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lundi, 26 juin 2006

À mes livres

Dire que je me bats, que je m’épuise pour vous faire paraître et qu’une fois nés, je vous regarde une fois ou deux, histoire de voir à quoi vous ressemblez dans votre costume d’imprimerie, pour ensuite penser : « Bah, ce n’est que cela ? » et vous ranger sur un rayonnage avant de ne plus m’occuper de vous. Je n’ouvre mes propres livres qu’une fois par an, à peu près. C’est toujours décevant, d’ailleurs. Alors, pourquoi dépenser toute cette énergie à écrire et surtout, car c’est plus difficile encore, chercher à publier, seul contre tous ? Le travail de l’écrivain relève d’un étonnant masochisme, vraiment.

 

Au moment où je vous écris, vous êtes une famille de onze ouvrages, le douzième étant attendu pour bientôt, dans l’année en tout cas. Je sais par avance qu’il connaîtra un sort identique à celui de ses aînés : l’étonnement déçu, insatisfait puis la relégation dans la poussière promise, le confinement sur l’étagère Sainte-Hélène.

 

J’ignore dans quelle forêt poussent les arbres qui, un jour, vous fabriqueront. Il n’est pas nécessaire qu’eux connaissent leur destin. Nous ignorons le nôtre, que les arbres mes amis se contentent donc de leur « ici et maintenant » ; ils sauront bien assez tôt, les pauvres, qu’une part d’eux-mêmes se transformera en œuvrettes de trois sous signées Layani. Je ne suis pas certain qu’ils seraient d’accord.

Commentaires

Un émouvant retour aux sources de vos livres… Mais au moins, vous leur donnez une identité à ces arbres anonymes !

Écrit par : Aurélie | lundi, 26 juin 2006

Ah, Jorélie, Jolie Aurélie, les arbres ne sont jamais anonymes. Ce sont des personnes qui se taisent. Quand le vent souffle dans leur ramure, ils parlent avec des mots de brise, et c'est pas mal.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 26 juin 2006

Anonymes, les arbres? Alors qu'on voudrait les emporter avec soi...

Écrit par : Feuilly | lundi, 26 juin 2006

« Des personnes qui se taisent [et] parlent avec des mots de brise » : c’est bien une interprétation d’écrivain ça…. :-)

Écrit par : Aurélie | lundi, 26 juin 2006

On n'emporte pas les arbres, ô Rélie ! Feuilly le sait. Il vous expliquera.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 27 juin 2006

« On n'emporte pas les arbres » ? Alors vous êtes un criminel : vous les tuez, pour ensuite coucher vos mots sur leur belle peau.

Écrit par : Aurélie | mardi, 27 juin 2006

Mais non, voyons. On ne les emporte pas avec soi lorsqu'on quitte un lieu, simplement. J'ai laissé des arbres derrière moi, souvent, et l'ai regretté. J'ai donc donné ce titre à un recueil de nouvelles.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 27 juin 2006

Bon, bon, je me tais.

Écrit par : Aurélie | mardi, 27 juin 2006

"Les arbres qui ne voyagent que par leur bruit
Quand le silence est beau de mille oiseaux ensemble
Sont les compagnons vermeils de la vie
Poussière merveilleuse des hommes"

(Georges Schéhadé, que je cite de mémoire (et j'ai l'impression de trébucher sur le quatrième vers...))

Écrit par : Guillaume | mardi, 27 juin 2006

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