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lundi, 17 décembre 2012

Au zinc

Au Départ Saint-Michel, grignotant au comptoir mon sempiternel sandwich, j’observe les allées et venues des serveurs, le travail des cuisiniers, celui du caissier. C’est un café où le nombre de consignes écrites est effarant. La moindre boîte de plastique est étiquetée, le plus petit dossier aussi. Cela, je ne peux pas ne pas le remarquer : ce qui est écrit m’aveugle toujours. Au passage, sur une boîte contenant des biscuits salés destinés, je suppose, à accompagner l’apéritif, je relève : « Six bretzels, une personne. Deux personnes, dix bretzels », décompte qui me paraît singulièrement mesquin. Près du robinet, je lis : « Consommer l’eau avec modération » ; ce n’est pas une plaisanterie, mais un rappel à l’économie. Surtout, sur un banc de service, à peu près à hauteur d’yeux, je déchiffre, de loin, l’inscription que voici, dont je rétablis l’orthographe fort défaillante : « L’élocution est forcément prononcée avec parcimonie et gentillesse envers le barman et les officiers ; le personnel de salle n’est pas un supérieur dans la voie hiérarchique ». En résumé, et en bel et bon langage françois, les garçons doivent s’adresser courtoisement à l’employé du bar comme aux cuisiniers, instruction qui me semble juste et bienvenue. Je pense alors à cette phrase de Montherlant, qui écrivait (je cite malheureusement de mémoire) : « Le garçon qui lance à l’adresse du barman : “Un café, un !”, est heureux parce qu’il commande ». Montherlant habitait quai Voltaire, fût-il venu manger un sandwich au zinc du Départ Saint-Michel, il eût appris quelque chose et, par surcroît, nous eussions conversé.

14:36 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

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