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mercredi, 07 décembre 2005

Spectacle raté

Nous sommes allés l’autre soir, rue de Nesle, au théâtre de Nesle, assister à une représentation des Années Saint-Germain, spectacle musical joué chaque lundi.

 

Nous avons vu et entendu une femme sans voix chanter (?) quelques chansons sans risque : un Trenet, un Gainsbourg, deux Brel, trois Gréco (dont un Queneau et un Sartre), un Caussimon-Ferré, un Frères Jacques, un Vian, trois Prévert et quelques autres succès attendus. C’était un spectacle très décevant et artistiquement nul. Dans les citations obligatoires de la fin, on nous fit saluer de nos applaudissements la responsable de la mise en scène (pardon : la « mise en espace », novlangue oblige). Cette mise en scène consistait à aller de gauche à droite puis de droite à gauche avec, quelquefois, deux pas vers l’avant-scène et deux pas vers le fond de scène. Autres plaisirs : enfiler un imperméable rouge puis l’enlever, l’enfiler puis l’enlever, l’enfiler puis l’enlever. Enfin, s’asseoir sur un banc ou bien sur une chaise. La « mise en espace », c’était ça.

 

J’ajoute que cette plaisanterie durait une heure dix, mettons quinze avec les applaudissements, ce qui est vraiment, à vingt euros le tabouret de bois vaguement recouvert de feutrine noire usée, se ficher du monde.

 

Naïf comme je sais l’être, je m’attendais à un spectacle exigeant comme j’en ai vu beaucoup, heureusement, mais il y a longtemps, hélas. Je pense à cette grande fresque historique et chantée que j’avais pu apprécier un soir de 1982 à Nanterre. Une histoire de France par les chansons, qui s’arrêtait je crois à l’orée du XXe siècle. La seconde partie du spectacle devait aller jusqu’à nos jours mais ne fut jamais montée faute de subventions alors que la première avait connu un succès considérable. Il ne s’agissait pas d’une accumulation de chansons, d’un « filage » chronologique ; il existait une « mise en perspective », une « problématisation » (ah, ces mots !) et un coryphée, le diable. L’argument de la fresque était en effet que la chanson était une invention du diable et c’était Satan qui en racontait l’histoire, depuis les pont-neufs et les mazarinades. D’où le titre de cet excellent moment : Que diable nous chantez-vous là ?

 

On pourrait en citer d’autres, de ces spectacles musicaux ancrés dans l’histoire, par exemple En revenant de l’expo ou les premiers spectacles du théâtre du Campagnol.

 

Au lieu de cela, nous avons vu à Saint-Germain-des-Prés une façon de revue déstructurée et piteuse, animée par une chanteuse (?) inexistante qui, comme souvent, n’a pas pu résister au désir de conclure par une chanson de sa composition avec incitation du public à taper dans ses mains et descente obligatoire dans la salle. Cette fille n’a rigoureusement rien compris à Saint-Germain-des-Prés, ni à l’art de la présentation scénique qui devrait conduire à préférer l’épure au geste paraphrasant systématiquement le texte, ni à l’histoire de la chanson qui a toujours scandé celle des idées. Elle évoque un Saint-Germain qu’elle n’a pas connu puisqu’elle doit avoir approximativement mon âge et le caricature à l’extrême. C’est une fantaisiste, une Annie Cordy sans notoriété.

 

Heureusement, il y avait deux bons musiciens, dont l’excellent Roland Romanelli qu’on vit jadis en scène avec Barbara. Que venait-il faire là ? Les lumières étaient de Rouveyrollis qui a tendance, semble-t-il, à vendre son nom car elles n’avaient rien d’extraordinaire, c’était une série d’éclairages classiques : des pleins feux, du rouge, du bleu et une « poursuite » classique. Pas de quoi se pâmer.

 

Il n’y a pas tellement de Parisiens ici, juste quelques uns. Pour eux, donc : si vous me faites confiance, n’y allez pas. Surtout, n’accordez aucun crédit à la presse unanimement positive.

 

Un spectacle de Corinne Cousin mis en scène par Dominique Conte, interprété par Corinne Cousin accompagnée par Roland Romanelli et Raoul Duflot.

Commentaires

C'est le beau linge qui doit impressionner la presse : en l'occurrence, Roland Romanelli, "l'homme-orchestre" de Barbara. Un DVD d'un des spectacles de Barbara à Pantin le montre, seul accompagnateur sur scène, jouant du stynthétiseur de la main gauche, de l'accordéon avec la droite – imaginez tout ce que le corps devait faire pour maîtriser l'instrument et son soufflet… –, sans oublier les pieds affairés au pédalier du piano électrique faisant office de contrebasse. Impressionnant et superbe, dans une complicité musicale parfaite avec la Dame en noir – dont ma propension à me vautrer dans la presse people me dit qu'à l'époque il était l'amant.
Sans doute était-il loin de tout cela dans le spectacle qui vous a tant déçu et devait-il simplement "cachetonner", comme on dit dans le mileu. Sinon, sa seule prestation aurait valu les 20 euros et le méchant tabouret, je vous jure.
(Je me visionne régulièrement un Palais des Sports d'Hallyday pour la performance d'un guitariste, l'un de ces professionnels qui "tournent" avec les grands noms, qu'on ne remarque guère en général mais qui sont, souvent, de parfaits musiciens.)

Écrit par : Dominique Autié | mercredi, 07 décembre 2005

Effectivement, le beau Romanelli qui porte toujours beau malgré les trente ans écoulés depuis qu'il nous sidérait avec Barbara (j'ignore les détails d'une éventuelle liaison) est un musicien de grand talent, qui joue de tout.

Ici, il était évidemment très bon. Bien sûr qu'à lui seul, il eût valu le prix de la place, mais son rôle malgré tout était limité, je veux dire qu'il ne pouvait pas donner une pleine mesure de son talent. Je me demande d'ailleurs ce que des gens comme lui peuvent ressentir. Après de grandes scènes et de longues tournées avec une chanteuse hors normes et profondément originale, après des salles combles, se retrouver au sous-sol dans une cave de Saint-Germain-des-Prés, à accompagner une fois par semaine une fille sans voix et sans talent devant moins de cent personnes... La vie d'artiste.

Pas de malentendu, surtout. Il n'y a pas de honte, il n'est pas de spectacle indigne pour un musicien. Qu'on me comprenne bien : je parle uniquement de ce que peut lui faire ressentir un tel contraste.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 07 décembre 2005

Après de telles éloges, il n'y a aucune chance que j'aille voir ce spectacle quand je serais à Paris!
Je trouve la bannière très chouette. Mon fils a joué pendant 2 ans avec un camion en bois qui était presque la copie de celui qui est en photo plus haut. Oui, chouette.

Écrit par : Livy | mercredi, 07 décembre 2005

Je le redis, bien que ce soit précisé en haut et à gauche : les bannières sont l'oeuvre de l'ami Patrick Dalmasso... qui m'en a envoyé une nouvelle série, pas plus tard qu'hier soir. Vous n'avez pas fini de les voir défiler : j'en ai pour plusieurs jours (semaines ?) d'avance.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 08 décembre 2005

Un petit mot qui n'a rien à voir : je suis en ce moment à une nouvelle adresse :

http://www.phebus.canalblog.com/

Désolé pour le dérangement.

Écrit par : Phébus | jeudi, 08 décembre 2005

Bien noté, mais pourquoi "en ce moment" ? Est-ce que ça va encore changer ?

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 08 décembre 2005

"en ce moment" parce que j'espérais que l'adresse habituelle fonctionne de nouveau. C'est d'ailleurs le cas aujourd'hui. Mais je suis pessimiste sur la poursuite du site.

Écrit par : Phébus | jeudi, 08 décembre 2005

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