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jeudi, 09 février 2006

Hachette Livre, éditeur américain

Dans Le Monde du 8 février 2006, on peut lire cet article d’Alain Beuve-Méry que me signale l’ami Feuilly. Je passe sur la médiocrité absolue du style de l’auteur. Si, après lecture, vous pensez encore pouvoir faire quelque chose dans le monde du livre, j’admire l’intensité de vos illusions.

 

Hachette Livre devient le troisième éditeur mondial

Pour le groupe Lagardère, 2005 avait été une année d’attente, sans acquisition majeure. Lundi 6 février, c’est dans le secteur de l’édition et aux États-Unis que le groupe de médias et de produits culturels a décidé de frapper un grand coup. Pour 537, 5 millions de dollars (449 millions d’euros), Arnaud Lagardère (resté à Paris) et Arnaud Nourry, PDG de Hachette Livre (présent à New York) ont conclu un accord avec Dick Parsons, président de Time Warner, en vue de racheter Time Warner Book, le cinquième éditeur de livres américain. Cette acquisition fait passer Hachette Livre du cinquième au troisième rang des éditeurs mondiaux, derrière Pearson et Bertelsmann.

 


Pour Arnaud Lagardère, il s’agit d’« une acquisition faite par optimisme et pour se faire plaisir ». « L’industrie du livre, on y croit beaucoup, parce qu’on commence à avoir la taille critique », précise-t-il. Pour le PDG du groupe, « contrairement à d’autres secteurs, le livre devrait rebondir grâce au numérique ». Hachette Livre, qui est « présent dans les manuels scolaires, la fiction et le secteur de la jeunesse », « connaît un modèle vertueux ». « Il n’y a qu’en France que l’on ne peut plus grossir, en raison de la législation européenne », précise-t-il.

 


Déjà premier éditeur en France et en Nouvelle-Zélande, deuxième en Espagne (avec Anaya), Hachette Livre passe de la deuxième à la première place en Grande-Bretagne et en Australie et s’implante de manière significative aux États-Unis.

 


Time Warner Book est un éditeur de littérature grand public aux États-Unis, un peu comme Hodder Headline, au Royaume-Uni, dont Hachette Livre avait fait l’acquisition à l’été 2004. C’est désormais autour de soixante pour cent de son chiffre d’affaires que le groupe français va réaliser à l’international, dont environ quarante-huit pour cent dans le monde anglo-saxon. Il est positionné de manière stratégique sur les trois bassins linguistiques anglo-américain, espagnol et français.

 


Pour Arnaud Lagardère, ce « coup » est une sorte de retour aux sources. Il avait fait ses premières armes aux États-Unis dans le secteur de l’édition, où il avait tenté de rattraper l’opération calamiteuse faite avec le rachat de l’éditeur d’encyclopédies Grolier en 1988 — au moment où ce secteur s’effondrait — revendu tant bien que mal en 2000. Le mauvais souvenir de cette première expérience américaine explique en partie pourquoi, lors du rachat de Vivendi Universal Publishing (VUP) en 2002, le groupe Lagardère n’a pas retenu Houghton Mifflin parmi les actifs stratégiques qu’il entendait conserver.

 


Finalement, dix ans après Bertelsmann, propriétaire de Random House, première maison d’édition américaine, Hachette Livre devient un éditeur américain à part entière. Arnaud Lagardère réussit là où Jean-Marie Messier, à la tête de Vivendi, avait échoué.

 


Au finish, c’est avec le groupe de Rupert Murdoch (propriétaire de Harper Collins aux États-Unis) que les Français étaient en lice dans la dernière ligne droite. La qualité des contacts noués entre Arnaud Lagardère et Dick Parsons, tout comme le fait que le management de Time Warner Book était favorable à l’offre française ont, semble-t-il, joué. Le prix payé par Lagardère est légèrement inférieur au chiffre d’affaires 2005, qui n’a pas été communiqué par la firme américaine. En revanche, il n’est pas certain qu’il conserve la marque.

 


Hachette Livre complète son dispositif international, ce qui constitue un véritable atout au moment où les négociations pour la vente et l’acquisition des droits des auteurs de best-sellers se font à cette échelle. De fait, c’est Lattès, maison d’édition logée au sein du giron d’Hachette, qui a fait l’acquisition des droits des quatre premiers livres de Dan Brown, auteur du Da Vinci Code. De plus, Arnaud Lagardère n’entend visiblement pas borner ses ambitions à ce niveau-là. Lors des voeux
adressés aux « barons » de son groupe, début janvier, il avait annoncé « deux années de profondes mutations » avec une priorité donnée au secteur des médias et de l’édition. Après le continent américain, c’est vers les marchés indien et chinois de l’édition que se porte désormais son attention.

 


Cet achat aux États-Unis n’est pas exclusif de nouvelles acquisitions notamment dans le secteur des médias, précise-t-on chez Lagardère. Après une prise de participation significative, en 2005, dans Le Monde SA, les discussions avec Vivendi pour une entrée en force dans le capital de Canal + se sont récemment accélérées.

 


La bonne santé du groupe Lagardère et d’Hachette Livre, tout comme celle d’Éditis, numéro deux de l’édition française (et propriété à cent pour cent de Wendel Investissement), tranche avec la morosité actuelle du secteur dans l’hexagone. Les deux groupes devraient annoncer prochainement une progression de leur chiffre d’affaires de plus de dix pour cent chacun, alors que pour la première fois depuis 1997, le marché de l’édition a enregistré une baisse globale d'un demi pour cent de son chiffre d’affaires en 2005.

07:00 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

Le premier mot de Lagardère dit tout : c'est l'industrie du livre, une industrie et rien d'autre, point final. Ca peut encore changer : ça peut empirer. Je suis une pessimiste joyeuse.

Écrit par : fuligineuse | jeudi, 09 février 2006

J'aime bien « au sein du giron »... Ou encore le début de deux paragraphes successifs par « finalement » et « au finish ». Il y aurait pas mal de remarques à faire sur la qualité de la langue... Cela dit, Hachette était déjà un éditeur américain. Il possédait Grollier qui est l'un des premiers éditeurs scolaires ou de dictionnaires et on sait que ce domaine est une rente fixe. Ce qui est nouveau, c'est qu'Hachette a sa place dans l'édition générale, sujette à beaucoup plus de fluctuations (gros risques, grosses pertes, gros succès). Ensuite, il y a quelque chose qui manque : comment un fabricant d'armes peut-il posséder à la fois des organes de presse, des ouvrages de référence ou des maisons publiant des essais ? Ce fabricant d'armes dépend de commandes de l'État ou des États. Le problème principal, c'est l'indépendance possible des journalistes et des auteurs dans un groupe qui a toutes les apparences d'un groupe capitalistique indépendant et qui ne l'est pas dans les faits.

Écrit par : Dominique | jeudi, 09 février 2006

Il reste la question essentielle : est-il normal qu'une société dépendant de commandes d'État contrôle la presse, l'audiovisuel, l'édition ?

Écrit par : Dominique | jeudi, 09 février 2006

Bien sûr que non, mais tu l'avais noté, je n'allais pas le répéter. Hachette, qu'on appelait "la pieuvre" laisse toujours couler de l'encre (on a déjà dû la faire, celle-là). C'est maintenant une pieuvre armée et statutairement presque officielle. Je voudrais connaître l'avis des autres, mais au vrai, je ne pense pas que quelqu'un, ici, ne soit pas d'accord avec nous et prenne le parti de Lagardère.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 09 février 2006

"Pour Arnaud Lagardère, il s’agit d’« une acquisition faite par optimisme et pour se faire plaisir ». « L’industrie du livre, on y croit beaucoup, parce qu’on commence à avoir la taille critique »"

D'entrée de jeu il me semble que tout est dit.
On y "croit" parce qu'on "commence" à avoir la taille critique: 3e rang mondial. Ah ben.

Il est clair que ce monsieur n'en a rien à foutre des livres. C'est du bizness, RIEN que du bizness. La culture, avec un c, un C ou un K n'a plus grand chose à y voir.
C'est un cauchemar.

Écrit par : Benoit | jeudi, 09 février 2006

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