vendredi, 17 février 2006
Gustave Beckett
L’ami Benoît me signale un article du Monde du 17 février, intitulé La littérature contre la « belle langue ». Apparemment, cet article ne figure pas sur la Toile. Les auteurs, Julien Piat et Gilles Philippe, qui codirigent une histoire de la langue littéraire en France (1850-2000) à paraître chez Fayard, soutiennent la thèse suivante : le français est une langue claire, très claire, mais justement trop explicite pour rendre ce que la littérature peut avoir de particulier, de profond, de spécifique. Le français serait sec, analytique, donc contraignant. Beckett, par le choix de cette langue, serait plus « français » que Flaubert.
Qu’en pensez-vous ?
17:19 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (27)
Commentaires
Sur Gilles Philippe, voir:
http://www.fabula.org/actualites/article4677.php
Dans ce livre, il montre bien l'évolution historique du statut de l'écivain:
1) incarner la perfection de la langue
2) jouer avec les règles de grammaire pour produire un style personnel (les "fautes" de Flaubert)
3) être supplanté par les linguistes, lesquels n'accordent aucun régime de faveur au bon usage (tout fait de langue se vaut)
Écrit par : Feuilly | lundi, 20 février 2006
Tu n'as pas lu l'article en question, Feuilly ? Personne ne l'a lu ? Il n'est pas en ligne, mais quelqu'un a peut-être eu Le Monde du 17 en mains ?
Écrit par : Jacques Layani | lundi, 20 février 2006
Si, il est en ligne:
http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20060216/741928_sup_livres_060216.pdf
Page 2.
Écrit par : Benoit | mardi, 21 février 2006
Ah, merci Benoît, et dans une belle présentation, en plus.
Écrit par : Jacques Layani | mardi, 21 février 2006
Donc on ne pourrait pas faire de la littérature en français ? Etrange, cette idée. Je me méfie beaucoup de ces jugements portés sur les langues, qui ressemblent trop à ceux que certains portent parfois sur les peuples.
Que je sache, il n’existe pas une langue au monde qui n’ait sa littérature. Même les Indiens d’Amérique du Sud (les chasseurs cueilleurs en voie de disparition) ont la leur, sous forme de contes et de mythes. On ne voit donc pas pourquoi certaines langues seraient impropres à transmettre certains messages. D’autant plus qu’on peut dire une chose et son contraire. Ainsi on nous présente souvent l’anglais contemporain (l’anglais international, pas l’anglais littéraire de Shakespeare) comme plus efficace que d’autres langues dans le domaine commercial ou technique (alors qu’en fait son hégémonie s’explique simplement par l’hégémonie, par ailleurs provisoire, de l’Amérique du Nord. Le jour où le Chine détiendra toutes les parts du marché mondial et sera à la pointe de la technologie, on nous dira que la langue des mandarins est ce qu’il y a de mieux.). Dans cet article, au contraire, on nous dit que le même anglais, comme les langues germaniques en général, seraient les seules à convenir à la poésie. Etrange.
Ce qui est vrai, par contre, c’est que chaque langue a un génie propre et que probablement cela influence notre manière d’aborder la réalité, d’opérer des découpages ou de rendre compte de certaines émotions. Le tout est de savoir utiliser notre langue maternelle au mieux de ses possibilités pour exprimer ce que nous avons à dire.
Maintenant, reste le problème du style. Chacun a le sien, évidemment, en fonction de son tempérament. Peut-on se permettre de s’écarter des règles communes (le « bon usage ») au nom d’une espèce d’idiosyncrasie ? Oui, sans doute, mais jusqu’à un certain point seulement. Gilles Philippe, précisément, dans l’ouvrage que je citais plus haut, montrait bien cela : à une certaine époque l’auteur devait porter à sa perfection la langue commune, dont il maîtrisait mieux que quiconque les subtilités. Quand ce rôle lui a été retiré, il a fallu trouver une nouvelle définition de la littérature. Elle ne pouvait être que dans le style personnel, autrement dit dans certains écarts par rapport à la norme.
Notons aussi que pour les linguistes la langue dite littéraire serait finalement très pauvre. Pas de néologismes comme l’argot (ou alors des néologismes de façade, cherchant à affirmer une singularité), langue figée, volontairement archaïque dans un but de se singulariser du commun des mortels, etc.
Bon, quant à savoir quand notre style devient littéraire, c’est compliqué. Quand nous écrivons correctement, comme nous le faisons tous ici, ce n’est pas encore de la littérature. Dès lors, je continue à dire (et là, Jacques, je sais que tu n’es pas d’accord) qu’écrire une biographie dans un langage clair n’est pas de la littérature au sens propre, même si cela témoigne déjà d’une maîtrise de la langue qui est de bon augure. Il faudrait donc qu’il y ait invention (roman) ou lyrisme (poésie) pour qu’il y ait littérature, la langue s’adaptant ipso facto afin d’exprimer le mieux possible le message qu’elle veut exprimer.
Écrit par : Feuilly | mercredi, 22 février 2006
Bonne analyse de Feuilly. Personne d'autre ?
Sur un point précis du débat qui est presque devenu le socle même de ce blog :
"Il faudrait donc qu’il y ait invention (roman) ou lyrisme (poésie) pour qu’il y ait littérature" : ah, et le théâtre, ça n'existe plus ? Ni le journal ? Ni les "choses vues", sinon inventées par Hugo, du moins amenées par lui à un respectable niveau. A moins qu'Hugo ne soit plus digne du mot "littérature", ce qui serait nouveau ?
Je te rappelle par ailleurs que la plupart des poètes refusent avec horreur l'appellation "littérature" pour leurs écrits. Quand Breton fonde la revue "Littérature", c'est bien sûr par antiphrase qu'il l'intitule ainsi.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 22 février 2006
Breton? Bon, c'est classique de la part de nouveaux arrivants. Il faut critiquer les aînés, faire table rase de tout ce qui précède et se faire une place au soleil. Avec les années, ou bien ces gens-là ont changé, ou bien c'est leur domaine qui a changé suite à leurs recommandations. Dans tous les cas, ils incarnent alors l'institution. Voir Sollers de nos jours.
Le théâtre? Oui bien sûr, c'est un oubli regrettable de ma part.
Le journal? Mumm. Difficile à dire. Il y a des journaux très littéraires, d'autres qui le sont moins si on se place du point de vue du style. Je termine à l'instant le Métier de vivre de Cesare Pavese. C'est passionnant. Mais sur le plan de la langue proprement dite, il y a des passages qui ressemblent plus à des notes qu’à autre chose. C’est un outil indispensable pour comprendre le reste de l’œuvre (et l’écrivain lui-même). Mais est-ce de la littérature ?
La correspondance d’un auteur est-elle de la littérature ? A l’origine, elle ne se donnait pas pour telle. Il se fait que souvent elle est brillante, tant par les idées que par le style. Mais…
Écrit par : Feuilly | mercredi, 22 février 2006
Non non non, Feuilly, pas d'accord. :-))
La correspondance et les journaux sont de la littérature, partie intégrante de l'oeuvre d'un auteur. D'abord, il faut être sincère : la plupart des journaux d'écrivains sont tenus dans l'optique d'une publication future. Et je n'ai jamais vu un auteur ne pas soigner sa correspondance. Dans le but de... Devine ?
Bien entendu, je parle des écrivains, pas des...
Ensuite, tu ne peux pas mettre Breton et Sollers sur le même plan, ça n'a pas de sens.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 22 février 2006
Imaginons un citoyen honnête qui ne serait pas écrivain, mais mettons chef d'établissement scolaire ou diplomate ou que sais-je encore. Si cette personne tient un journal, par ailleurs écrit très correctement, va-t-on dire que c'est de la littérature? Pourtant cet ouvrage aura des qualités sociologiques (il donne un témoignage sur une époque) ou psychologiques (le narrateur parle de lui-même).
Qu'est-ce qui distingue ce journla-là de celui d'un vrai écrivian? Rien (sauf bien entendu si l'écrivain a écrit son journal dans le but d'une publication, qu'il l'a relu, etc.)
Écrit par : Feuilly | mercredi, 22 février 2006
"(sauf bien entendu si l'écrivain a écrit son journal dans le but d'une publication, qu'il l'a relu, etc.)" :
Allons, allons, c'est toujours le cas. Je ne crois pas aux écrits intimes vraiment intimes, lorsqu'il s'agit d'écrivains. Les écrivains exploitent leurs émotions, ce n'est pas nouveau. Tous les artistes, d'ailleurs, font ça. Les journaux d'écrivains sont écrits dans le but ou au moins dans l'idée d'une publication. Voire dans le désir inconscient qu'il en soit ainsi.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 22 février 2006
Alors s'il y a réflexion sur la langue et volonté d'être lu, c'est de la littérature.
Écrit par : Feuilly | mercredi, 22 février 2006
Eh bien, tu vois...
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 22 février 2006
Ouais, le mandarin en 10 leçons pour travailler efficacement partout dans le monde, là, j'ai un doute....
Je ne parle et n'écrit que deux langues, mais je suis toujours fasciné par ces écrivains bilingues, trilingues, qui nous parlent de leurs travaux, des traductions d'une langue à l'autre, et des modifications que la langue elle-même appelle. Ce n'est pas uniquement ce que l'on veut dire, mais ce que la langue permet de dire. La langue est un outil, toujours imparfait, et plus on parle de langues différentes, plus on découvre des particularismes, des mots très précis, qui n'ont pas leur équivalent ailleurs.
Sodade en portugais: plaisir de la mélancolie ou mélancolie sans tristesse. C'est très beau et ça n'existe pas en un seul mot en français ou en anglais pour ce que j'en sais. Qu'est-ce que cela dit d'une culture qui invente un tel mot ?
Je me rappelle George Steiner parlant de son roman sur Hitler, qui s'était intéressé au fait que la langue allemande possède un mot (là, pardon, c'est de mémoire et peut être pas très juste) qui veut dire à peu-près "dé-créer". Il se pose alors la question: que la culture allemande ait pensé à inventer un tel mot est-il un indice qu'il était dès lors possible de mettre en place un mécanisme industriel comme la Shoah, à cet endroit et à ce moment de l'histoire humaine ?
Voici ce que raconte Nancy Huston, qui écrit en français et en anglais, sur le va et vient d'une langue à l'autre (en passant, Huston a écrit (ce n'est sans doute pas un hasard) un hommage à Beckett "Limbes-Limbo"):
" Le problème, voyez-vous, c'est que les langues ne sont pas seulement des langues; ce sont aussi des "world views", c'est-à-dire des façons de voir et de comprendre le monde. Il y a de l'intraduisible là-dedans... Et si vous avez plus d'une "world view"... vous n'en avez, d'une certaine façon, aucune.
Enfin. J'ai poursuivi, cahin-caha, et ça a fini par marcher, je ne suis pas en train de me plaindre, j'ai maintenant ma niche de part et d'autre de l'Atlantique." " Le plus grand vertige, en fait, s'empare de moi au moment où, ayant traduit un de mes propres textes - dans un sens où dans l'autre - je me rends compte, ébahie: jamais je n'aurais écrit cela dans l'autre langue !
Et si je disposais d'une troisièeme langue - le chinois par exemple ? cela impliquerait-il un troisième imaginaire, un troisième style, une troisième façon de rêver ? Rilke en allemand, Rilke en français: deux poètes différents. Ou Tsvetaïeva, en russe et en français. Si Beckett avait opté pour le serbo-croate, aurait-il écrit Fin de partie et Oh! les beaux jours ? Quel genre de roman aurait inventé Conrad s'il n'avait pas renoncé au polonais ? Et pourquoi Kundera a-t-il perdu son sens de l'humour en abandonnant le tchèque ? Ainsi de suite... Qui sommes-nous alors ? si nous n'avons pas les mêmes pensées, fantasmes, attitudes existentielles, voire opinions, dans une langue et dans une autre ?
Aporie, une fois de plus.
Déboussolant, vous comprenez.
C'est par où, le nord ?
("... et la plume ?" dans Nord Perdu, Actes Sud - Babel)
Écrit par : Benoit | jeudi, 23 février 2006
Benoît, que de choses, on ne peut répondre point par point.
Je crois que c'est saudade, plutôt.
Le "Qui sommes-nous alors..." de Nancy Huston est une question qu'il faut effectivement se poser.
Mais ce qui me bouleverse, c'est cette histoire de Hitler et de "dé-créer". Je reste sans voix devant cette hypothèse.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 23 février 2006
Oui, saudade, effectivement, merci.
En effet, ce passage de Steiner m'avait vraiment beaucoup impressionné.
Écrit par : Benoit | jeudi, 23 février 2006
Je n'ai pas eu (pris?) le temps de lire tous les commentaires, mais, si l'on s'en tient au résumé de seconde main de cet ouvrage à paraître, il ne semble pas y avoir là grand chose d'original: que toute entreprise littéraire s'inscrive dans un écart par rapport à la langue normée est une théorie battue et rebattue depuis les structuralistes. On trouve nombre d'exemples de cela dans les oeuvres d'écrivains non francophones : les exemples les plus éminents m'en semblent être Joyce ou Gertrude Stein, pour l'anglais, Andrej Biély pour le russe, Georg Trakl par exemple pour l'allemand... La liste serait longue.
Dans le cas de Beckett, dont on célèbre partout (sauf en France, apparemment) le centenaire, son rapport à la langue française n'était pas différent de sa dislocation des codes de l'anglais. Si les auteurs ne comparent pas les textes de Beckett dans les deux langues, leur ouvrage risque d'être bien vain.
Écrit par : Guillaume | mercredi, 01 mars 2006
Je m'aperçois que, dans son long second commentaire, Feuilly a élaboré cette question de l'écart et de la modernité stylistique mille fois mieux que moi.
Voir
http://14ruefranklin.hautetfort.com/archive/2006/02/17/gustave-beckett.html#c693351
Écrit par : Guillaume | mercredi, 01 mars 2006
Ah, voilà le point de vue d'un professeur d'anglais. Parfait.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 01 mars 2006
Autre exemple : Dostoïevski fut longtemps considéré comme un mauvais écrivain car il malmenait les codes de la "langue littéraire" russe. C'est qu'il devait réinventer la langue en fonction de son objet d'écriture. Je ne lis pas le russe, malheureusement, donc mes avis en ces matières sont loin d'être très informés. Mais je viens de lire L'Adolescent dans la traduction de Markowicz, et cette rupture du code est très perceptible.
Je sais que Markowicz est très controversé, et je ne sais jusqu'à quel point ses traductions fortement oralisées, voire "agrammaticales", de Dostoïevski, sont fidèles à l'écrivain... mais ce qui me met la puce l'oreille, ce sont les très nombreux textes (y compris les entrées de dictionnaires), qui pointent du doigt ses gaucheries stylistiques.
Écrit par : Guillaume | mercredi, 01 mars 2006
Désolé, j'avoue mon ignorance sur le travail des structuralistes et les théories attenantes. Ce qui m'intéresse, en tant que francophone immergé depuis 15 ans dans une autre culture (dont 9 directement en territoire anglophone) c'est ce que l'expérience des littéraires, qui exercent leur art dans plus d'une langue, apporte sur ce que l'on perçoit comme étant l'Identité.
Ce que Jacques soulignait: qui sommes nous ?
Diane me racontait il y a une mèche que sa timidité à s'exprimer en public s'estompait lorsqu'elle s'exprimait en ... espagnol !
Détail intéressant, l'hommage de Huston à Beckett est de fait, bilingue, le texte apparaissant dans les deux langues, en miroir.
Écrit par : Benoit | mercredi, 01 mars 2006
Suis tombé sur cette chute d'article dans Libé sur le livre de David Le Breton, La saveur du monde:
"Cependant, David Le Breton sait bien que les langues, mêmes les plus riches et stylisées, sont l'humanité du monde et non le monde lui-même. Elles ne peuvent que lui tourner autour, et aucune ne le fait comme les autres, mais l'intimité avec le monde n'appartient qu'au corps. C'est tout le sens de cette anthropologie des sens : le monde, il faut le goûter, déguster, manger avant qu'il ne nous avale."
Écrit par : Benoit | vendredi, 03 mars 2006
Le passage est bien fichu, pas mal tourné. Je ne suis pas sûr que ce soit entièrement vrai : comment manger le monde sans le *dire* ? On ne mange que ce qu'on s'approprie (par l'achat ou par le vol) et pour s'approprier le monde (donc : les autres), je ne sais rien de mieux que les mots.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 03 mars 2006
... et les sourds-muets ? Il y a aussi le corps qui peut s'exprimer, souvenons-nous en même en bonne santé. Cela n'a pas d'autre sens, d'ailleurs, quand on dit d'un enfant qu'on le "mangerait". C'est sans doute une pauvreté de vocabulaire, mais c'est aussi le reflet réel d'un souhait d'appropriation... sans autre mot que le baiser.
Écrit par : Martine Layani | vendredi, 03 mars 2006
Oui... Mais voilà : on le *dit*. Tout passe par les mots. Rien n'existe sans être nommé.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 03 mars 2006
C'est le raisonnement d'un mec qui peut parler. D'ailleurs le "nommer" ne fait qui suivre ce qui existe ; il ne le précède pas. c'est juste une référence : la torture existe même si tu as un baillon sur la bouche.
Il y a bien sûr d'autres mutismes...
Écrit par : Martine Layani | vendredi, 03 mars 2006
On pourrait y passer quelques heures, (ce serait préférable autour d'une table avec de quoi bien manger et bien boire) mais ce passage me ramenait au fait que les langues tournant autour de l'humanité, sans jamais pouvoir entièrement le saisir, ce qu'elles disent et surtout, COMMENT elle le dise: que nous permettent-elles d'êtres, et aussi, que nous empêchent-elle de dire, que nous ne pouvons exprimer (puisqu'exister, c'est nommer) lorsque nous ne sommes que nous-mêmes, c'est-à-dire, dans notre "incarnation culturelle" initiale ? (C'était je crois, le sens initial du texte sur Beckett et ce que le français dit bien et ce qu'il dit peu - puis ensuite, ce que dit Huston sur ses textes qui se mettent à signifier autre chose d'une langue à l'autre, malgré l'intention de départ, la langue ANIMANT le texte et dégageant du sens là ou on n'en discernait peut-être pas).
Je sais maintenant qu'il existe un Benoit francophone différent lorsqu'il est anglophone; des traits qui existent et qui existeraient dans toute culture, mais aussi, une situation de "go between", difficile à cerner, des pans entiers qu'on ne peut rapporter vers les "nôtres". C'est l'expérience de l'exil, bien sûr, mais ça touche à autre chose également. La culture, c'est aussi un témoin. Et quand on largue (du moins, dans nos relations avec les autres) le témoin, que reste t-il ?
Désolé de divaguer ainsi, mais je trouve fascinant ces travaux de Le Breton. Et ce que dit Martine m'intéresse aussi, en ce que notre culture a dévalorisé l'odorat, le toucher. On peut bien nommer tout ce qu'on voudra, mais lorsqu'on atrophie les sens, on atrophie aussi le pouvoir de nommer, le champ d'investigation. Non ?
Écrit par : Benoit | vendredi, 03 mars 2006
Il n'est certes pas question d'atrophier les sens, oh non ! Je suis très sensuel... J'aime tout ce qui se rapporte aux sens.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 03 mars 2006
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