lundi, 11 septembre 2006
Les bouquinistes de la Seine
Les bouquinistes des quais de Seine, à Paris, sont en évolution. Depuis longtemps déjà, ceux qui se trouvaient à hauteur de Notre-Dame-de-Paris, comme leurs collègues des environs du Louvre ou ceux voisins du musée d’Orsay, vendaient surtout des tours Eiffel miniature, des reproductions, des colifichets… Toutefois, cela restait circonscrit aux abords de ces lieux hautement touristiques. J’ai pu constater hier après-midi – un chaud dimanche, donc au moment où le plus grand nombre de boîtes étaient ouvertes – que la tendance s’accentue : on vend de plus en plus d’objets sans intérêt, de croûtes, de souvenirs, et la part réservée aux ouvrages continue à diminuer. J’ai même pu observer que certaines boîtes ne proposaient plus un seul livre. Plus du tout.
Je crois savoir qu’il est dans le « cahier des charges », si je puis dire, des bouquinistes, de réserver une part au moins de leur offre aux livres. Ils ont le droit de vendre autre chose, pas d’éliminer purement et simplement les volumes. Apparemment, certains font fi de cette obligation professionnelle.
Ce n’est pas la première fois. Ils ont aussi obligation d’ouvrir trois jours par semaine mais ne le font pas. Je ne sais pas s’ils ont une heure d’ouverture imposée, je sais seulement qu’ils doivent fermer à dix-huit heures, ce qu’il ne manquent jamais de faire. Au mieux, en été, ils commencent à fermer à cette heure-là. Or, j’en ai vu, hier, qui ouvraient vers seize heures… pour fermer deux heures plus tard.
Je ne comprends pas très bien. Cette profession multi-séculaire (les premiers s’installèrent autrefois sur le Pont-Neuf) est très recherchée. La mairie de Paris, responsable des concessions de boîtes et des mutations périodiques des marchands, a des listes d’attente de plusieurs années. C’est dire qu’il y a une demande. On peut même en vivre, si j’en juge par le fait que certains sont présents sur les quais depuis vingt ans au moins (je fréquente les bouquinistes depuis trente-six ans.) Néanmoins, de nombreuses boîtes n’ouvrent pas, même pas les week end ensoleillés où ils peuvent pourtant espérer la plus nombreuse clientèle. D’autres ouvrent très peu de temps. Pourquoi, alors, ces bouquinistes s’obstinent-ils à attendre deux à quatre ans une concession ? Pour moi, c’est un mystère, vraiment.
11:10 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Une satire de 1649 sur l'expulsion des bouquinistes (expulsion autant pour des raisons économiques que politiques) :
http://www.textesrares.com/biblio/ptneuf.htm
On appelait pont-neuf les libelles qu'il vendaient.
Normalement, le décret de 1859 limite à une caisse sur quatre les souvenirs (c'est-à-dire la quincaillerie).
Écrit par : Dominique | lundi, 11 septembre 2006
Merci pour la date, que j'ignorais. Il est bien évident que le décret en question est passé aux oubliettes.
Par ailleurs, je croyais que les "pont-neuf" étaient les charges contre le pouvoir que disaient ou chantaient les bateleurs stationnés sous le pont en question. Charges qui, sous Mazarin, deviendront les "mazarinades".
Écrit par : Jacques Layani | lundi, 11 septembre 2006
Ce sont bien les chansons et on a retenu ce sens, mais elles étaient aussi imprimées sur des feuilles volantes et elles étaient diffusées par ces bouquinistes, tout des poèmes non chantés ou des pamphlets un peu plus longs (les mazarinades sont parfois en prose, on en trouve une sur la Toile à la bibliothèque électronique de Lisieux).
Écrit par : Dominique | lundi, 11 septembre 2006
Dont acte. J'oubliais qu'au chant, s'ajoutait la vente des paroles sur papier, ce qui a subsisté d'ailleurs jusqu'aux premières années 50, sous le nom de "petits formats".
Écrit par : Jacques Layani | lundi, 11 septembre 2006
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