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samedi, 07 janvier 2006

Baudelaire se marre

Baudelaire expédie à un ami ces deux quatrains que lui inspira la découverte d’un cabaret au nom curieux, sis à Uccle, sur la route de Bruxelles.

 

Vous qui raffolez des squelettes

Et des emblèmes détestés

Pour épicer les voluptés,

(Fût-ce de simples omelettes !)

 

Vieux Pharaon, ô Monselet !

Devant cette enseigne imprévue,

J’ai rêvé de vous : À la vue

Du Cimetière, Estaminet !

Commentaires

C'était l'époque où il y avait encore une seule route d'Uccle à Bruxelles et où les deux cités étaient encore distantes.

Écrit par : Dominique | samedi, 07 janvier 2006

Baudelaire parle encore (mais moins gaiement) de ce cabaret dans /Le Spleen de Paris/ :

http://baudelaire.litteratura.com/le_spleen_de_paris.php?rub=oeuvre&srub=pop&id=183

Écrit par : Stéphane De Becker | dimanche, 08 janvier 2006

Exact. Je suppose que l'étonnement provoqué par la vue de cette enseigne a inspiré plus tard un petit poème en prose. Rien ne se perd, avec ces littérateurs, ah là là ! Qui disait : "Les écrivains n'ont pas la pudeur de leurs émotions, ils les exploitent" ?

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 08 janvier 2006

...Je suppose que, pour que le plaisir soit parfait, le promeneur a demandé une Mort subite !

Écrit par : Martine Layani | dimanche, 08 janvier 2006

C'eût été possible, Martine. Un faro, par contre...

Écrit par : Stéphane De Becker | dimanche, 08 janvier 2006

Un "faro", Stéphane ? Qu'est-ce donc ?

Écrit par : Martine Layani | dimanche, 08 janvier 2006

Le faro, Martine, est une bière qui ne se trouve plus que rarement à Bruxelles. Il faut dire que le cher Charles lui a fait une pub assez négative : « Le faro est une bière deux fois bue ». Mais où l'a-t-il écrit, je ne sais.

Écrit par : Stéphane De Becker | dimanche, 08 janvier 2006

http://www.grosmots.com/x/3605/3.html

Opinion de M. Hetzel sur le faro

"Buvez-vous du faro?" - dis-je à monsieur Hetzel;
Je vis un peu d'horreur sur sa mine barbue,
- "Non, jamais! le faro (je dis cela sans fiel!)
C'est de la bière deux fois bue."
Hetzel parlait ainsi, dans un Café flamand,
Par prudence sans doute, énigmatiquement ;
Je compris que c'était une manière fine
De me dire: "Faro, synonyme d'urine!"
"Observez bien que le faro
Se fait avec de l'eau de Senne"
- "Je comprends d'où lui vient sa saveur citoyenne.
Après tout, c'est selon ce qu'on entend par eau!"


Ça donne pas envie !

Écrit par : lamkyre | dimanche, 08 janvier 2006

Bravo Lamkyre.

Le relevé de bribes de Baudelaire indiqué en lien est intéressant, mais il ne donne pas de références bibliographiques (ai-je mal lu ?)

J'ai vu qu'il contenait, en d'autres pages, les poèmes que j'ai proposés ces derniers temps. Moi qui croyais faire découvrir quelque chose... Tant pis, je ne continuerai pas.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 08 janvier 2006

Il y a aussi un poème horriblement xénophobe de Baudelaire sur les établissements de bain et l'hygiène belge.

Écrit par : Guillaume | dimanche, 08 janvier 2006

J'ajoute que cette accusation de xénophobie ne vise que ces quelques textes, au demeurant très talentueux, et non tout Baudelaire. On ne sait jamais, par les temps qui courent.

Écrit par : Guillaume | dimanche, 08 janvier 2006

Baudelaire a beaucoup souffert en Belgique, où il séjourna de 1864 à 1866. Il avait l'espoir d'une série de conférences et surtout de la publication intégrale de son oeuvre. Il ne s'y est pas plu et rien de ce qu'il espérait n'a marché. Surtout, c'est là qu'il fut frappé d'aphasie. Poulet-Malassis le ramena à Paris, où il mourut en 1867. Depuis quelque temps déjà, il entendait, comprenait, mais ne pouvait plus articuler qu'un mot : "Crénom".

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 08 janvier 2006

La Belgique de Baudelaire est une création mentale, un produit de son imaginaire. Il y a projeté à la fois son désir de revanche sociale, littéraire, et puis toute sa répulsion envers l'époque moderne, l'égalitarisme (une monarchie bourgeoise !), le commerce, les grands travaux, les nations artificielles. Je pense que la meilleure édition des journaux et surtout de Pauvre Belgique reste celle de mon maître André Guyaux en Folio parce qu'elle permet de voir le cheminement très complexe de Baudelaire qui se fabrique peu à peu une Belgique métaphysique qui aurait dû devenir le sujet exemplaire d'un livre polémique sur son temps.

Écrit par : Dominique | dimanche, 08 janvier 2006

Oui, c'est exact. Il y a souffert parce que la réalité ne correspondait pas à ce qu'il rêvait. Cependant, c'est bien là qu'il fut frappé des premières atteintes de son mal, ça, c'est concret.

Moi qui aime tant la Belgique, je me demande vraiment comment on peut ne pas s'y sentir bien.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 08 janvier 2006

Jacques : « Bravo Lamkyre ».

Super bravo !

« Le relevé de bribes de Baudelaire indiqué en lien est intéressant, mais il ne donne pas de références bibliographiques (ai-je mal lu ?) »

Je trouve ce texte à la p.970 du T. II des Œuvres complètes de /la Pléiade/. Il est repris sous le titre général /Amœnitates Belgicæ/.

« J'ai vu qu'il contenait, en d'autres pages, les poèmes que j'ai proposés ces derniers temps. Moi qui croyais faire découvrir quelque chose... Tant pis, je ne continuerai pas. »

Vous auriez tort. Qui a envie d'aller lire Baudelaire sur la toile ?

Écrit par : Stéphane De Becker | dimanche, 08 janvier 2006

Lire sur la toile est très désagréable, c'est vrai. Mais ce blog, c'est aussi la toile...

Enfin, puisque vous m'y encouragez, je proposerai demain matin une autre poésie de circonstance.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 08 janvier 2006

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