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mercredi, 23 novembre 2005

Loger les blousons

Un des ridicules de la République est le vote de lois qui ne sont jamais respectées. Celle qui impose aux communes vingt pour cent de logements sociaux en est une remarquable illustration.

 

La semaine dernière, Le Parisien, avec le sens de la retape qui le caractérise, titrait en une et en gras sur les communes hors-la-loi. De fait, un certain nombre de maires ne veulent pas entendre parler du logement social : ils évoquent le coût du mètre carré dans leur ville, le manque d’espace, tout ce qu’on voudra. La seconde opposition au logement social vient de leurs administrés qui, eux-mêmes, n’en veulent pas, au motif que leur commune doit maintenir son standing : j’ai lu les propos d’une commerçante qui, sans rire aucunement, déclarait que le logement social, cela signifiait qu’on verrait dans les rues des gens en blouson. Mais si, mais si. Ne riez pas.

 

Comme toute loi, celle-ci prévoit des amendes pour les contrevenants. Dans ce cas précis toutefois, les maires et leurs administrés préfèrent – et le disent – les amendes à la construction de HLM. Les citoyens de ces communes se déclarent prêts à accepter une augmentation des impôts locaux (conséquence inévitable des pénalisations). Tout plutôt que d’accueillir des personnes à revenus modestes. Sans parler, bien entendu, du racisme évidemment tu, mais qui irrigue ces propos.

 

Jacques Chirac vient d’exiger l’application de la loi. Il demande aux préfets de faire le recensement des villes contrevenantes avant la fin de l’année et de les pénaliser. On veut croire que cela se fera...

10:50 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (11)

Commentaires

J'attends avec impatience la construction de 20% de logements sociaux à Neuilly.
Beaucoup d'habitants de la ville se plaignaient de devoir accueillir des étudiants de Nanterre qui passaient leurs oraux du Bac dans la ville, alors les logements sociaux ...

Écrit par : Livy | mercredi, 23 novembre 2005

Le problème est que je ne crois pas une seconde aux déclarations de Chirac. De temps en temps, il pousse un coup de gueule convenu, obligé, puis retourne dormir.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 23 novembre 2005

Je ne crois pas en général aux déclarations de Chirac mais je me dis que ces événements ont secoué la population et les politiques peut-être aussi, suffisamment pour qu'on s'intéresse à certaines questions.
J'étais très surprise pour la première fois de voir autant de reportages sur la question des logements en France pour les plus démunis (étrangers, sans papiers, avec papiers, français etc), le même Chirac qui parlait du "bruit et des odeurs" des logements du 18e qui dérangeaient le francais moyen rentrant fatigué de sa dure journée de travail (la question des logements insalubres dans le 18e, entre autre était déjà pourtant très vive à l'époque) et surtout d'entendre Chirac parler des CV qui finissent à la corbeille (situation que j'ai bien connue) est une première. Alors je veux croire qu'il va commencer par cette question des logements sociaux.

Écrit par : Livy | mercredi, 23 novembre 2005

Espérons. Puisse-t-il vous entendre.

Ah mais non, Chirac ne lit pas ce blog. :-)

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 23 novembre 2005

Selon que l'on songe à Chirac ou à Layani, l'expression "faire le jacques" prendra un sens tout différent. Je préfère le 14 rue Franklin à l'Elysée...

Écrit par : Guillaume | mercredi, 23 novembre 2005

Tiens, une inquiétude ancienne me revient: j'ose espérer que tu n'as pas "bazardé" tes archives des "Mots ont un sens".

Écrit par : Guillaume | mercredi, 23 novembre 2005

Si si, j'ai tout fichu en l'air puis, sur les conseils de Dominique, récupéré quelques notes qui figurent au début de ce blog-ci.

Ce n'est pas très grave, il n'y avait là rien d'immortel.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 23 novembre 2005

C'est très regrettable (= je le regrette), mais j'admire assez ce côté volontaire et stoïcien, dont je me sais, pour ma part, tout à fait incapable. C'est très regrettable, car, le jour même où tu annonçais la fermeture du site, je voulais enregistrer tes archives dans mon ordinateur; comme tu l'as supprimé prématurément, pour de bonnes raisons, j'ai été pris de court.

Bien... je ne veux pas remuer de mauvais souvenirs, et un incident dont je suis en partie responsable, de surcroît.

Écrit par : Guillaume | mercredi, 23 novembre 2005

Lorsque monsieur « 3 % de logements sociaux dans ma commune » aura été élu comme chef suprême (et réélu deux, trois, quatre fois vu sa jeunesse), toutes ces belles résolutions seront bien oubliées. On ne rattrape pas de tels retards dans l'équilibre des populations en deux ans, il a déjà fallu quarante ans pour défaire les liens sociaux à coup de nouvelles constructions...

Cela dit, le problème est très compliqué en dehors de la région parisienne. Je prends l'exemple de Saint-Dizier ou de Reims que je connais bien. La première commune a plus de 60 % de logements sociaux et ils se trouvent tous de l'autre côté de la route nationale, on ne peut pratiquement pas faire de logements sociaux ailleurs : ce sont de tout petits villages et puis la commune est tellement endettée et appauvrie qu'elle ne peut plus rien reconstruire ou préempter ! C'est le 93 au milieu des champs et des bois. La seconde a sa banlieue dans ses murs, mais dans certains quartiers précisément : on a 30 % de logements sociaux pour toute la ville, mais 100 % sur la rive droite de la Vesle ou du côté du pont de Witry, et le prix du m2 rejoint en centre-ville celui du XVIe. Les villes qui respectent en apparence les critères font souvent une discrimination dans les faits ou héritent d'un tel patrimoine qu'il est presque impossible de jouer autrement qu'à la marge et sur de petites opérations (cas de Saint-Dizier). Chaque ville est plus ou moins un cas particulier, dans la mienne on essaye de mettre de la mixité lorsqu'il y a un projet sur un site (pas tout en habitat social ou en résidences/pavillons). Cela relève alors de la petite couture.

Écrit par : Dominique | mercredi, 23 novembre 2005

Oh, tu n'es responsable de rien, Guillaume, et puis tout ça n'est pas très grave.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 23 novembre 2005

Dominique, je partage votre scepticisme et crains en effet l'oubli de tout ça, dans un avenir proche.

Je comprends bien la situation que vous décrivez concernant chez vous. Cette "petite couture" dont vous parlez est pratiquée chez moi, à Villejuif. Mais comme il y a davantage de (très) faibles revenus que de revenus (à peine) moyens, la mixité sociale tombe à l'eau, forcément. Villejuif est une des villes de banlieue qui construit le plus, ça n'arrête pas -- et la ville s'est beaucoup paupérisée en vingt ans. Ce n'est pas un reproche, juste une constatation.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 23 novembre 2005

Les commentaires sont fermés.