vendredi, 06 octobre 2006
Rien de nouveau sous le soleil éditorial
Encouragé par quelques uns d’entre vous qui avaient cru y déceler quelque intérêt, voire même un brin de subtilité, je me suis laissé aller, en août dernier, à concevoir un recueil des Apostrophes insolites dont le lien figure dans la colonne de gauche. J’ai un peu remanié les textes, cherché un ordre cohérent, ajouté un bref avant-propos les situant humblement dans une lignée déjà existante. Bref, j’ai conçu un livre à partir de textes épars.
M’appuyant toujours sur le bon accueil que vous avez bien voulu leur faire, j’ai donc proposé ces lettres imaginaires à L’Archipel. Début août, durant ma semaine d’astreinte à Paris, je contacte Jean-Daniel Belfond (en vacances, me répond illico sa délicieuse secrétaire qui m’aime bien et que j’aime bien.) Le 16, jour de son retour, il me répond par courrier électronique de m’adresser ailleurs, soit « à un éditeur plus littéraire que nous » (sic) et, dans la foulée, me propose – comme il le fait chaque fois qu’il me refuse quelque chose, c’est-à-dire tout le temps – un autre sujet qui n’est certes pas mon propos actuellement. Quelques jours après, de retour dans le Lot, j’écris, toujours par messagerie, au Bois d’Orion et au Dilettante. Je propose le même recueil. Par retour d’internet, le Dilettante, par la « voix » de Françoise Lorel, me dit qu’il est difficile de juger sur mes quelques lignes de présentation et demande le manuscrit que j’expédie immédiatement du bureau de poste de Salviac – j’avais prévu d’emporter un exemplaire avec moi. Christian Le Mellec, patron du Bois d’Orion, par messagerie encore, me répond une semaine plus tard que cela ne l’intéresse pas et qu’il ne désire pas recevoir le texte. Pour ne perdre point de temps, de retour à Paris, j’écris à Cheyne, début septembre, et expose le projet. Cheyne ne répond même pas, ce qui vaut refus de seulement prendre connaissance du texte. On note au passage que les petits éditeurs, soi-disant différents, se comportent encore plus mal que les grands, et ne craignent pas d’en rajouter dans la grossièreté. Hier soir, je trouve la réponse, évidemment négative, du Dilettante. Un imprimé de refus classique, agrémenté cependant de quelques mots manuscrits de Françoise Lorel, que je reproduis ici en conservant fidèlement l’orthographe et la ponctuation de cette éditrice : « Votre écriture est tout à fait honnête, le style fluide, ces petits textes sont agréables à lire mais ils leur manquent un caractère particulier un peu de singularité. Peut-être est-ce trop sage pour nous ? » Retour à la case départ. Si vous avez aimé ces Apostrophes, vous ne les lirez pas en volume.
La terre, cependant, continuera à tourner, naturellement.
10:20 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (15)
Commentaires
Pas assez trash d'une part et pas assez abscons d'autre part, voilà je le crains les torts de ces textes, Jacques. Ce n'est plus que dans ces deux pitoyables directions que l'édition s'emballe et frétille. Merci en tous cas de nous les avoir fait lire. "Ils leur manquaient" juste d'être post-modernes.
Écrit par : Ludovic | vendredi, 06 octobre 2006
J'ai bien peur que vous ayez raison. Cependant, j'ai bien l'intention de continuer à écrire ce qui ne s'écrit pas, ou plus exactement, ce qu'il me semble devoir écrire. Je tiens à être toujours sincère, à défaut d'être talentueux -- ou, comme il le faudrait, à la mode.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 octobre 2006
Une question, Jacques,
Quand tu envoies ainsi un manuscrit, fais-tu référence à tes autres livres publiés, histoire de signaler que tu n'es pas un débutant?
Ceci dit, il me semble qu'ils ont tous répondu assez vite. Habituellement il faut plus d'un an pour les petites maisons.
Écrit par : Feuilly | vendredi, 06 octobre 2006
Non, Feuilly, non, tu n'as pas bien lu. Ou bien, c'est moi qui ne sais pas écrire, ce qui est possible aussi.
Je n'envoie PAS de manuscrit, ainsi que je te l'ai dit en d'autres occasions. Je prends contact et n'envoie le texte que lorsqu'on m'a assuré qu'on voulait bien le recevoir. Ici, le Dilettante uniquement. Les autres n'ont même pas voulu en prendre connaissance. On ne peut donc dire qu'ils aient répondu vite, puisqu'ils n'ont pas voulu voir le texte.
Oui, je joins quelques courtes lignes à mon sujet et la liste des ouvrages publiés. Ce qui n'émeut personne. Le résultat est le même.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 octobre 2006
A ce propos, que pensez-vous d'un site d'auto-édition comme www.lulu.com ?
Écrit par : desavy | vendredi, 06 octobre 2006
Nous avons déjà parlé de l'auto-édition, ici (note et commentaires) :
http://14ruefranklin.hautetfort.com/archive/2006/03/31/de-l’auto-edition.html
Je ne suis pas convaincu.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 octobre 2006
Rassure-toi sur ton écriture, Jacques, ton commentaire était compréhensible. C'est moi qui me suis trompé en rédigeant ma question tant cette question des manuscrits me laisse toujours rêveur. Donc, malgré la liste des ouvrages déjà publiés, cela n'aiguise pas leur curiosité. Je comprends mieux ce que tu disais autrefois, à savoir que tout était à refaire à chaque nouveau livre.
Écrit par : Feuilly | vendredi, 06 octobre 2006
C'est exactement cela. Toujurs repartir de zéro, ne jamais pouvoir s'appuyer sur un livre paru pour rebondir. C'est encore ce qui m'épuise le plus dans ce système.
Car alors, on n'est même plus dans le schéma : "Vous voulez être édité, soit. Qu'est-ce que vous avez déjà publié ?" Au moins, cela voulait dire : "Faites vos preuves, débrouillez-vous, si vous parvenez à franchir l'obstacle d'une première publication, voire d'une seconde, on vous aidera." C'était une gageure, mais cela pouvait à la rigueur se comprendre. Maintenant, on est dans un autre schéma, totalement irrationnel.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 octobre 2006
Toutefois, pour défendre certains petits éditeurs, j'ai reçu, pour ma part, un refus de Harpo&, au bout de trois semaines et des remarques personnelles, un ton léger et vraiment gentil. Le refus était argumenté, et n'avait rien à voir avec la lettre-type.
Je suis triste de ne pouvoir lire ainsi tes Apostrophes en volume, car j'avais fait partie de ceux qui t'avaient encouragé dans ce projet.
Écrit par : MuMM | vendredi, 06 octobre 2006
Merci Jacques, je me suis replongé dans cette conversation. Pour quelqu'un comme vous qui connaît les techniques de l'édition, l'aventure vaudrait le coup d'être tentée. Après tout, si les éditeurs ne veulent pas de vous, passez vous d'eux.
Écrit par : desavy | vendredi, 06 octobre 2006
Tu vois, Mumm, Harpo& répond peut-être d'une façon différente, mais il refuse tout de même. Et finalement, c'est ce qui compte : le résultat.
Bien sûr, De Savy, c'est un bon raisonnement et c'est à cela qu'il faudrait effectivement arriver. Se passer d'eux. Mais pour s'auto-éditer, il faut de l'argent et je n'en ai pas. L'Education nationale -- je ne vous l'apprends pas -- n'a pas prévu, dans ses statuts, d'assistance financière à l'auto-édition. Sur le fond, je suis d'accord avec vous : cette indépendance est une chose à atteindre. Mais comment faire ?
Cela étant, j'ai l'habitude des refus depuis 1971. Alors... Un jour, je les compterai, tiens.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 octobre 2006
Il me semble que le site Lulu permet de s'auto-éditer gratuitement. C'est un concept un peu particulier, c'est pour ça que je souhaitais votre avis, non sur l'auto-édition en général mais sur ce site.
Écrit par : desavy | vendredi, 06 octobre 2006
Je comprends bien. Mais ce site, à part la page d'accueil, est en anglais et je ne suis pas sûr de tout comprendre, en tout cas en ce qui concerne les aspects techniques et le maniement du logiciel. Déjà, la visite guidée m'a laissé en route... Pourquoi ne font-ils pas une traduction ?
Écrit par : Jacques Layani | samedi, 07 octobre 2006
La traduction viendra sans doute, ainsi que des sites concurrents offrant les mêmes possibilités. Le principal problème restera l'acheminement des livres vers les lecteurs.
Écrit par : desavy | samedi, 07 octobre 2006
C'est le seul problème de l'édition, qu'elle soit traditionnelle ou non. Comment faire parvenir les exemplaires dans les librairies ou directement aux lecteurs sans augmenter horriblement le coût du livre ?
Ici, les exemplaires étant fabriqués à la demande -- si j'ai bien compris -- il n'y a pas de coûts de stockage ni d'invendus (en jargon de métier, du "bouillon".) Mais d'un autre côté, comment les lecteurs supposés peuvent-ils être au courant de l'existence du livre estampillé Lulu, s'ils ne le voient pas en magasin et s'il n'existe pas ? Cela veut dire que l'auteur en informe ses amis -- c'est à cela que ça revient et que les amis en question, par gentillesse, achètent un exemplaire, et encore, pas toujours. Au mieux, l'auteur va vendre quelques exemplaires, combien ? Dix ? Vingt ? Même les micro-tirages de la petite édition traditionnelle (entre cent et trois-cents) sont supérieurs à cela.
Écrit par : Jacques Layani | samedi, 07 octobre 2006
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