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mercredi, 08 février 2006

Clivage

On manifestait hier partout en France contre le « contrat de première embauche » (CPE). Il semblerait, à première vue, que ces rassemblements n’aient pas été un succès. Empruntant ce matin le métro, j’observe, à l’étal du marchand de journaux, les titres suivants :

 

« CPE : Villepin désavoué » (L’Humanité).

« CPE : l’échec de la mobilisation » (Le Figaro).

 

À part ça, il n’y a plus de clivage gauche-droite, cette séparation est abusive, elle ne signifie plus rien, ainsi qu’on nous le répète sans cesse. Mais voyons… La lutte des classes n’a jamais été aussi forte, aussi urgente, aussi dure et douloureuse qu’en ces temps de morgue triomphante et de désastre social.

 

La vérité, si elle existe, se trouve très probablement, comme d’habitude, entre ces deux points de vue. Le Parisien parle de « demi-échec » des manifestations. C’est oublier qu’un demi-échec suppose nécessairement un demi-succès.

 

Un de mes amis, avec qui, sans doute, je ne suis d’accord en rien politiquement mais que je persiste à aimer pour mille et une raisons (et surtout parce que je sens en lui un cœur qui bat, ce qui n’est déjà pas mal) écrit dans son journal, à propos de Mittal Steel, groupe anglo-néerlandais qui désire absorber Arcelor : « Des empires s’affrontent, des stratégies se construisent, nous manifestons contre le CPE. » Il semble oublier que, justement, les intérêts de ces empires ne sont pas ceux des manifestants.

 

À part ça, il n’y a plus de clivage… Pardon, je me répète.

11:18 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (14)

Commentaires

Bannière (de Bigorre?) : j'adore ce portulan de l'ami Patrick Dalmasso.

Écrit par : Guillaume | mercredi, 08 février 2006

Elle a déjà été montrée, cette bannière. Sans doute l'avais-tu ratée.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 08 février 2006

Les clivages s'accentuent en effet. Gauche-droite, riches-pauvres, Orient-Occident.
La récente colère du monde arabe, qui prend des proportions inquiétantes (destruction d'ambassades), me laisse perplexe car elle donne raison à Bush et à sa guerre des civilisations.

Écrit par : Feuilly | mercredi, 08 février 2006

Sauf que personne n'a intérêt à cette guerre, hormis Bush.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 08 février 2006

Bien entendu et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre mon message. Mais je sens que là où le dialogue était possible, la marge de manoeuvre devient de plus en plus ténue.

Ceci dit, cette histoire est remplie de paradoxes.

Si un journal d’extrême-droite avait assimilé l’islam au terrorisme, nous nous serions émus à juste titre.
Ici, c’est plutôt la gauche qui défend les caricatures au nom de la liberté d’expression. Il est vrai que ce ne sont que des caricatures. Mais à première vue, toucher le sujet religieux semble déplacé. Peut-être. D’un autre côté, si on commence à dresser la liste des thèmes dont on ne peut pas rire, on n’aura pas fini de sitôt. Sommes-nous autorisés, par exemple, à nous moquer de Sarkozy ? L’intéressé dira que non. Comme il détient le pouvoir, il fera en sorte pour que son opinion devienne interdiction d’Etat.

Quand j’interroge les gens autour de moi, la plupart condamnent les caricatures (« grossières, mal dessinées, volontairement blessantes ») et donnent raison au monde arabe.

Moi qui ai toujours défendu ce monde arabe si souvent victime de discriminations et de racisme, je me retrouve piégé. D’un côté je ne comprends pas bien leur colère (il est vrai que le sentiment religieux chez moi est un peu émoussé), de l’autre je regrette la violence qui en a résulté. Alors que l’Europe a condamné la guerre en Irak et qu’elle a toujours soutenu (et financé) la cause palestinienne, nous nous retrouvons frappés d’ostracisme par ceux-là même que nous défendions. Comme les mouvements progressistes de femmes arabes (qui luttent pour la liberté de la femme dans l’islam) se retrouvent mis au pilori par les intégristes qui ont beau jeu de leur jeter à la figure que cet Occident qu’elles vénèrent est incompatible avec leur foi.

Les gens à droite de la droite (Stalker…), qui, il y quelques mois, demandaient presque de passer les émeutiers des banlieues au lance-flammes (en tout cas certains demandaient le rétablissement de al peine de mort) se rangent bizarrement du côté de l’islam au nom du respect de la religion. Ils accusent la gauche laïque et athée d’être responsable de cet état de fait et admirent les musulmans qui protestent énergiquement en voulant faire respecter leurs croyances. Il faut croire que pour eux brûler des voitures est plus grave que de brûler des ambassades. Pourtant c’est là une atteinte directe à notre souveraineté. Il est tout de même étrange que cette droite appuyée (à droite) qui nous ressort Jeanne d’Arc à tout bout de champ et qui voit d’un mauvais œil le territoire « envahi » par des hordes musulmanes, il est tout de même étrange, dis-je, que cette droite ne s’émeuve pas en voyant le drapeau français brûlé et foulé aux pieds sur le sol palestinien.

S’excuser c’est avouer notre faiblesse, ne pas le faire c’est dresser contre nous toute cette population. Dans les deux cas l’Europe en sort fragilisée et Bush se frotte les mains, lui dont les usines d’armement doivent tourner à plein régime.

Tout cela dans le contexte difficile de l’Iran qui veut la bombe atomique (ce qu’assurément personne ne souhaite). Mais comment, déontologiquement refuser à un pays tiers de détenir une arme que l’on possède soi-même ? La seule raison c’est que nous voulons rester les plus forts et éviter des massacres inutiles. Mais pourquoi alors aller porter la guerre en Irak et y utiliser la phosphore blanc et autres joyeuseté? Sans compter que si l’Iran devait être envahi, on dit déjà qu’on ferait usage des nouvelles bombe perçantes à l’uranium.
Mon dieu, que tout cela est compliqué. Nous verrons bien de quoi demain sera fait. Inch Allah…

Écrit par : Feuilly | mercredi, 08 février 2006

Il n'y a qu'une chose à faire, je pense : désamorcer le mouvement en trouvant qui l'anime et le manipule. Les tireurs de ficelles, ceux dont les événements actuels servent les intérêts. Un mouvement de cette ampleur, de cette violence, ne part pas comme ça, pour trois dessins minables. Je suppose que les RG sont sur l'affaire depuis longtemps, dans tous les pays concernés.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 08 février 2006

"Quand l'homme réussira-t-il à renoncer à la vengeance, donc à la première forme de guerre ? Jamais, parce que c'est une donnée animale de défense et que nous sommes -- aussi -- des animaux."

La défense, animale ? D'accord. Mais la vengeance, quel "animal' autre que l'homme s'en sert ? Y a t-il des gorilles qui organisent une expédition vengeresse, des dauphins qui organisent une bande pour faire son affaire à un vilain requin ?
C'est un concept humain. Mais l'homme se fera un jour...

Je reproduit ici la réponse que j'ai faite à une correspondante d'origine arabe habitant Paris, qui m'a écrit personellement parce qu'elle n'ose dire publiquement son opposition à la voix officielle de la communauté musulmane, et son horreur devant les propos tenus par Saida Kadda à la télé.

Il y a une femme ici à Montréal, d'origine arabe, dont j'oublie malheurement le nom, qui a réussi avec beaucoup de courage à faire empêcher que la Charia soit acceptée comme tribunal alternatif reconnu par la loi canadienne. L'Ontario a elle aussi reculé devant le tollé. Et curieusement (ou plutôt, pas du tout curieusement) les alliés naturels des islamistes canadiens étaient: les hassidiques et les chrétiens fondamentalistes ! Unis pour faire leur lois, après, ils pourront toujours se massacrer les uns les autres (et les infidèles) au nom de Dieu, du Prophète ou du Christ.... Autre exemple particulièrement glaçant: les chrétiens fondamentalistes américains qui se font les alliés objectifs des faucons sionistes et des colons en terre palestinienne: ils attendent la fin du monde qui viendra en terre d'Israël, d'après LEUR interprétation du livre sacré. Il FAUT que tout saute pour que la prophétie se réalise. Ils ne sont malheuresement pas que quelques poignées d'individus à attendre l'Apocalypse et la montée aux cieux en voyage organisé, mais bien plusieurs millions, et qui votent, eux.

Je trouve particulièrement choquant les amalgames du genre "vous ne respectez pas l'interdit de représentation sur Mahomet = vous êtes racistes." Impossible de discuter. Mais alors quelle solution ?
Résister à la bêtise. Quoi d'autre. Comme on peut et à la mesure de nos moyens.

Mais la liberté n'est pas négociable.
Advienne que pourra.

Écrit par : Benoit | mercredi, 08 février 2006

Oups. Je me suis laissé emporté et j'ai complètement oublié le commentaire/question que je désirais vous soumettre Jacques.

Qu'en est-il de l'argument concernant les petites et moyennes entreprises ? On expliquait qu'en France, les lois rendent le licenciement difficile et que l'embauche est donc tributaire de la méfiance des entreprises qui, à la merci d'une bonne année et d'un profit réduit, hésitent à embaucher. J'ai travaillé toute ma vie uniquement dans des milieux associatifs et dans le commerce, et je pourrais objectivement comprendre qu'un libraire canadien, forcé par une nouvelle loi qui l'obligerait à maintenir un certains nombres d'employés en dépit de ses revenus, préfère ne garder que deux ou trois permanents et pour le reste, n'engager que des temporaires sans bénéfices marginaux.
Il n'est pas question ici d'encourager la précarité (mon cas présent qui plus est !) mais quid d'un certain réalisme ? L'autre extrême étant ces compagnies qui "dégraissent" (quel mot affreux) en coupant des milliers d'emplois alors qu'elles nagent dans les milliards. Aucune responsabilité sociale. Dans ces cas, je me sens l'envie de ressortir quelques drapeaux rouges....

Écrit par : Benoit | mercredi, 08 février 2006

C'est amusant, les commentaires n'ont plus rien à voir avec la note initiale. Evidemment, parlez de ce que vous voudrez, ici, c'est une rue libre.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 08 février 2006

Le contexte dans lequel les premières caricatures ont été publiées au Danemark est plus qu'ambigu. Un article du Monde d'aujourd'hui rappelle que c'est l'extrême-droite qui donne le ton dans ce pays (malgré ce que dit Charlie-Hebdo, les sociaux-démocrates ne sont plus au pouvoir et ils avaient déjà donné des gages aux fachos). J'avais rappelé sur Embruns que c'était le pays à la législation la plus sévère en Europe envers les immigrés (il n'a pas ratifié les conventions européennes notamment et c'est le seul), que cette législation se durcit encore, qu'il y a eu des propos d'une ministre démocrate-chrétienne (!) dignes d'un certain borgne et que la xénophobie y est largement partagé par les courants de gauche. Dès lors, il ne faut pas s'étonner que l'affaire éclate dans ce pays-là plutôt que dans un autre : les musulmans sont poussés à bout et cela fait le jeu des imams les plus intégristes. L'affaire est pourrie d'un bout à l'autre.

Écrit par : Dominique | mercredi, 08 février 2006

Je me faisais la même réflexion. Il est vrai que c'est moi qui ai dévié.
Le jour où les gendarmes se promèneront rue Franklin, ce sera la fin de tout. Nus resterons alors sur notre faim de justice.

Bon, pour revenir aux clivages gauche/droite: un autre paradoxe. Comment des gens lassés de l'économie néo-libérale (petits indépendants qui ont compris que leur parti ne travaille pas pour eux mais pour la haute finance) peuvent-ils soudain se tourner vers l'extrême-droite?

Écrit par : Feuilly | mercredi, 08 février 2006

Nos commentaires se sont croisés. On revient donc au sujet de départ.

Oh, le licenciement n'est plus si difficile que ça. On a supprimé depuis longtemps l'autorisation administrative de licenciement. Avec le CPE, maintenant, c'est la porte ouverte au bon vouloir absolu et total de l'employeur. De toute façon, le système de l'emploi dans son ensemble est devenu désastreux. Il n'y aura plus d'emploi durable sauf à bac + 250. Il n'y aura plus d'emploi durable non spécialisé. Il faudra travailler 45 ans au moins pour obtenir une mini-retraite (officiellement, c'est 40, mais l'échéance des 41 est déjà fixée -- ce sera mon cas --, celle des 42 aussi). Comme les jeunes commenceront à travailler vers 30 ans (avant, ils n'auront fait que des stages), ils devront donc rester en poste jusqu'à 75 ans. Comme ce n'est pas concevable, il n'y aura plus de retraite complète. La retraite complémentaire vivement conseillée deviendra obligatoire. Les vieux crèveront puisque les jeunes ne paieront plus leur retraite puisqu'ils n'auront plus d'emploi stable. Pour le moment, on augmente le nombre d'annuités obligatoires et les jeunes n'ont pas de travail. Extraordinaire, non ? Les plus vieux travaillent, les plus jeunes non.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 08 février 2006

Les six commentaires précédents se sont croisés. Merci aux prochains lecteurs de tenter de rétablir leur chronologie.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 08 février 2006

Monsieur l'agent, monsieur l'agent
Est-ce que je vais m'y retrouver
Dans ces messages
Il y a longtemps longtemps longtemps
Monsieur l'agent
Que je scrute à fond cette page
Et que je nage

Etc...

Écrit par : Guillaume Lapointe | mercredi, 08 février 2006

Les commentaires sont fermés.