avant, tendance ô combien humaine, à laquelle personne n’échappe, travers dans lequel chacun tombe un jour ou l’autre. Je repense à Bernard Dee, qui corrigea chez Laffont mon premier ouvrage publié. Un champion de la langue française, de la grammaire, de la syntaxe, mais aussi de la disposition graphique, de la distribution d’une page, de la conception esthétique d’une couverture où la titraille doit trouver sa place sans nuire à l’illustration, depuis longtemps devenue obligatoire.
C’était mieux avant ? Voire… En effet, Pascal Pia écrivait dans Carrefour, en 1959 : « Dommage qu’une édition établie avec autant de soin ait été imprimée sans que les épreuves en fussent corrigées. Les éditeurs font appel, de nos jours, à des “maquettistes” qui ne seraient pas toujours indispensables, et qui souvent résolvent assez mal de petits problèmes typographiques devant lesquels un prote n’eût pas éprouvé le moindre embarras. Mieux vaudrait ne pas disputer ces étalagistes aux grands magasins et s’assurer le concours d’un correcteur consciencieux, fidèle aux principes de Théotiste Lefèvre ».
Il faut croire que certains errements sont décidément plus anciens que je ne le croyais. Ou bien alors, que dirait aujourd’hui Pia, devant les calamités que concoctent les éditeurs avec le traître appui de la presse Cameron ?
Pour qui l’ignorerait, Théotiste Lefèvre est l’auteur d’une Nouvelle classification de la casse française, combinée d’après l’exact emploi des lettres (1832), d’un Recueil complet d’impositions, exécutées en caractères mobiles (1848), d’un Guide pratique du compositeur d’imprimerie (1855), et de quelques autres publications techniques comme l’Instruction pour diviser les mots à la fin des lignes, à l’usage des sourdes-muettes qui se destinent à la composition typographique.

15:56 Publié dans Pascal Pia | Lien permanent | Commentaires (0)

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