lundi, 11 septembre 2006
Quand Fabienne était au marché
Je parlais ce matin des bouquinistes qui enchantent les rives de la Seine et déroulent un ruban de papier imprimé du musée d’Orsay à l’Institut du Monde arabe et, sur l’autre rive, de la bibliothèque Forney (hôtel de Sens) au Louvre.
Il est un autre lieu que j’affectionne, c’est le Marché aux livres de la rue Brancion (XVe), à l’ancien emplacement des abattoirs de Vaugirard, devenus parc Georges-Brassens (il demeurait à vingt mètres, rue Santos-Dumont). La halle des abattoirs, très grande, a été conservée. Elle abrite depuis près d’un quart de siècle – il me semble que c’était hier, bon sang ! – plusieurs dizaines de bouquinistes dont la plupart ont pignon sur rue partout en France et viennent s’installer là, le samedi et le dimanche, sur les pavés en pente, parmi des rigoles qui, régulièrement, descendent vers leur enfer.
C’est un endroit où il fait toujours plus frais qu’ailleurs, ou même froid en hiver : exposé à l’ouest, plein de vents coulis et de traîtrises météorologiques, le marché est un lieu de perdition pour la santé, mais bah ! Il en vaut la peine. L’âme des chevaux morts traîne encore par là et c’est peut-être leur souffle qu’on prend pour des courants d’air.
On trouve là de tout, à tous les prix ou, plus exactement, à deux sortes de prix : le bradé et le trop cher. Il n’y a pratiquement plus de prix intermédiaires. Il n’y a que peu de raretés et, lorsqu’il y en a, elles sont hors de prix. C’est un lieu de promenade néanmoins.
J’aimais bien aller déjeuner, avant de m’y rendre, sur le trottoir d’en face. Il est un café établi au coin de la rue, dénommé avec finesse et originalité Au Bon Coin. Fameux, n’est-ce pas ? J’aimais y aller parce qu’on y mange solidement pour un peu cher (mais acceptable cependant) et surtout parce qu’on y était, jusqu’au printemps dernier, servi par la délicieuse Fabienne, ronde aux longs cheveux blonds-roux, aux yeux gris-bleus, et surtout pleine d’humour et d’esprit d’à-propos, très anticonformiste. On sait que je me nourris essentiellement de femmes et de livres, d’où mon teint fatigué. Las, elle ne travaille plus là et je n’ai plus aucun plaisir devant mon assiette attristée. Même mon verre fait la gueule.
15:20 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Dans les forums Usenet fr.*, le square Georges-Brassens est le théâtre de scènes étranges et folkloriques (la recherche marche aussi avec parc Georges-Brassens mais moins bien) :
http://groups.google.fr/groups?lnk=hpsg&hl=fr&q=%22square+georges+brassens%22
Écrit par : Dominique | lundi, 11 septembre 2006
Ah ? Je ne suis jamais au courant de rien, décidément. Pour moi, c'est un lieu où l'on vend des livres le week end, c'est tout.
Écrit par : Jacques Layani | lundi, 11 septembre 2006
Si on n'est pas d'accord avec quelqu'un dans un forum, on lui donne rendez-vous au parc Georges-Brassens pour un duel avec les armes que l'on souhaite, par exemple l'accord du participe passé des verbes pronominaux ou la liste des normes ISO.
Écrit par : Dominique | lundi, 11 septembre 2006
Tu as bien fais Jacquou (le croquant ?) de parler de cet endroit fort intéressant, où j'ai fait de bons achats (je confirme tout à fait ta perception des prix qui y sont pratiqués) et attrapés de "bons" rhumes en hiver...
Écrit par : fuligineuse | mardi, 12 septembre 2006
Horreur ! Je voulais dire "tu as bien fait", bien sûr. Ca m'apprendra à ne pas utiliser la fonction "aperçu".
Écrit par : fuligineuse | mardi, 12 septembre 2006
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