mercredi, 29 octobre 2008
Grakavendre
On parle ici, quelquefois, des ventes concernant tel artiste, tel écrivain. La succession Julien Gracq va se jouer à Nantes, le 12 novembre prochain. Ses papiers, bien entendu, ses livres et, ce qui m’embête le plus, sa correspondance (dont, naturellement, des lettres et cartes postales de Breton)… Tout, on vend tout : un bureau, une bibliothèque et même un téléphone, un cendrier… Les corbeaux, ce sont ses cousins puisque Gracq n’avait pas de descendance directe. On vend tout, vous dit-on, messieurs-dames (à part les manuscrits, légués à la Nationale). À vendre ! À vendre ! De l’argent ! De l’argent ! Ironie, l'hôtel des ventes se trouve... rue de Miséricorde.
Le catalogue complet est en ligne. Il comprend les sottises habituelles : « Elsa (sic) et André Breton », par exemple. Ou bien un « tirage d’époque colorisé » (re-sic) : on ne sait plus dire « rehaussé » ou tout simplement « colorié ». « Colorisé » est non seulement un anachronisme, mais, de plus, une erreur de vocabulaire : qu’on y soit favorable ou non, la colorisation est un procédé technique bien précis, qui n’a rien à voir avec le fait de rehausser de couleur une photographie en noir et blanc.
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mardi, 28 octobre 2008
Sauter des pages
Aujourd’hui, et toujours sur internet, un des seuls véritables articles concernant le Fleming. C’est-à-dire un texte qui ne se contente pas de reprendre le communiqué de presse ou la quatrième de couverture. Comme chaque fois, ce qu’on me reproche, c’est ce que je suis, ce qui est moi, ce qui, dans le livre, est du Layani pur et simple. Une façon de voir les choses, de les affirmer en les étayant, de creuser des situations, d’analyser, de donner un point de vue détaillé. Voilà que, pour la première fois, le plumitif de service recommande à ses lecteurs de sauter purement et simplement certains passages au motif qu’ils seraient trop ardus – ces mêmes passages auxquels, évidemment, j’ai apporté le plus de soin, le plus de rigueur, pensant qu’ils étaient infiniment nécessaires et ne désirant qu’une chose : partager ce que je savais ou découvrais au fur et à mesure de mon travail. Bien sûr, tout cela n’a aucune importance.
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vendredi, 17 octobre 2008
La disparition de l’allure
La société a évolué d’une façon incroyable. Il est courant à présent de voir des gens – hommes et femmes, parfois âgés, en bonne santé, habillés correctement, raisonnablement nourris, fouiller dans les poubelles pour y récupérer Dieu sait quoi. Souvent, il s’agit d’y prendre un de ces « journaux » pourtant distribués gratuitement partout… Le reste du temps, je n’imagine même pas ce qu’ils peuvent bien chercher là. Ces fouilles se font sans honte, sans pudeur, sans gêne. Elles sont devenues monnaie courante. On ne considère plus que fouiller dans les détritus des autres soit déchoir, à tout le moins : soit triste, déplorable.
Autre chose. Comme j’attendais hier ma fille devant la fontaine Saint-Michel, j’ai vu une dame qui attendait aussi – c’est habituel, à cet endroit. C’était une dame plus âgée que moi. Elle s’était purement et simplement assise par terre et appuyée au poteau d’un lampadaire. La clochardisation est en marche ou, plus précisément : la notion même de clochardisation a disparu. Et, avec elle, le maintien, la tenue, l’allure. Même jeune, je ne me rappelle pas m’être jamais assis par terre ; au pire, l’ai-je fait sur des marches d’escalier, ce qui est entièrement différent. Mais à même le trottoir !
J’ai encore relevé que, dans un ascenseur, les gens, désormais, s’appuyaient systématiquement contre la paroi de la cabine : hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux ne peuvent plus se tenir debout, fût-ce le temps de quelques étages. Ils s’appuient. L’avachissement est devenu la norme.
Ces remarques sont fondées sur une observation de plusieurs mois, des mois qui, peut-être, forment maintenant quelques années. Je trouve tout cela consternant.
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mercredi, 15 octobre 2008
Conditionnement
Vous avez certainement remarqué comme moi que, désormais, un objet à vendre n’est plus en état, mais en condition. On parle de la condition d’un livre d’occasion, par exemple. Jusqu’à il y a peu, on parlait de conditions d’existence, de condition pénitentiaire (ou autre), de bonne condition physique, mais un objet était, lui, en bon état, en piteux état, voire « en l’état » comme disent les bouquinistes désireux de vendre très cher un ouvrage abîmé en laissant entendre que le prix tient déjà compte de cela. Désormais, les descriptions, dans les sites de vente sur internet et partout ailleurs, évoquent tranquillement la condition de l’objet. Cela ne m’ennuierait que très relativement puisque le sens demeure clair et la phrase intelligible, si je n’avais le sentiment qu’il s’agit d’une traduction immédiate, littérale et stupide de l’anglais condition, c’est-à-dire, finalement, d’un retour aux origines. Car au vrai, ceux qui usent de ce terme me paraissent agir sous une influence anglo-saxonne non pas subie, mais parfaitement acceptée. Un conditionnement, en quelque sorte.
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lundi, 13 octobre 2008
Des lettres inédites
Je signale la parution du livre collectif Amoureuse et rebelle aux éditions Textuel. Ce sont des lettres inédites d’Artletty, Édith Piaf et Albertine Sarrazin, présentées par des personnes considérées comme spécialistes, y compris, en ce qui concerne Albertine, l’immonde taulier.
C’est un beau volume de grand format, sur papier fort et teinté, en quadrichromie, avec jaquette et signet. Il ne coûte que cinquante euros. J’ai été agacé, en le regardant en détail, de constater qu’un certain nombre d’erreurs de transcription demeurent. Pourtant, l’écriture d’Albertine est parfaitement lisible.
J’ai été amené à participer à cette réalisation par un message reçu cet été, dans lequel on me demandait de remplacer Jean-Jacques Pauvert au pied levé. Il avait paraît-il donné mon nom, en se retirant du projet. Naturellement, c’était urgent. Les transcriptions qui m’ont été communiquées au mois de juillet comprenaient de nombreuses erreurs, que j’avais rectifiées au lu des fac-similés des lettres originales. Je m’aperçois, hélas trop tard, que des fautes ont subsisté : non seulement des coquilles, mais – c’est plus grave – quelques mots mal lus, qui annulent partiellement le sens de certaines phrases. Il est toujours ennuyeux de prendre les choses en marche. Je pense que j’aurais pu éviter bien des bêtises en transcrivant moi-même les lettres dès le départ. C’est dommage. Mais enfin, dans l’ensemble, ce bel album vaut d’être lu.
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samedi, 11 octobre 2008
L’entretien du siècle
S’il vous plaît de voir et d’entendre le taulier, plus horrible que jamais, répondre stupidement à une bête interview à propos de son livre consacré à Fleming, c’est ici. Rassurez-vous, cela ne dure que six minutes.
23:31 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 07 octobre 2008
Questions
En-dehors du fait que, régulièrement, on m’arrête dans la rue pour me demander l’heure, voici qu’un fait nouveau est apparu. Dans les couloirs de la Sorbonne, on vient en permanence me demander où se trouvent telle salle, tel amphithéâtre, tel bureau – la plupart du temps, je n’en sais rien, mais là n’est pas la question. Hier, trois étudiants en l’espace de trente secondes (je n’exagère pas) m’ont posé ces questions. Je me demande pourquoi. En fait, je le sais. La raison est la même que celle qui pousse les jeunes me croisant à me saluer avec déférence. J’ai les cheveux gris, je suis pour eux certainement professeur, à tout le moins quelqu’un à l’université. Étonnant comportement qui a, de plus, l’exécrable particularité de me rappeler que je n’ai plus leur âge. Enfin, c’est ce qu’ils croient. Hier, dans l’ascenseur de mon immeuble, j’ai convaincu sans peine une fillette de trois ans que j’avais le même âge qu’elle : la preuve, je portais un cartable pour aller à l’école.
09:50 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (1)
jeudi, 02 octobre 2008
Encore une pétition
Une fois de plus, le taulier doit relayer une pétition. Elle est ici.
19:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 01 octobre 2008
Encore un coup du taulier
Cet ouvrage, parfaitement inutile, sera en librairie dans quelques jours. Je vous déconseille formellement sa lecture, qui vous ferait perdre votre temps.
11:47 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)