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jeudi, 16 mars 2006

Cas d’école

Je me demande toujours quelle est, en matière artistique, la version de référence, lorsque l’auteur – quelle que soit sa discipline – a voulu reprendre son œuvre.

 

Bien évidemment, se pose en préalable le droit absolu d’un créateur sur sa création. Mais encore ? Comment aller plus loin ?

 

Je prends ici pour exemple le cas de Sautet parce que je le connais bien, mais uniquement en illustration de mon propos. Voici.

 

En 1976, le film Mado sort sur les écrans. Il dure deux heures, un peu plus même, je crois. Par volonté publicitaire, la production vend le film à l’étranger en arguant d’un duo Michel Piccoli-Romy Schneider. Or, Romy Schneider n’est présente que dans deux scènes, l’une, très importante mais relativement brève, dans le courant du film, l’autre, de quelques instants seulement, tout à fait à la fin. Sautet est un artiste honnête. Il n’apprécie pas ce qu’il considère comme une escroquerie et, furieux, coupe carrément la scène finale, faisant ainsi se terminer son film un peu différemment de ce qui était prévu dans le scénario. C’est cette première version que les spectateurs de 1976 peuvent voir.

 

Quelques années plus tard, le film passe à la télévision et Sautet, toute réflexion faite, se dit qu’à présent, sa colère ne se justifie plus. Il rétablit le montage d’origine. La scène de clausule permet au film de trouver un équilibre plus fin en ce sens qu’elle éclaire le comportement du personnage de Simon (Piccoli). Elle lui permet aussi d’être un peu moins désespéré. Mado est en effet le film le plus sombre de son auteur.

 

Arrivent la vidéographie et les premières cassettes enregistrées. Mado paraît sous cette forme, dans la version « télévision », c’est-à-dire complète.

 

Les années passent et le DVD s’installe. Quelque temps avant sa mort (juillet 2000), l’auteur prépare la réalisation d’un coffret de six films, dont Mado. Il se dit à ce moment-là que, décidément, la scène d’exposition est trop longue et que quelques effets sont peut-être trop appuyés. Il coupe, remonte et, au total, supprime quelques minutes et remodèle entièrement le début. Cette version écourtée est celle qui est à présent vendue en coffret ou séparément.

 

Toutes les modifications ont été voulues par l’auteur et réalisées sous son contrôle personnel et constant. Doit-on admettre la première aux motifs qu’elle est celle imaginée dans le scénario et réalisée ainsi ? Mais alors, quid de sa fin modifiée ? Doit-on considérer la seconde avec la fin rétablie ? Doit-on, enfin, ne prendre en compte que la dernière, puisque l’auteur l’a expressément retouchée, qui plus est avant de disparaître, ce qui lui confère une nuance testamentaire ?

 

En poussant le raisonnement à l’extrême, comme j’aime bien le faire parfois, je me dis que si le réalisateur avait vécu encore longtemps, peut-être aurait-il coupé de nouveau plusieurs minutes de film dans quelques années, puis plusieurs encore un peu plus tard. En allant jusqu’à l’absurde, il ne serait rien resté de l’œuvre. En m’arrêtant un peu avant, je pose la question : quelle est la version de référence ?

 

Je répète que je respecte entièrement le droit de l’auteur sur ce qu’il crée. Mais ce droit, il l’a exercé trois fois de différentes manières. Alors ? La chronologie (la dernière mouture est la bonne) est-elle ici un critère suffisant ? Il ne faut pas oublier qu’elle est réalisée pour le DVD, c’est-à-dire pour être diffusée, rendue disponible et regardable à loisir. Ainsi, elle devient de fait version de référence puisque le film de 1976 ne ressort plus. On peut, à l’inverse, se dire que le premier état était le bon, puisque voulu, conçu ainsi, dans la mesure où l’auteur, à l’époque, n’avait pas pu faire mieux. Car c’est bien le critère de publication, n’est-ce pas ? C’est lorsqu’on sent qu’on ne peut aller plus loin qu’on publie – quitte à se dire, quelque temps plus tard, qu’on aurait dû attendre encore un peu.

 

C’est aussi la question, en matière de livres, des éditions définitives, par rapport aux éditions princeps. Et je suis plein d’interrogations en pensant aux responsables d’éditions posthumes qui doivent, au vu de manuscrits parfois incomplets ou inachevés, repris, coupés, raturés, remodelés, établir le texte. Je n’ai pas de réponse arrêtée.

10:34 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (31)

Commentaires

Cette réflexion a le mérite de renvoyer tout auteur à sa mort ; à la fin absolue de sa réflexion. Quant aux gloseurs a posteriori, ils n'ont plus qu'à faire leur deuil du choix ultime. Mais c'est la vie...

Je sais que je ne réponds pas. Il n'y a pas plus de réponse à ça qu'au sens de l'existence. :-)

Écrit par : Martine Layani | jeudi, 16 mars 2006

Bon, alors, je retourne me coucher.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 mars 2006

Meuh non... D'ailleurs, ça n'est pas le bon endroit pour un deuil.

Et puis, je ne suis pas omnisciente. Mon interprétation n'engage que moi.

Écrit par : Martine Layani | jeudi, 16 mars 2006

J'aimerais exprimer ici le point de vue du spectateur ou du lecteur de base, celui qui a vu ou lu une version donnée, l'a aimée, s'en est imprégné, l'a intégrée dans son paysage mental, l'a convoquée à l'occasion pour y puiser de la force ou de l'émotion, et à qui l'auteur vient faire ce sale coup de la modifier ! Il y a de quoi être désemparé et même contrarié.
Quant à la bonne version, il n'y a pas à mon sens de réponse, puisque la personne qui fait les modifications n'est plus tout à fait la même que celle de quelques années auparavant. Il faudrait alors se demander quand on est vraiment soi, et c'est une question impossible.
Je me demande aussi si les modifications successives vont généralement dans le sens de l'élagage et de la concision. J'ai cette impression mais elle est très subjective.

Écrit par : lamkyre | jeudi, 16 mars 2006

Je suis d'accord avec vous pour ce qui est du point de vue du public qui a fait sienne l'oeuvre en question.

En ce qui concerne le dernier point que vous soulevez, la réponse est oui pour ce qui est de Sautet. Il le disait lui-même. Il voulait faire toujours plus simple, plus léger. A propos des passages coupés dans Mado (et dans d'autres oeuvres présentées dans le coffret), il disait : "On a compris" -- donc, il faut couper.

C'est pour cela que j'imaginais la situation absurde : au bout de plusieurs coupes, il ne reste plus rien.

Je veux bien qu'il n'y ait pas de réponse en ce qui concerne la bonne version. Mais le commentateur, l'exégète, le biographe, que doivent-ils faire ? L'éditeur (au sens anglo-saxon d'*editor*) d'un texte littéraire, quel manuscrit va-t-il retenir ? Oui, je sais, il y a la solution qui consiste à indiquer les variantes en annexe. Mais qu'est-ce qui est variante et qu'est-ce qui est le texte initial ? La chronologie permet-elle de s'en sortir ? Encore faut-il la connaître. Si les manuscrits, brouillons, plans, ne sont pas datés, que fait-on ?

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 mars 2006

Ah, à propos. Pour ce qui est de la création littéraire, merci de ne pas me répondre que le traitement de texte a supprimé le problème. Même et surtout si c'est vrai. Je parle naturellement des écrits antérieurs au traitement de texte et dans le cas où de nombreux états successifs ont été conservés.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 mars 2006

La Pléiade a édité il y a quelques années le texte de Racine tel que celui-ci était paru dans les premières éditions et non tel que Racine l'avait corrigé pour ses œuvres complètes. Or ce texte était inacccessible depuis trois siècles, sauf dans quelques variantes d'éditions savantes. L'image est très différente, Racine est alors bien plus libre et bien plus proche de Corneille qu'on ne pouvait l'imaginer, mais ce n'est plus le Racine forgé par l'école, les dissertations, les thèses et par la Comédie Française comme tout un chacun a cru l'entendre au cours de ces trois siècles. Mais c'est le Racine qui était représenté à son époque et qui touchait ses contemporains. Lequel est le plus vrai ?

Écrit par : Dominique | jeudi, 16 mars 2006

Cela plaide en faveur des versions originales. Je serais moi aussi tenté d'adopter ce point de vue, a priori.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 mars 2006

Vous refusez les commentaires sur les traitements de texte, je soulignerai néanmoins que la technologie fait disparaître (encore que...) d'un côté ce qu'elle fait réapparaître de l'autre : la peinture présente ses versions précédents depuis que l'on sait regarder sous ses jupes.

Écrit par : Ignare | jeudi, 16 mars 2006

Mais je le sais bien ! C'est assez fantastique, d'ailleurs.

Je ne refuse rien, ma remarque était un sourire, parce qu'évoquer le traitement de texte est un peu esquiver la question.

(Ignare, comme je vous l'ai toujours dit, j'ai beaucoup de mal à vous appeler comme ça.)

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 mars 2006

Une visite récente chez Dominique* et une discussion avec un ami m'ont convaincu qu'il pouvait être dangereux de laisser traîner son nom sur internet, même dans des blogs bien fréquentés. Ce pourquoi je reprends mon pseudonyme, qui ne me va pas si mal.

*Je n'ai pas eu de souci chez Dominique, j'ai juste lu un des ses billets qui parlaient des récupérations diverses et variées effectuées par quelques mauvaises gens.

Écrit par : Ignare | jeudi, 16 mars 2006

Comme vous voudrez. Je respecte bien sûr votre choix, mais je n'arrive pas à m'y faire. Je ne me vois pas vous appeler ainsi, ça ne passe pas.

Amitiés.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 mars 2006

Hum... Il n'y a aucun risque ici de voir son nom associé à un contenu litigieux parce qu'il aurait été pompé par un robot. Ce site fait partie de l'internet gris qui n'est pas scanné par les moteurs, ils sont bloqués dès l'entrée sur la plateforme de Hautetfort. De même, il y a des plateformes gratuites (20Six, overblog, canalblog), payantes (Typepad, BlogSpirit) ou des logiciels libres (Spip, Dotclear) qui permettent à leurs utilisateurs de bloquer l'action des robots, mais c'est après coup et il faut rédiger un script adapté à chaque cas particulier. Le risque existe sur les blogues sans accès privé, il est moins fort sur ceux qui peuvent présenter des solutions de filtrage ou ceux qui sont archiconfidentiels, et il est grand si le blogue est très bien référencé et n'a pas de garde-fous.

Écrit par : Dominique | jeudi, 16 mars 2006

Mais si Martine, il nous arrivera d'y faire des rencontres passionnantes !


!!! des différents site !!!

Est-ce qu'une bonne âme pourrait ajouter le s qui manque avant que je devienne complètement hystérique ?

Écrit par : lamkyre | jeudi, 16 mars 2006

C'est fait, chère.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 mars 2006

Ouf ! et merci !

Écrit par : lamkyre | jeudi, 16 mars 2006

Je ne vois pas ce que mon commentaire va avoir à voir avec la choucroute.
Je ne vois pas ce que cette phrase va avoir à voir avec la choucroute.
Je ne vois pas quel rapport mon commentaire aura avec ce sujet.
Je m'interroge, car le lien entre le commentaire qui suit et le sujet me paraît bien ténu.
Je ne vois pas quel lien il y a entre le commentaire qui suit et le sujet.
Je pense qu'il faut réintroduire la choucroute.
J'ai changé d'avis, mais pas de métaphore.
Je ne vois pas ce que mon commentaire va apporter au débat.
Je ne vois pas quelle eau mes mots vont apporter au moulin..
Je ne vois pas.

Écrit par : Guillaume | jeudi, 16 mars 2006

Vu !

Écrit par : lamkyre | jeudi, 16 mars 2006

Guillaume, tu sais bien ce que sont les méandres de la conversation. Souvent, comme ça, on dévie.

Mais je ne demande pas mieux que de revenir au sujet.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 16 mars 2006

Revenons donc au sujet. Voici un article que j'avais lu il y a quelque temps et qui m'avait interpellé.

http://www.fabula.org/actualites/article5914.php

Écrit par : Feuilly | vendredi, 17 mars 2006

Je connaissais cette question de Proust. Effectivement, nous sommes en plein dans le sujet. Des opinions ?

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 17 mars 2006

Justement, c'est bien là le problème. Et puis où sera encore le plaisir esthétique dans un tel texte?
A la limite on pourrait imaginer un texte en colonnes, comme dans un journal, avec les différentes versions en parallèle. Cela deviendrait de la folie et cela ferait faire perdre à la version papier son caractère d'autorité. Si elle propose tout et que le choix final revient au lecteur, c'est un peu facile. Sans compter que celui-ci n’aura plus une histoire à se mettre sous la dent, mais plusieurs. C’est sans doute intéressant pour réfléchir sur la création artistique, mais peu pratique du point de vue du simple lecteur (même éclairé).

Quant au problème de l’auteur qui modifie son texte à l’infini, il est insoluble. Comme on l’a dit, en dix ans sa personnalité a pu se modifier, il est sensible à d’autres aspects de la problématique qu’il avait traitée, les conditions extérieures et historiques se sont modifiées. Bref, à la limite il nous écrit une autre œuvre.

Mais cette fluctuation a de quoi agacer, car chaque œuvre contient sa logique propre. Elle possède sa perfection en elle, ne serait-ce que du simple point de vue narratologique. Venir en modifier certains éléments, c’est courir le risque de changer le sens général.. Du coup, l’auteur estimera que dans d’autres passages, il ne s’est pas assez bien exprimé pour faire passer la nouvelle idée. Forcément puisque ceux-ci n’avaient pas été écrits dans ce sens. Il les modifiera donc à leur tour et à la fin on se retrouvera avec un autre roman ou un autre poème.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 17 mars 2006

Les personnes qui font oeuvre uniquement de leur vie (quand ils le peuvent), en revoyant certains passages, sont parfois tout simplement amenés... à se marier ou à divorcer. C'est très fréquent.

C'est toujours un peu à côté, je sais. Je suis fondamentalement marginale, même si je ne l'affiche pas.

Écrit par : Martine Layani | vendredi, 17 mars 2006

Eh oui. J'ai souvent pensé à tout cela. Je crois que seule la publication arrête le processus créatif, même s'il continue ensuite dans la tête de l'auteur.

Il faudrait donc considérer (Lamkyre, Dominique et Feuilly, si je les ai bien compris, semblent aller dans ce sens) que l'oeuvre originale est la seule qui puisse faire foi, au sens le plus fort du terme, d'ailleurs.

C'est aussi mon sentiment, même si, comme je le disais dans la note, je n'ai pas d'opinion arrêtée.

C'est aussi ce qui fait que mes propres petits livres, quand je les parcours, une fois parus -- et c'est plutôt rare -- me paraissent très vite dépassés, légers et surtout incomplets. Pour cette raison, je pense que je n'autoriserais pas de réédition à l'identique. La question ne s'est jamais posée mais je me la pose cependant. Et comme je n'aimerais pas devoir tripatouiller des choses écrites et publiées il y a plusieurs années, je préfèrerais -- je crois -- que ça ne reparaisse pas.

Mais je n'ai pas de religion en la matière. Je me pose des questions et je sollicite vos avis.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 17 mars 2006

Bon, on n'est pas là pour parler de moi. Personne ne pense rien de tout ça ?

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 17 mars 2006

Si, on pense que l’auteur fait ce qu’il veut avec son texte tant qu’il le conserve dans ses tiroirs (il le modifie, l’améliore ou croit l’améliorer). Une fois qu’il le publie, il le donne au public et il ne lui appartient plus. C’est vrai que l’état dans lequel il l’a finalement publié est arbitraire (il aurait pu continuer à le modifier ainsi pendant 50 ans) et qu’il n’y a pas de différences de nature entre les corrections avant édition et les corrections qui ont lieu après. Mais, bon, il faut bien s’arrêter quelque part et mettre une limite. Si, à un certain moment, il a estimé que son texte était suffisamment parfait pour être édité, alors il faut s’en tenir à cette version.
De même que son décès met un terme aux modifications ininterrompues. On ne va quand même pas aller jusqu’à imaginer ce qu’aurait écrit Voltaire s’il avait vécu du temps de Le Penn et de Sarkozy.

En littérature, on a su ces questions le merveilleux roman de « Jacques le fataliste » (clin d’œil au taulier) de Diderot, qui démonte la création artistique et qui montre à chaque page que la suite de l’histoire aurait pu être différente.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 17 mars 2006

Merci Feuilly.

Dommage que personne d'autre ne veuille dire quelques mots sur la question.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 17 mars 2006

Ils n'en finissent plus de remanier leur commentaire.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 17 mars 2006

Personne n'est tenu de s'exprimer, bien sûr. Mais quand je pense que nous sommes une bonne quarantaine à pouvoir parler ici, je me dis que c'est dommage. Le débat pourrait s'élargir.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 17 mars 2006

J'ai travaillé sur Paulhan. On le connaît par les Fleurs de Tarbes, mais on sait moins que ce texte a connu deux versions une en 36 dans la NRF, une en volume en 42. On sait encore moins que des parties de son texte se trouvent dans des articles qui courent depuis 1910 dans un journal confidentiel, le Spectateur. On sait un peu mieux que le deuxième volume, le Don des langues, contient des morceaux d'articles publiés après-guerre, notamment son éloge de Saint-John Perse, ou même le discours de réception à l'Académie et que ce n'est pas vraiment la suite du précédent volume, mais un dépassement. Je me suis posé des questions : quel est le statut de chaque texte puisque Paulhan a édité (plus ou moins de son vivant) ses œuvres complètes et que des textes ont été écartés (surtout pour la première partie, même s'il y a des annexes) alors que d'autres faisaient vraiment doublon dans la deuxième partie (tout ce qui concerne Benda, Alain) ou qu'il y avait des lacunes flagrantes (le Saint-John Perse notamment). Comment fait-on face à un work in progress qui s'affirme comme work in progress tout en éliminant des parties importantes lors de la constitution des œuvres complètes ? Je pense que la réponse est l'hypertexte. Genette avait déjà bien vu le problème de la génétique des textes.

Écrit par : Dominique | vendredi, 17 mars 2006

Je suis assez de l'avis de Feuilly (comme souvent...) Le texte appartient à l'auteur jusqu'à ce qu'il soit publié... ce qui constitue un acte de fixation en un état donné, quelque chose comme une photo instantanée, de l'ici-et-maintenant du texte.

Par la suite, l'auteur s'il se relit peut évidemment être tenté, sera vraisemblablement tenté de faire de nouvelles modifications, qu'elles aillent ou non dans le sens de l'allègement et de la concision. Mais il faudrait alors qu'en cas de nouvelle publication, l'objet ait carrément un nouveau titre, ou bien qu'on dise Le Plumeau de Madame Rémoulade 2003, Le Plumeau de Madame Rémoulade 2004, Le Plumeau de Madame Rémoulade 2005 etc.

IL m'est arrivé de revenir sur des miens textes écrits depuis longtemps, et je ne m'y reconnaissais évidemment plus. Certains ont été jetés, d'autres réécrits, d'autres laissés en l'état comme des signes d'époques révolues.

Écrit par : fuligineuse | samedi, 18 mars 2006

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