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jeudi, 24 novembre 2005

L’Unicef tire la sonnette d’alarme sur l’excision

Je reproduis une dépêche de l’AFP, en date du 24 novembre 2005.

 

L’excision est un phénomène dont l’ampleur avait été jusqu’à présent sous-estimée et qui est en voie de globalisation, selon un rapport publié jeudi par l’Unicef.

 

« L’excision touche beaucoup plus de femmes qu’on ne l’a estimé auparavant », indique l’agence de l’Onu pour l’enfance, dans une étude sans précédent sur les pratiques de mutilations génitales féminines (MGF). Environ trois millions de femmes sont victimes de l’excision chaque année rien que sur le continent africain, selon l’organisation. Cent à cent quarante millions de femmes à travers le monde auraient subi, à divers degrés, une mutilation sexuelle, selon des estimations publiées par le rapport. Sa pratique, qui est étroitement liée à l’appartenance ethnique, semble être en déclin dans certains pays (Bénin, Bukina Faso, Nigeria, Yémen), mais reste stable dans d’autres (Côte d’Ivoire, Égypte, Niger, Soudan). Selon les pays et les traditions locales, les MGF incluent des pratiques qui vont d’une coupure au clitoris jusqu’à l’ablation totale des parties génitales externes et la suture de la vulve. « Cette pratique constitue une violation du droit des filles et des femmes à l’intégrité physique, porte atteinte à leur liberté et constitue une forme extrême de violence et de discrimination », selon l’Unicef. L’excision est interdite par les législations nationales de nombreux pays africains et du Moyen-Orient et est condamnée par la Convention internationale sur les droits de l’enfant, rappelle le rapport. Elle n’est prescrite par aucune religion, même si des justifications religieuses sont souvent avancées par ceux qui la pratiquent. Parmi les tendances relevées dans le rapport   fruit de deux ans de recherches par des agences onusiennes et des ONG locales l’Unicef note la globalisation du phénomène. L’excision ne se limite plus au seul continent africain mais est également pratiquée au Moyen-Orient et dans les communautés immigrées en Occident (Europe occidentale, États-Unis, Australie, Nouvelle Zélande). Mettre un terme au développement de ce phénomène s’avère une tâche difficile, selon le rapport. « L’excision est une convention sociale profondément ancrée » dans certaines sociétés, estime le rapport, soulignant que les familles qui ne s’y plient pas risquent souvent d’être stigmatisées. L’Unicef en appelle à une campagne accrue au niveau des pouvoirs publics, des systèmes éducatifs et des médias, afin de créer un lien entre les solides garanties légales qui existent sur la question et les communautés concernées.

16:22 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

Le problème, c'est que ce sont souvent les femmes elles-mêmes, celles qui ont été excisées, qui continuent à imposer cette pratique à leur fille. Le poids de la tradition sans doute.

En Afrique cela s'explique par l'entourage social et la pression du groupe; dans nos populations immigrées c'est sans doute une manière de rester fidèle à sa culture d'origine. Comme un point de repère en quelque sorte. Dans ces conditions, difficile de lutter contre ce fléau, si ce n'est par l'information.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 24 novembre 2005

C'est une question poignante et révoltante et je salue le travail des ONG sur la question.
"Le problème, c'est que ce sont souvent les femmes elles-mêmes...": si c'était ça le problème, on irait vers une diminution de ces pratiques. Ces femmes, perpétuent certes mais il s'agit essentiellement de sociétés patriarchales dans lesquelles l'avis de la femme (qu'elle soit d'accord ou non avec la pratique) n'a que peu d'importance.
"Dans ces conditions, difficile de lutter contre ce fléau, si ce n'est par l'information": on voit une diminution accrue de ces pratiques lorsque la loi EST sévère. Alors informer oui mais ça ne suffit pas. En Europe quelques femmes qui continuent de pratiquer (c-à-d exciser comme les avorteuses de l'époque) cela sont aussi informer mais c'est un gros marché et certaines municipalités refusaient malgré de nombreuses alertes de s'y interesser pour ne pas avoir à gérer les questions de traditions et religions des minorités.

Écrit par : Livy | jeudi, 24 novembre 2005

Donc il faut réprimer. D'accord. Mais comme on touche à un problème culturel, ce sera difficile. On va avoir les mêmes réactions qu'avec le foulard islamique.

Et puis en France ces pratiques ne se font pas au grand jour. Plus on les interdit et plus on les sanctionne, plus elles passent dans la clandestinité.

Quant aux sociétés patriarcales, pourriez-vous nous expliquer, Livy, ce que les hommes éprouvent à voir ainsi leurs femmes mutilées. Je ne comprends pas en fait leur position. Est-ce une manière de dominer la femme? Ou de lui ôter son plaisir? Ou l'aspect religieux intervient-il?

Écrit par : Feuilly | jeudi, 24 novembre 2005

Excision égale abolition du plaisir égale domination masculine, le plaisir étant réservé aux hommes et marque de pouvoir.

Excision égale négation de l'intégrité physique des femmes, donc de leur intégrité morale en même temps, donc de leur intégrité tout court, et finalement de leur existence.

Le comble de la domination est justement que cela soit pratiqué par les femmes elles-mêmes et perpétué par elles.

Et je ne parle pas des risques d'infection.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 24 novembre 2005

Feuilly : Et puis en France ces pratiques ne se font pas au grand jour. Plus on les interdit et plus on les sanctionne, plus elles passent dans la clandestinité.

Elles ne se font même que rarement dans la clandestinité en France pour tout un tas de raisons pratiques et notamment la scolarité des enfants (ce qui ne veut pas dire que l'excision en France n'existe pas, notez-le). Les familles envoient le plus souvent les filles au pays pendant les vacances.

Écrit par : Dominique | jeudi, 24 novembre 2005

Feuilly, Jacques je crois a très bien expliqué les raisons qui pousseraient à...
Les cas d'excision en France sont relativement peu connus effectivement car les enfants sont envoyées au pays.
Un procès connu (enfin à l'époque):
http://www.humanite.presse.fr/journal/2002-03-14/2002-03-14-30456
On comprend en rencontrant certaines de ces femmes que leur dire que l'excision est leur domaine et qu'elles doivent en devenir les gardiennes leur confère une certaine reconnaissance, leur donne un statut, leur donne de la valeur dans une société dans laquelle elles ont peu d'emprise. Dans ces cas là, il est bien difficile de leur faire renoncer à cette marque de reconnaissance même si aucune (du moins de celles que j'ai rencontrée), ne trouve cela formidable, mais c'est possible. La notion de plaisir de la femme n'a absolument aucune importance. Le bonheur et le souhait du futur mari (même lorsqu'on ne le connait pas encore) passe avant tout. Une fille exciser est une fille "bien" un peu comme certains préfèrent les vierges (là aussi d'ailleurs la virginité est requise).

Écrit par : Livy | jeudi, 24 novembre 2005

Les commentaires sont fermés.