vendredi, 17 octobre 2008
La disparition de l’allure
La société a évolué d’une façon incroyable. Il est courant à présent de voir des gens – hommes et femmes, parfois âgés, en bonne santé, habillés correctement, raisonnablement nourris, fouiller dans les poubelles pour y récupérer Dieu sait quoi. Souvent, il s’agit d’y prendre un de ces « journaux » pourtant distribués gratuitement partout… Le reste du temps, je n’imagine même pas ce qu’ils peuvent bien chercher là. Ces fouilles se font sans honte, sans pudeur, sans gêne. Elles sont devenues monnaie courante. On ne considère plus que fouiller dans les détritus des autres soit déchoir, à tout le moins : soit triste, déplorable.
Autre chose. Comme j’attendais hier ma fille devant la fontaine Saint-Michel, j’ai vu une dame qui attendait aussi – c’est habituel, à cet endroit. C’était une dame plus âgée que moi. Elle s’était purement et simplement assise par terre et appuyée au poteau d’un lampadaire. La clochardisation est en marche ou, plus précisément : la notion même de clochardisation a disparu. Et, avec elle, le maintien, la tenue, l’allure. Même jeune, je ne me rappelle pas m’être jamais assis par terre ; au pire, l’ai-je fait sur des marches d’escalier, ce qui est entièrement différent. Mais à même le trottoir !
J’ai encore relevé que, dans un ascenseur, les gens, désormais, s’appuyaient systématiquement contre la paroi de la cabine : hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux ne peuvent plus se tenir debout, fût-ce le temps de quelques étages. Ils s’appuient. L’avachissement est devenu la norme.
Ces remarques sont fondées sur une observation de plusieurs mois, des mois qui, peut-être, forment maintenant quelques années. Je trouve tout cela consternant.
14:58 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
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