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mardi, 04 juillet 2006

À l’amitié

Chère amie,

 

C’est bien le moins que je puisse dire en m’adressant à vous. Je voudrais vous parler, vous dire combien, souvent, vous m’avez déçu. Souvent, oui, très souvent. Et pourtant, cet amour que j’ai pour vous persiste à croire en nos lendemains. Chaque fois, je reçois à bras ouverts l’ami nouveau et, avant lui, le simple espoir de la rencontre neuve. Cette lueur qui perce, ce fil blanc d’aube, lorsque le ciel se déchire, trouant les ténèbres avec une insistance tranquille. Après l’aube, il y a l’aurore, et la couleur. Voilà comment je vous vois. Je ne vous aime que dans la distinction et la finesse. J’ai horreur de saucissonner et de me faire taper sur le ventre. Le côté « Mon ami, moi, à la vie, à la mort », le tatouage du sentiment, très peu pour moi, souffrez que je préfère l’exquise discrétion.

 

Et pourtant, disais-je… Combien de fois m’avez-vous rendu mes lettres, combien m’avez-vous signifié que vous ne désiriez pas renouveler mon bail (car c’est vous, la propriétaire, naturellement). Vous avez été d’une cruauté sans nom, mais aussi sans fard : même pas maquillée, même pas cachée, vous avanciez à visage découvert, dureté en avant, pour frapper, déchirer, démantibuler, disséquer. C’était alors le début d’un temps noir, lourd et froid en même temps. Je savais qu’il faudrait attendre l’aube, mais quand ? Sous nos latitudes, c’est toujours vers les quatre heures du matin qu’il fait le plus froid, en toute saison. C’est l’heure du couteau qui transperce la moelle. Dans ces moments où vous me trahissiez, il était toujours quatre heures du matin, en permanence.

 

Pourquoi vous comportez-vous comme l’amour ? Parce que vous êtes l’amour, cette espèce de fleur malade de sa fragilité en même temps que de sa force. Cette fleur qui s’épanouit et se fane à chaque moment, quoi qu’on fasse. Dans votre carosse, parmi vos laquais, j’étais l’invité d’un moment, comme, en amour, je fus cent fois le passager provisoire, prêt à être débarqué au prochain relais de poste, voire au milieu du chemin. Est-ce parce que vous êtes une dame qu’il faut vous respecter et, surtout, tout admettre, tout accepter ? Vraiment, chère amie, faut-il que je sois fidèle et, dans ma désespérance habituelle, coutumière, plein d’espoir malgré tout, pour continuer à vous célébrer et ne désirer qu’une chose, marcher à vos côtés. Même empierrés, vos chemins m’attirent, ils sentent le châtaignier d’automne.

 

Je vous baise les mains.

Commentaires

Quant à l'amour, je ne lui ferais pas plus confiance. Vois plutôt comme il s'approche de la table les mains ouvertes, pour mieux donner ou pour prendre ? Et quand il donne c'est en souvenir d'un emprunt passé. Non vraiment, je n'aurais pas plus envie d'embrasser l'une que l'autre.

Ainsi que des fleurs, nous absorbons les bienfaits du monde, pour nous y mêler plus ntimement, mais déjà la terre nous fait signe vers qui nous retournerons... les mains vides.

Écrit par : Martine Layani | mardi, 04 juillet 2006

Euh... C'est moi, le pessimiste ?

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 04 juillet 2006

C'était juste pour "bien faire comprendre"...

Écrit par : Martine Layani | mardi, 04 juillet 2006

"Vois plutôt comme il s'approche de la table les mains ouvertes, pour mieux donner ou pour prendre ?"

Si c'est pour prendre sans donner, c'est un imposteur. Arrachez le masque et appelez le de son vrai nom.

"la terre nous fait signe vers qui nous retournerons... les mains vides."

Vous croyez ça, vraiment ?
Je ne crois pas que la vie serve à accumuler.
C'est ailleurs, comme disait Rimbaud.
Nous retournerons à la terre plein de tout ce que nous aurons donné, qui aura été reçu ou pas, mais je ne crois pas qu'il soit important d'avoir dans nos mains les récépissés...

Écrit par : Benoit | mardi, 04 juillet 2006

Vous n'y êtes pas, Benoît. Ce n'est pas de comptes qu'il s'agit là, mais de l'irréversible auquel personne ne peut rien.
Quant au don, n'avez-vous pas remarqué que ce n'est jamais qui vous a donné qui reçoit en retour, mais un autre ? Je ne dis pas que c'est bien ou mal, simplement c'est ainsi.
Et il n'y a pas d'ailleurs.

Écrit par : Martine Layani | mardi, 04 juillet 2006

Faux.
J'y suis tout juste, même que j'y suis seulement depuis que je suis allé voir ailleurs, et surprise: j'y étais.

Mais là, on est dans la croyance.
J'y suis, vous y êtes, chacun dans nos souliers.
Vous croyez que vos souliers, c'est là, c'est arrivé.
Moi je crois que c'est un leurre.
Mais bon, crôa, crôa, et bon vent.

Écrit par : Benoit | mardi, 04 juillet 2006

Quand mes parents m'ont mis des souliers aux pieds, j'étais aussi dans la croyance.

J'ai eu le choix.

Pour savoir qu'on paye toujours tout le prix fort (et vous le savez aussi), je ne crois pas que "c'est arrivé" autrement que c'est advenu. C'est ce qui va advenir qui m'importe.

Si je ne suis pas plus optimiste, c'est que, depuis l'âge des soquettes, je suis trop lucide : ça me tuera... mais on ne meurt qu'une fois, même si c'est une fois de trop.:-)

Écrit par : Martine Layani | mercredi, 05 juillet 2006

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