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lundi, 26 juin 2006

À la télévision

Je commencerais bien par une bordée d’injures, mais je n’aime pas beaucoup manier l’insulte. Et pourtant, vous ne méritez pas mieux. Vous êtes une invention formidable qui s’est laissée détourner vers la médiocrité la plus terrible et vous êtes en passe de devenir la plus infâme nullité. Je dis « en passe de devenir » car j’ai appris qu’hélas, il est toujours possible de faire pire. Même lorsqu’on croit avoir touché le fond, se trouver au plus bas, on constate avec amertume qu’il est plus bas encore. En cela, l’âme humaine ne cessera jamais de m’apporter sur un plateau sale cet étonnement dont je me passerais volontiers.

 

Parfois, devant la vitrine de quelque fabricant ou simplement celle d’un revendeur de matériel de votre famille, je reste en admiration devant les progrès techniques qui ont été effectués dans votre domaine, progrès qui aboutissent aujourd’hui à la présentation de récepteurs esthétiquement magnifiques et d’une qualité incontestable. Image et son n’ont jamais été aussi beaux. Malheureusement, cela n’a rien à voir avec la qualité des programmes. Voir Guy Lux ou ses homologues d’aujourd’hui avec une réception parfaite n’est pas fait pour charmer mon cœur, séduire mon esprit. La débilité – voyez, je reste poli – en haute définition et en dolby stéréo reste la débilité et vous ne m’attraperez pas avec vos jolies robes et vos cils sublimés au mascara.

 

Lorsque j’étais petit, mes parents n’avaient pas la télévision et je voyais quelquefois des émissions chez mes grands-parents, qui demeuraient 14, rue Franklin. Ils étaient parmi les premiers à posséder un poste. Le coffre était en plastique de couleur bordeaux et l’écran, de taille modeste, plutôt bombé. Ce récepteur était acheté à tempérament, d’une manière qui paraîtra certainement curieuse aux télespectateurs de notre temps. Il était doté d’une tirelire automatique. On glissait dans la fente une pièce de cent francs anciens (un franc) et l’on avait droit à une heure d’émission. Chaque mois, un employé du vendeur passait relever la tirelire. Un jour, le poste était acheté. Je n’invente rien. Certains soirs, quand le programme unique paraissait alléchant, il fallait faire une provision de pièces. On allait changer de la monnaie, ou bien un billet, chez Mme Garcia, la boulangère. Je me rappelle les piles de pièces posées sur le téléviseur. Évidemment, l’émission s’interrompait toujours au meilleur moment, il fallait très vite insérer la pièce suivante. Quelquefois, on pensait à l’introduire juste un peu avant la coupure, mais pas toujours. Parfois, on était pris par la difusion en cours et l’on ne réalisait pas. J’entends encore le bruit métallique et sec de la pièce, tombant dans la boîte sur ses petites sœurs, diminuant d’un franc la bourse de mes aïeux et augmentant d’autant leur possession de l’appareil magique. Qu’en dites-vous ? C’est désuet, n’est-ce pas ? C’était à la fin des années 50. Il y a quelques minutes à peine… Ne me dites pas le contraire, vous mentiriez.

 

Il est vrai que vous mentez souvent, en matière d’information notamment. Vous avez été dressée pour cela. Je ne vous en veux pas. Il n’y va pas entièrement de votre fait. Le pouvoir veut contrôler les esprits, ce n’est pas une chose nouvelle et je pense que, si César avait eu la télévision, il eût donné, déjà, des conférences de presse. Il serait donc sot de vous reprocher de rendre à César ce qui…

Commentaires

Je n'arrive pas à être aussi sévère avec la télé, ne serait-ce que grâce à TV5 et Arte.

Écrit par : Richard | lundi, 26 juin 2006

Bien sûr, on trouvera toujours ici ou là une émission de temps en temps, mais enfin...

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 27 juin 2006

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