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vendredi, 27 novembre 2020

Quand les librairies rouvriront / Les écureuils se nourriront

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lundi, 22 juillet 2019

Où fermeraient les grilles

Petit à petit, étaient morts les artistes et les auteurs qu’il avait aimés. Cela s’était produit relativement vite : ils étaient tous bien plus vieux que lui, ces hommes et ces femmes qu’il avait pensé immortels. Un peu plus tard, il avait pris conscience d’une chose : les affiches annonçant des spectacles, dans la rue, montraient des gens aux noms et aux visages inconnus. Il n’avait jamais entendu parler d’eux. Il ne saurait jamais davantage de ces saltimbanques dont, a priori, aucune signification, pour lui, n’émanait. Dans les librairies, se produisait le même phénomène. Tous morts, et les vivants ne représentaient rien pour lui, que le sentiment d’une indifférence monstrueuse.

Les quelques rares qui n’étaient pas décédés avaient, du fait de leur âge, cessé toute vie publique. Il les savait en vie mais ils ne pouvaient plus créer et le monde, changeant si vite maintenant, les oubliait. Le pire était qu’il n’avait aucune envie de connaître ces hommes nouveaux, ces femmes nouvelles – d’ailleurs, eux-mêmes vieillissaient déjà – parce que, depuis bien trop longtemps, la création artistique, l’authentique, risquée et batailleuse, avait cédé la place à l’entertainment, cette désolante américanisation de la culture ; au divertissement, cette crapulerie meublant l’infâme loisir. L’analyse, la réflexion n’avaient plus rien à faire. Il existait désormais une scène artistique, il n’y avait plus d’artistes. La différence tenait dans le passage de l’individu à l’ensemble, du singulier au pluriel où, comme toujours, la catastrophe guettait de ses yeux minables la chute de toute originalité. Il savait que c’était cela, vieillir, et tentait par conséquent de sortir du cimetière des auteurs morts ou en passe de l’être. L’heure approchait, toutefois, où fermeraient les grilles.

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dimanche, 23 juin 2019

Mise en abyme

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lundi, 17 juin 2019

La taulière vous le dit

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Vous êtes prévenus !

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dimanche, 19 mai 2019

Les hiboux lisent aussi

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mardi, 16 avril 2019

’ΑΝ'ΑΓΚΗ

« Il y a quelques années qu’en visitant, ou, pour mieux dire, en furetant Notre-Dame, l’auteur de ce livre trouva, dans un recoin obscur de l’une des tours, ce mot gravé à la main sur le mur :

’ΑΝ'ΑΓΚΗ

(...) C’est sur ce mot qu’on a fait ce livre ».

Victor Hugo, 1831

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jeudi, 04 avril 2019

Douceur de lire

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samedi, 23 février 2019

Nouveau déménagement

Le taulier et la taulière vont encore déménager et aller vivre à Marseille. Les promeneurs de la rue Franklin les suivront-ils ?

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mercredi, 13 février 2019

Amusant

Lu sur la porte d’une librairie marseillaise : « Si on vous a dit : “Pour la Saint-Valentin, je veux rien” et si vous avez compris : “Pour la Saint-Valentin, je veux rien”, vous êtes dans la merde ».

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samedi, 09 février 2019

Romane Finet-Layani, 3

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Elle a une semaine, à présent.

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dimanche, 03 février 2019

Romane Finet-Layani, 2

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samedi, 02 février 2019

Romane Finet-Layani

Le taulier annonce la naissance de sa petite-fille Romane, le 2 février 2019 à Paris XIXe. Elle est la fille de Fanny et de Bastien.

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mardi, 21 août 2018

La taulière vous accueille

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Tarascon, 21 août 2018

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samedi, 16 juin 2018

Le taulier jette un œil

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Le taulier n'achète rien

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Le taulier n'est pas convaincu

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Le taulier est sceptique

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Le taulier est indécis

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Le taulier cherche désespérément

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jeudi, 14 juin 2018

Un autre sourire du taulier

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C'était à Nice (Alpes-Maritimes), le 14 juin 1965. La 2 CV de mon père était d'un bleu foncé dit « bleu ardoise ».

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mercredi, 13 juin 2018

Un sourire du taulier

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C'était à Sisteron (Alpes de Haute-Provence), le 7 juin 1965. La 2 CV de mon père était d'un bleu foncé dit « bleu ardoise ».

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mercredi, 06 juin 2018

Une bonne bouille

À Orange où nous avons passé la journée, le taulier d’un café (un homme de mon âge, rondouillard, dégarni, souriant) me dit spontanément, cet après-midi, en me rendant la monnaie : « Vous avez une bonne bouille, comme on dit. Je ne sais pas pourquoi. Une bonne bouille ». Puis il s’éloigne tandis que je réponds « merci » et s’en va discuter avec un ami qui passait par là. Étrange. C’est la première fois qu’on me dit ce genre de chose. On m’en avait beaucoup dites, des paroles étonnantes, mais pas celle-là.

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lundi, 12 février 2018

Sac juridique

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Je viens de recevoir ceci, qui est amusant. Sans doute le saviez-vous déjà.

Un sac à procès plus rarement appelé sac de procès, était un sac en toile de jute, de chanvre ou en cuir qui était utilisé sous l’Ancien Régime, lors des affaires judiciaires, et qui contenait tous les éléments du dossier à des fins d’archivage.

Il contenait dépositions et requêtes ; copies signées des procureurs des pièces ; pièces à conviction.

Une fois l’affaire terminée, ces différentes pièces étaient rassemblées et suspendues dans le sac fixé par un crochet à un mur ou une poutre (d’où l’expression « une affaire pendante ») pour que les parchemins ne soient pas détruits par les rongeurs.

Ces sacs étaient placés dans le cabinet de l’avocat ou les greffes de chaque juridiction.

L’expression « l’affaire est dans le sac » signifiait que le dossier judiciaire était prêt et que l’ensemble des pièces était archivé dans le sac scellé. 

Pour l’audience, le sac était descendu et le procureur (avocat) pouvait plaider devant la cour et « vider son sac » en sortant les pièces nécessaires à sa plaidoirie.

L’avocat ou le procureur rusé qui savait bien exploiter toutes ces pièces est à l’origine de l’expression « avoir plus d’un tour dans son sac ».

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vendredi, 12 janvier 2018

Le taulier montre la voie

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Y a-t-il un avenir par-delà les eaux ? Un éditeur sérieux se tient-il sur l’autre rive ? Là-bas, la paix existe-t-elle ? Et l’amour ? Et la joie ?

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samedi, 15 avril 2017

Les temps ont bien changé

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La Dépêche du 19 novembre 1965

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samedi, 08 avril 2017

Le taulier et la taulière vous saluent de Marseille

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vendredi, 17 mars 2017

Il faut bien en convenir

On dira encore que je mens, que jexagère, que je me moque du monde, que je ne sais plus quinventer ou que je vois mal, mais il faut en convenir : à Beaucaire (Gard), les femmes ont quatre jambes.

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jeudi, 16 mars 2017

Prétention

Dire aussi ceci, qui m’amuse infiniment. À notre retour, hier, je m’aperçois qu’une minuscule araignée s’est glissée sur ma table, entre une feuille de papier blanc et ma loupe. Sous la loupe, donc, l’insecte, bien que grossi, demeurait de proportions ridicules. J’ai beaucoup ri, pensant à La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf et, partant, à l’ami La Fontaine qui nous eût à coup sûr conté cette fable, La Loupe et l’araignée.

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vendredi, 10 mars 2017

Amitié

Ce texte a été écrit en 1982.

L’amitié est un roman d’amour détourné. Une amitié qui tourne court est une nouvelle ratée.

Je sais des amis qui se taisent longtemps et qui, de quinze-cents kilomètres plus loin, vous envoient de temps à autre un mot qui vous parle d’eux.

Je sais des amis qui vous glissent entre les doigts comme un savon.

Je sais des amis qu’on oublie parce qu’on les a ratés.

Je sais des amis qu’on croyait, qu’on a cru être tels et dont la présence était tellement chaude qu’elle vous a brûlé.

Je sais des amis qui devaient être liquides, puisqu’ils se sont évaporés.

Je sais des amis insupportables, qui n’ont jamais été à l’heure une seule fois durant de nombreuses années.

Je sais des amis qui, avec le temps, ont pu évoluer autrement que vous, si bien que le sentiment s’est égaré en utilisant une carte qui n’était pas à jour et ne signalait pas les déviations.

Je sais des amis teinturiers qui vous nettoient à sec, ce qui fait mal mais vaut peut-être mieux que de vous passer la brosse à reluire.

Je sais des amis marque-page, que l’on retrouve au détour de son livre intime.

Je sais des amis qui trouvent normal de partir un jour avec votre femme.

Je sais des amis qu’on rêve et qu’on ne trouvera pas.

Je sais des amis qui n’ont pas eu le temps de le devenir et des amis que le temps a fait devenir autre chose (autre chose qu’eux-mêmes, parfois).

Je sais des amis impitoyables, qui vous moquent sans cesse et vous bousculent pour vous faire vous rendre compte de votre laisser-aller.

Je sais des amis qu’on oublie parce qu’ils ne sont pas des amis.

Je sais des amis qui ne sont pas du même milieu que vous, que tout oppose à vous et qui pourtant sont chauds en certaines circonstances.

Je sais des amis qui donnent et des amis qui prennent, de ceux-là surtout.

Je sais des amis qui vous donneraient leur chemise et d’autres qui prendraient votre pantalon.

Je sais des amis qui ne sont plus que des photographies datées dans un album.

Je sais que l’amitié est louche et je finis par croire que, contrairement à la légende, elle est aussi éphémère que l’amour.

Ces amitiés mourantes dont on s’obstine à vouloir tirer quelque chose ressemblent à ces tubes de dentifrice quasiment vides qu’on n’en finit pas de presser et de tordre et qui finissent par mourir tristement au fond d’un verre à dents taché.

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jeudi, 29 septembre 2016

Mieux vaut de ris que de larmes écrire

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Cet article du Monde vaut, me semble-t-il, son pesant de moutarde, bien que son sujet me rende triste.

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dimanche, 29 mai 2016

Du pléonasme

Comme un bouquet d’âneries

Je suis en réunion. Voilà qu’aujourd’hui, j’entends évoquer « l’équité entre tout le monde ». Il faudra créer un prix du pléonasme, ou reconnaître que le personnage du génial André Franquin, Gustave Labarbe, maire de Champignac, avec ses discours insupportables, creux et prétentieux, est décidément devenu le modèle des Français.

Mais ce n’est pas fini, cela va si vite que je ne puis noter.

« J’anticipe sur la suite » (ça devrait donc s’achever plus vite, non, même pas).

« On va accélérer rapidement » (il est urgent d’implanter des radars linguistiques et d’instaurer le permis de parler à points).

« C’est une question récurrente qui revient » (c’est même le retour d’une récurrence revenante, me semble-t-il).

« L’ordre de grandeur, c’est aux alentours de » (enfin, en gros, à la louche, au pifomètre, c’est aux environs d’à peu près ça).

« On va tester dans une période expérimentale » (histoire de mettre à l’essai afin d’expérimenter en essayant, sûrement).

*

Je me rappelle avoir lu dans une biographie : « Une représentation annuelle de [telle œuvre] est organisée chaque année » ; dans un roman policier : « Il aperçut X qui patientait en attendant son tour » ; dans un commentaire lu sur Internet : « le dénouement final ». Comment les bras ne m’en tomberaient-ils pas ?

C’est chez Roger Grenier (célébrant l’excellent Pascal Pia !) que j’ai trouvé ce délice absolu : « En tête-à-tête avec un seul interlocuteur ». Admirable, non ? « Cocuage linguistique ! », aurait hurlé le poète Maxime Alexandre, de qui j’aime cette expression que je me plais à citer. Puisqu’il ne peut plus le faire, je crie pour lui.

*

Je me rappelle aussi avoir entendu et j’entends encore, quotidiennement parfois : « Des assiettes empilées les unes sur les autres » (des fois qu’on les empile côte à côte) ou : « Il vaut mieux prévoir à l’avance », ce qui est mieux que prévoir après coup. Je viens d’entendre « une mention générique commune à », des fois que la mention soit générique pour elle-même et elle seule…

Dans le commentaire d’un lecteur du Monde.fr, je trouve « le maintien du statu quo », ce qui est remarquable. Pour être sûr d’être bien compris, ce monsieur aurait dû écrire : « Le maintien immobile, sans mouvement, d’un statu quo stable et sans changement, qui ne bouge pas et reste tranquille, afin de, sans frémir, demeurer statique ».

*

Mais voici qu’une nouvelle réunion m’occupe, ou plutôt m’ennuie. Le tourbillon reprend, ma plume court aussi vite qu’elle peut, mais les tournures pléonastiques sont si nombreuses que la pauvre manque s’essouffler.

« La conclusion qui s’imposait à la suite de ça » (fort heureusement, elle ne s’est pas imposée préalablement car commencer par conclure ne serait pas aller bien loin).

« Il n’empêche, quand même » (et en dépit de cela, aussi ?).

« Moi, personnellement ».

« Des solutions qui anticipent l’avenir » (effectivement, par les temps qui courent, anticiper le passé pourrait être très dangereux).

« Est-ce qu’on vote successivement d’abord sur » (oui, et même en premier, avant le deuxième point qui viendra à la suite et se présentera après).

« Le futur est toujours plus incertain que le passé » (ah non, ce n’est pas vrai, il n’a pas osé ? Mais si, mais si).

« Je ne sais pas quoi ajouter de plus » (eh bien, ajoute en moins et tais-toi, abruti).

*

Quelques jours plus tard, une réunion, une de plus, me permet de prendre note de ceci : « Donnez-nous un peu de nerf de la guerre pour mieux lubrifier le système ». Quelle merveille ! Je sais, le contexte permet de comprendre ce que veut dire le locuteur. Il rapporte avoir demandé des crédits supplémentaires qui lui permettraient de réaliser telle chose. Oui, oui… Mais un nerf qui lubrifie, vraiment… Un morceau de viande plein de nerfs est réputé dur, immangeable, coriace, très mauvais, tout sauf fluide. Une telle image devrait faire frémir le plus mauvais boucher.

Le même locuteur récidive, parlant de « donner des pistes d’éclairage ». Je comprends « donner des pistes », j’entends « apporter un éclairage », mais le mélange des deux me paraît indigeste. Le même homme s’était déjà rendu coupable de reporting. Toutes ces personnes qui ne demandent qu’à faire du reporting quand elles rougiraient de devoir rédiger un compte rendu !

*

J’ai toujours été très étonné d’entendre la plupart des gens utiliser n’importe quel terme pour signifier n’importe quoi. Je ne le leur fais même plus remarquer – c’est trop lassant –, pour ne plus m’entendre répondre : « C’est pareil », car je devrais alors expliquer que, justement, ce n’est pas pareil. Quelquefois, malgré tout, je me laisse aller à de sévères mises au point pleines de causticité. Mais bah, autant vouloir faire comprendre qu’un sobriquet n’est pas nécessairement un tison sans intelligence.

Le « déroulé » a remplacé le déroulement, cas amusant où un adjectif a pris valeur de substantif. Tout cela pour parler d’un simple fil conducteur, quel gaspillage d’énergie !

*

Le mot « responsable » aurait-il mauvaise presse ? On comprendrait mieux alors cette tendance généralisée à la démission, à l’absence d’idées et de prises de position qu’on connaît aujourd’hui. Le « porteur » de projet se sent-il réellement responsable des initiatives qu’il est appelé à prendre et de leurs éventuelles conséquences ? Tous ces responsables sont devenus des « porteurs », terme qui les aurait mis en colère s’il leur avait été appliqué lorsqu’il désignait les portefaix exerçant leur métier sur les quais de gare. Le mépris a cessé, c’est une bonne chose, mais cet apaisement est surtout dû à la disparition des porteurs eux-mêmes. À ceux qui, pour un pauvre salaire, portaient les valises des autres, ont succédé des responsables de projet qui ont davantage de bagage.

*

Dans un article consacré à un cinéaste et à son plus célèbre film, je relève : « le papier peint recouvrant les murs ». Il fallait bien faire comprendre, sans doute, que ce n’était pas celui qui recouvrait les fenêtres.

Je n’avais pas fini d’écrire ce qui précède quand j’entendis : « Il coexiste en même temps les deux adresses ». En huit mots à peine, pléonasme et syntaxe chahutée me donnèrent un sentiment de pénible découragement qu’une pluie de septembre se chargea d’accentuer.

*

Le dernier jour de mon activité salariée, alors que je prenais ma retraite le soir même, je lus, dans le corps d’un message : « Une nouvelle politique tarifaire unique pour tous ». Je fus immédiatement rassuré, soulagé : si la politique en question (pourquoi ne pas dire tout bêtement « un nouveau tarif » ?) s’était montrée unique pour certains seulement, que se serait-il produit ? On eût crié à la discrimination.

Afin de rire jusqu’au bout, il faut préciser que cette tournure alambiquée concernait une chose très importante : le prix du gobelet de café au distributeur.

*

Le commerce n’est jamais en reste. Dès qu’il est question de faire une bourde, les boutiquiers sont là (tiens, cela sonne comme un chant folklorique). Dans telle collection de livres-disques vendue en kiosques, on peut lire un avertissement : « Chaque volume est constitué d’un CD et d’un livret indissociables ne pouvant être vendus séparément ». Peut-être aurait-on dû ajouter, car il faut toujours s’assurer de la bonne intelligence qu’on peut avoir d’un propos : « On ne peut les acheter qu’ensemble et pas à part, ni l’un sans l’autre, car ils sont commercialisés en une seule fois, ce qui ne permet pas de les détailler. Il faut donc les acquérir conjointement, car l’isolement de l’un ou de l’autre ne s’avère pas réalisable ».

Sur un marché, en Quercy, à l’approche de la fin de l’année, un tract d’artisan charcutier vante quelques nourritures et indique : « Pour être mieux servi, commandez à l’avance ». Il est certain que, si l’on venait à commander après coup, on ne serait guère satisfait du service.

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France-Musique, décembre 2013. J’allume le poste de radio et entends : « On continue à perdurer ». J’éteins immédiatement.

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Un éditeur français publie en 2013 un album dont la quatrième de couverture annonce : « Des histoires différentes les unes des autres ». Il devait être trop simple d’écrire « des histoires différentes ».

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Je lis sur Internet, en mai 2014, l’avis qu’une personne exprime à propos d’un album de bande dessinée. Ce lecteur achève son commentaire en parlant de « la chute finale en fin de récit ». Je le félicite ici vivement, il mérite un prix. Trois fois la même chose ! On est rarement allé si loin.

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Je ne dois pas oublier, néanmoins, de citer tel écrivain célèbre, directeur littéraire réputé, romancier à succès, poète par surcroît, qui, dans des mémoires posthumes parfaitement indigestes de par leur superficialité et l’ennuyeux enchaînement d’anecdotes qu’on y peut malheureusement découvrir, centaines de pages où l’anacoluthe pousse comme chiendent, évoque telle nécrologie « préparée d’avance », ce qui est incontestablement plus utile que si elle avait été préparée ensuite.

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« Le suspense monte crescendo », indique tel programme de télévision, au mois de novembre 2014. On est content de l’apprendre. S’il était monté decrescendo, le spectateur eût été tout retourné.

*

Du dialogue d’un téléfilm pourtant honnête, bien qu’invraisemblable, cette perle extraite : « parachuté d’en haut ». De quoi s’y perdre, n’est-ce pas ?

*

Pour conclure une critique d’un album de bande dessinée, on affirme que « cette aventure se poursuivra et se finalisera dans le prochain tome 6 à venir ». Dire que l’aventure s’achèvera dut paraître impossible à l’auteur de l’article ; il préféra à cette formule trop simple, trop vieille certainement, « se finalisera », manie de langage qui finira par me faire rugir. Le comble, cependant, est « le prochain tome 6 à venir ». Prochain, tout court, devait être trop mesquin et l’auteur se rendit coupable d’un « prochain » dont il dut expliquer qu’il était « à venir », ce que nous n’aurions évidemment pas compris sans cette précision.

*

Un commentaire d’article, sur Internet, prophétise avec entrain : « Elle s’auto-détruira d’elle-même ». Fameux ! Et puis au moins, comme ça, on est certain du résultat. Il vaut mieux ne se fier à personne, de nos jours. Confier à un tiers le soin de nous auto-détruire eût été aventureux. Mieux vaut, on ne le contestera pas, s’auto-détruire soi-même.

*

Tel témoignage, très intéressant et sensible, c’est vrai, parut aux éditions de Fallois, agrémenté d’un texte de quatrième de couverture s’achevant sur cette phrase : « Et c’est un témoignage inoubliable, qui reste longtemps dans la mémoire ». De quoi s’esclaffer ou bien, au choix, grincer des dents. Quel directeur littéraire d’occasion, quel responsable entérina-t-il une sottise aussi exemplaire ?

*

Sur le site d’un éditeur et à propos d’un sympathique écrivain portant habituellement chapeau, on peut lire : « Toujours accompagné de son fameux couvre-chef dont il ne se sépare pas ». Qui a pu proférer une telle imbécillité ? À qui faut-il faire porter le chapeau ?

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France-Culture, février 2016. Dans ma voiture, j’allume le poste de radio pour entendre, avec stupéfaction : « En interaction les uns avec les autres ».

*

L’auteur n’est pas plus fort que les autres

Pour ne pas lasser le lecteur le plus complaisant, ce chapitre n’ira pas plus loin, en dépit de la constante présence du pléonasme dans l’expression contemporaine. Cependant, il faut le reconnaître, personne n’est à l’abri de rien et je me suis surpris proférant « le but final », par opposition, certainement, au but inaugural. Au moins ai-je rougi et me suis-je immédiatement puni d’une gifle morale, c’était bien le moins que je me devais. J’en porte encore la marque.

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