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lundi, 10 avril 2006

Une incroyable pétition

Les Soussignés ;

 

 

Étant donné que l’élément féminin tend tous les jours à envahir de plus en plus la salle de lecture de la bibliothèque ;

 

 

Étant donné que par suite de la prédominance dudit élément féminin, des travailleurs sérieux se voient, faute de place, interdire l’accès de la bibliothèque ;

 

 

Étant donné que lesdites femmes par leur bavardage intempestif rendent à leurs voisins tout travail sérieux absolument impossible ;

 

 

Pour ces motifs ;

 

Demandent à monsieur le Conservateur d’interdire aux étudiantes du sexe féminin l’accès de la bibliothèque.

 

Fait à Paris, le 15 décembre 1906.

 

 

(Bibliothèque de la Sorbonne, archives modernes, registre 332, folio 228)

18:05 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (17)

Commentaires

Je veux bien signer puisque vous proposez cette pétition.

Écrit par : Dominique | lundi, 10 avril 2006

Je donnais le document brut, sans commentaire aucun, afin de voir les réactions à cette énormité qui a juste un siècle.

Il y a aussi une aberration dans le texte. Qui la trouvera ?

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 10 avril 2006

Les étudiantes de sexe féminin ? Il y avait donc aussi des étudiantes d'un autre sexe ?

Écrit par : Dominique | lundi, 10 avril 2006

Bien sûr, c'était ça. Ce qui montre que les "travailleurs sérieux" ne l'étaient pas tant que ça.

Ce texte a été imprimé, il y a quelques années, sur une carte de voeux de Paris IV-Sorbonne (ou du rectorat de Paris, j'ai oublié). Il était reproduit en fac similé. Je n'ai pas cette carte. Le texte a été repris dans une revue professionnelle dont j'avais photocopié une page. C'est de là que je le tiens.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 10 avril 2006

Plus je lisais la pétition plus je me disais qu'il s'agissait une blague.
Au 3e paragraphe, l'inquiétude a commencé à pointer le bout de son nez. A la lecture de la date, j'ai franchement eu un sourire de soulagement, ouf!
Ma réaction à la parenthèse: "Ah ben oui, j'aurai dû m'en douter..."

Écrit par : Livy | mardi, 11 avril 2006

Ah, une réaction de femme, enfin. Eh oui, belle Livy, c'était en 1906 mais c'est parfaitement authentique. Et cela a été conservé ! Le choix des termes me paraît également incroyable : "l'élément féminin". Extraordinaire ! Et cette opposition entre "élément féminin" et "travailleurs sérieux", quelle énormité !

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 11 avril 2006

ah oui, ils avaient bien raison les mecs sérieux... pensez donc, en plus si les étudiantes de sexe féminin (!) allaient s'inscruster et se mettre à apprendre des choses, et même à réfléchir par elles-mêmes, quelle catastrophe en perspective... quel danger pour les travailleurs sérieux....

en même temps cela me fait penser à une publicité (le taulier va me tuer !) assez drôle où il y a dans une bibliothèque un garçon et une fille, qui déclenchent tour à tour des phénomènes surnaturels pour mieux se lutiner... finalement une pub pas si bonne que ça puisque j'ai oublié le produit qui en était l'objet.

Écrit par : fuligineuse | mardi, 11 avril 2006

Le taulier ne tue pas les dames (tiens, c'est un bon titre, ça).

Je ne connais pas cette publicité. J'ai une caractéristique, de toute façon : je ne vois pas la publicité. Même sous mon nez, je ne la vois pas. Quand, d'aventure, il m'arrive d'examiner une affiche, de regarder un film publicitaire (on dit "un spot", c'est bien ça ?), il se passe quelque chose de curieux : je lis le film, je décode le message, j'analyse le fait et je ne vois, ne lis ni n'entends la marque. Je suis l'anti-cible.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 11 avril 2006

J'avais bien repéré le pléonasme "étudiantes du sexe féminin" (à moins d'y voir un plagiat par anticipation des premiers chapitres de *A Room of One's Own*: Virginia Woolf s'y interrogeant sur le peu d'oeuvres écrites par des femmes entre les murs austères de la British Library, on peut considérer qu'elle étudie le sexe féminin (comme Irigaray également, mais ce serait trop long)), mais j'étais également perturbé par la ponctuation et la syntaxe du quatrième paragraphe.

....

Non mais, c'est TOI qui parles de syntaxe et de ponctuation douteuses ???!?

....
Par ailleurs, Jacques a écrit : "je suis l'anti-cible". Ouais, mon gaillard, ils disent tous ça...!

Écrit par : Guillaume | mardi, 11 avril 2006

Non, je t'assure, je suis comme ça. On ne me croit jamais quand je le dis, mais c'est vrai. La première fois que j'ai eu cette conversation, c'était il y a trente ans, on me disait la même chose. Je t'assure que je suis totalement imperméable à la publicité. Je ne vois pas les affiches en ville, je regarde la télévision une fois tous les trois mois et encore, à la campagne il n'y a pas de panneaux, je ne regarde jamais les insertions publicitaires dans la presse écrite, je n'achète pas de programme de télévision (pourquoi faire ?), bref, je ne suis pas du tout touché par la publicité. Ajoute à cela que, culturellement, je suis toujours attentif à l'intox sous toutes ses formes et que je suis plutôt sceptique...

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 11 avril 2006

"à la campagne il n'y a pas de panneaux, je ne regarde jamais les insertions publicitaires dans la presse écrite"

Ça ne doit pas être si rare, en tout cas on est au moins deux Jacques. Vous connaissez cette théorie des auditifs et des visuels ? Je suis définitivement auditif, en tout cas, j'écoute la télé et me dispense de toutes les pubs, je regarde presque toujours les émissions en différé sur magnétoscope ce qui me permet de supprimer tous les "spots".

Je ne vois littéralement pas les pubs dans les journaux, sauf celles qui m'intéressent dans les cahiers arts & spectacles. Je vous envie vos campagnes libres des hideux panneaux publicitaires qui démolissent les paysages des nôtres. Cette pollution visuelle est ce qui rend possible l'idée de voitures munies de télévisions (qu'on annonce pour très bientôt dans les véhicules utilitaires si populaires et si polluants - ça "libérera" les parents de ces enfants si bruyants et emmerdants), plus besoin de regarder le paysage en vous déplaçant: regardez plutôt la télé. Pub dans la voiture, pub à l'extérieur de la voiture.

À quand la révolte ?

Écrit par : Benoit | mardi, 11 avril 2006

Ah, eh bien, nous sommes deux.

Oui, ça m'a frappé, le DVD en voiture, accroché au dossier du siège avant pour être regardé à l'arrière. C'est terrible, ça. On ne va pas regarder les lieux, les sites, les hommes, non ? Il vaut mieux un film.

Pourtant, je ne veux pas passer pour un vieux râleur. Ces inventions sont merveilleuses, techniquement. Mais sont-elles indispensables ? L'image à toute heure est-elle nécessaire ? Quand on est enfermé dans un appartement, passe encore. Mais en voiture ? En mouvement parmi les hommes et la nature qu'ils ont façonnée ? On traverse des contrées parfois rigoureusement inconnues de nous et on regarde un film. Incompréhensible.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 11 avril 2006

Benoît : Je vous envie vos campagnes libres des hideux panneaux publicitaires qui démolissent les paysages des nôtres.

Il y en a bien moins à la campagne que durant les années soixante, mais cela florissait vraiment, mais on a dû constater que ce n'était pas vraiment rentable dans des villages de cent habitants (il devait y avoir une demi-douzaine de grands panneaux dans le village vosgien de mon père). Les pubeux se sont rattrapés sur les entrées de ville qui ressemblent maintenant parfois à Las Vegas ! D'un autre côté, les communautés d'agglomération et de communes se posent de plus en plus la question de ces entrées et sont de plus en plus sensibles aux arguments un peu écolos (même chez des gens de droite), cela commence un peu à se dégager, mais c'est allé aussi de pair avec la mise en coupe réglée du mobilier urbain au profit de quelques sociétés dont l'inévitable JCDecaux qui rend pratiquement tous les centres villes identiques de Dunkerque à Marseille.

Écrit par : Dominique | mardi, 11 avril 2006

Euh, dans ma campagne à moi, il n'y a pas du tout de publicité, rien. Hormis aux abords des villes, bien entendu, mais, précisément, ce n'est plus la campagne.

Juste remarque, en ce qui concerne le mobilier urbain qui a fait disparaître les spécificités locales. C'est vrai que Decaux partout, c'est lassant.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 11 avril 2006

Dans les années 60 et encore 70, il y avait pas mal de petits paysans avec un champ ou un pré en bordure de route, d'ouvriers avec un pavillon isolé et un mur aveugle qui acceptaient ces panneaux. Cela leur faisait un revenu d'appoint (quelque chose qui ferait peut-être 100 € par an aujourd'hui), mais cela a plus ou moins disparu sans doute parce que cela coûtait trop cher de les démarcher ou que ce genre de revenus n'intéressait plus grand-monde. Quand je traverse la Meuse (département désert s'il en est) en voiture, je vois encore certains de ces panneaux en train de pourrir ou de rouiller sur les anciennes portions de la nationale au beau milieu des champs, mais pas sur les tronçons neufs à l'écart des villages.

Écrit par : Dominique | mardi, 11 avril 2006

Oui, c'est exact. J'avais complètement oublié ça. Je connaissais d'ailleurs quelqu'un qui avait ainsi loué un bout de son jardin pour qu'on y installe un immense panneau visible de la route. C'était à Marseille, en 1973.

J'avais cependant cru comprendre que le revenu qu'il en tirait était plus intéressant.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 11 avril 2006

Jacques, c'était de l'ironie : je suis exactement pareil. Pas du tout éponge à pub, et je ne retiens jamais la marque.

Écrit par : Guillaume | mardi, 11 avril 2006

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