mardi, 29 novembre 2005
Une opinion de Pierre Magnan
Je relaie une note de l’écrivain Pierre Magnan, publiée sur son site (http://www.lemda.com.fr/) dans la « Rubrique de l'indigné permanent ». C'est une belle leçon de liberté émanant d’un homme né en 1922.
Il est grand dommage que le dernier numéro des dossiers du Canard enchaîné intitulé « Comment les hypers gagnent » paru au début octobre 2005, ne soit pas lu par les soixante millions de consommateurs car ils y apprendraient des choses succulentes. Entre autres et par exemple, la technique du « remballe » qui consiste à changer les emballages des produits en fin de course pour les remettre en vente après avoir modifié la DLC (date limite de consommation). Ceci est légitime aux yeux de certains commerçants avisés mais ce qui l’est moins c’est que le « remballe » n’est pas un délit en soi. Aucune réglementation nous dit le Canard n’impose de norme stricte au commerçant pour établir le délai de consommation de la viande.
D’autres coups fourrés tout aussi défrisants (et tout aussi dragueurs de gastro-entérites qui drainent les patients vers la sécurité sociale en déficit) sont dénoncés au cas par cas dans cet album qui ne manque pas de nous faire rire jaune.
Néanmoins le Canard attaque les supers et les hypers, ce qui est louable mais il omet de dénoncer l’illettrisme dans ce domaine, du consommateur de base. Il n’y a pas d’alphabétisation contre les nouveaux morticoles, ceux que J.-J.Gauthier appelait naguère « les assassins d’eau douce ».
On apprend depuis longtemps aux ménagères à balancer leur sac à main bien lesté sur les loubards qui en veulent à leur portefeuille mais pas à aller entarter le directeur de supermarché ce qui rendrait la profession beaucoup moins glorieuse ! Même si c’est sur ordre verbal de ces patrons qu’il vient de leur refiler un sachet de surgelés dont la chaîne du froid a subi trois ou quatre ruptures avant d’arriver au consommateur.
Comment faire ? Par les horaires de tous savamment calculés pour, en toutes choses, laisser le moins de temps possible à la maturation du discernement, laquelle a besoin de temps ; l’assommoir des sonos tonitruantes qui abrutissent et désorientent, tout est fait pour nous pousser pieds et poings liés vers les caisses enregistreuses avec des caddys surpondérés (comme dit la Bourse) par des packs qui vous obligent à prendre quatre articles à la fois alors qu’un seul suffirait ; par des emballages aux couleurs attrayantes mais vides au tiers parce qu’un emballage volumineux (c’est calculé par ordinateur) est plus tentant qu’un minable petit kilo strictement serré par un carton dans ses limites naturelles. (Nos poubelles pléthoriques sont pleines d’un vide qu’on néglige de compresser !)
Comment faire ? Comme toujours ce combat sera une longue patience. Il faut créer dans les écoles un espace de temps pour enseigner dès le plus jeune âge à résister à la publicité sous toutes ses formes ; enseigner le mécanisme par lequel on conditionne le consommateur à acheter deux fois plus que ce dont il a besoin. Il faut enseigner à l’école avec obstination qu’égaler son prochain en étalant comme lui la même paire de chaussures, le même blouson, la même casquette, le même cartable, les mêmes rollers perfectionnés et peints en jaune, n’est pas une originalité mais une imitation servile.
Je suis bien tranquille : une petite minorité seule se dégagera pour profiter de cet enseignement mais ceux-là seuls seront demain maîtres de leur destinée, les autres seront des esclaves. C’est ainsi que je me suis enseigné et renseigné dès mon plus jeune âge. S’il suffisait que ces lignes soient captées et entendues par un seul individu, ce serait déjà une victoire insigne.
07:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
Travaillez, travaillez.
Toujours plus vite (rendement et concurrence obligent), toujours plus longtemps (60 ans, 65 ans ? Non, 67 ans:
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3504,36-713305@51-715294,0.html)
Consommez, consommez (bref, gaspillez votre argent), toujours davantage et plus encore si vous le pouvez.
Soyez libres. Achetez tous les produits que vous désirez, c'est-à-dire tous les produits dont on vous a fait rêver et que vous avez fini par croire indispensables.
Retournez travailler, afin d'acheter encore plus de produits (et favoriser l'économie de votre pays qui en a bien besoin). Si ceux-ci n'assurent pas votre bonheur, au moins contribuent-ils à celui des fabricants.
Quand je vois ces enfants dont le bonheur semble dépendre de l’achat du dernier CD (à 54 euros minilum)de « Spiderman » ou de « Dragon Ball Z » pour playstation 2, je ne sais que penser. Quand je vois le contenu agressif de ce CD, je reste rêveur.
Bref, il y a des jours où j'ai envie de me retirer dans les Pyrénées et de prendre le temps d'écouter la vie qui passe.
(http://www.parc-pyrenees.com/francais/cadre_general_decouvrir.htm)
Écrit par : Feuilly | mardi, 29 novembre 2005
La page du Monde ne s'ouvre aps. Essayez à http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3504,36-713305@51-715294,0.html
Écrit par : Feuilly | mardi, 29 novembre 2005
Feuilly, tes liens ne fonctionnent pas, ni l'un ni l'autre.
A part ça, je me retire dans le Lot à la première occasion (qui, hélas, ne se présente guère).
Écrit par : Jacques Layani | mardi, 29 novembre 2005
Que dire, sinon que le Pierre a raison de A à Z ?
Le système multiplie les manières de s'y aliéner - la beauté de la chose étant que le consommateur/salarié/travailleur s'enchaine lui-même de son plein gré - avec par exemple toutes les facilités qui sont données aux crédits à la consommation. On est continuellement sollicité par des organismes qui veulent vous prêter de l'argent... Après ça les gens sont pieds et poings liés.
Jacques : une occasion qui te permettrait d'être bien Lot-i...
Écrit par : fuligineuse | mardi, 29 novembre 2005
"Une occasion qui te permettrait d'être bien Lot-i...", c'est à Pierre qu'il faut dire ça.
Écrit par : Jacques Layani | mardi, 29 novembre 2005
L'économie moderne veut que la durée de vie d'un produit soit de plus en plus courte. Un peu comme les bannières qui défilent ici à toute allure...
On peut voter ? J'aime beaucoup celle d'aujourd'hui, avec le liseur et la lectrice.
Écrit par : lamkyre | mardi, 29 novembre 2005
Ah ah, comme je l'ai indiqué en haut et à gauche, les bannières sont de Patrick Dalmasso. Il en a préparé tout un tas... Vous allez voir ça !
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 30 novembre 2005
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