mercredi, 29 mars 2006
Maurice Pons, 2
En octobre dernier, j’avais reproduit ici mon texte de présentation de Maurice Pons, augmenté d’un chapeau prévenant le lecteur que l’étude en question avait été publiée en 1999 et précisant les trois titres dont le commentaire n’était pas donné dans le texte.
Pons vient de publier un nouveau livre, un petit – par ses dimensions comme par le nombre de pages – recueil de nouvelles, Délicieuses frayeurs, au Dilettante. Il n’apportera rien de neuf à l’œuvre dans son ensemble, il se contente de la prolonger, de la remettre dans l’actualité. Il s’agit toujours d’une fiole de poison. De poison amer, de préférence. Premier texte publié par Pons depuis de nombreuses années, cet ensemble, que je suis en train de lire, ne fera pas certes pas oublier Les Saisons et Mademoiselle B. Je crois qu’il n’y prétend pas. On y prendra toujours, cependant, un vénéneux plaisir.
On regrettera seulement que soit encore proposée ici la nouvelle La Vallée, parue aux Lettres nouvelles en 1960 et dans Le Monde diplomatique en 1993. Certes, elle paraît enfin en recueil, mais enfin, c’est tout de même la troisième fois que l’auteur nous la fourgue. Quant on sait que, de plus, elle fut le point de départ des Saisons, on est en droit de se dire que c’est un peu long, tout de même. En cela, Pons, spécialiste des rééditions multiples (mais pourquoi pas, ainsi, son travail vit, et lui aussi), ne déroge pas à sa mauvaise habitude : le manque de clarté. En effet, il y eut en 1992 et en 2000, deux rééditions d’anciens ouvrages, chez de nouveaux éditeurs et sous des titres différents. Le titre initial était bien indiqué, mais en petits caractères, à l’intérieur du volume, très discrètement. Il y avait vraiment de quoi prêter à confusion, d’autant plus que, parallèlement, se produisaient d’autres rééditions, faites, elles, sans changement de dénomination.
La confusion est entretenue, cette fois, par l’éditeur qui, pour justifier que Pons est un écrivain rare, n’hésite pas à affirmer sur le premier rabat de couverture qu’il a publié « une dizaine de titres en près de quarante ans d’écriture ». Sans doute veut-il parler des quarante dernières années car, en réalité, Pons écrit depuis 1951, et sa bibliographie comprend beaucoup plus de volumes. Confusion toujours, puisqu’après avoir évoqué une dizaine de titres, l’éditeur, dans la page « Du même auteur », en annonce douze, restant de toute façon en-deçà de la vérité. On se demande vraiment pourquoi se produisent de telles erreurs dans une information pourtant fort simple à donner.
Pons semble être un peu brouillon. Je lui avais évidemment envoyé mon livre lors de sa parution. Il m’a répondu par une lettre aimable... plusieurs années après. La lettre en question m’annonçait par ailleurs une étudiante italienne l’ayant contacté pour un travail à son sujet ; il se contentait... de la diriger vers moi, afin que je réponde à ses questions. Remarquez, cela signifie une chose : mon topo ne lui avait pas déplu, mais c’est étonnant. Je ne comprends pas l’italien mais je pense que les demandes auraient de toute façon été formulées en français. Je ne le saurai pas : la jeune fille ne s’est jamais manifestée.
15:30 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (14)
Commentaires
En fait, Il n'y a qu'une douzaine de titres de Pons présentement disponibles, les autres sont probablement épuisés. Le Dilettante aura choisi de ne référer qu'aux titres que les lecteurs peuvent se procurer en librairie. Ce qui n'est pas un mal en soi; ainsi, combien de fois ai-je dû argumenter avec des clients qui ne me croyaient pas quand je les informaient qu'un livre était épuisé alors qu'ils avaient avec eux la liste "du même auteur" d'une publication récente.
Autre exemple: Gallimard annonce encore Les têtes de Stéphanie de Romain Gary en Folio alors qu'il est épuisé depuis belle lurette. Le lecteur qui consulte le petit catalogue Folio est induit en erreur et c'est au libraire d'expliquer au lecteur les bizarreries de l'édition.
Écrit par : Benoit | mercredi, 29 mars 2006
Oui, oui... Je sais bien, Benoît, j'ai été employé de librairie, aussi.
Mais aujourd'hui, avec les sites de vente d'ouvrages d'occasion, les enchères d'Ebay et les lieux spécialisés sur Internet (sans parler des bibliothèques, bien sûr), il n'y a plus d'ouvrage introuvable, ça n'existe plus. Même s'il n'y en a qu'un, abîmé, en vente de l'autre côté de la terre, on peut l'acheter (la question du prix éventuellement élevé mise à part, bien sûr).
Certes, ce n'est pas le problème de l'éditeur, qui, lui, ne s'intéresse pas aux livres d'occasion, qui lui échappent. Il faut alors se demander à quoi sert exactement la page "Du même auteur" : à informer le lecteur ou à faire travailler les éditeurs ? Si c'est le premier cas, il faut alors repenser cette page, à présent, en fonction des techniques qui permettent d'acquérir un livre en trois clics.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 30 mars 2006
Jacques, dans le commentaire précédent, ne pourrais-tu ajouter un « f » à offrir et cacher ainsi cette faute que je ne saurais voir ?
Écrit par : Feuilly | vendredi, 31 mars 2006
C'est fait. Tu sais qu'en principe, je ne touche jamais un commentaire. C'est bien parce que tu en fais la demande exprès.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 31 mars 2006
Avec le maintien du commentaire demandant la suppression, tu es fidèle à ton principe et à la demande de Feuilly. Quel bathmologue, ce Jacques !
Écrit par : Guillaume | vendredi, 31 mars 2006
J'ignore ce qu'est un bathmologue.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 31 mars 2006
C'est je crois un type qui fait très attention à ce qu'il ou ce qui s'écrit.
Le Sieur Guillaume l'expliquera mieux que moi mais j'espère qu'il le fera sans citer un auteur (en fait ce sont plus les prises de positions politiques de l'homme) qui m'insupporte et qu'il adore. Donc s'il pouvait s'en tenir juste à la définition du terme...Je rêve, je sais bien.
Juste un petit message pour Fanny pour dire qu'en cherchant les références exactes d'un ouvrage écrit par un historien, je suis tombée sur la bibliographie qu'elle a faite. Il s'agit de références incontournables. C'est un excellent travail.
Écrit par : Livy | vendredi, 31 mars 2006
Belle Livy, merci pour l'explication.
"un auteur (en fait ce sont plus les prises de positions politiques de l'homme) qui m'insupporte et qu'il adore" : ah ? De qui s'agit-il ? Au hasard : Renaud Camus ?
Fanny a fait une bibliographie ? Tiens ! Celle de sa maîtrise, sans doute ? Merci pour elle.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 31 mars 2006
Oui RC!
Pour Fanny:"J'ai la mémoire qui flancheuu"! C'était quelqu'un d'autre qui a fait la biblio. Juste avant en tapant le nom de cet auteur je suis tombée sur le lien (protégé) de Fanny qui fait aussi référence à cet auteur. Du coup mélange et salade de printemps, tout dans le même bol. Je le prendrais bien volontier ce verre de Chianti pour faire passer tout ça.
Fanny a choisi un sujet lié à l'Histoire pour sa maitrise?
Écrit par : Livy | vendredi, 31 mars 2006
Fanny est professeur d'histoire depuis trois ans.
Sa maîtrise était celle-ci :
LAYANI, Fanny. Une crise persistante des orchestres de région de la fin des années 70 à 1986 : de l'impasse du modèle Landowski aux carences de la politique de la gauche. 321 p.
Mém. Maîtrise : Histoire : Paris I, 2002, dir. : P. Ory, P. Goetschel.
Dépôt : B. Centre d'histoire sociale du XXe siècle
Sujet(s) : Orchestres. France / Politique culturelle. France
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 31 mars 2006
Waouh, ça a l'air impressionnant et passionnant.
Petit clin d'oeil de chez MuMM: professeur ou maître de conférence? ;-)
Écrit par : Livy | vendredi, 31 mars 2006
Non, non, professeur certifié, dans le secondaire.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 31 mars 2006
La bathmologie, terme forgé par Roland Barthes, est la science des niveaux de discours. Je ne comprends goutte à ce qu'on voudrait me faire écrire ici ;)
Écrit par : Guillaume | samedi, 01 avril 2006
Ah tiens ? J'ignorais le terme, ou je l'avais oublié.
(Quelle différence, d'ailleurs, entre ce qu'on oublie et ce qu'on ignore ? Peut-être qu'en cas d'oubli, on a plus vite fait, si on nous rappelle la chose oubliée, de la comprendre, de s'y remettre. On gagne le temps de l'apprentissage.)
Pour Barthes, voir Gluglups. C'est un connaisseur.
Écrit par : Jacques Layani | samedi, 01 avril 2006
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