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mercredi, 20 septembre 2006

En chantant

medium_greco.jpgNous irons en février 2007 entendre Juliette Gréco au théâtre du Châtelet. Oui, oui, en février prochain. Nous avons loué nos places au mois de juin dernier. C’est de plus en plus comme ça : il faut réserver des mois et des mois à l’avance. Cela n’a pas beaucoup de sens, mais si l’on veut assister à tel ou tel spectacle à Paris, il faut en passer par là.

Je n’ai jamais vu Gréco en scène. C’est difficile à croire, mais je ne l’ai jamais vue. Il était temps que je me réveille. Je n’ai jamais vu Gainsbourg ni Trenet, non plus. Pourquoi ? Jamais vu Ferrat qui ne chante plus, ni Brel ou Piaf parce que j’étais trop jeune. Pourtant, j’ai vu Moustaki, Montand, Brassens, Barbara, Reggiani, Bedos, Devos, Font et Val, Nougaro, Catherine Sauvage, Mouloudji, Cora Vaucaire, Marie-Paule Belle, Caussimon, Escudero, Utge-Royo, Aurenche, Tachan, un nombre incalculable de fois. Et Ferré (quarante-deux fois.) Et encore Vigneault, Nicole Croisille, Lama, Brigitte Fontaine et même… Claude François (une fois.) Mais Gainsbourg et Trénet sont passés au travers comme d’ailleurs les Frères Jacques ou Jacques Douai.

C’est peut-être parce que je n’aime pas la chanson en soi, mais des auteurs ou des interprètes bien particuliers. Mais non, c’est idiot, Gainsbourg, Trenet, Gréco, je les aime aussi. L’explication n’est pas suffisante. C’est un peu comme ces écrivains qu’on n’a jamais lus, sans pouvoir expliquer pourquoi. Souvent, on a lu plus difficile qu’eux, plus ardu, mais pas ceux-là. Il en est de même des cinéastes. C’est le grand mystère des choix, lorsqu’ils se conjuguent avec des opportunités non maîtrisables. Bien entendu, il y a cent autres critères, mais une culture se bâtit, se forge en fonction de cela, également.

Je possède plusieurs DVD proposant des spectacles de chansons. Les artistes que je n’ai jamais vus, je peux les regarder aujourd’hui dans ces galettes mystérieuses. Mais, je l’avais observé déjà lors de l’apparition des cassettes, la vidéographie ne restitue pas la présence. Rien à faire. Je ne sais pas si c’est le relief, la chaleur de la salle, l’odeur du théâtre, la présence des autres spectateurs, mais il manque quelque chose. Enfin, elle nous donne l’image en mouvement et la voix, « l’inflexion des voix chères qui se sont tues » eût dit Verlaine. Ne nous plaignons pas.

15:50 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (10)

Commentaires

Le concert qu'elle devait donner à la Cité de la Musique en mai ou juin dernier a été reporté au mois d'octobre. Et le même scénario (réservation impossible dans les semaines qui précèdent) semble aujourd'hui se répéter... Alors, sera-t-il possible de l'entendre en février 2007...

"la vidéographie ne restitue pas la présence": un metteur en scène contemporain Jan Fabre refuse la vidéo et son effet "aquarium" et aimerait que ses spectacles soient fixés sur pellicule.

Paradoxalement, les documents plus anciens restituent davantage l'"aura" de ces artistes sublimes. Les temps magnétiques ou numériques, c'est vraiment l'âge de fer par rapport aux temps mécaniques.

Je crois que Godard développe toute une théorie sur la projection, sur la lumière qui passe à travers une image, en la rattachant à la notion de "figures" qu'utilisaient les commentateurs jansénistes pour "comprendre" l'Ancien Testament.

Sinon, irez-vous voir Lavilliers (qui chante Ferré) au Châtelet? Je dois dire qu'en chanson, il n'y a que les vieux que j'aurais envie d'aller voir. Le problème, c'est qu'il n'y en a plus beaucoup, ils sont tous morts (c'est Gréco la dernière?). D'ailleurs, je me demande si l'intérêt pour ces spectacles de chanson n'a pas quelque lien avec l'idée de disparition ou de mort (cf votre citation de Verlaine). Ne me demandez pas d'expliquer cela, j'ai une théorie compliquée et fumeuse là-dessus à la Godard, que je serais incapable de formuler mais bon, je le ressens un peu comme ça.

Écrit par : gluglups | mercredi, 20 septembre 2006

C'est pour ça que nous avons loué des places en juin 2006 pour février 2007.

Je vois que vous êtes d'accord avec moi sur l'effet que procure la vidéo. Je me demandais si ça ne venait pas de moi uniquement. J'aime bien votre remarque sur l'âge de fer. Venant de quelqu'un de plus jeune, ça me réconforte.

Non, je n'irai pas voir Lavilliers, même chanter Ferré. Je n'aime pas sa voix, je n'ai jamais pu m'y faire. Ni son allure, d'ailleurs. Bref, je n'aime pas Lavilliers.

Gréco est une des dernières. L'élégance commande de ne pas dire l'âge qu'elle aura en février (80 ans). Il reste Ferrat mais il ne chante plus, Moustaki, Cora Vaucaire qui ne chante plus depuis 2000, je crois que c'est tout.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 20 septembre 2006

Au départ, l'idée de Lavilliers, c'était d'utiliser un orchestre symphonique. Si cela est toujours le cas (mais je n'ai pas trop suivi l'affaire), je me dis que cela peut valoir le coup d'entendre la musique en live au moins, surtout dans un beau théâtre.

Sinon un spectacle Ferré extraordinaire actuellement (mais je ne sais pas s'il va venir à Paris): Michel Hermon n° 2. 2, parce que j'avais été moyennement séduit par son 1er spectacle Ferré. Il s'est trouvé un pianiste arrangeur de génie, il chante les poètes (y compris des poèmes rarement interprétés) et il enlève la salle, qui a des frissons. Il s'est débarrassé de ses affèteries et il n'y a plus les fausses bonnes idées de mise en scène de C. Loeb: c'est du brut, du pur. Cela lui a valu un long article élogieux et enthousiaste largement mérité dans Le Figaro cet été (Festival d'Avignon). Il a une voix pas forcément très belle, placée très haut, qui n'a pas autant de possibilités que celle de Ferré, mais... c'est très très très bon, on ressort de ce magnifique spectacle complètement emballé. J'ai peur d'ailleurs que cela perde de son intensité dans une plus grande salle.

Sinon, pour Gréco: on ne l'imagine pas chanter assise sur une chaise, comme pouvait se le permettre Reggiani à la fin de sa carrière. C'est ce qui peut rendre ce spectacle du Châtelet hypothétique. En même temps, la scène, la représentation spectaculaire, c'est une sorte d'abîme irrésistible pour des gens comme ça.

Écrit par : gluglups | mercredi, 20 septembre 2006

Quarante-deux fois Ferré, vraiment ? Une fois par an sur quarante-deux ans ? Deux fois sur vingt-et-un ans ? Six fois sur sept ans ? (Je suis vachement bonne en calcul, ce soir...)
Quoi qu'il en soit, c'est certainement assez pour te décerner des Ferré de diamant, qui pourront t'être remis par la Milady de ton choix !

Écrit par : fuligineuse | jeudi, 21 septembre 2006

J'avais vu Michel Hermon aux Abbesses, il y a quelques années. Si vous me dites que cette nouvelle version est meilleure, je veux bien essayer parce que ce n'était pas enthousiasmant, tout de même. On verra s'il joue à Paris.

Je suis sûr que Gréco sera debout et très belle. Le succès conforte. Enfin, j'espère.

Fuligineuse : quarante-deux fois, de 1969 à 1993.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 21 septembre 2006

Gréco était à Montréal l'an dernier et elle a jeté tout le monde par terre. Enfin, c'est ce qu'on a raconté, je n'y étais pas.

Moi j'aime bien Lavilliers, la voix, certaines chansons, mais pas du tout le personnage. Son Carnets de bord était très réussi, pas une seule mauvaise chanson, et il fait du très bon reggae. Sa version d'Est-ce ainsi que les hommes vivent sur O Gringo est sublime.

Oui, les captations vidéos sont très rarement réussies, parce qu'on les filme comme des émissions télé, platement et sans aucune imagination.

Mais quand c'est un vrai réalisateur qui s'en occupe, ça donne d'excellents résultats. Ainsi du concert du chanteur Peter Gabriel: il avait confié la mise en scène de son spectacle au metteur en scène et cinéaste Robert Lepage, et la version filmée du concert au cinéaste François Girard (Le violon rouge, 32 films courts sur Glenn Gould): j'ai acheté le DVD et le regarde au moins une fois par année. Une caméra qui se promène, capte un geste, un mouvement, sans effets de vidéoclip, un travail sur l'image, les couleurs et les ambiances.

Mais j'avoue que c'est l'exception.

Écrit par : Benoit | vendredi, 22 septembre 2006

Nous sommes d'accord sur l'essentiel, je vois. Il existe des vidéos de qualité comme celles de Guy Job à propos de Ferré (1984 et 1986) mais aussi de Barbara, par exemple. Cependant, même quand la qualité plastique est là, je trouve qu'il manque l'humain, je veux dire : de la chair, quelque chose de chaud qui est sans doute ce que voit l'oeil du spectateur, qui se pose où il veut. Mais la chaleur vient aussi de l'odeur. Celle de la salle, des fauteuils, des gens, de l'artiste lui-même est un mélange irremplaçable. Je crois avoir dit ici que j'étais extrêmement sensible aux odeurs, plus encore que je ne saurais le dire. Or, regarder un spectacle et sentir l'odeur d'un autre lieu, à savoir celle de chez soi, est déphasant. Mais je conçois que cela soit très subjectif, évidemment.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 22 septembre 2006

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale

Écrit par : Feuilly | vendredi, 22 septembre 2006

Salut Feuilly, je te souhaite "luxe, calme et volupté".

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 22 septembre 2006

Trouvée par notre ami Patrick Dalmasso, une vidéo de la Gréco de 1961 qui chante Jolie môme :

http://www.dailymotion.com/tag/Ferr%C3%A9/video/xeny9_jolie-mome-juliette-greco-1961?from=rss

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 22 septembre 2006

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