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vendredi, 13 janvier 2006

L’édition selon Sabine Wespieser

L’ami Feuilly me signale un entretien avec l’éditrice Sabine Wespieser, transfuge de la firme Actes Sud, qui a créé il y quelques années une petite maison.


Il faut lire, vraiment, cette conversation convenue et factice.


« Quand je reçois des textes particulièrement bien écrits mais « creux » à mon sens, il m’arrive souvent de répondre que je ne publie pas ce genre de choses mais d’aller voir ailleurs parce que je les aime bien ». Voilà un exemple remarquable de l’hypocrisie éditoriale : c’est creux, allez chez le voisin, c’est lui qui prendra les risques. L’auteur naïf va chez le voisin et lui explique que Sabine Wespieser lui a conseillé de s’adresser à lui. L’éditeur se dit immédiatement, et c’est logique : « Si cela avait la moindre valeur, Sabine Wespieser l’aurait gardé pour elle ». Il refuse donc et, quand il n’est pas courageux, il oriente l’auteur décidément un peu idiot vers une troisième maison. Au troisième refus, l’auteur aura-t-il  compris ?


« Si l’on dit qu’un livre coûte 100 francs. 20% vont à la fabrication, 10 à 15% à l’auteur, entre 55 et 65% vont à l’étape suivante qui est la commercialisation. Ce qui veut dire que sur le prix public de vente, l’éditeur récupère au mieux 44% avec lesquels il paye son imprimeur, son auteur. Il lui reste environ 14% pour se payer, payer ses salariés, les frais de fonctionnement et pour éventuellement rentrer suffisamment d’argent pour se permettre de publier d’autres livres ». Il est scandaleux de dire que l’auteur reçoit dix à quinze pour cent. Huit pour cent est le plus courant et cela peut descendre à six, voire à quatre. Je tiens mes contrats à disposition de qui voudrait vérifier la chose. Bien sûr, cela n’est pas vrai pour ceux qui ont un brin de notoriété… Ceux-là, cependant, ne sont pas chez Sabine Wespieser.


« Tout ceci explique que le livre est cher bien que ça me fasse doucement rigoler quand je vois comment les restaurants sont remplis, les marchands de DVD aussi ». Si jamais vous aviez un jour pensé que les éditeurs savaient s’exprimer, qu’ils possédaient la maîtrise de la langue, voilà qui vous rassurera.


« J’assume tout à fait d’être autocrate parce que je crois que je le suis ». S’il vous fallait un autre exemple…


« Hors pour faire un bon livre, il n’y a pas de recettes ». Si vous pensiez que des propos d’éditeur étaient toujours soigneusement relus avant publication, vous serez fixés.


Assez de ces manières, de ce baratin érigé en système et de ces éditeurs prétentieux. Assez.

15:55 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Moi je dis que quand on voit comment certains éditeurs ils causent la langue de Lièremo, eh bien il ne faut pas être étonné si la littérature elle est ce qu'elle est, bien que ça m'amuse de voir que c'est parce que l'édition est en crise qu'on interroge toujours les mêmes éditeurs.

Écrit par : Guillaume, pas rodique ni Rodin | vendredi, 13 janvier 2006

Bravo Guillaume, tu as la dent dure quand il le faut.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 13 janvier 2006

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